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Les enfants d'immigrés italiens dans les écoles françaises (1935-1955)

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par Louise CANETTE
Université de Nantes - Master 2 2010
  

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E). Les conflits de cour de récréation : une loupe sur les tensions ?


· « Macaronis », « enfants de pouilleux » : quelles réponses à la xénophobie dans la cour de récréation ?

L'entretien de Marie-Claude Blanc-Chaléard avec la famille Ricci constitue un témoignage criant quant à la présence d'importantes bagarres dans les cours de récréation de

235 F. CAVANNA, Les Ritals, Paris, 1978 (p. 37).

Ou encore Maria C. qui m'a dit, lors de notre entretien à Nantes le 24 novembre 2009, avoir déjà entendu parler de cette comptine.

80 l'Hexagone. Il semble ici intéressant de citer l'épouse de Julien Ricci expliquant les difficultés que connut le jeune garçon pendant sa scolarité dans la banlieue parisienne :

« - il a quitté l'école très jeune parce qu'il a eu pas mal de problèmes. Déjà, il a été renvoyé de l'école...

- pour quelle raison ?

- Oh, parce qu'il se battait tout le temps. Si on lui disait sale italien, ça, il ne supportait pas, c'était tout de suite le poing dans la figure, alors le directeur ne voulait plus le prendre. »236.

Les bagarres ne sont pas le monopole des garçons. Le témoignage de la romancière Inès Cagnati est, à cet égard, significatif. Elle raconte ainsi les rixes de l'école de Monclar d'Agenais dans le Lot-et-Garonne où elle est scolarisée après le départ d'Italie de ses parents :

« Les autres enfants manifestaient aussi leur aversion, par la dérision, les injures, les poursuites. Mais nous nous battîmes bien sür... je me souviens...de magnifiques batailles rangées dans la cour de l'école. Françaises contre étrangères, aussi enragées les unes que les autres, et toutes maniant glorieusement les insultes dont nous disposions »237.

De même, Madeleine Dusio explique :

« Ma soeur, elle était pourtant jamais allée en Italie, rien que de savoir qu'on attaquait les Italiens, pouf ! Ça partait »238.

Il est courant, au cours de ces « rixes », que l'on voit naître des alliances entre les écoliers d'origine étrangère, les Polonais au coude à coude avec les Italiens par exemple.

On s'aperçoit que, bien souvent, les insultes proférées dans la cour de récréation, provoquent des batailles en dehors. Qu'ils soient à l'usine ou à l'école, ces conflits détériorent l'image de l'individu mais aussi celle de la communauté italienne tout entière. On assimile le caractère violent d'un enfant au nom à consonance italienne à tous ses camarades aux parents d'Outremont. C'est, du moins, ce qui est enseigné par les parents de nos témoins à leurs enfants pour les dissuader de se montrer violents ou irrespectueux. La formule entendue est presque toujours la même : « Mes parents m'ont toujours dit : ici, on n'est pas chez nous. Il faut se tenir tranquille » 239 .L'hypercorrection sociale tient donc bien une place importante dans de nombreuses familles d'origine italienne. La volonté de la part des parents est alors de réussir à

236 Entretien avec la famille Ricci dans M-C BLANC-CHALÉARD, Les Italiens dans l'Est Parisien. Une histoire d'intégration (années 1880-1960), Rome, 2000, (p. 420).

237 I. CAGNATI, « Je suis restée une étrangère », Sud-ouest dimanche, 16 et 25 mars 1985.

238 Entretien avec Madeleine DUSIO dans M-C BLANC-CHALÉARD, Les Italiens dans l'Est Parisien. Une histoire d'intégration (années 1880-1960), Rome, 2000, (p. 427).

239 Entretiens avec Madeleine Toni, Rina Raumer, et la famille Mutti, Ibid. (p. 249).

81 gagner correctement sa vie et à s'intégrer à la société française en en copiant les coutumes et sans « faire de vagues ". L'enfant doit avoir « l'air propre ", les parents cherchent bien souvent à rendre leurs fils et leurs filles transparents (la volonté de franciser les prénoms et de parler français au sein du foyer en sont deux exemples que l'on retrouve très fréquemment).

Par ailleurs, les conflits, dans la première partie de notre période, portent souvent sur le fascisme, là encore, les considérations politiques de la maison vont être transférées à l'école. Ainsi, Walter Buffoni, pourtant fils de communistes, raconte l'anecdote suivante :

« Ma mère couturière m'avait fait une chemise d'un gris foncé. Certains camarades de l'école faisaient une relation avec les « chemises noires » des fascistes. N'étant pas du genre à me laisser faire, il s'ensuivait des bagarres, ce qui n'empêchait pas d'être ensuite bons copains "240.

On voit donc que la gravité de ces échauffourées était considérée comme toute relative par leurs protagonistes. Par ailleurs, nous retrouvons très fréquemment, dans les autobiographies, le récit des insultes et chansons visant à se moquer des jeunes élèves d'origine italienne. « On était des moins que rien " : tel est le ressenti de la famille Lucia de Nogent, sentiment partagé par beaucoup241. François Cavanna se souvient lui aussi avoir eu à affronter les critiques et les quolibets de ses camarades français, il dresse ainsi, dans son autobiographie une sorte de catalogue des insultes habituellement proférées dans la cour de récréation :

« Les Ritals, vous êtes bons qu'à jouer de la mandoline "

« Dans votre pays de paumés, on crève de faim, alors vous êtes bien contents de venir bouffer le pain des français !"242.

L'image collective des Italiens souffre donc d'une vision négative, on les voit pauvres, paresseux, « pouilleux et culs-bénits "243.

« Les Ritals, on est mal piffés [...] les mômes français ne risquent pas le bout de leurs pompes dans nos rues à Ritals, mais à l'école, là ils se rattrapent "244.

240 Questionnaire de Walter BUFFONI, 2010.

241 Témoignages de la famille Lucia en 1994

Dans M-C BLANC-CHALÉARD, Les Italiens dans l'Est Parisien. Une histoire d'intégration (années 1880-1960), Rome, 2000 (p. 356).

242 F. CAVANNA, Les Ritals, Paris, 1978 (p. 33).

243 F. CAVANNA, Ibid. (p. 38).

244 F. CAVANNA, Ibid. (p. 33).

De même, nous constatons fréquemment, dans nos témoignages, que les discours des parents refont surface à l'école par l'intermédiaire des critiques culinaires. Les écoliers italiens traitent ainsi les Français de « patates pourries », répondant sur le méme registre que l'habituel « macaroni »245. Cette insulte s'explique par le fait que les Français, en fait de pâtes, ne connaissaient que les macaronis (c'est-à-dire faites au gratin, avec du fromage). La critique de départ concerne donc la pauvreté des Italiens, on se moque d'un repas considéré comme destiné à des miséreux puisque les pates ne sont pas accompagnées de viande comme c'est l'habitude dans la plupart des familles françaises.

« Ah les français, ils mangeaient le macaroni au fromage c'est-à-dire au four. Mais nous la « pastasciutta » comme on la faisait, ils aimaient pas ça... Ah ! c'était pas bon, c'était un plat italien, et puis il y avait de la tomate dedans. Eux, ils n'aimaient que le macaroni au fromage. Ils n'aimaient pas les spaghetti »246.

Il va de soi que, rapidement, l'insulte se diffuse dans les cours de récréation et devient un sobriquet habituel contre les jeunes d'origine italienne, cependant, son origine provient bien des critiques culinaires parentales. Le jeune Sergio, futur Serge Reggiani, répond d'abord aux « macaronis » de ses camarades de classe par des jurons en italien qui ne font qu'augmenter la raillerie des autres écoliers. Le fait de ne pas connaître la langue de ses camarades joue sur la réaction de l'enfant insulté247. Ainsi, il sera impossible à un élève qui ne connaît que la langue italienne de répondre par l'humour, solution pourtant souvent salvatrice, aux remarques xénophobes de ces homologues francophones. Serge Reggiani explique ainsi que sa volonté très forte d'apprendre le français a été « provoquée » par cette situation de reclus qu'il connaît au moment de son arrivée dans l'Hexagone248. On retrouve sensiblement les mêmes motivations chez de nombreux témoins :

245 « A l'école, je me suis retrouvé avec des paysans. Il y avait un copain, son père avait eu des problèmes avec les voisins italiens. C'est là que, pour la première fois, on m'a traité de « macaroni ». Il était plus grand et plus costaud que moi alors je n'ai pas cherché la bagarre ! Je lui ai dit « toi tu manges des carottes et des patates pourries ! ».

Entretien avec WM (27 octobre 2009 -- Sainte Marguerite).

246 Témoignage de P. P.

Dans M. ROUCHE « un village du sud-ouest dans l'entre-deux-guerres : la sociabilité des immigrés italiens à Monclar d'Agenais » CEDEI, acte du colloque franco-italien, Paris 15-17 octobre 1987.

247 Sur ce sujet, voir R. GUALDARONI, « Scolarisation des élèves étrangers en France », dans Educazione interculturale : dalla teoria alla prassi, mars 1997 (p. 103).

248 Interview de Serge REGGIANI pour « Les Inrockuptibles », mai juin 1991.

Luigi Tirelli explique ainsi :

« Sono venuto in Francia che avevo sei anni. [...] io sono andato subito alla scuola francese, e dopo sei mesi parlavo il francese, come un francese. Sono andato fino al Baccalauréat. »249.

WM fait le même constat :

« A l'école je me suis mis à parler le français automatiquement. Je crois que j'ai appris le français, dans l'année de maternelle à l'école. J'ai appris très rapidement. »250

La situation est courante car, comme le soulignent Marianne Amar et Pierre Milza, « les élèves étrangers souffrent bien sûr du handicap linguistique mais, une fois surmonté, ils réussissent mieux car ils savent que l'école est leur seule chance de gravir quelques degrés de l'échelle sociale »251. Ce sera le cas de Serge Reggiani qui s'avérera être un excellent élève tout comme Walter Buffoni252. Sans, bien sûr, se réjouir de la présence récurrente de ces insultes dans les cours de récréation, les témoins expliquent souvent qu'il est indéniable qu'elle a été un moteur d'apprentissage important dans l'apprentissage du français.

L'enquête de 1951 d'Alain Girard et Jean Stoetzel souligne, elle aussi, les moqueries de la cour de récréation :

« Rapport avec les maîtres : cordiaux. Rapports avec les camarades français : bons. Evidemment, ils ont parfois été traités de « macaronis » par leurs camarades mais jamais avec méchanceté »253.

On aurait donc tendance à penser que les pouvoirs publics minimisent l'impact de ces insultes sur les élèves, mais, nous l'avons vu avec l'interview donnée par Yves Montand ou le récit des souvenirs de Walter Buffoni, les témoins confirment la plupart du temps avoir ressenti ces injures comme n'étant, finalement, pas si graves :

249 « Je suis arrivé en France à 6 ans. [...] Je suis allé aussitôt à l'école française, et, après six mois, je parlais le français comme un Français. J'ai étudié jusqu'au Baccalauréat ». TDLA

Témoignage de Luigi TIRELLI (né à Cavriago en 1928) livré le 31 octobre 1997 à Antonio CANOVI au théâtre du Champ de Mars

Dans A. CANOVI, Cavriago ad Argenteuil, Migrazioni Communità Memorie, Cavriago, 1999.

250 Entretien avec WM (27 octobre 2009 - Sainte Marguerite).

251 M. AMAR et P. MILZA, L'immigration en France au XXème siècle, Paris, 1990, (p. 108-109).

252 « - Etiez vous un bon élève ?

- J'aimais assez l'école. Cela m'est désagréable de répondre à la question, en effet, j'étais très bien noté par mes maîtres. A l'apprentissage, je suis sorti avec la mention « très bien » ».

Questionnaire de Walter BUFFONI, 2010.

253 A. GIRARD et J. STOETZEL, Français et immigrés. L'attitude française. L'adaptation des Italiens et des Polonais, Paris, 1953 (p. 350).

« Bien sûr il y avait les sales macaronis. Mais on réglait ça à la récré, ou dans la rue ; quelques coups de poing et on n'en parlait plus »254.

« I Francesi !255 _ Je rigole maintenant mais on se lançait des pierres ! Il y a eu quelques bagarres, mais le plus souvent on s'amusait ensemble, hein »256.

De même, les injures ne sont jamais mises en corrélation avec leur intégration par nos témoins, Walter Buffoni, évoquant son école nazairienne, répond ainsi à la question « à l'école, perceviez vous que vous étiez un immigré ou vous sentiez vous Français ? » : « Certains enfants savaient me le faire savoir (sale macaroni). Toutefois, j'étais parfaitement intégré »257.

Par ailleurs, si la question des insultes en rapport avec leurs origines reste très rarement sans réponse, deux témoins diront tout de même ne pas en avoir reçues. Alors, oubli lié à l'ancienneté des évènements ou témoignage réel de situations relativement privilégiées au regard du nombre de personnes faisant état des habituelles algarades de préau ? Soulignons aussi qu'à la question « vous souvenez vous d'épisodes violents à l'école ? », Giovanna répondra qu'elle « préfère ne pas en parler »258 signe que les souvenirs de ces moments de tensions restent bien souvent douloureux plusieurs dizaines d'années après les faits.

Nous avons pu observer le large panel des insultes proférées contre les enfants de migrants italiens, il n'est pas rare que l'enfant passe de la provocation verbale aux coups. Les critiques envers les Transalpins restent rarement sans réponses. Nous retrouvons ainsi assez fréquemment des insultes de la part des jeunes « Ritals » sur la fainéantise des Français. Le Transalpin compense ainsi l'humiliation qu'il peut ressentir quant à la condition de travailleurs exploités de ses parents en stigmatisant une soi-disant paresse chez le Français. Chez les Italiens, « on se tue au travail par nécessité mais aussi par défi »259.

« On était souvent traités de macaronis... la grande insulte c'était qu'on venait manger le
pain des Français, on le trouvait dur le pain... Après, on était bien incorporé, mais il y a

254 Témoignage de Laurent PELLICIA

Dans M- BLANC-CHALÉARD et Pierre MILZA, Le Nogent des Italiens (p. 112).

255 « Les Français » TDLA.

256 Témoignage de N. T.

Dans M. ROUCHE « un village du sud-ouest dans l'entre-deux-guerres : la sociabilité des immigrés italiens à Monclar d'Agenais », CEDEI, acte du colloque franco-italien, Paris 15-17 octobre 1987.

257 Questionnaire de Walter BUFFONI, 2010.

258 Questionnaire de Giovanna, 2010.

(Giovanna a demandé à ce que seul son prénom soit divulgué).

259 - M-C. BLANC-CHALÉARD, Les Italiens dans l'Est Parisien. Une histoire d'intégration (années 1880-1960), Rome, 2000. (p. 411).

- « Dommage qu'on soit obligé de s'arrêter pour dormir, que sans ça on tombe ».

Dans F. CAVANNA, Les Ritals, Paris, 1978 (p. 239).

des moments où on se disputait, alors là toutes les insultes étaient bonnes. On le leur rendait largement. Je pense que c'était plutôt de la jalousie »260.

Les critiques des parents se retrouvent, là aussi, dans les cours de récréation. Cavanna exprime cette transposition du foyer à l'école en écrivant : « on voit bien que leurs parents ne se privent pas de débloquer sur nous autres, à la maison » 261 . Par souci d'exactitude, il est donc indispensable de souligner que ces insultes furent évidemment réciproques. Le fils de migrant italien n'est pas nécessairement le « mouton noir » de la classe. Effectivement, nombreux sont les témoignages d'immigrés italiens expliquant qu'ils n'étaient pas les derniers à provoquer les conflits. Ainsi Auguste Bocarelli raconte :

« Je cherchais la bagarre. A la sortie de l'école, je savais où jouaient les autres qui nous traitaient de macaronis et tout ça. Alors, je leur tombais dessus quand ils jouaient aux billes. Les mères ont protesté auprès du directeur, disant qu'il y en avait assez de cet Italien, etc. Il m'a sermonné, mais il m'aimait bien. En classe, j'étais toujours dans les premiers. A la fin il disait aux mères de faire rentrer leurs enfants plus vite. Il me donnait raison »262.

Il est intéressant de se demander si ces bagarres, ces insultes, sont synonymes d'un refus d'être considérés comme étrangers de la part de l'élève d'origine italienne, ou bien sont l'expression de la revendication et de la défense de sa communauté. Parfois, les deux sentiments se mêlent : la recherche de soi est un chemin difficile pour celui qui a un premier pays dans les veines et un second sous les pieds. Nous aurons l'occasion d'étudier plus en profondeur cette question lorsque sera interrogé le sentiment d'appartenance des élèves d'origine étrangère.

Par ailleurs, si les écoliers français semblent, la plupart du temps, réutiliser presque textuellement les critiques contre les Italiens qu'ils entendent à la maison ; les enfants d'origine italienne se démarquent parfois de leurs parents (qui, souvent, prônent l'hypercorrection sociale). Cette attitude est sans doute le reflet de leur incompréhension du choix de l'immigration ou peutêtre aussi de leur colère de ne pas être tout à fait intégrés. La « paternité » des conflits est souvent difficile à analyser, en effet, les souvenirs sont partiels. Pierre Milza, lui-même témoin, mais aussi historien contemporanéiste, précise le caractère subjectif de la mémoire. Il semble

260 Témoignage de G. C. B.

Dans M. ROUCHE « un village du sud-ouest dans l'entre-deux-guerres : la sociabilité des immigrés italiens à Monclar d'Agenais » CEDEI, acte du colloque franco-italien, Paris 15-17 octobre 1987.

261 F. CAVANNA, Op. Cit. (p. 33).

262 Entretien avec Auguste BOCARELLI :

Dans Les Italiens dans l'Est Parisien. Une histoire d'intégration (années 1880-1960), Rome, 2000 (p. 420).

86 nécessaire de replacer notre étude dans son cadre, celui d'une recherche en science humaine avec ce que cela comprend de partialité dans les témoignages analysés.

« J'ai pu le constater avec de nombreux entretiens avec des représentants de la deuxième génération issue de l'immigration [...] nous avons tendance à grossir avec le temps ces blessures de l'enfance. Je me suis moi-même égaré dans cette voie avec une bonne foi absolue. Le souvenir des humiliations subies a fait que nous en avons souvent rajouté en intégrant à nos propres expériences des faits de mémoire collective d'une toute autre gravité. Parler de racisme anti-italien à propos des chasses à l'homme et des tueries de la fin du siècle dernier ne me paraît nullement déplacé. Ça l'est au contraire, appliqué aux dérapages verbaux, voire aux horions échangés, du second XXème siècle »263.

Passons maintenant de la cour de récréation à la porte de la classe. Si l'espace de jeu a un rôle majeur dans le développement de l'enfant, c'est dans la salle de classe que l'élève doit faire face aux impondérables handicaps de départ qui le rendent, tantôt plus acharné dans son travail, tantôt démissionnaire par avance. C'est en grande partie sur les bancs de l'école que se jouera le futur des enfants de migrants, les implications liées à l'école n'ayant pas seulement une influence sur la carrière mais sur toute la construction du futur adulte.

263 P. MILZA, Op. Cit. (p.135).

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand