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La critique existentialiste du rationalisme chez Sàśren Kierkegaard

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par Eric MBOCK ABOUBAKAR
Grand Séminaire Saint Augustin de Maroua - Mémoire fin de cycle de philosophie 2008
  

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II.3.3. La sphère religieuse

Cette sphère est celle où l'homme existe au plus haut point, puisque la foi le met seul devant Dieu et pécheur. La vie chrétienne est une vie d'amour pour KIERKEGAARD, une vie de prière et de renoncement. L'amour est le principe et le ressort car tout rapport d'intimité entre deux personnes concrètes se passe ou s'accomplit par le biais de l'amour. Dieu se manifeste à ceux qui l'aiment par l'amour qu'il leur manifeste et qui est non seulement son oeuvre mais aussi sa présence. La prière n'est autre chose que cette respiration d'âme. Elle ne consiste pas à rendre Dieu attentif à nos prières, mais nous rendre attentif à la volonté de Dieu. Mais l'homme rationaliste, suite à l'anthropocentrisme moderne qui le pousse à éprouver une nouvelle conscience de soi, se découvrant pour ainsi dire au sommet et au centre de l'existence humaine ne cherche plus Dieu : il est Dieu lui-même. Il refuse ce que les autres appellent la troisième dimension. Cette troisième dimension est l'expression dernière de l'intelligence ; elle touche la transcendance de Dieu et la destinée ultime de l'homme. L'homme la rejette très souvent pour croupir dans les deux premières dimensions qui traitent successivement du corps et de l'âme dont l'expression significative est la pensée. Mais ces deux premières dimensions ne font que limiter son être. Depuis l'avènement du rationalisme, l'homme ne vit plus qu'à la surface de lui-même ; en oubliant que le Dieu qu'il rejette pour se réfugier dans la raison serait effectivement sa seule ouverture vers la LUMIERE. Aveuglé par le rationalisme qui lui présente un paradis artificiel, le penseur objectif va préférer les lumières qui le limitent aux deux premières dimensions de son être renfermé sur lui-même. Cette lumière leur voile l'esprit et les amène à ne pas cerner que « Dieu n'est pas seulement pour l'homme une norme qui s'impose à lui et qui, en le dirigeant le redresse : il est l'absolu qui le fonde, il est l'aimant qui l'attire, il est l'Au-delà qui le suscite, il est l'Eternel qui lui fournit le seul climat où il respire, il est en quelque sorte cette troisième dimension où l'homme trouve sa profondeur »97(*).

Aimer Dieu, c'est l'écouter dans la prière et l'adoration. Ainsi l'acte de la prière et l'acte de l'amour sont identiques et tous deux identiques au renoncement. La devise pour qui vit dans cette sphère pourrait être : Unum necessarium de l'Evangile.

Il ressort de ces trois sphères trois types d'existence définie chacune soit par une passion fondamentale, un pathos : jouir, aimer, agir ; soit par une forme d'angoisse devant le destin, devant la loi, le péché, soit par une grande étape de l'histoire humaine : le paganisme, le judaïsme et le christianisme.

Entre les différentes sphères, il n'y a pas de rapport, pas de médiation, ni de pont permettant le passage d'une sphère à l'autre. KIERKEGAARD pour remédier à ce problème de médiation met en place une sorte de saut existentiel, qui est caractérisé par la décision, le choix, et la conversion du coeur. Par sa liberté, l'homme est capable de se transcender, de rompre avec son passé et s'engager dans une existence toute nouvelle.

Bien qu'il n'y ait pas de médiation entre les sphères d'existence, il y a une sorte de préparation au saut de l'esthétique à l'éthique, et de l`éthique au religieux ; une sorte de dialectique existentielle. C'est un effort concret, vital d'une part et d'autre part négatif. Il se développe tout entier dans la sphère inférieure, et consiste à le nier dedans, et à montrer expérimentalement l'insuffisance, la vanité ; et c'est seulement par cette attitude qu'il peut aspirer à la sphère supérieure. De là on peut s'apercevoir que le passage de l'esthétique à l'éthique est possible par le biais de l'ironie, et le passage de l'éthique au religieux se fait par l'humour.

Cependant, la sphère religieuse a aussi une dialectique interne qui entraîne le mystique toujours plus loin, plus haut, en lui faisant éprouver l'impossibilité de s'arrêter jamais : c'est l'Amour. C'est l'amour qui est même le sens de la vie chrétienne, et le principe d'un perpétuel dépassement de l'homme vers Dieu.

Toute grande philosophie comporte nécessairement une critique de la connaissance ; que ce soit à titre de soubassement ou de couronnement mais, ce qui importe c'est que, par ces critiques s'opère un choix décisif qui est celui d'adhérer ou non à cette pensée.

L'existentialisme ne dérobe pas à cette loi puisque étant fondé sur la critique de la connaissance objective ou de la raison en général. Comme nous avons pu le montrer dans le chapitre précédent et dans ce chapitre, la thèse critique fondamentale, commune à tous les existentialistes est que « l'existant échappe à la pensée abstraite et à la logique ; il est donc impensable, absurde et ne peut être atteint, saisi, éclairé que par une expérience concrète ou quelque espèce de sentiment »98(*).

Avec KIERKEGAARD et plus tard avec les autres philosophes existentialistes, nous avons essayé de redécouvrir contre HEGEL et toute espèce de rationalisme, le caractère irréductible de l'existence. Car l'erreur du rationalisme résidait dans le fait qu'une place primordiale était accordée à la raison absolue, au point de ne plus vouloir faire des existants des êtres rationnels mais des êtres rationalistes. Et cela, en oubliant qu'il y a une différence entre ces deux types d'êtres. Le rationalisme en voulant faire des existants des êtres rationalistes, les pousse à s'enfermer dans la raison, et par là même refuse à ces derniers un dépassement qui les ferait grandir davantage. D'où le rationalisme est une déviation de la raison.

Dans sa célèbre formule « tout ce qui est rationnel est réel et tout ce qui est réel est rationnel », HEGEL croyait pouvoir construire l'univers, l'homme, l'histoire par le seul jeu de la dialectique. Mais ce que l'auteur de La phénoménologie de l'esprit semble oublier c'est qu'un système aussi agencé soit-il reste, toujours idéal et n'atteint jamais le réel. A propos KIERKEGAARD a montré que le concept est abstrait : il présente à l'intelligence un objet universel, c'est-à-dire apte à se réaliser dans une multitude indéfinie de sujets et laisse échapper l'existence et l'individualité des choses ; voire rejette et repousse tout ce qui est de l'ordre existentiel pour faire apparaître l'essence dans toute sa pureté. Dans la critique qu'il fait au rationalisme, l'existentialisme n'a jamais nié que nous ayons une idée de l'existence et de l'individu mais, il nous fait comprendre par cette critique que cela ne nous avance en rien ; car ces idées sont abstraites comme toutes les autres. Or l'existence concrète est bien une limite : « elle est une borne de la pensée abstraite, elle est proprement impensable »99(*).

Cependant, comme toute réaction, l'existentialisme a dépassé la mesure en exagérant les vérités qu'il a retrouvées. Ainsi l'existentialisme prend une position fausse dans l'ordre critique, sans avoir même posé ni discuté le problème de la connaissance. De part ce regard épistémologique fait sur le rationalisme par les existentialistes et de part les limites, nous observerons du courant existentialiste que nous allons essayer de voir comment cette étude pourrait être une ouverture vers un humanisme intégral.

* 97 _ H. DE LUBAC, Le drame de l'humanisme athée, Paris, Spes, 1950, p. 65.

* 98 _ R. VERNEAUX, Leçons sur l'existentialisme et ses formes, op. cit., p. 174 .

* 99 _ Ibidem, p. 176.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote