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Sagesse et pouvoir. une herméneutique du pouvoir

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par Antoine BASUNGA Nzinga
ITCJ - Baccalauréat canonique en théologie 2010
  

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· 1.2. Notion préliminaire à la lecture du Livre de la Sagesse

Une première approche adoptera la perspective diachronique de la critique historique. Autrement dit, le livre sera soumis au crible d'une critique succincte des sources, des formes et de la rédaction. Il s'agira de traiter de l'originalité du titre du livre, de sa date de rédaction, de l'auteur, du milieu culturel dans lequel le livre a été écrit, de son unité littéraire et de sa canonicité. Ces différentes informations nécessaires pour introduire la démarche épistémologique que nous nous proposons ici. Une herméneutique qui tient compte des fondamentaux existentiels du pouvoir à l'heure actuelle ne peut se passer de « l'enveloppement » historique de cette tradition. Autrement dit, l'herméneute actuel a besoin de s'enraciner dans la tradition, afin d'en rendre compte d'une manière plausible et dynamique. Ainsi, comme un serpent se rajeunissant par sa mue, l'interprète actuel apprend à revivifier sa tradition dans ses éléments positifs. Un effort d'actualisation créatrice de ce qui est actualisable est nécessaire, tout en restant fidèle aux fondamentaux de la révélation.

Rappelons d'abord que le titre Le livre de la sagesse vient de la Vulgate (Liber Sapientiae)6(*). Le titre original est sophia salomonos. L'on a cru Longtemps que l'original avait été écrit en grec, jusqu'à ce que l'on ait retrouvé quelques fragments en hébreu7(*). Mais il est commode de continuer à dire que le livre nous a été « transmis » en grec. Le texte complet de l'original hébreu ne nous est pas accessible8(*). Toutefois, les  caractéristiques et la structure littéraire du livre donnent à penser que l'original était bien en grec. La Sagesse de Salomon a été écrite peu avant ou pendant le premier siècle avant notre ère9(*). Cette hypothèse se base sur le fait que le livre manifeste une connaissance de la traduction grecque des prophètes dans la Septante. En outre, on a constaté que le livre a les mêmes visées que l'oeuvre de Philon d'Alexandrie (-20 +54): elle se présente comme une apologie de la tradition juive dans le milieu égyptien. Cette communauté de points de vue fait dire à certains que ces ouvrages auraient été écrits pendant la même période, vers 30 Av JC. Concrètement, le livre veut défendre  la tradition juive contre la séduction de la culture étrangère, en l'occurrence, de la culture grecque10(*). En raison de son évocation répétée de la Sagesse, le fait penser à Salomon. L'auteur s'adresse à un auditoire juif : il connaît l'histoire et la tradition d'Israël.  (2, 1-10). Pour lui, on peut accéder à la sagesse du monde à partir de la culture juive, sans passer par la culture grecque (7, 17-20). Toutefois, à la lecture du livre, un constat s'impose : l'auteur témoigne d'une grande maîtrise de la philosophie et de la rhétorique grecques. Ce constant a conduit à mettre en doute que Salomon serait réellement l'auteur d'un tel livre qui évoque si étrangement certains thèmes de la pensée grecque et ses procédés d'argumentation. Les chercheurs font alors une distinction entre l'auteur fictif et l'auteur réel du livre. En ce sens Salomon ne serait qu'un auteur fictif. Au sujet de l'auteur réel : M. Gilbert admet qu'il est inconnu11(*), C. Larcher donne expose hypothèses, qui renvoient toutes à la littérature du judaïsme hellénisé12(*). M. Gilbert soutient que le milieu culturel du Livre de la sagesse est celui de la diaspora juive d'Alexandrie. En effet, même s'il n'est cité et transmis que par les chrétiens, précise-t-il, ce livre est certainement issu du judaïsme. Ses nombreuses allusions à l'Egypte, en particulier dans l'évocation de l'Exode (Sg 10, 15 - 19,21), incitent à penser qu'il fut rédigé dans la métropole portuaire du delta du Nil.13(*) Le livre de la sagesse n'est pas une collection de maximes sur tous les sujets, assemblées sans souci de continuité logique. Il s'agit d'une composition ordonnée autour d'un thème essentiel : les justes rétributions de la providence divine selon les mérites des hommes14(*). L'unité est établie par la réflexion théologique15(*), contrairement au livre de Job, où la discussion aborde plusieurs points de vue, qui sont exposés tour à tour, et sont tous partiels ; aucun ne semble satisfaire pleinement. C. Larcher va plus loin. Il démontre cette unité littéraire à travers différentes particularités linguistiques et procédés stylistiques qui caractérisent la manière de composer de l'auteur16(*). Certains chercheurs mettent l'accent sur quelques différences littéraires présentes dans le livre et le considèrent comme un livre composite. Ils estiment la première (1-5) et la deuxième partie (11-19) n'ont pas le même style. De toute évidence, l'oeuvre a été rédigée en grec et n'est en rein la traduction d'un original sémitique : la fréquence des mots composés, ainsi que des procédés littéraires tels que la paronomase (14, 11 bcd) l'allitération ou l'assonance (6, 10a) renforcent cette affirmation17(*). Le genre littéraire du livre est celui de l'éloge ou du discours protreptique, exhortatif. Le Livre de la sagesse n'est pas reconnu par les Juifs et les Protestants. Il appartient plutôt au canon deutérocanonique, reconnu au Concile de Trente (en 1546). Trois manuscrits différents, à savoir le codex A : Alexandrie (cinquième siècle)18(*) ; le codex B : Vaticanus  (quatrième siècle) et  le codex C : Sinaïticus (quatrième siècle) sont les plus anciens témoins de son ancienneté.

* 6 _Cf. l'introduction au Livre de la Sagesse dans la Bible de Jérusalem, Paris, Cerf, 1995. Maurice Gilbert dit encore que ce livre, que la tradition latine appelle aussi « Livre de la Sagesse », a été écrit directement en grec et nous parvient dans la Septante. Cf. M. Gilbert, Les cinq Livres des Sages, Paris, Cerf, 2003, p.227.

* 7 _ Le livre n'a pas été découvert parmi les manuscrits de la Mer Morte et, à ce jour, il ne subsiste aucun exemplaire ni même aucun fragment de la Sagesse de Salomon en langue hébraïque ou araméenne. Plusieurs études ont cependant cherché à démontrer l'existence d'un original sémitique (hébreu ou araméen (cf. Margoliaouth et Zimmermann) derrière tout ou partie du livre. Les résultats de ces recherches ne se sont pas révélés convaincants. Cf. Thomas Römer, Introduction à l'Ancien Testament, Labor et Fides, Genève, 2004, p. 656 (Contribution de Thierry Legrand).

* 8 _ A ce propos, C. Larcher offre une étude minutieuse des différentes hypothèses formulées à propos de la langue originale du livre de la Sag, depuis le 18èmes. à nos jours. Le problème est posé d'abord à partir des chap. 1-5, puis des sections entières des chap. 6 et 8, enfin par les chap. 9 et 10. Il conclut que l'auteur a pu connaître certains écrits hébraïques et s'en inspirer pour rédiger telle ou telle partie du livre. Mais, pense Larcher, le livre donne l'impression d'une composition suivie où se mêlent d'une façon indissociable les composantes d'une même personnalité littéraire. Il est contre-indiqué de prendre l'une ou l'autre partie du livre et de la ramener telle quelle à un prototype hébreux. De nombreux versets ou développements n'ont pu être pensés et écrits qu'en grec. Cf. C. Larcher, Le Livre de la Sagesse ou La Sagesse de Salomon. Tome I, Paris, Librairie Lecoffre, 1983, pp.91-95.

* 9 _ A. M. Dubarle, Les Sages d'Israël, Paris, Cerf, 1946, p.188. Pour C. Larcher, le problème de la date du livre, souvent confondu avec celui de sa composition, a reçu dans l'histoire de l'exégèse des solutions diverses. Pour lui, les hypothèses s'échelonnent depuis la fin du 3e s av. J.-C. jusqu'au milieu de 2e s de notre ère. Lui-même estime que l'ensemble du livre a été rédigé au cours des trente dernières années avant notre ère. L'ordre actuel correspondrait à la succession chronologique de sa composition. Un même auteur en serait le responsable. Cf. Op., cit., pp. 142-161. Pour M. Gilbert ce dernier livre de notre AT, a probablement été écrit au début de la domination romaine sur l'Egypte. Il faut dater la rédaction au lendemain de la victoire navale d'Octave, le futur empereur Auguste, à Actium en 31 avant notre ère. Cf. Cf. M. Gilbert, Les cinq Livres des Sages, Paris, Cerf, 2003, p.228.

* 10 _ A ce propos, la Bible de Jérusalem note que l'oeuvre du philosophe et la Sagesse de Salomon sortent du même milieu et elles ne peuvent pas être très éloignées dans le temps bien que n'ayant pas d'interaction directe. Cf. Introduction au Livre de la Sagesse dans la Bible De Jérusalem, Paris, Cerf, 1995.

* 11 _ M. Gilbert, Op., cit., p.227.

* 12 _ C. Larcher, Le Livre de la Sagesse ou La Sagesse de Salomon. Tome I. Paris, Librerie Lecoffre, 1983, pp.125-139.

* 13 _ Cf. M. Gilbert, Les cinq Livres des Sages, Paris, Cerf, 2003, p.227-228.

* 14 _ A. M. Dubarle, Les Sages d'Israël, Paris, Cerf, 1946, p.187.

* 15 _ M. Gilbert, Les cinq Livres des Sages, Paris, Cerf, 2003, p.228.

* 16 _ C. Larcher, Le Livre de la Sagesse ou La Sagesse de Salomon. Tome I, Paris, Librerie Lecoffre, 1983, pp. 100-101.

* 17 _ . Cf. Th. Römer, Op., cit., pp. 656 (Contribution de Thierry Legrand).

* 18 _ Selon M. Gilbert et C. Larcher, en 1962, J. Ziegler a donné la meilleure édition critique actuelle de Sg. Les manuscrits B (Vaticanus), C (Sinaiticus), du IV e s. et A (Alexandrinus), du Ve s. représentent à son avis, l'état ancien du texte. Cf. M. Gilbert, « Sagesse de Salomon (ou Livre de la Sagesse) » in Dictionnaire de la Bible. Supplément. Tome XI, Paris-VI, 1991, pp. 58-61. C. Larcher, Etudes sur le Livre de la Sagesse, Paris, Librairie Lecoffre, 1969, pp. 30-84.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand