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Exploitation et gestion des ressources naturelles dans l'ile à  Morphil. Etude de cas: l'arrondissement de Cas-Cas (département de Podor)

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par Aliou Wane
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2009
  

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CHAPITRE III : LE DIAGNOSTIC DES CONTRAINTES

L'île à Morphil est un terroir essentiellement rural caractérisé par une économie de vallée, axée sur l'exploitation des ressources naturelles dont : une culture traditionnelle pluviale et de décrue, l'élevage et la pêche fluviale. Pendant des siècles, les habitants ont vécu en équilibre avec la nature, mais depuis quelques décennies, une crise environnementale dont la dégradation de l'environnement est le symbole vivant, a durement secoué cette zone.

Ces contraintes se manifestent par une disparition du couvert végétal, un appauvrissement des sols, une diminution des ressources en eau et l'extension de la déforestation. Ainsi des facteurs physiques et humains sont indexés.

I. LES CONTRAINTES HYDRIQUES

La pluviométrie et l'écoulement fluvial sont les deux sources essentielles d'approvisionnement en eau dans l'île à Morphil. Ils constituent un important potentiel hydraulique, mais sujet à la fois aux contraintes naturelles liées à la variabilité des précipitations et aux contraintes anthropiques.

I.1 La péjoration climatique

Depuis de longues années, la moyenne vallée, à l'image du Sénégal a connu plusieurs grandes crises pluviométriques dont les plus significatives sont celles de : 1913 - 1915, 1941 - 1945, 1968 et la dernière sécheresse qui a débuté à la fin des années 1970 dont les effets se font encore sentir. Le niveau pluviométrique présente dans la zone un profil erratique. La courbe de la pluviométrie des années 1999 à 2008 montre que, l'arrondissement enregistre des déficits pluviométriques fréquents d'autant plus que, les précipitations irrégulières et insuffisantes se concentrent sur 2 à 3 mois.

L'agriculture étant plus vulnérable à cette contrainte climatique à travers les températures et l'humidité relative de l'air. Trop basses en Décembre et Janvier, elles peuvent entraîner une stérilité importante dans les cultures du riz et de l'arachide. Respectivement trop élevées et trop basses en période Harmattan, de Mars à Mai, elles s'accompagnent de très fortes demande évaporatives. Trop élevées au cours de l'hivernage, elles sont défavorables à la mise à fruit de la tomate.

Par ailleurs, l'élevage étant le secteur le plus affecté de cette baisse des eaux pluviales. Les fortes variations saisonnières et interannuelles de la pluviométrie affectent la recharge des nappes souterraines qui diminuent leurs potentialités, alors que l'écoulement des cours d'eau qui dépend des précipitations reçues, s'affaiblit.

I.2 Les impacts des aménagements hydro agricoles

Pour palier aux contraintes hydriques, un vaste programme d'aménagement hydro-agricole a été réalisé afin de soutenir un débit d'écoulement intéressant. Ces ouvrages hydrauliques (barrages de Diama et de Manantali) ont par de là même bouleversé l'écologie de la vallée, de l'île à Morphil, avec un développement des maladies hydriques, la prolifération des plantes aquatiques nocives et une importante invasion acridienne et aviaire.

· Dans cet environnement marqué par la sécheresse, toute la population se tourne à un moment ou un autre de l'année, vers le fleuve. Avec l'avènement des grands barrages, il est patent que le risque sanitaire majeur soit lié aux maladies à transmission hydrique. La présence de l'eau dans les périmètres irrigués pendant toute l'année a entraîné une endémicité du paludisme dans la zone, qui est devenu la première cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans. Sur les 157 personnes enquêtées, 150 désignent le paludisme comme le premier facteur de la mortalité. La bilharziose est la seconde maladie endémique parasitaire qui touche particulièrement les enfants. Des foyers de bilharziose urinaires sont localisés dans certains villages (Boki, Saré-Souki...), selon l'avis des infirmiers de la zone.

· Ces aménagements ont développé dans leur sillage des végétaux aquatiques envahissantes : « kélélé - dubirubi - jaljalbé ». Cet enherbement a stagné le développement de la pêche et le pourrissement des tiges de végétaux, ainsi que l'envasement altèrent aussi la qualité de l'eau. Les zones de développement des végétaux aquatiques constituent des lieux privilégiés pour la prolifération des oiseaux granivores.

· Depuis le développement des PIV, l'île à Morphil est exposée à de fréquents prédateurs et parasites. Les attaques d'oiseaux sur épis sont fréquemment observées : la perruche, le tisserin et l'ignicolore présentent un certain danger pour le riz. Les insectes foreurs de tiges comme Scarabacidae et Malvidae (les coléoptères) sont les principales familles attaquant les organes reproducteurs du Maïs, sorgho et mil. L'action des acridiens est encore plus sensible sur ce, le péril acridien de 2004 est toujours d'actualité.

II. LES CONTRAINTES PEDOLOGIQUES

Les ressources édaphiques supports des activités agricoles présentent une grande variété dans l'arrondissement. Mais, elles sont confrontées à une baisse temporaire ou permanente de la productivité relative à des facteurs physiques et anthropiques.

2.1 Les facteurs physiques

Les facteurs physiques jouent un grand rôle dans la dégradation des sols et trois phénomènes sont particulièrement constatés :

· L'érosion éolienne

Les vents de l'harmattan qui soufflent dans la zone durant toute la saison sèche avec des vitesses comprises entre 2,5 et 4,29 m/s, exercent une forte dynamique sur les transformations morphologiques des unités du paysage et accélèrent la dessiccation des sols et le déchaussement des racines.

Les sols à texture sableuses (zone Diéri, Fondé et Pallé) y sont plus sensibles, ainsi que les zones dépourvues de végétation. La poussière et les « vents de sables» sont les phénomènes climatiques les plus fréquents de l'île à Morphil rendant la visibilité délicate. En gros, ces vents augmentent l'évaporation et l'évapotranspiration qui contribuent à accentuer le déficit hydrique et l'assèchement des sols.

· L'érosion hydrique

L'érosion hydrique sévit de manière importante dans l'île à Morphil et les berges des cours d'eau sont les plus exposées. En raison de la faiblesse de la couverture végétale et de la violence des précipitations, un ravinement se déclenche escarpant les bordures de la vallée (Photo 5).

L'extraction du sable pour la construction a accéléré l'action du fleuve dont la variation est très sensible dans le terroir. L'inondation est courante, d'ailleurs la quasi-totalité des sites originels des villages de l'île à Morphil se trouve actuellement sous les eaux. Le plus spectaculaire est l'ancienne école primaire de Dounguel complètement déchiquetée par les eaux, par suite du creusement des côtes et l'élargissement du lit mineur, une partie témoin subsiste encore. (Photo 6)

PHOTO 6 : Les effets du ravinement PHOTO 7 : L'école primaire de

à Fondé Elimane Dounguel emportée par l'érosion fluviale

· La dégradation chimique :

La salinisation et l'acidification constituent les principaux processus qui animent la dégradation chimique. L'irrigation dans l'île à Morphil place le sol dans une situation différente du régime pluvial. La modification du régime hydrique a changé les conditions de pédogenèse.

Une remontée des sels par percolation est observée sur les PIV du constat des exploitants (tableau 19), dont les aménagements mal planés, mal entretenus et sujets à de fréquents débordements, ne disposent en général pas de drains. Le manque de drainage entraîne une alcalisation des sols dont l'acidification compromet le développement de la végétation.

Tableau 19 : Nature et importance de la dégradation des sols par biotope

Biotope

Erosion hydrique

Erosion éolienne

Dégradation chimique

Observations

Berges des cours d'eau

TE

M

F

Ravinement des sols

Bourrelets de berges

F

E

F

Harmattan et tempêtes de sable

Périmètres irrigués

E

F

E

Salinisation des sols mal drainés

Légende : F : faible, M : modéré, E : élevé, TE : très élevé

Source : enquête de terrain, 2009

2.2 Les facteurs anthropiques

L'utilisation des sols par l'homme est la première origine de leur usure. Elle est accentuée par l'épuisement conséquence de la répétition des cultures. A Dioudé, l'érosion des terres est ostensible, après 7 ans de monoculture du riz la récolte a considérablement chuté la huitième année. A Fondé Elimane sur les 20 hectares irrigués, les 5 hectares sont abandonnés à cause de l'infertilité. En effet, cette dégradation se manifeste par une baisse des capacités physiques du sol (baisse de la teneur en argile sur les hollaldé).

Une forte pression foncière s'exerce sur les sols des zones inondables : la quasi-totalité des interrogés affirment que, le manque de terre est leurs soucis majeurs, la jachère a complètement disparu de la zone. En outre, la transhumance a aggravé l'érosion des berges. Le piétinement des troupeaux a eu des effets néfastes sur les sols.

2.3 Les contraintes économiques

Des contraintes liées aux systèmes de production sont manifestes. En effet, chaque famille dispose d'un PIV de 22 ares regroupant 5 à 12 personnes ou plus, la première priorité du paysan est de produire du riz pour la nourriture de la famille. La deuxième, liée à la précédente est de financer la mise en place de ses cultures du riz : intrants parmi lesquels : les engrais, les semences, l'eau, le gasoil ...et de régler les dettes du ménage. Le reste, il le consacre à la culture du Walo et du Diéri. Pour couvrir leurs besoins pendant toute l'année, ils vendent le riz, le petit bétail ou bénéficiers des revenus extérieurs.

Les contraintes macro-économiques sont beaucoup plus importantes, l'économie rurale repose sur l'agriculture en déclin et les revenus par tête sont faibles. (Figure 5). A l'unanimité, jaloux des énormes possibilités qu'offre l'île à Morphil les populations indexent les problèmes d'intrants et de financement comme l'unique contrainte de l'exploitation des ressources pédologiques.

FIGURE 5 : Pyramide des problèmes agricoles

Source : enquête de terrain, 2009

III. LA DEGRADATION DES RESSOURCES VEGETALES

Les ressources végétales conditionnent un maintien des processus écologiques et constituent une source substantielle de ressources alimentaires, énergétiques et pharmaceutiques pour les populations de l'arrondissement. Mais sous l'emprise de la pression anthropique et la péjoration climatique, ces formations végétales ont beaucoup évolué.

3.1 L'impact des facteurs physiques sur la végétation

L'île à Morphil est une partie du Sahel, qui a sévèrement subi les effets des aléas climatiques. Ainsi, se sont installées des conditions de semi aridité avec une longue sécheresse annuelle, qui a abouti à la sélection du peuplement végétal qui, du mésophile à l'origine, est devenu de plus en plus xérophile. Plusieurs espèces ligneuses ont disparu parmi lesquelles : Fovia biolor - Euphorbia convolouloides - Acacia senegal - Mitragina inermis - Tamarindus indica ...

L'action de l'érosion éolienne participe à la dégradation de la végétation par le déchaussement des racines, alors que certaines espèces reboisées (Eucalyptus - Prosopis et Azdirachta indica) ont un système racinaire très développé qui étouffe les plantes. Certaines espèces végétales typiques de bas-fond, étroitement liées aux drainages et à la durée de l'inondation, sont en voie de disparition suite au manque d'eau. Beaucoup d'arbres morts sont rencontrés dans les forêts classées.

3.2 Les actions anthropiques

Les effets néfastes de la crise climatique ont été cependant exacerbés par l'action anthropique qui a imprimé sa marque sur la physionomie du paysage actuel.

· La déforestation est l'effet le plus visible dans le terroir avec deux causes majeures : d'une part, l'expansion agricole responsable du quasi disparition des peuplements du Gonakier (Acacia nilotica) par suite des aménagements hydro agricoles. D'autre part, la pression foncière fait du défrichement de nouvelles terres un mode d'utilisation des terres hautement prioritaire par rapport à leur défense. Les forêts constituent dés lors de véritable zone à risque. la coupe abusive des arbres (la section des parties sensibles comme : le tronc et les racines) demeure une pratique plus redoutable (Photo 6), d'autant plus que le bois est l'unique combustible domestique des populations du milieu dont le niveau de pauvreté et l'enclavement ne permettent pas d'accéder aux autres formes d'énergies (seules les 3 CR et l'arrondissement disposent l'électricité)

PHOTO 8 : La coupe abusive des arbres PHOTO 9 : L'impact des caprins sur la végétation

· Les pratiques pastorales sont marquées par la réduction de l'espace de parcours qui restreint la mobilité du bétail aboutissant à une surexploitation des ressources forestières avec l'augmentation des charges animales. Le constat est l'émondage sauvage des espèces ligneuses appétées et le broutage des jeunes ligneux, qui provoquent la mortalité de nombreux sujets et réduisent, voire annihilent la régénération (Photo 7). L'action des caprins en particulier y est plus sensible.

Par ailleurs, les feux de brousses constituent un autre fléau de cet écosystème, la strate herbacée étant la plus exposée avec le défrichement par le feu très répandu.

*

* *

Au demeurant, les facteurs naturels de dégradation des ressources naturelles les plus importants dans l'arrondissement sont constitués par la sécheresse et la baisse de la pluviométrie. Cependant, les facteurs anthropiques aggravés par la situation de pauvreté dans le milieu risquent à long terme, de provoquer une dégradation irréversible. Les activités primaires étant plus exposées.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius