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Régulation et dispositifs de la gouvernance

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par Ali El Ouardi
Université Mohamed V - Master management du développement social 2010
  

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I.L' Analyse des systèmes de régulation et de gouvernance comme conditions institutionnelles de la mise en oeuvre du développement durable

11. Le rôle de l'analyse des systèmes de régulation et de gouvernance dans l'appropriation du développement durable

La nature du développement durable, comme système de valeur implique un processus de changement qui doit être progressive. S'agissant « d'une vision des choses et du monde sa traduction en principes opératoires ne va jamais de soi » et implique une évolution « chemin faisant grâce à un nombre infini de petites modifications, sur les marges du système dans une logique de percolation ». Cette progressivité de la mise en oeuvre doit s'accompagner d'un processus de traduction au sens de la sociologique de la traduction qui suppose d'établir des correspondances entre des réalités distinctes en vue de construire des objectifs, de sens communs selon une démarche ou posture de réflexivité des acteurs quant aux principes de justification de leurs actions.

Dès 1996, Lafferty souligne la nécessite de passer d'abord par la traduction de contraintes et d'objectifs globaux dans des actions et des politiques sectorielles et locales, dans un langage et une forme qui soit appropriable par les acteurs en fonction des besoins généraux de la société et non pas d'une institution ou d'un acteur particulier.

La notion de familiarité renvoie en effet à un processus d'apprentissage de proche en proche par la création de mondes hybrides tel que le préconise par Thévenot (1994).

La mise en oeuvre du développement durable doit donc être pensée comme un processus d'hybridation bricolé et de construction progressive de proche en proche de divers domaines qui se renforcent mutuellement et qui interpellent les acteurs dans leurs rôles de citoyens, de parties prenantes, d'usagers de ressources renouvelables, de consommateurs, de travailleurs, d'habitants...

Dès lors que le développement durable est assimilé à une méta règle ou méta norme, son institutionnalisation implique, alors selon Aoki (2006), un processus spécifique car les méta règles qui organisent les règles sont plus difficile à faire évoluer.

Ces dispositifs sont dits cognitifs car ils résument du savoir, en particulier des savoirs tacites encore qualifié de knowledge. A ce titre ils facilitent la capacité d'action individuelle et la convergence des comportements. Par ailleurs ces dispositifs sont collectifs au sens où il s'agit d'un cadre collectif de comportement qui est un savoir procédure constitué collectivement par accumulation d'expériences et communiqué en tant que connaissance commune pour la société pour laquelle il constitue un bien collectif.

La mise en place du développement durable doit s'appuyer sur une définition collective des objectifs poursuivis, ce qui suppose une déclinaison commune des principes généraux en fonction des enjeux spécifiques de l'échelle d'intervention où les actions doivent être mises en oeuvre.

Dès lors le développement durable est nécessairement lié à la gouvernance des territoires qu'il contribue ainsi à faire évoluer vers un renforcement des conditions de participation et d'ouverture qui sont consubstantielles aux principes du développement durable. La prise en compte du développement durable conduit à redéfinir les conditions et les méthodes à la fois en matière d'aide à la décision et d'évaluation

Il apparaît ainsi que le processus d'appropriation du nouveau référentiel qui est introduit par le développement durable est un processus complexe qui suppose plusieurs phases relatives à l'information, l'appropriation et l'institutionnalisation. Il implique une adaptation des procédures, des dispositifs, des systèmes d'information et des mécanismes d'apprentissage institutionnel des acteurs qui passe par des procédures sociologiques de traduction

L'analyse de ces processus nécessite d'appréhender les conditions de formation et d'information de ces acteurs (capital humain), leur intégration dans les réseaux sociaux (capital social) et les formes de prescription et d'influence des cadres normatifs et principes généraux générés par les outils et directives réglementaires et plus généralement par l'influence de la communauté épistémique. Il convient donc d'élaborer une grille d'analyse et d'évaluation institutionnelle des politiques publiques qui permette de rendre compte dans une logique systémique du rôle et de la situation de ces différents facteurs. Dan cet esprit, la figure 1 propose une représentation structurelle des systèmes de régulation à partir desquels les processus de gouvernance peuvent être étudiés. Elle insiste sur l'articulation entre les éléments et conduit à définir trois composantes : le système de décision, le ou les dispositif(s) de mise en oeuvre et le système d'information.

