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Le web 2.0 et l'édition juridique : le droit peut-il se passer d'éditeur ?

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par Armelle Nianga
Université Paris 2 Panthéon-Assas - Master 2 sociologie du droit et communication juridique 2009
  

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b-3) Synthèse.

· Il résulte des différents témoignages, que j'ai pu recueillir, que tenir un blog exige du temps. Ce, dont ces universitaires-blogueurs, qui pour beaucoup, en manquent, n'avaient, visiblement, pas conscience lorsqu'ils les ont créés.

Ce qui pourrait expliquer, leur fermeture, leur abandon, et « l'épuisement » de certains auteurs.

« Quatre années plus tard, on se rend compte que cette période de bouillonnement est passée, les auteurs s'étant épuisés - à commencer par Frédéric et Dimitri. »

« J'ai créé ce blog (que je n'ai malheureusement plus le temps d'alimenter) ».

· Il apparaît également qu'aucun des universitaires interrogés n'avait le sentiment ou la volonté de faire oeuvre de doctrine sur son blog et que tous adhèrent à ce « jugement de fait » qui conduit à opérer une distinction entre l'écrit juridique doctrinal et l'écrit juridique qui « n' [aurait] pas une qualité suffisante » pour être qualifié de doctrine.

Il est pour beaucoup la raison pour laquelle les écrits non « savants »178(*) de leurs blogs, qui pour l'essentiel relaient des informations brutes, d'actualité, sans grandes analyses ou peu poussées et ne répondent pas aux exigences qu'ils se fixent lorsqu'ils écrivent dans les revues, ne peuvent être qualifiés de doctrine.

« Les articles rédigés ne correspondaient pas à des analyses aussi poussées que celles que j'aurais pu faire dans la presse spécialisée écrite. »

« Les informations sont simplement rapportées en quelques lignes, brutes, sans grande analyse; je n'ai donc pas souhaité faire oeuvre de doctrine.»

« Le mot doctrine que vous utilisez a un tel sens de droit savant que je n'ai jamais pensé faire une quelconque oeuvre de doctrine que ce soit dans mes écrits papiers ou dans ceux numériques. »

Tandis que pour le professeur Christophe Roquilly, cela semble davantage tenir à ce que « le terme doctrine [ferait] toujours référence à une publication éditoriale »179(*).

« Sans m'engager dans une discussion sur ce qu'est la « doctrine », je pense que celle-ci passe par les revues académiques, et non par un Blog. »

· A également été mis en exergue l'importance de ce que les zélateurs de la doctrine virtuelle dénonçaient comme des entraves à la liberté des auteurs: les contraintes éditoriales, dans l'élaboration de contenus de qualités.

« Cela dit, la gestion d'un blog m'est apparu très chronophage et difficile sans une véritable politique de rédaction avec une équipe pédagogique permettant une répartition du travail. C'est la raison pour laquelle la mise à jour de mon blog laisse à désirer.  »

Pour ce qui est maintenant des motivations de ces universitaires :

· Des trois hypothèses sur les fonctions des blogs que Dimitri Houtcieff et Fréderic Rolin avaient avancées, seule une est validée par leurs discours.

La fonction d' « ouverture vers la communauté universitaire »180(*) est la seule fonction revendiquée par ces blogueurs.

· Pour le reste, les raisons qui ont présidé à la création de leurs blogs étaient essentiellement personnelles.

« « Garder la mémoire » de certains faits et cas m'ayant amené à écrire des « billets ». »

« Il s'agissait d'en faire le compagnon d'étude de mon sujet, les noms de domaine, sur lequel je rédige une monographie. Il s'agissait donc d'en faire usage au sens premier du terme blog : un journal de bord, un bloc-notes. »

· Lorsqu`elles n'étaient pas induites par les éditeurs juridiques qui se sont appropriés la blogosphère par l'intermédiaire de leurs auteurs afin de promouvoir leurs ouvrages181(*) et d'en assurer les actualisations et mises à jour182(*),

« Très sommairement, la création de ce blog répond à une réflexion tournée vers un ouvrage que je publie depuis 2000, le code commenté des étrangers chez Litec. Sa publication intervenait pour les 5 premières éditions tous les deux ans - elle est passée en édition annuelle depuis l'an passé.

A côté d'informations pratiques - comme celles liées à des colloques que j'ai pu organiser -, je souhaitais avant tout proposer aux lecteurs une forme de "banque de données" des informations les plus essentielles - dans la mesure du possible, je mets les pages qui sont concernées par les actualités -. Le code Litec renvoie pour sa part au blog. J'ajoute que le blog est alimenté par de futurs commentaires du code Litec mais également des informations d'actualité que je rédige pour le même éditeur, dans le cadre de la mise à jour que Lexis Nexis propose à ses abonnées.»

« L'idée de départ était aussi d'avoir un outil pour actualiser régulièrement mes manuels. L'éditeur de mon manuel d'intro au droit ayant accepté cela, dès la semaine prochaine, chaque mois je vais publier une mise à jour de ce manuel qui vient de sortir la semaine dernière en librairie. De la sorte, gratuitement les étudiants qui auront cet ouvrage auront une mise à jour immédiate pendant plusieurs années. »

· aucun de ces universitaires-blogueurs, y compris ceux qui ont souhaité « faire partager l'actualité », ne font référence aux citoyens, au grand public, à un quelconque souci de vulgarisation juridique ou à une quelconque envie de prendre part aux débats publics...

Ainsi, y compris dans les blogs, la doctrine semble tournée vers elle-même et le premier marché de l'édition juridique dont elle -la doctrine interrogée pour le moins- semble exclure les publics professionnels qui ne sont pas les publics avec lesquelles elles souhaitent dialoguer, échanger et travailler en réseaux.

· Elle ne se préoccupe pas, voire se désintéresse des particuliers, et ses témoignages confirment que ceux-ci sont bien à la recherche de consultations juridiques et éprouvent de grandes difficultés à formuler leurs besoins en droit.

« Je concède également que je n'ai pas voulu m'inscrire dans une démarche citoyenne: les données n'ont rien de "pratique" pour des étrangers en difficulté et s'adressent à des juristes. J'ai d'ailleurs écarté toute demande de consultation, conscient qu'elles n'auraient été que superficielles. Depuis deux ans, j'ai d'ailleurs bloqué la possibilité de déposer des questions sur mon blog qui visaient des situations trop personnelles. Pour l'essentiel, ces questions étaient incompréhensibles sans rencontrer les personnes qui le plus souvent ne résidaient pas en France.»

· Enfin, ces différents témoignages révèlent la transformation des blogs en vitrines professionnelles sous l'effet de succès que leurs auteurs ne semblent pas avoir recherchés.

« Petit à petit, il est devenu, bien malgré moi, un objet dont le contenu a été cité sur d'autres parutions électroniques, parfois même cité dans des ouvrages (et même un jour en justice !).
Ma démarche était donc purement personnelle... mais elle est, singulièrement, devenue professionnelle par la suite ! »

· Ainsi que leur appropriation par des publics qui ne sont pas nécessairement ceux qu'ils leur avaient assignés.

« Malheureusement ou heureusement, je ne sais pas, les pages les plus consultées sont celles relatives aux enseignants chercheurs, donc par mes collègues, car nous sommes tous très mal informés de notre "condition". En tout cas ce n'était pas mon souhait au départ et je me demande même si à la rentrée je ne vais pas laisser tomber ces chroniques relatives aux enseignants chercheurs. »

Les témoignages des universitaires-blogueurs vont ainsi d'une manière générale dans le sens, de ce qui a pu être écrit sur les blogs : Ils ne les ont pas envisagés comme les concurrents des revues qui restent pour eux les lieux privilégiés d'expression de la doctrine.

Toutefois, s'ils peuvent y « esquisser certaines analyses doctrinales [...] prolongées par ailleurs », entendu dans des supports éditoriaux traditionnels. Ils semblent ne pas avoir-les titulaires de blogs de promotion et d'actualisation d'ouvrages mis à part- envisagé les blogs par opposition à l`édition juridique traditionnelle. Que ce soit en qualité de compléments ou en qualité d'auxiliaires183(*)... Ils semblent les avoir naïvement perçus comme de nouveaux vecteurs et supports d'expression...

Qu'en est-il des autres universitaires-blogueurs ?

* 178 Philipe Jestaz et Christophe Jamin, « La doctrine ».

* 179 Philipe Jestaz et Christophe Jamin, « La doctrine ».

* 180 Leurs communautés universitaires incluent les étudiants.

* 181 En renforcer la publicité.

* 182 Répondre aux besoins en actualité des publics du premier marché.

* 183 Certains voyaient dans les blogs des auxiliaires des revues juridiques : « Les blogs n'ont pas vocation à concurrencer l'édition juridique mais davantage à en être l'auxiliaire. Pour garder notre exemple, après le commentaire de François, nombreux de nos lecteurs attendent de pouvoir découvrir les commentaires de la « doctrine » dans les revues juridiques ».Alexandre Claudo, blog de droit administratif, février 2010, « Multiplication des Blogs juridiques. Vers un déclin de la doctrine ? ».

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle