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L'amour comme paradigme de la morale chez Vladimir Jankélévitch

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par Marios KENGNE
Grand séminaire Paul VI-Philosophat de Bafoussam - mémoire de fin de cycle 2002
  

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2. Ambiguïté de la morale asymétrique

Nous avons montré au chapitre troisième l'imbrication des exigences de l'amour dans celles du devoir moral. Le devoir moral consiste à aimer autrui. Cet amour pour autrui implique que l'on ne lui tienne pas compte du fait qu'il puisse vaquer à ses devoirs moraux ou pas. On pourrait dire que c'est un amour à sens unique. C'est ainsi donc que le devoir moral chez Jankélévitch est impair et revêt un caractère irréversible : « Tout le monde a des droits, sauf moi. Je n'ai que des devoirs. A toi tous les droits, à moi toutes les charges. »116(*) Une morale du devoir avec une telle exigence est-elle faisable ? Tient-elle compte des limites de l'homme ?

Nous avons aussi déjà remarqué que faire son devoir à l'égard d'autrui, implique la nécessité de se sentir responsable de ce dernier. Or nous remarquons que chez Jankélévitch, le sujet moral doit ignorer complètement la notion de l'estime de soi. C'est ce que nous avons appelé l'innocence du sujet dans l'action morale. En faisant recours à Paul Ricoeur, on relèverait l'ambigüité de cette nihilisation de ce que nous pouvons appeler l'être-propre du sujet moral. Pour Ricoeur, le soi, que nous assimilons à l'être aimant de Jankélévitch, doit d'abord s'estimer lui-même, c'est-à-dire être déjà responsable de lui-même pour pouvoir être responsable de son prochain : « Il n'y aurait pas de sujet responsable si celui-ci ne pouvait s'estimer soi-même en tant que capable d'agir intentionnellement, c'est-à-dire selon des raisons réfléchies. »117(*) Nous pouvons donc noter que c'est notre degré de responsabilité à l'égard de nous-mêmes qui déterminerait notre capacité de prise en charge de notre prochain. Autrement dit, c'est en fonction de l'intensité de notre amour-propre (excepté l'amour-propre qui traduit l'égoïsme de l'ego), que nous pourrons aimer véritablement notre prochain : puis-je aimer fortement autrui si mon amour-propre est au degré zéro d'amour ?

Il faut donc relever l'hypothèse d'une certaine symétrie dans l'accomplissement du devoir moral. Il ne s'agit pas certes de prôner une morale du donnant-donnant c'est-à-dire celle qui peut dire par exemple : comme tu as fait ton devoir envers moi, alors, je ferai le mien en retour à ton égard. En arriver là, serait insuffler un souffle neuf à la loi du talion : oeil pour oeil, dent pour dent. Non ! Loin de là ! Il s'agit de dire que tout homme est capable de sentiment et que partant, tout sujet moral qui accomplit son devoir devra d'une manière ou d'une autre, ressentir le désir de voir que ses droits sont respectés. De même, il faut dire qu'il serait fantômique de concevoir un être qui n'éprouve aucun besoin d'être aimé. Dans ce sillage, on peut se demander si Jankélévitch n'est pas quelque peu idéaliste dans sa conception de la morale ou de l'amour ? Il faut en effet être l'Etre dont l'essence est l'Amour pour aimer d'un tel amour : Dieu. D'où le concours de la grâce pour être moral au sens de Jankélévitch. A ce niveau, on pourrait dire que la morale de Jankélévitch s'assimile à la morale chrétienne. Une équivoque est à lever : au commandement christologique de l'amour du prochain : aime ton prochain comme toi-même, on ne saurait substituer celui de Jankélévitch que nous formulons ainsi : aime ton prochain comme il s'aime lui-même.

* 116 _ JANKELEVITCH V., Le paradoxe de la morale, op. cit., p. 161.

* 117 _ RICOEUR P., « Approche de la personne », in Esprit, mars-avril, 1990, n° 160, p. 116, cité par OUM OUM J. S. P. in La petite éthique de Paul Ricoeur dans Soi-même comme un autre. Un essai de définition de l'éthique contemporaine, mémoire de fin de cycle philosophât de Bafoussam, année académique 2003-2004, inédit.

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