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L'état haà¯tien et la répression des actes de violence populaire contre les biens privés immobiliers

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par Pierre Eudras DELVA
Université Publique du Sud Aux Cayes (UPSAC) - Licence 2005
  

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1.2 Ses facteurs

Depuis la naissance de la société haïtienne, les actes de violence n'ont jamais été condamnés. C'est pourquoi la plupart des Haïtiens n'hésitent pas à réclamer leur droit avec violence au détriment même des biens d'autrui. Pour bien expliquer les causes de la violence populaire en Haïti, on doit tenir compte de plusieurs éléments :

1.2.1 Facteur idéologico-politique

Faire de la politique, c'est chercher à briguer le pouvoir de l'Etat pour une meilleure gestion des choses publiques. Pourtant depuis la fondation de la République d'Haïti, l'administration publique s'était toujours embourbée dans des malversations. L'ambition personnelle des politiciens pour accaparer le pouvoir l'a toujours emportée sur le nationalisme et le patriotisme. Et pour atteindre leur objectif, ils ne reculent devant rien. Ils incitent leurs partisans à des révoltes pour déstabiliser le pourvoir en place, commanditent des actes de violence pour forcer le gouvernement à démissionner. Ils fomentent des révoltes qui ont souvent débouché sur des scènes de violences. C'était le cas en 1986 pour renverser le président à vie Jean Claude DUVALIER.

Les coups de force et les mauvaises organisations des élections sont aussi deux éléments principaux qui sont parfois à l'origine des soulèvements populaires avec violence. Après la mauvaise organisation des élections du 21 mai 2000 et celle du novembre de la même année, les partisans de la Convergence démocratique et les proches du pouvoir Lavalas se sont servi de la violence comme instrument de terreur pour résoudre leurs conflits politiques. Les militants politiques de la convergence se sont lancés après ces élections, dans un affreux combat sans merci hors des jeux démocratiques afin de pouvoir renverser le président Jean Bertrand ARISTIDE. De l'autre coté, les partisans Lavalas se sont érigés en farouches défenseurs du pouvoir en place. En conséquence, les rues sont devenues des scènes de violence terrible à travers le pays.

Le 17 septembre 2002, sous le communiqué du porte-parole du parti au pouvoir (Fanmi lavalas), les organisations populaires se sont mobilisées contre un coup d'Etat supposé. Selon ce communiqué, ils devaient se diriger contre les locaux des partis et les résidences des leaders de l'opposition politique. Suite à ce fait, il a été demandé par l'international de procéder à l'arrestation des « têtes de pont » c'est-à-dire des instigateurs. Amiot METAYER, un leader de « Raboteau », quartier populeux des Gonaïves, a été le premier soupçonné et est devenu un « fugitif encombrant ». Finalement Me Jean MARCEL, le juge d'instruction chargé du dossier, a exigé l'arrestation de ce dernier. A cet effet, les membres d'OP ont incendié le palais de justice et la Cour d'Appel18(*). En Février 2004, à Saint-Marc, sous le nom du massacre de la Scierie, deux groupes rivaux se sont affrontés ; comme conséquence, plus de 50 maisons ont été incendiées. Quel tempérament populaire !

Aux Cayes, les locaux des partis politiques, les résidences des partisans politiques et même des citoyens paisibles n'étaient pas à l'abri des violences. Une foule, après avoir saisi l'unique machine pompière de la police, s'est rendue à pont Gombo où les bourreaux ont mis feu dans la majorité des maisons de la zone.19(*) De tels faits se sont révélés pour la plupart avilissants et humiliants. A cause de la publication des résultats des élections frauduleuses du 28 Novembre 2010, la majorité des gens de la population qui prétendait n'avoir pas voté le candidat du parti au pouvoir, en l'occurrence Jude CELESTIN sous la bannière de l'INITE, a constaté l'exclusion de leur candidat Joseph Michel MARTELLY du parti REPONS PEYIZAN au deuxième tour électoral. Ils ont regagné les rues dans la nuit du 7 au 8 décembre 2010 pour réclamer leur vote, disent-ils. En effet, ces foules de manifestants, infiltrées par des délinquants sans foi ni loi, ont pillé notamment la Prestige Multiservice de Robert Carier et autres. En plus, des locaux, des édifices publics tels la DGI, le Palais de Justice ainsi que le Parquet de la juridiction des Cayes ont été incendiés. Qui pis est, même les archives du département n'ont pas été épargnées.

Outre ces facteurs politiques, n'en existe-t-il pas d'autres, l'idéologie par exemple ?

Les mauvaises conceptions ou idées propres d'un peuple à une époque donnée sont aussi des causes idéologiques de violence populaire. En Haïti, chez la plupart des Haïtiens, il y a de telle mentalité. La chute de la dictature duvaliériste a valu au pays l'émergence de la démocratie. Toutefois, cela allait introduire dans la pensée du peuple haïtien une insolite perception de la liberté et de la démocratie. Ces termes sont mésinterprétés et ont pris une connotation négative traduisant le libertinage, le vagabondage absolu, tel que ce fut le cas au lendemain de la proclamation de l'indépendance.

Mise à part de la mauvaise conception populaire de la démocratie, la plupart des Haïtiens ont une mauvaise perception des dirigeants de l'Etat haïtien. Ils sont considérés en majeure partie comme des voleurs. Un adage créole justifie clairement cette perception, « Leta se volè ». D'autre part, quand le peuple revendique pacifiquement selon les prescriptions de la Constitution relative au droit d'expression, les dirigeants gardent leur mutisme. Nous sommes dans un pays où les autorités de l'Etat ne respectent pas les droits fondamentaux d'ordre socio-économique des citoyens. Donc, les manifestants ont toujours recouru à la violence comme moyen pour se faire entendre. C'est pourquoi le 7 Avril 2008 à Port-au-Prince, en furie ils passaient chercher le président René Préval pour avoir prononcé des propos impopulaires, lors même qu'ils dénonçaient la chèreté de la vie.

D'une stratégie de combats pour la conquête de l'indépendance, la violence populaire est devenue une forme de revendication ordinaire aujourd'hui pour forcer les autorités à assumer leurs responsabilités. Et l'on se demande si elle ne relève pas aussi de la situation économique et démographique ?

* 18 EVENS, Dubois, « Amiot Métayer marchande une amnistie », dans Le Nouvelliste, P-au-P, 2002 p. 26.

* 19IPEDEL , Rapport sur les situations des droits humains dans le Sud au cours de la période allant de 2003-2004, Cayes, 2004, pp. 1-20.

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