Cette grille d'analyse met l'accent sur les conditions de mise en oeuvre des mesures de régulation, notamment la nature, la légitimité et l'efficacité des institutions qui sont à l'origine ou qui sont chargées de l'application. Les travaux menés sur l'évaluation des politiques publiques dans les années quatre vingt dix ont révélé le fait que les conditions d'élaboration et d'application d'une politique ou d'une mesure sont déterminantes de son efficacité et de son impact. Une mesure de gestion n'est pas efficace dans l'absolu. Son efficacité dépend de son adaptation aux conditions locales mais aussi du montage institutionnel qui la porte.

Dès lors la participation à ces processus et l'ouverture des dispositifs institutionnels où sont définies et gérées ces politiques qui sont au coeur de la problématique de la gouvernance deviennent des questions centrales et conduit à s'intéresser aux comportements des groupes d'acteurs, à leur histoire, à la façon dont ils se mobilisent, à leurs capacités d'apprentissage organisationnel et institutionnel, aux proximités et familiarités avec les objets et référentiels.

Figure 1 Présentation structurelle des systèmes de régulation

Représentation

Système de normes de référence

Système de décision

Réseaux sociaux (capital social des acteurs, légitimité et influence....)

Règles de fonctionnement

(Procédure de vote...)

Cadre institutionnel et outils réglementaires

Types d'acteurs et de participation (niveau d'organisation des acteurs)

Dispositif et outils de gestion de l'information

(Observateurs ou autres dispositifs...permettant la prise de décision et le suivi)

Dispositifs de régulation

Institutions chargés de la mise en oeuvre

Articulation des mesures techniques

Dispositif de contrôle

Savoir faire et information privée des acteurs

Organismes de recherche

Ce type d'approche permet de tenir compte du rôle des réseaux, structurés ou non, d'acteurs localisés sur un territoire donné qui participent directement ou indirectement, de manière légitime ou pas à la gestion du secteur aquacole. Pour ce faire, la grille d'analyse privilégie l'étude :

§ de la morphologie du système acteurs : il s'agit d'identifier les acteurs constitutifs et comment ils sont insérés d'une part dans le système de décision (construit la règle) et dans les dispositif de régulation (applique et contrôle) ; la légitimité de ces d'acteurs étant déterminante pour l'application des mesures ;

§ des interactions entre les dynamiques d'acteurs et celles des informations. Les interactions entre les acteurs s'organisent au travers d'accords, de règles et plus généralement de dispositifs institutionnels et les échanges d'information (générale, technique, stratégique) sont pour partie structurés par ces dispositifs, qu'ils contribuent aussi pour partie à structurer.

Les représentations sociales que nous étudierons plus précisément par la suite ont une influence centrale au sein des systèmes de régulation, elles peuvent agir comme des filtres à deux niveaux : dans la construction et dans l'application des dispositifs de régulation. Cette action dépend du type de gouvernance qui est mise en place.

En effet, le développement durable requiert la mise en place de structures de gouvernance basées sur la participation des acteurs à la prise de décision et à la mise en place des actions. Il implique un nouveau partenariat politique associant un ensemble d'acteurs privés aux côtés des unités décisionnelles publiques.

Cependant à partir des référentiels globaux de développement durable, les acteurs privés ou publics développent leur propre discours sur cette notion avec des compréhensions différentes de la hiérarchie des objectifs, des modes de mise en oeuvre et des solutions à envisager. La participation plus ou moins active des acteurs dans les processus de décision donne une place importante aux représentations sociales dans la mesure où la décision prise sera la traduction des référentiels globaux issus de la convergence des représentations sociales des participants (appréciation des contraintes, des risques, des enjeux....).

D'autre part, l'application des décisions prises au niveau national ou local fait l'objet d'un second filtre par les représentations. Celle-ci dépend aussi de la structure de gouvernance qui a été mise en place en amont c'est à dire dans le processus de décision. En effet, le fait que les acteurs qui doivent appliquer les mesures (instituant et institué) ne soient pas impliqués dans le processus de prise de décision est une source de conflit au niveau de la mise en oeuvre : il peut en effet y avoir à ce moment un écart entre le contenu de la mesure de gestion et l'application de celle-ci. D'où, l'importance du choix des interlocuteurs participant à la prise de décision, il faut que chacun soit représentatif, dans l'arène, des représentations communes à la catégorie d'acteurs qu'ils représentent.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry