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Environnement des affaires et relance économique post-crise en Côte d'Ivoire

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par Mathias Yao KOUADIO
Université d'Auvergne - CEFEB - Matser Economie et Développement Internation - Maà®trise d'Ouvrage Publique et Privée 2011
  

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I.2. Le coût du financement privé est-il élevé en Côte d'Ivoire ?

Pour juger le coût du financement élevé et donc à même de freiner la croissance économique, celui-ci doit être le reflet d'un mauvais contexte de financement au niveau national et/ou à l'échelle internationale.

I.2.1. La faible croissance économique en Côte d'Ivoire est-elle liée à des contraintes de financement interne ?

Des contraintes de financement interne existent si l'épargne nationale est faible, l'intermédiation financière est insuffisante, un rationnement de crédit est fait par le secteur financier domestique et/ou ce secteur présente de fortes vulnérabilités face aux chocs. C'est donc sur ces différents paramètres que va se fonder l'analyse des contraintes du financement endogène de l'économie ivoirienne.

evl.virovl.vl.evvtevl.t des affaires et reLavl.ze 6covl.ovvticit,te post-arise evl. Cate ortvoire a) L'épargne nationale est-elle d'un faible niveau ?

De 1995 à 2002, l'épargne intérieure de la Côte d'Ivoire représentait en moyenne 21% du PIB. Ce taux a dégringolé à 18,5% sur la période 2003-2009 et se situe légèrement en dessous de la moyenne de l'Afrique Subsaharienne (22%) sur la même période. Quant à l'épargne nationale disponible brute, elle s'est stabilisée autour de 11,6% du PIB sur la période 1995-2009 contre 16,5% au Ghana et 16,2% au Cameroun. Le faible niveau de l'épargne nationale en Côte d'Ivoire reflète d'importantes sorties nettes de capitaux au titre des revenus de facteurs et des transferts courants (environ 7% du PIB en moyenne par an). En effet, l'économie ivoirienne supporte chaque année des paiements considérables d'intérêts sur la dette publique extérieure mais aussi et surtout d'importants transferts sous forme d'envois de fonds de travailleurs immigrés et de rapatriements de dividendes vers le reste du monde.

Tableau 7 : Evolutions comparées des taux moyens d'épargne et d'investissement de 2003 à 2009

Indicateurs

Moyenne 2003-2009

Côte d'Ivoire

Ghana

Cameroun

FBCF (% du PIB)

9,8

23,3

17,6

Epargne intérieure (% du PIB)

18,5

5,5

18,4

Epargne nationale (% du PIB)

11,7

16,5

17,6

Epargne nationale (% du RNB)

11,7

16,6

18,0

Epargne nette ajustée (% du RNB)

2,3

10,3

5,5

Source : DCPE et Banque Mondiale

En intégrant la dimension du développement durable, l'on s'aperçoit que l'épargne nationale devient très faible, en attestent les niveaux bas et décroissants de l'épargne nette ajustée (ENA)17 sur toute la période. Par exemple, l'ENA a représenté seulement 2,3% du RNB en moyenne de 2003 à 2009 contre 10,3% au Ghana et 5,5 au Cameroun (Tableau 7).

Graphique 7: Evolutions des taux d'épargne nationale et d'investissement en Côte d'Ivoire

En %du PIB

FBCF

Epargne nle 11,8%

18,0%

16,0%

14,0%

12,0%

10,0%

4,0%

2,0%

8,0%

6,0%

0,0%

13,7% 14,8%

1995

10,4% 13,4%

1996

14,3% 10,7%

1997

10,7% 11,7%

1998

14,4% 11,2%

1999

2000

8,0% 10,6%

2001

9,9%

10,9% 9,7%

16,8% 12,3%

2002

2003

12,4% 10,0%

2004

9,8%

2005

9,7%

12,1% 8,4%

2006

9,3%

2007

8,7% 10,1%

12,3% 14,7%

2008

11,4%

2009

Source : DCPE et Banque Mondiale

17 L'épargne nette ajustée est un indicateur de mesure du développement durable. Elle est ici égale à l'épargne nationale plus les dépenses en éducation, moins l'épuisement en énergie, en minéraux et en ressources forestières et moins les dommages causés par le dioxyde de carbone et les émissions de particules.

La faiblesse de l'épargne nationale, surtout publique, a orienté les investissements à des niveaux bas sur la période (Graphique 7). L'analyse de ce graphique révèle que l'épargne nationale s'avère largement insuffisante pour financer les investissements nationaux, le besoin annuel de financement pouvant se situer jusqu'à 4% du PIB. La faiblesse des investissements depuis le début de la crise ivoirienne laisse apparaître la disponibilité d'une épargne nationale oisive sur cette période.

b) L'intermédiation financière est-elle insuffisante en Côte d'Ivoire ?

L'économie ivoirienne dans ses caractéristiques actuelles demeure une économie d'endettement. Favoriser l'investissement et stimuler la croissance requiert dès lors une intermédiation financière dynamique, consistant pour les intermédiaires financiers à mobiliser l'épargne des agents à capacité de financement pour les intégrer dans leur bilan et procéder à des prêts aux agents à besoin de financement, en particulier les entreprises. L'examen du tableau 8 montre que l'épargne est faiblement rémunérée et que le coût du crédit est relativement élevé en Côte d'Ivoire. En effet, la marge d'intérêt des banques ivoiriennes sur les opérations avec la clientèle, mesurée par la différence entre les rendements moyens des prêts (taux débiteurs) et les coûts moyens des ressources provenant de la clientèle (taux créditeurs), est de 8,1 points de pourcentage entre 2006 et 2009 en Côte d'Ivoire, contre une moyenne de 10,4 points dans l'UEMOA et 11,1 points au Cameroun. La marge d'intérêt est ressortie plus faible au Nigéria (6,5 points) et au Maroc (7,9 points). Il convient aussi d'indiquer que dans les pays développés tels que la France, cette marge est généralement en dessous de 4 points.

Tableau 8 : Comparaison des conditions moyennes de banque de 2006 à 2009

Conditions de banque (en %)

Côte d'Ivoire

UEMOA

Cameroun

Nigéria

Maroc

Taux débiteurs (rendements)

10,6

12,6

15,1

17,2

12,1

Taux créditeurs (coûts)

2,5

2,2

4,0

10,6

4,2

Marge d'intérêts (spreads)

8,1

10,4

11,1

6,5

7,9

Source : BCEAO et Banque Mondiale

Les taux d'intérêts varient selon le type de clientèle et la maturité des concours bancaires (Annexes 16 et 17). Par ailleurs, malgré la baisse des taux directeurs de la BCEAO en juin 2009 de 0,5 point (diminution du taux de pension de 4,75% à 4,25% et du taux d'escompte de 6,75 à 6,25%), les taux d'intérêt débiteurs appliqués à la clientèle à fin décembre 2010 sont restés élevés et démontrent que plusieurs banques ivoiriennes n'ont véritablement pas intégré cette baisse dans la tarification de leurs services bancaires. Cette situation semble refléter l'augmentation des besoins de liquidité des entreprises ivoiriennes, en liaison notamment avec la baisse des recettes d'exportation et l'accroissement des risques de défaut de paiement dans le contexte de crise financière et économique internationale.

Même si la qualité du portefeuille des banques s'est légèrement améliorée à fin juin 2010 par rapport à la situation de fin décembre 2009, il est bon de noter qu'à fin 2008, le taux brut de dégradation du portefeuille de la Côte d'Ivoire était plus élevé que la moyenne dans l'UEMOA, comme l'attestent les données du tableau 9.

Tableau 9 : Qualité du portefeuille de crédit bancaire en Côte d'Ivoire de 2007 à fin juin 2010

En milliards de FCFA

COTE D'IVOIRE

UEMOA

Déc. 2007

Déc. 2008

Déc. 2009

Juin. 2010

Déc. 2008

Crédits sains (1)

1 576,3

1 680,3

1 852,2

1 822,9

 

Court terme

1 162,3

1 155,2

1 215,1

1 133,3

 

Crédits de campagne

97,4

95,0

99,1

60,7

 

Crédits ordinaires

1 065,0

1 060,2

1 116,0

1 072,5

 

Moyen terme

353,6

446,3

530,5

582,2

 

Long terme

39,5

58,0

80,5

81,3

 

Crédit bail

20,9

20,7

26,2

26,1

 

Crédits en souffrance (2)

34,6

90,8

88,8

82,9

 

Impayés et immobilisés

19,3

47,5

53,0

49,7

 

Douteux et litigieux

15,3

43,3

35,8

33,2

 

Total Crédits à l'économie (3) = (1) + (2)

1 611,0

1 771,1

1 941,1

1 905,8

 

Provisions (4)

304,246

309,395

280,42

267,481

 

Créances en souffrance brutes (5)

338,9

338,9

338,9

338,9

 

Total portefeuille crédits à l'économie (6) = (1) + (5)

1 915,2

2 019,2

2 191,1

2 161,8

 

Taux brut de dégradation du portefeuille (7) = (5)/(6)

17,7%

16,8%

15,5%

15,7%

18,3%

Taux net de dégradation du portefeuille (8) = (2)/(3)

2,1%

5,1%

4,6%

4,3%

7,3%

Taux de provisionnement (9) = (4)/(5)

89,8%

91,3%

82,7%

78,9%

64,5%

Source : BCEAO - CODESFI, 2010

Le taux brut de dégradation du portefeuille est ressorti à 16,3% au Sénégal en 2008 et il a été en moyenne de 13,75% au Ghana, 16,37% au Nigéria et 14,45% au Maroc sur la période 2005-2006. En termes relatifs, l'on peut affirmer que le taux brut de dégradation du portefeuille des banques ivoiriennes est élevé. Cela traduit un niveau de risque considérable pris par ces banques et peut justifier l'exigence d'une prime de risque élevée sur le rendement des prêts en Côte d'Ivoire. En outre, la solvabilité du secteur bancaire ivoirien s'est fortement dégradée au cours des dernières années, en passant de 12,2% en 2002 à 9,25% à fin 2008 (CODESFI, 2010).

c) Le système financier local opère-t-il un rationnement de crédit ?

Le système bancaire ivoirien enregistre chaque exercice un excédent de trésorerie depuis 2004, celui-ci étant évalué à plus de 200 milliards de FCFA par an. Cette importante trésorerie constitue l'essentielle des ressources non employées au sein de l'UEMOA. En 2008, environ 23% de la trésorerie dégagée par l'Union provient de la Côte d'Ivoire (Tableau 10).

Tableau 10 : Evolution des ressources et emplois des banques ivoiriennes de 2004 à fin juin 2010

(En milliards de FCFA)

2004

2005

2006

2007

2008

2009

Juin 2010

UEMOA (2008)

TOTAL EMPLOIS (E)

1 600,6

1 624,4

1 787,2

2 188,5

2 381,5

2 527,3

2 590,3

8 152,2

E1 : Crédits Clientèle

1 380,3

1 378,0

1 343,9

1 652,1

1 820,4

1 943,3

1 905,4

6 119,6

E1.1 Crédits sains

1 210,2

1 310,4

1 294,3

1 614,6

1 741,6

1 854,5

1 822,7

5 670,1

E1.2 Crédits en souffrance

170,1

67,6

49,6

37,5

78,8

88,8

82,7

449,5

E2 : Autres emplois

220,3

246,4

443,3

536,4

561,1

584,0

684,9

2 032,6

TOTAL RESSOURCES (R)

1 848,6

1 873,5

2 015,2

2 343,7

2 547,0

2 799,3

2 977,5

8 881,5

R1 : Dépôts et emprunts

1 497,0

1 541,9

1 674,1

1 970,3

2 100,4

2 333,5

2 521,5

7 345,1

R2 : Fonds Propres nets

215,4

199,7

174,9

176,6

186,2

221,1

202,9

850,4

R3 : Divers

136,2

131,9

166,2

196,8

260,4

244,7

253,1

686,0

EXCEDENT (R-E)

248,0

249,1

228,0

155,2

165,5

272,0

387,2

729,3

Source : BCEAO - CODESFI, 2010

Malgré cette abondance de liquidité, la contribution du secteur bancaire au financement de l'économie ivoirienne reste faible. Cette contribution, mesurée par le rapport entre les crédits à l'économie et le PIB, est passée de 16,5 % en moyenne sur la période 1995-1999 à 15 % de 2000 à 2008, avant d'atteindre 17,3% en 2009 contre un ratio de 17,8 % au Ghana, 11,5 % au Cameroun, 34 % au Nigeria, 77 % au Maroc et 87,8 % en Ile Maurice. La tendance en Côte d'Ivoire traduit ainsi une accentuation des difficultés d'accès aux concours bancaires au cours des dernières années. Pour le monde des affaires, ces difficultés de financement concernent surtout les PME/PMI et les entrepreneurs individuels. Selon l'enquête de la Banque Mondiale, sept PME/PMI ivoiriennes sur dix estiment qu'elles éprouvent des difficultés d'accès au financement bancaire local, alors que seulement 45% des grandes entreprises sont concernées par la question.

Les difficultés d'accès des populations aux services bancaires classiques ont ainsi favorisé la floraison des institutions de microfinance. Ainsi, en dépit de la persistance des tensions sociopolitiques, le secteur de la microfinance a su maintenir une bonne dynamique, comme en témoigne la progression continue du nombre de bénéficiaires et de l'épargne. En effet, le secteur a atteint la barre du million d'adhérents en 2009 contre 972 691 en 2008. L'encours des dépôts est passé de 85,4 milliards de FCFA à fin 2008 à 85,6 milliards de FCFA à fin 2009. Quant au volume des crédits distribués, il ressort à 25,6 milliards en 2009 contre 40,6 milliards en 2008. Cependant, la situation financière du secteur de la microfinance en Côte d'Ivoire est très préoccupante, avec tous les grands réseaux en quasi faillite.

d) Le secteur financier ivoirien est-il vulnérable aux chocs ?

A la demande du Gouvernement ivoirien, le secteur financier a été évalué du 29 avril au 12 mai 2009 au titre du Programme d'Evaluation du Secteur Financier (PESF) par les Experts du FMI et de la Banque Mondiale. Le diagnostic a révélé des faiblesses au niveau de l'ensemble des composantes du secteur financier. Les stress tests effectués dans le cadre cette évaluation et ayant porté sur un scénario macroéconomique, combinant trois scénarii distincts « augmentation uniforme des créances en souffrance de 50% », « 40% de dépréciation du FCFA contre l'Euro » et « 600 points de base de diminution uniforme le long de la courbe des rendements », montrent que le système bancaire ivoirien reste vulnérable aux chocs notamment exogènes. En effet, aucune banque ne résiste à l'un des trois scénarii de chocs retenus, les banques les plus vulnérables étant celles à capitaux nationaux. Par ailleurs, les effets combinés des trois chocs conduisent à une dégradation très prononcée de la situation du système bancaire qui se traduirait par la chute du ratio de solvabilité de 9,28% à 2,30%.

En tout état de cause, le contexte de financement interne est peu favorable en Côte d'Ivoire. La faible contribution des banques au financement de l'économie nationale, nonobstant une surliquidité du système bancaire, suggère que le réel problème réside dans la réticence des banques à satisfaire les énormes besoins des agents économiques et qu'il n'est pas forcément lié à des coûts du financement non accessibles. Il s'agit bien plus d'un problème d'accès limité au financement bancaire, qui hélas ne trouve pas de solutions alternatives crédibles en Côte d'Ivoire. Aussi, le déclin de la stabilité du secteur financier au cours des dernières années reflète-il le caractère très risqué de l'environnement des affaires et la dégradation de la gouvernance décrits plus haut, qui minent la qualité des portefeuilles bancaires et constituent un frein tangible au financement de l'économie nationale et donc à la croissance.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote