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L'état haà¯tien et la répression des actes de violence populaire contre les biens privés immobiliers

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par Pierre Eudras DELVA
Université Publique du Sud Aux Cayes (UPSAC) - Licence 2005
  

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1.2.3 Facteur socio-éducatif

Haïti est un pays fondé sur un déséquilibre social inadmissible. Et cela existe depuis l'époque coloniale. Cette société s'est empêtrée dans une problématique de couleur de la peau, de caste et de classe. Roger DORSAINVILLE, François DUVALIER et Lorimer DENIS ont montré que : « dans une société où possédants et possédés se divisent en bourgeois et en prolétaires, les bourgeois se sont tous considérés comme des « Mulâtres », quelle que soit la couleur de leur peau et tandis que les pauvres, quelle que soit la couleur de leur famille ou la finesse de leurs cheveux, sont désignés comme des noirs ; cet attribut est encore un signe de classe sociale ».23(*)

Vivre en Haïti pour plus d'un devient alors une expérience limitée. Tout individu doit affronter dans son être l'hostilité de ce milieu, marqué par l'abandon et le mépris. Notamment les défavorisés, livrés à eux-mêmes, se sentent défiés constamment dans leur désir d'exister comme personne.24(*) Alors toujours assoiffés de vengeance, ils profitent des moments de trouble politique pour semer la terreur en saccageant les biens.

A Port-au-Prince, pendant que les foules de manifestants passaient dans les rues, les vitres de certaines maisons commerciales appartenant à des hommes de l'élite sociale haïtienne sont vandalisées. Citons par exemple, ABC electronic center et le magasin Labeille à Lalue.

Le 3 avril 2008, les émeutes de la faim ont commencé dans la nuit à la Savane, un quartier populeux de la ville des Cayes. Il y avait parmi les bourreaux, des délinquants mineurs qui attaquaient et pillaient les biens. La plupart de ces enfants défavorisés recherchent une identité en tant qu'individu du corps social. Cependant le préjugé social est si profond qu'ils n'ont rencontré que mépris. Leur frustration endurcie est devenue une source de haine. Ces délinquants mineurs représentent donc un malheur, un danger pour le pays. Et l'Etat ne dispose pas de centres d'accueil de réinsertion et de réadaptation juvénile pour remédier à cette situation. Le président Jean-Baptiste RICHE avait construit une maison centrale pour le redressement des petits vagabonds, mais son effort n'a pas été soutenu par ses successeurs. Et l'on se demande si l'éducation, telle qu'elle est dispensée en Haïti, n'est-elle pas une source d'exclusion et par conséquent, source de violence ?

La constitution du 29 mars de 1987 a prévu au terme de l'article 32 et suivant que le droit à l'éducation soit garanti, en vue de la formation physique, intellectuelle, morale, professionnelle, sociale et civique de tout citoyen. L'éducation est une charge qui incombe à l'Etat et aux collectivités territoriales, en ce sens que l'école doit être gratuite et à la portée de tous. En dépit de toute l'importance accordée à l'éducation, en réalité dans notre pays, l'Etat haïtien n'a pas vraiment une politique de renforcement d'accès à l'instruction de base. Plus de 60 % de la population haïtienne est encore analphabète et l'éducation civique et morale n'est pas enseignée. D'où le mépris des notions de civilité et de patriotisme. Cette omission entraîne l'absence de citoyens consciencieux et patriotes.

L'enseignement haïtien, depuis tantôt deux cents ans, n'a jamais été efficace. Il ne produisait que des dirigeants politiques insoucieux, malhonnêtes qui n'ont jamais pratiqué une politique visant l'éducation de la masse-peuple. C'est pourquoi, Anténor FIRMIN en 1910 déclara que « l'idéal de nos classes dirigeantes paraît être de conserver soigneusement l'ignorance de la masse, afin de s'en servir comme d'un marchepied et d'en tirer tous les profits aussi sordides qu'égoïstes ».25(*) Enfin, Haïti demeure encore une société désorganisée avec un Etat en faillite, un peuple qui ne sait même pas revendiquer son droit d'expression dans la paix. D'où la source de tant de conflits violents dont les implications sont nombreuses.

* 23 Office de protection citoyenne, Etat de Droit en Haïti, Bilan des 50 dernières années, Henry Deschamps, Port-au- Prince, p.13.

* 24 IFES/VOV, La violence organisée et ses conséquences, p. 81.

* 25 HOFFMANN, Léon François, Haïti : couleurs, croyances, créoles, Henry Deschamps, P-au-P 1990, p. 219. Voir : FIRMIN, Anténor, lettres de Saint-Thomas, Giard et Bière, Paris, 1910, p.213.

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