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Analyse de la logique et de la portée de l'intervention de l'Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural (ANCAR) auprès des organisations de producteurs dans la communauté rurale de Gandon:l'exemple de l'ANCAR de Saint-Louis en partenariat avec le foyer de Sanar

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par Mamadou DIAKHO
Université Gaston Berger de Saint-Louis Sénégal - Master 2 2009
  

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3.2- Question de recherche

Les actions à travers lesquelles intervient l'ANCAR au niveau des organisations de producteurs relèvent-elles d'une logique d'appui ou d'une logique d'encadrement ou bien encore d'une logique hybride?

3.3- Objectifs de recherche

L'objectif principal de cette étude est avant tout de déterminer puis d'analyser les différentes actions de l'ANCAR afin de cerner ou plus exactement de préciser quelle est réellement la nature de la logique d'intervention de cette structure à l'égard des organisations de producteurs. En d'autres termes, il s'agit d'analyser la nature et le rôle de l'intervention de l'ANCAR dans le développement agricole des OP de Gandon.

Cet objet sera analysé à partir d'une étude de terrain portant non seulement sur l'ANCAR mais aussi sur une Organisation de producteurs qui se déploie dans la communauté rurale de Gandon. La première, c'est-à-dire l'ANCAR est réputée pour être un des leviers en matière d'accompagnement des producteurs au Sénégal du fait notamment de la rupture qu'elle a pu opérer avec l'ancien système d'encadrement du monde rural dans lequel, les institutions et services publics appliquaient des politiques productivistes à travers une approche descendante dans le but d'atteindre les objectifs de production décidés par l'Etat.

En effet, pour mieux appréhender les dimensions de notre question de recherche, trois objectifs spécifiques de recherche ont été définis :

1. Apporter notre contribution à une meilleure connaissance de la nature de l'intervention des organismes de développement notamment l'ANCAR en identifiant les différentes actions de celle-ci en direction des OP.

2. Comprendre non seulement le degré d'implication ou de participation des producteurs en amont et en aval des diverses actions menées par l'ANCAR mais aussi le degré d'appropriation par les producteurs de ces multiples actions.

3.4- Conceptualisation

3.4-1- définition des concepts

Cette étude s'articule autour des concepts suivants : organisation de producteurs, logique d'encadrement et logique d'appui.

Le concept d' « organisations de producteurs »

Le concept d'Organisation Paysanne a fait l'objet d'une littérature assez abondante dans le milieu scientifique. Pour rendre intelligible ce concept, nous nous référons à quelques auteurs comme Marie-Rose Mercoiret et Pierre-Marie Bosc, Rahmato et le Réseau GAO qui ont beaucoup écrit sur cette notion.

Mercoiret et Bosc définissent d'abord les OP comme suit : « Les OP sont des systèmes d'action collective qui ont des règles de fonctionnement internes formalisées et relativement stables et qui sont bties autour d'objectifs partagés Ces objectifs communs n'excluent pas l'existence d'objectifs et d'intérêts particuliers chez les différents membres, objectifs qui peuvent être diversement convergents ou compatibles » (1994, p8).

Dans cette définition on notera que la réalisation d' « objectifs partagés » est, à l'instar de toute organisation la finalité des OP. Seulement ici, Mercoiret et Bosc ont poussé leur analyse plus loin, car selon eux, les « objectifs » et « intérêts » des membres d'une OP ne sont pas toujours communs ; ils peuvent aussi être personnels. Ce qui laisse entrevoir de probables luttes de pouvoirs et de positionnement entre les différents membres de l'OP.

Selon Marie-Rose Mercoiret, la genèse des OP selon elle, permet de distinguer deux grandes catégories : les OP suscitées de l'extérieur et les OP d'initiatives locales.

La distinction entre les OP suscitées de l'extérieur et celles d'initiatives locales et autonomes est utile pour comprendre l'actuelle dynamique d'organisation dans les zones rurales.

1- D'abord les OP suscitées de l'extérieur, résultant soit de l'intervention directe d'appareils administratifs étatiques, soit des interventions de type « grands projets », soit enfin de l'action d'ONG. Elles sont nées de la nécessité, ressentie en premier lieu, par les intervenants extérieurs, d'«organiser les producteurs » pour qu'ils puissent adopter une technique nouvelle ou exercer une fonction.

2- Ensuite les OP qui résultent d'une initiative locale regroupées dans le mouvement associatif et autonomes par rapport à l'État, même si elles peuvent entretenir de nombreuses relations avec les services étatiques ou para-étatiques mais aussi avec les ONG. Ces OP démarrent souvent après une longue phase de réflexion sur des objectifs globaux (amélioration des conditions d'existence, autosuffisance alimentaire, etc.) qu'elles tentent ensuite de traduire dans les « plans locaux », dans les programmes plus ou moins sectoriels ou dans les réalisations parfois très spécifiques.

Rahmato quant à lui définit l'OP comme étant : « Une structure formelle ou informelle à la quelle prennent part les paysans et les paysannes et dont l'objectif majeur est la poursuite d'avantages communs qu'ils obtiennent contre des obligations communes » (1991, p44).Dans ce cas, les OP consistent donc en une participation physique et financière.

Le réseau GAO cité par Dominique Sène (2003) a également fait une analyse pertinente des OP en les assimilant à des entreprises. En effet, du fait qu'elles sont de plus en plus obsédées par l'argent. Avec l'omniprésence de la question financière, on assiste au sein des OP, à de nouveaux modes d'échange, de nouvelles manières d'établir des rapports individuels : « Au fil des financements, les OP ne deviennent-elles pas de plus en plus des entreprises et /ou seulement des entreprises? Au moment de la création des OP, les considérations sociales, l'élan de solidarité l'emportent, mais au fur et à mesure que l'OP capitalise, le financier et l'économique s'installent et finissent par contaminer les autres dimensions (k)Pendant le carrefour, les producteurs ne sont pas beaucoup exprimés en termes de « solidarité », de « foi », d' « autonomie »...demain parleront-ils en termes de « ratio », d' « efficacité », bref de tout ce qui fait le langage des entreprises »(2003- 2004,p48).

Au vu de ce qui vient d'être énumérer, on peut dire que les OP et les entreprises sont, par bien des aspects, analogues. Cependant, dans le présent travail, nous définissons l'OP comme étant une association autonome de paysans ou de paysannes bien structurée, régie par

un statut juridique et dont les membres sont unis autour d'objectifs apparemment communs mais stratégiquement individuels ; objectifs dont la réalisation nécessite l'appui des intervenants extérieurs. En plus, leur base sociale et leur efficacité technique et économique leur permettent en effet de se positionner comme des interlocuteurs à part entière, prêts à négocier des collaborations des contrats, à condition que soient pris en compte leurs objectifs et leurs priorités, que leur soit reconnu le droit de participer à la prise de décision dans des domaines où le transfert de responsabilité n'était pas initialement prévu.

Le concept de « logique d'appui »

L' « appui », est un concept dérivé du verbe « appuyer »qui signifie soutenir, protéger, aider ou fournir un moyen d'action à quelqu'un. Donc un appui est un soutien matériel ou immatériel une assistance ou une protection. Appuyer quelqu'un, c'est l'aider, le soutenir dans ce qu'il fait. Dans ce cas la logique d'appui est une démarche adoptée par les agents des sociétés d'intervention et s'adressant aux OP ou aux communautés rurales prises dans leur ensemble avec l'espace qu'elles occupent. Il s'agit de les accompagner dans leurs décisions en leur fournissant une assistance matérielle ou immatérielle et un cadre institutionnel nécessaire pour qu'elles puisent effectivement analyser leurs prises de décisions innovatrices.

La logique d'appui pose le postulat selon lequel, les intervenants doivent accompagner les initiatives, les décisions locales émanant des producteurs eux-mêmes. Donc, l'initiative émane des acteurs qui mobilisent des partenaires en vue de les appuyer à réaliser leurs projets : l'identification de l'idée de projet, la conduite, l'évaluation et les ajustements sont co-construits par les acteurs locaux en rapport avec leurs différents partenaires. Autrement dit, les acteurs locaux sont les co-porteurs ou les porteurs du projet, c'est dire que leur participation couvre tout le processus d'intervention à la fois en amont et en avale du processus de mise en oeuvre du projet. Les paysans sont donc partie intégrante dans le processus du développement, depuis l'identification de l'idée jusqu'à l'évaluation finale.

En outre, le milieu ne doit pas être considéré comme étant un simple point d'application et d'orientation des initiatives de développement décidées par des partenaires extérieurs à partir d'analyse externes, d'objectifs uniquement macro-économiques définis aux échelons nationaux et régionaux. Le milieu local doit être reconnu à la société et aux acteurs qui le composent pour définir les orientations et les modalités de leur propre développement socio-économique et culturel en relation négociée avec les acteurs extérieurs. Aussi, dans une logique d'appui, l'intervention est participative et les critères d'évaluation ne restent pas

soumis aux seuls indicateurs administratifs, technicistes et marchands, mais ils intègrent l'action ou le projet comme fait social total. Cette logique s'oppose à une simple diffusion d'innovations et un simple transfert technologique : elle valorise un ancrage socio-territorial du processus d'innovations. Autrement dit, elle insiste sur la nécessaire appropriation locale, sur le construit social parce que soumise à un processus d'apprentissage qui opère à travers une dynamique d'essai-erreur et ne conçoit pas comme un processus linéaire et parfait. Cette logique privilégie l'approche programme en lieu et place de l'approche projet (S. Ndiaye, 2008).

En somme, la logique d'appui place les organismes de développement au second plan. Et selon M.R. Mercoiret l'appui aux OP peut se concevoir en sept étapes : 1) l'identification de fonctions qui justifient une OP ;2) l'analyse des structures existantes, de leurs forces, de leurs faiblesses ; 3) l'information sur les innovations économiques et sociales disponibles ; 4) la discussion des formes d'organisation par les producteurs et leur adaptation ;5) l'élaboration de contrats avec les autres partenaires ; 6) l'appui au fonctionnement ; 7) la formation des responsables et des gestionnaires, (Mercoiret, 1990 :52-53).

Le concept de « logique d'encadrement »

L' « encadrement » est le substantif issu du verbe « encadrer » qui signifie entourer quelque chose d'un cadre. Ce qui fait que le terme encadrement désigne l'action d'entourer à la manière d'un cadre qui orne ou limite. La logique d'encadrement, si l'on peut ainsi dire, se pose en s'opposant à la logique d'appui. Elle commence depuis la constitution de l'OP, c'està-dire qu'il y'a des OP qui sont constituées non pas par l'initiative locale des paysans mais plutôt par celle des organismes extérieur. Il s'agit des OP que Mercoiret nomme les OP suscitées par les grands appareils de développement (Etat, ONG, etc.) Les principales caractéristiques de ces OP, selon elle sont le fait que : « Les modalités d'organisation ont été définies par les intervenants extérieurs et ont rarement été négociables ; les paysans ont été obligés d'adhérer à ces organisations pour avoir accès aux intrants, au matériel agricole et au crédit, mais aussi pour écouler leurs productions car elles ont eu à ici et là le monopole de la commercialisation, les sociétés de développement ont exercées une tutelle sur les OP, une dépendance est parfois des conflits en ont résulté », (Mercoiret, 1994 :206).

Dans cette logique, le processus et la dynamique de l'action sont dominés par l'État et les partenaires extérieurs, et ce sont également ces derniers qui définissent les initiatives aux OP. Aussi, la conduite et l'évaluation ou encore les ajustements liés au projet ou à la

dynamique sont presque du ressort exclusif de l'État ou des partenaires intervenants. Alors, les paysans producteurs sont exclus de la participation et ne jouent plus que le rôle de bénéficiaires et d'exécuteurs, ils ne participent que faiblement, sinon méme pas à l'identification de l'idée de projet, à la construction des modalités de gestion, aux instances de validation ou d'évaluation du processus. A la différence de la logique d'appui, celle-ci a une courbe descendante (logique top down), c'est-à-dire que ce sont les experts du sommet qui analysent et choisissent les décisions à la place des producteurs de la base qui ne sont là que pour exécuter. Nous sommes ici dans le cadre de l'État central, dirigiste, techniciste, interventionniste et « développeur " qui opère selon la logique du transfert technologique pour plus de productivité. Et l'approche d'intervention privilégiée par cette logique est l'approche projet. Ainsi le terrain ou le territoire se présente comme un simple milieu d'application et d'expérimentation des initiatives politiques, des décisions et des techniques qui ont été transférées du sommet vers le bas. Tout ce qui est savoir et savoir-faire ou mode d'organisation locale, c'est-à-dire les techniques traditionnelles construites de l'intérieur des communautés de base sont considérées comme des contraintes, des freins à l'avancement ou à l'épanouissement et sont incapables de soutenir le progrès, (S. Ndiaye, 2008). Les agents experts sont ici comme une sorte de « repoussoir " car disant aux paysans « votre pratique est mauvaise », ce qui fait qu'elle a été peu prise en compte et encore plus rarement valorisée. Il s'agit en somme d'un schéma du type « ceux qui savent " viennent apprendre ou montrer à « ceux qui ne savent pas » et ce schéma, méme s'il est caricatural a existé et existe toujours avec ses multiples variantes.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld