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Koutougou,un terroir Temberma enclavé dans la Kéran

( Télécharger le fichier original )
par Tchoou Adong NOYOULEWA
Université de Lomé - Maà®trise de géographie rurale 2005
  

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CHAPITRE 2

L'ESPACE AGRAIRE DANS LE TERROIR
DE KOUTOUGOU

Chez les Temberma de KOUTOUGOU comme partout ailleurs, la vie et son organisation sont régies par un certain nombre de liens lointains pour la plupart qui les unissent à la terre. Ces liens déterminent également les différentes options en terme de gestion des terres, leur mise en valeur de même que la finalité des produits qu'elle offre. Tout cet ensemble de choix volontaires ou « imposés » par des faits naturels ou humains constitue sans aucun doute l'élément de base dans la connaissance d'un peuple. Ce sont toutes ces réalités historiques et contemporaines que nous appelons les structures agraires et que nous comptons présenter et analyser dans les lignes qui vont suivre. Il s'agira de présenter tour à tour le régime foncier, la dynamique agricole puis tous les autres éléments qui entrent dans l'analyse du tout agraire notamment le parcellaire, les usages que les Temberma de KOUTOUGOU font de la terre et les itinéraires techniques. Par ailleurs, il sera question d'énumérer les activités qui, en plus de l'agriculture proprement dite meublent le quotidien de ce peuple.

2.1- UN REGIME FONCIER PATRILINEAIRE

Il se fonde sur la combinaison des règles qui gouvernent la question de la terre dans un milieu et qui en déterminent les niveaux de propriété de même que les différents moyens en vigueur pour individualiser celle-ci. Des modes d'accès à ceux d'appropriation de la terre en passant par la délimitation des propriétés, nous essayerons de montrer la survivance de structures anciennes et propres au peuple Temberma.

2.1.1- Les modes d'accès à la terre

Ce sont les moyens par lesquels un individu issu de la collectivité ou non peut entrer en possession d'une parcelle de terre. Ils sont en quelque sorte le soubassement du contrat qui lie celui qui dispose de la terre et son bénéficiaire. Ce constat détermine en outre les usages que le bénéficiaire est autorisé à en faire.

Notre zone d'étude s'étale sur un territoire conquis par simple occupation. En effet, le premier habitant de ce coin reculé du pays Temberma d'après les témoignages de 99,1% de nos enquêtés, n'a pas fait autre chose que de s'y installer vu que personne n'y exerçait des droits de propriété sur le territoire.

C'est sans doute pourquoi les formes dominantes d'accès à la terre sur ce site sont l'héritage et le don.

L'héritage est le fait d'entrer en possession des biens qui ont appartenu à un parent défunt. C'est le mode d'accès le plus répandu à KOUTOUGOU puisque 71% de nos enquêtés déclarent que leurs propriétés proviennent de l'héritage. Cependant, dans son usage, il prend

dans l'univers d'étude une connotation particulière étant entendu que seuls les enfants mâles peuvent hériter de la terre. Dans cet ordre d'idées, les mentalités ne sont pas en phase de changer surtout que 99,1% de nos enquêtés affirment ne pouvoir léguer leurs terres qu'à leurs descendants mâles. Ceux-ci héritent des terres à la mort de leur père et deviennent responsables du domaine foncier familial dans le cadre d'une responsabilité collective du moment où aucun partage de la terre n'est effectué. Chacun dispose de la superficie qu'il peut exploiter. C'est du moins l'avis de 97,3% de ceux que nous avons interrogé sur la façon dont les héritiers gèrent les terres familiales.

Il s'agit en conclusion d'un droit successoral patrilinéaire ne reconnaissant qu'un droit de culture concédé par l'époux à son épouse. Il n'existe donc pas de legs féminins faits du vivant du père comme chez les Adja Éwé (ABOTCHI T. ,1997). Qu'en est-il alors du don de la terre ?

Le don est le fait de recevoir une parcelle de terre d'un propriétaire qui peut s'il le désire la retirer ou vous en restreindre les usages. 29% de chefs de ménages que nous avons rencontré ont avoué que leurs terres provenaient du don. Cette proportion qui nous semble un peu trop élevée est sans aucun doute le résultat du fait que ceux dont les parents sont encore en vie considèrent plutôt que leurs terres d'exploitation appartiennent encore à leur père. Toutefois, les droits qu'ils exercent sur ces parcelles ressemblent fort bien à ceux des propriétaires puisqu'ils peuvent en céder à leurs épouses ou à des étrangers. Mais la version originale soutient que cette pratique est plutôt en vigueur au sein même des couples puisque c'est le mari qui offre dans 93,1% des cas évoqués une parcelle d'exploitation à son épouse. Autant dire que c'est le seul moyen par lequel une femme peut entrer en possession d'une parcelle. Cette réalité est due au fait que dans cette société, on considère que la femme ne doit rien tenir de ses parents puisqu'elle est vouée au mariage et ne doit rien emporter le moment venu.

C'est aussi le mode par lequel les étrangers accèdent à des parcelles d'exploitation. En fait, quand un étranger arrive, il fait la demande à son hôte qui la transmet au chef du village à titre d'information. Puis, l'autochtone indique la partie des champs à offrir au bénéficiaire qui peut tout y cultiver. La seule prescription qui lui est faite est qu'il ne doit pas en céder une partie à une tierce personne. Certes, certains y ajoutent une nécessité de respect à l'égard du propriétaire, mais beaucoup pensent qu'aucune condition ne régit la donation d'une parcelle de terre sur le terroir de KOUTOUGOU.

Somme toute, les modes d'accès à la terre en vigueur dans l'environnement étudié sont encore traditionnels. Il n'y a donc pas d'évolution du système foncier. C'est une situation

qui diffère de celle de bien d'autres terroirs où la monétarisation de l'économie et l'adoption de la religion chrétienne ont été source de mutations créant du coup plusieurs autres modes d'accès à la terre comme la vente, le gage et la location. Par exemple, dans les préfectures de Haho et de Moyen-Mono, les peuples Adja Éwé, pour faire face à des besoins monétaires de plus en plus cruciaux, ont depuis quelques années, commencé par faire fi de la tradition qui le leur interdisait en disposant de la terre par voie de gage, de location et de vente (ABOTCHI T. et KLASSOU K., 2002, page 38).

Dans tous les cas, nous sommes amené à penser que en plus de l'enclavement, c'est la faible pression démographique qui constitue le ferment de la conservation de ces modes d'accès à la terre. Soulignons également que l'enclavement constitue aussi un élément important dans la délimitation du domaine foncier villageois.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci