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La critique existentialiste du rationalisme chez Sàśren Kierkegaard

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par Eric MBOCK ABOUBAKAR
Grand Séminaire Saint Augustin de Maroua - Mémoire fin de cycle de philosophie 2008
  

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III.3.2. Humanisme intégral

Il faudrait rappeler que l'humanisme intégral que nous proposons, en effet, ne serait rien s'il n'était le fruit d'un regard de foi sur le mystère humain, un regard capable d'assurer, en le comblant surabondamment et d'une manière inouïe, de ce qui dans l'homme passe l'homme.

Si toute l'évolution de l'humanisme moderne est allée dans le sens de l'anthropocentrisme, c'est-à-dire de l'idée d'une nature humaine close sur elle-même et se suffisant absolument à elle-même, l'humanisme exigé par le christianisme, respectueux de l'homme dans la plénitude de ses dimensions, est au contraire un humanisme décidément théocentrique parce qu'il reconnaît que Dieu est le centre de l'homme. Mais prôner le retour à l'humanisme théocentrique ne saurait être pour autant comme certains risqueraient de le croire être une reconstruction de la cité du moyen âge et affirmer que l'humanisme médiéval était un modèle achevé de l'humanisme chrétien. Puisque comme le montre si bien MARITAIN, la cité médiévale était d'ordre sacral au sens où elle entreprenait d'édifier « une image figurative et symbolique du royaume de Dieu »136(*) alors qu'aujourd'hui l'humanisme intégral est « une conception profane chrétienne et non pas sacrale »137(*).

Le fait que certains philosophes réclament l'avènement d'un humanisme nouveau qui soit théocentrique, ce n'est pas qu'ils reprochent à l'humanisme classique et à l'humanisme moderne leurs aspirations humanistes, mais précisément parce qu'ils voient bien que leur anthropocentrisme les a conduits finalement à des positions antihumaines quels que soient les acquis culturels incontestables qu'ils ont légué et qu'il faut à tout prix préserver. Par exemple à la grande tentation moderne de la divinisation de l'homme et du refus de sa condition créée, l'humanisme intégral oppose à cela l'idéal d'une société personnaliste c'est-à-dire au service de la personne comme image de Dieu.

La personne comme image de Dieu, tel est précisément le fondement de l'humanisme intégral. Et en cela toute la tradition chrétienne la voit dans les paroles de la genèse : « Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance »138(*). De là, on peut comprendre qu'une telle perspective débouche immédiatement sur l'humanisme non point anthropocentrique, qui prétendrait réhabiliter la créature en la coupant de Dieu et en la repliant sur elle-même, mais au contraire un humanisme qui tient en compte la relation intime qui existe entre la créature et son créateur.

L'humanisme chrétien ne peut être qu'un humanisme personnaliste. A travers l'humanisme anthropocentrique et marxiste, nous avons vu que l'homme contemporain a été imprégné d'une dialectique qui s'inscrivait entre un pôle individualiste et un pôle collectiviste où la personne humaine ne pouvait trouver son accomplissement. Cependant, le véritable humanisme chrétien se trouve exalté ici ; cela en ce sens qu'il a une idée très élevée de la personne humaine au point d'en faire, selon les mots de saint Thomas « ce qu'il y a de plus noble et de plus parfait dans toute la nature »139(*).

Cette juste notion de l'homme comme personne qui est celle de l'humanisme intégral implique en même temps qu'il est essentiel à la personnalité de tendre à la communion ; qu'il ait une vision des problèmes qui concernent le rapport de la société avec la personne. Lorsque nous parlons ici de société, c'est avant tout faire allusion à la société politique, à la cité, mais bien entendu aussi à la société familiale. Cependant, nous en tenant uniquement à la société politique, nous nous demanderons en quel sens celle-ci peut être dite une société de personne.

Engagée tout entière dans la vie de la cité, et comme telle faisant partie de la société, la personne n'est pas engagée totalement dans la société politique

« En vertu de tout ce qui est en elle et de tout ce qui lui appartient. En vertu d'autres choses qui sont en elle, elle est aussi toute entière au dessus de la société politique. Il y a en elle des choses qui transcendent la société politique et qui attirent au-dessus de la société politique l'homme tout entier ; ce même homme tout entier qui est partie de la société politique en vertu d'une autre catégorie. Je fais partie de l'Etat en raison de certaines relations à la vie commune qui intéressent aussi mon être entier ; mais en raison d'autre relation, a des choses plus importantes que la vie commune, il y a en moi des biens et des valeurs qui ne sont pas par l'Etat ni pour l'Etat et qui sont en dehors de l'Etat »140(*).

De ces considérations qui précèdent, on le voit, la tension qui caractérise la relation de la personne et de la société provient précisément de ce que l'être humain n'est pas seulement une individualité intégrée à un groupe, mais aussi et surtout une personnalité dont la source première et créatrice est l'être divin. La relation entre la personne et la société doit être basée comme le dit MARITAIN sur « le sens de la justice due à tous les hommes et l'amour pour tous les hommes ; la vie extérieure et tout ce qui en nous est un commencement naturel de la contemplation, la dignité de la vérité dans tous les domaines et tous les degrés, si humbles soient-ils, du savoir, et l'intangible dignité de la beauté »141(*).

Ainsi la société politique doit être subordonnée à la personne humaine puisque étant la valeur suprême de tout ce qui puisse exister. C'est pourquoi l'humanisme intégral nous propose une société politique qui doit être subordonnée à la personne humaine, en vue non plus, de la considérer comme la partie d'un tout, mais comme un tout. Et cela ne peut être possible que par le développement et l'affermissement du caractère moral des relations sociales. C'est pourquoi YVES FLOUCAT pense qu' « une société qui veut être véritablement humaine, personnaliste, c'est-à-dire au service des personnes qui la constituent, se doit en effet de s'enraciner toujours plus solidement dans ses fondements essentiels ; et ceux-ci ne sont autres que la justice, avec le progrès dans l'égalité qui lui est intrinsèque et à l'amitié ou la fraternité civique »142(*).

Assurément, la justice et le droit sont indispensables à toute société, mais comme des conditions nécessaires au développement de l'amitié et de la fraternité civique. Car une justice non assumée par l'amitié serait alors comme le dit JEAN PAUL II dans son encyclique sur La miséricorde divine : « la rancoeur, la haine, et jusqu'à la cruauté » qui perdrait le pas sur elle-même. Aussi bien l'expérience de notre temps et du passé nous démontre ainsi que la justice ne se suffit pas elle seule, et qu'elle peut conduire à sa propre négation, et à sa propre ruine si on ne permet pas à cette force plus grande qu'est l'amour de façonner la vie humaine dans ses diverses dimensions. Et étant donnée la faiblesse de l'homme, seul l'amour et la charité peuvent vivifier intérieurement, conforter et surélever la dignité humaine pour lui donner une dimension universelle.

Apparaissant ainsi à la fois et indispensablement comme, personnaliste et communautaire et affirmant sans ambiguïté le primat de la personne sur la communauté, l'humanisme intégral permet de briser autant avec l'individualisme qu'avec divers collectivisme et totalitarisme.

Loin d'être contre le progrès technique, et indifférent devant la connaissance de plus en plus étendue que l'homme peut connaître de l'univers matériel, l'humanisme intégral exige cependant dans « le développement de la technique et de la civilisation de notre temps marqué par la maîtrise de la technique un développement proportionnel de la vie morale et de l'éthique »143(*). Bien que l'humanisme enseigne le primat absolu de la personne sur les choses, du spirituel sur le matériel, il est soucieux de mettre le progrès technique au service de la vie humaine, pour que l'homme devienne plus conscient de sa dignité et de sa responsabilité en vers les plus démunis. Humaniser la technique, c'est l'employer au service du progrès moral et spirituel de l'homme, et non pas à ses instincts égoïstes ou dominateurs. C'est montrer la priorité de l'éthique sur la technique.

Ce que l'humanisme intégral voudrait des magnifiques progrès que la science accomplit au coeur des derniers siècles, est que science et sagesse soient dans une harmonie vitale et spirituelle.

* 136 _ J. et R. MARITAIN, Humanisme intégral, OEuvres complets volumes VI, op. cit. , p. 465.

* 137 _ Ibidem. P. 475.

* 138 _ BIBLE DE JÉRUSALEM, op. cit.,Gn1, 26.

* 139 _ Saint THOMAS, Somme théologique Ia, q.29, a.3.

* 140 _ J. MARITAIN, Personne et bien commun, OEuvres complètes, Vol. IX, Paris, éd. Saint -Paul/Fribourg, éd. Universitaires Fribourg Suisse, 1947-1951, P. 312.

* 141 _ J. MARITAIN, L'homme et l'Etat, Paris, P.U.F., 1965, pp. 138-139.

* 142 _ Y. FLOUCAT, Vocation de l'homme et sagesse chrétienne, op. cit., pp. 185-186.

* 143 _ JEAN PAUL II, La miséricorde divine, Paris, Téqui, 1980, p. 77.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway