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La critique existentialiste du rationalisme chez Sàśren Kierkegaard

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par Eric MBOCK ABOUBAKAR
Grand Séminaire Saint Augustin de Maroua - Mémoire fin de cycle de philosophie 2008
  

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CHAPITRE III

POUR UN HUMANISME INTEGRAL

III.1 Apports et limites de l'existentialisme
III.1.1. Apports de l'existentialisme

Cette critique que nous pouvons faire de prime abord sur le courant existentialiste est qu'elle s'est fondée suite à la déviance de certains courants philosophiques tels que le rationalisme qui généralise et impersonnalise l'existant ; par là même, fait de l'existant et de son existence une préoccupation renvoyée aux calendes grecs voire même jamais pris en compte.

KIERKEGAARD s'oppose à la pensée pure qui est totalement détachée du réel. Il ne suffit pas de penser de façon rationnelle, de construire dans les concepts un univers pour qu'il soit concret. L'existant ne se donne pas dans une pensée abstraite sans relation avec le réel. Les philosophes existentialistes en général et le philosophe danois en particulier posent le problème du lien de la pensée et du vécu ; car pensent-ils « à quoi sert une pensée, une réflexion philosophique si elle ne peut m'aider à être, à entrer et à vivre pleinement l'existence à laquelle je suis appelé »100(*).

Il est inutile de construire un système par l'agencement des concepts tel que le font les rationalistes. L'humanisme ne peut être atteint ou compris de cette manière là. L'existence n'a pas de système. Si un existant prétend en construire un, il ne peut que ressembler à un homme qui construit une belle tour dans laquelle il ne peut habiter lui-même. Or cette attitude est contraire à celle du sage tel que SOCRATE. Ce dernier est le prototype même de l'homme sage parce qu'il vit ce qu'il enseigne et c'est dans le quotidien qu'il puise son enseignement. Il interroge les faits et les personnes pour comprendre et non les concepts pour entrer en possession de la connaissance. Et pour réaliser une telle vie je dois me tourner vers l'éthique pour une sagesse de vie en vue du bonheur parce que «  l'éthique est ce par quoi il est ce qu'il devient »101(*). Cela parce que chaque individu est original, irremplaçable, ayant pour devoir de réaliser pleinement son existence.

On peut dire que KIERKEGAARD a vu dans la généralisation le monde du on : un monde où l'individu n'a pas la place ; un monde où on ne parle que de masse. Pour lui une telle attitude ne peut être justifiée que par le sentiment de lâcheté car « c'est par lâcheté devant l'existence que les hommes d'aujourd'hui veulent se fondre dans la masse. Incapables d'être quelqu'un, par eux-mêmes, ils espèrent être tout de même quelque chose par le nombre »102(*). L'Etat est pour tous, c'est l'homme en général, en masse qui prend le dessus, au point où les individus singuliers sont sacrifiés, au mieux livrés à un paradis chimérique ou sont réduit carrément à rien. Paradis artificiel qui fait voir à l'homme que « le malheur de l'homme vient de son absence de connaissance »103(*). Mais toutes ces promesses ou ces images que nous propose le rationalisme n'est cependant qu'illusion, car « dans la pensée rationaliste, toute objectivité est perdue puisque toute subjectivité est justifiable »104(*).

Pour l'auteur des Miettes philosophiques, l'accent doit être mis en particulier sur le sujet existant. L'existant doit lui-même trouver une vérité pour lui et non se laisser dicter une méthode par le rationalisme car comme le pense FEYERABEND, « toutes les méthodologies ont leurs limites et la seule règle qui survit c'est : « tout est bon« »105(*). Il doit trouver une vérité qui lui est propre et qui puisse lui permettre d'affronter la réalité quotidienne. Pour cela KIERKEGAARD réclame une pensée subjective, ayant une valeur existentielle pour le sujet pensant. De là il s'agit de trouver une vérité pour chacun, pour moi et pour toi. Et cette pensée poussera KIERKEGAARD à affirmer que la subjectivité est la vérité. Cette déclaration certes exagérée fera voir à quel point ce philosophe cherche à sauvegarder l'existant singulier. L'existence demande de la passion ; car il faut avoir de l'intérêt pour l'existence dans une envie toujours plus grande de réaliser pleinement cet individu différent des autres dans le quotidien par des actes concrets.

