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Le christ comme médiateur du salut, essai d'herméneutique africaine du message chrétien à  la lumière de la christologie de karl Rahner

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par Thomas RAINCHOU
Grand séminaire notre dame de l'espérance de Bertoua - Attestation de fin d'étude de théologie 2006
  

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Chapitre Troisième : APPROPRIATION AFRICAINE DE LA MEDIATION ABSOLUE DU CHRIST

3.0. INTRODUCTION

Le problème de l'universalité du salut en Jésus-Christ peut se poser différemment selon qu'on passe du contexte général du rapport Dieu/homme à celui de la rencontre des cultures où l'homme est compris dans un rapport avec ses expériences historiques, religieuses et culturelles. Si d'un côté il faut rendre crédible la médiation du Christ dans le rapport de l'homme avec Dieu, de l'autre côté, il faudra montrer comment Jésus de Nazareth né dans une culture spécifique et reconnu dans la foi comme Christ et médiateur du salut peut être accueilli dans les autres cultures. Ce troisième chapitre tire sa légitimité de l'essence même de la théologie qui doit permettre au chrétien « grâce à sa raison et à sa foi, de porter un jugement éclairé sur son expérience historique à la lumière de ce qui est devenu principe de toute son existence terrestre »150(*). Il s'agit donc, en tant qu'Africain151(*), de s'approprier le message chrétien c'est-à-dire de constater l'impact réel du salut apporté par le Christ sur la vie des sociétés africaines, et de voir comment « un africain conscient de son identité, de ses continuités et de ses solidarités peut être chrétien »152(*). Il faudra donc présenter la problématique christologique en Afrique, donner ensuite la valeur de la médiation du Christ dans ce cadre, et faire ressortir enfin un type d'appropriation africaine du mystère du Christ.

3.1. LA PROBLEMATIQUE CHRISTOLOGIQUE EN AFRIQUE

La christologie en général s'oriente sur la personne de Jésus-Christ pour comprendre que c'est précisément en lui que « Dieu assume une autre réalité que celle qu'il est déjà et qu'il fait de cette réalité une manifestation de sa présence à lui »153(*). Dans le contexte africain, sans négliger cette approche générale, la christologie cherche à présenter « l'espace ou le champ dans lequel se pose effectivement le problème d'une rencontre de l'Afrique ou plutôt des Africains avec Jésus-Christ »154(*). Dans la mesure où elle doit tenir compte de l'existence même des individus et des peuples africains, elle fait référence à une triple dimension religieuse, socio-politique et institutionnelle.

3.1.1. La dimension religieuse

Les peuples noirs africains avant l'arrivée du message chrétien, ont agit et se sont formés une conscience communautaire et une forte relation avec la transcendance fondée sur la médiation des ancêtres. Ils ont admis que les hommes sont liés aux ancêtres et qu'au dessus de ceux-ci, il y a un Dieu Supérieur à qui on se réfère dans tous les événements de la vie et de l'existence. Jean-Marc Ela soutient par exemple « qu'en Afrique noire en général, la relation de l'homme au surnaturel est une expérience inhérente à la vie sociale, inséparable de ce qu'on vit et de ce qu'on fait »155(*). Dans ce contexte, les Africains ont alors appréhendé et apprécié leurs ancêtres non seulement comme les fondateurs de la tribu, de l'ethnie et des coutumes, mais aussi comme des médiateurs entre les hommes et Dieu puisque ce sont eux qui ont transmis la vie offerte par Dieu, ce sont eux qui comblent le vide entre le monde visible et le monde invisible par le lien d'amitié et de communion qui continue d'exister entre eux et les vivants ; et par le rôle capital qu'il tiennent dans la vie morale et cultuelle.

L'arrivée du christianisme en Afrique introduit dans l'imaginaire religieux des Africains, et donc dans leur foi, un élément nouveau et peut-être même difficilement acceptable : Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, est l'unique médiateur entre Dieu et les hommes. Il a réalisé une fois pour toute dans son Incarnation, sa Passion, sa Résurrection et sa Glorification l'oeuvre du salut pour tout homme. La démarche Christologique dans ce contexte consiste alors à montrer en quoi le Christ concerne-t-il les Africains : faut-il lui rechercher une place authentique dans la religion traditionnelle africaine ou faut-il plutôt chercher à situer ce système religieux dans le mystère du Christ ? Cette problématique a été posée de plusieurs manières dans les milieux théologiques africains ; tantôt sur un ton polémique, tantôt sur un ton beaucoup plus systématique ou même encore plus pastoral ; à chaque fois, elle a exprimé la réalité de ce qu'est la foi au Christ en Afrique.

En 1981, le philosophe théologien Fabien Eboussi Boulaga se demandait déjà, parlant du christianisme en Afrique si « le statut et le fonctionnement des dogmes inculturés dans la chrétienté et la civilisation occidentale peuvent encore être les mêmes lorsqu'on transplante le christianisme ailleurs, dans d'autres univers, et les vérités à croire ont-elle le même poids de crédibilité sans équivoque »156(*) ? La même problématique a été reposée dans toute sa diversité en 1986 lorsque pour la première fois, la collection Jésus et Jésus-Christ dirigée par Joseph Doré, publie un ouvrage sur le mystère du Christ tel qu'à la fois le célèbrent, le confessent et le comprennent les chrétiens d'Afrique. On y trouve rapporté quelques réactions d'éminent chrétiens africains du genre : « Ton petit Jésus là, n'est-ce pas avant-hier qu'il s'est présenté ici, alors que nos ancêtres sont là depuis ? »157(*) ; ou encore « Jésus-Christ, Jésus-Christ, ... encore un blanc, encore un que j'aurais plaisir à écraser sous mon seul pied gauche. Ouais ! Jésus-Christ, est-ce que je le connais, moi ? Est-ce que je viens te causer de mes ancêtres moi ? »158(*). Cette dimension religieuse de la problématique christologique en Afrique a davantage évolué aujourd'hui, mais n'est du tout pas entièrement éludée, du moins du point de vue de la pratique religieuse. Nombre des chrétiens Africains écartent et méconnaissent la médiation du Christ, ils continuent encore à se référer volontiers aux pratiques ancestrales « pour obtenir le succès ou le bonheur pour leur vie humaine quotidienne »159(*).

* 150 EDOH F. BEDJRA, Foi et développement en Afrique, Royaume de Dieu et Eucharistie, Paris, Harmattan, 2004, p. 231.

* 151 Toutes les considérations de ce chapitre concernent l'Afrique noire bien que les conclusions qui en découlent pourraient valoir pour tout le continent.

* 152 F. EBOUSSI BOULAGA, Op. cit., P 87.

* 153 PDTC, p. 13.

* 154 J. DORE, « Présentation », dans CCA, p.11.

* 155 J.-M. ELA, Le cri de l'homme Africain. Questions aux chrétiens et aux églises d'Afrique, Paris, l'Harmattan, 1980, p. 52.

* 156 F.EBOUSSI BOULAGA, op. cit., p. 8.

* 157 J.-P. ESCHLIMANN, cité par R. LUNEAU, « Introduction »,  dans CCA, p.21.

* 158 M. BETI, cité par E. MESSI METOGO, « La personne du Christ dans l'oeuvre de Mongo Beti », dans CCA, p. 59.

* 159 EDOH F. BEDJRA, op. cit., p. 236.

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