Cette lutte acharnée contre le rationalisme va pousser le philosophe danois à faire de vives reproches à l'église protestante danoise qui pour lui se lance dans la spéculation hégélienne. KIERKEGAARD pense comme nous l'avons dit lors de nos précédents propos que le christianisme n'est pas une doctrine et ne saurait se comporter comme telle car « le christianisme ne peut être une doctrine au sens d'une spéculation philosophique ou d'une idéologie tel que le système hégélien »106(*). Mais il est un message existentiel. Pour cela, il est pour un retour au radicalisme évangélique ou du moins à un christianisme qui reflète l'enseignement du Christ qui est un homme ayant vécu dans notre histoire.

De l'expérience de sa vie, KIERKEGAARD nous a établit ou mieux a regroupé en trois tableaux les sphères d'existence. Il nous a présenté comme premier tableau le lieu de l'esthétique qui est un peu une tendance instinctive. Les instincts non contrôlés prennent place et font de l'individu l'esclave des jouissances. Sa fin son but c'est jouir. Ce type de comportement amène KIERKEGAARD à dire que « l'esthétique est ce par quoi l'homme est immédiatement ce qu'il est ; il est toujours excentrique, il a toujours son centre à la périphérie »107(*). La sphère éthique quant à elle, décrit et montre ce que peut être une vie selon les normes de l'éthique. Trouvant sa joie dans l'accomplissement des devoirs, l'éthique pour l'éthicien ne saurait être une contrainte. L'éthicien s'étant choisi lui-même, il est désormais le centre de sa propre existence108(*). C'est pourquoi cette attitude est qualifiée de cogito existentiel où connais-toi toi-même est remplacé par le choisis-toi toi-même. Enfin et au plus haut point, s'ouvre la sphère religieuse où le péché introduit et met l'individu devant Dieu. L'existant se dépouille de manière progressive et totale pour aller vers Dieu avec qui il effectue un voyage mystérieux dans la foi ; d'où plus rien ne compte pour lui et il se laisse conduire par celui qu'il cherche.

En somme, KIERKEGAARD réfute et avec raison valable le rationalisme. Car pour lui, la spéculation pour la spéculation n'a aucun lien avec une existence concrète. Il réclame une vérité qui soit existentielle ; et pour cela veut que le christianisme soit une religion de témoignage de vie. Il demande qu'il soit un message existentiel, une communication vivante et non une spéculation. En regroupant les trois sphères de l'existence, il essaye de montrer les limites liées à une fin qui ne permet pas un développement de tout l'homme. Cela en ce sens que l'esthétique est trop proche ou mieux est dans la même sphère que la spéculation point essentiel de la philosophie. Or l'éthique donne un exemple de vie et le religieux au sommet de tout unit l'homme à son créateur.

Cependant, la pensée de KIERKEGAARD renferme des limites généralement liées à la réfutation excessive de la théorie.

III.1.2. Limites de l'existentialisme

Comme toutes les autres doctrines, loin d'être une exception, l'existentialisme renferme quelques points ambigus qui demandent des précisions. Notons d'abord la méfiance accentuée de ce courant envers l'utilisation de la raison, et le rejet de la spéculation philosophique. Enfin sa conception de la foi qui fait naître en nous un certain nombres de réserves.

* 100 _ G. MARCEL, Être et Avoir, Paris, Aubier, 1935, p. 315.

* 101 _ E. MOUNIER, Introduction aux existentialismes, OEuvres de Mounier, op. cit., p. 117.

* 102 _ S. KIERKEGAARD, cité par R. VERNEAUX, Histoire de la philosophie contemporaine, op. cit ., p. 28.

* 103 _ Cf. http://sites.rapidus.net/neturcot/textes/2000/critique.html.

* 104 _ Idem.

* 105 _ P. FEYERABEND, Contre la méthode, Esquisse d'une théorie anarchiste de la connaissance, Paris, seuil, 1979, p. 333.

* 106 _ S. KIERKEGAARD, cité par R. VERNEAUX, Histoire de la philosophie contemporaine, op. cit., p. 26.

* 107 _ S. KIERKEGAARD, Ou bien...Ou bien, op. cit., p. 474.

* 108 _ E. MOUNIER, Introduction aux existentialismes, OEuvres de Mounier, op. cit., p. 117.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault