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Le Bien chez Saint- Thomas d'Aquin

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par Vivien Hoch
Institut catholique de Paris - Licence 2008
  

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d) Le Bien comme notion transcendantale

La découverte de l'analogie de l'être nous permet d'éclaircir maintenant la notion de Bien (bonum). En effet, l'être n'est pas la seule notion à être analogue. Seront analogues toutes les notions se rattachant directement à l'être ; on appelle ces notions des transcendantaux, car elles sont corrélatives à l'être et "transcendent" toutes les catégories, genres et espèces. Ainsi en est-il du Bien pris en général. Une chose est en tant qu'être ; mais elle est aussi connaissable en tant que vraie et désirable en tant que bonne. Cependant, si l'on définit le bien comme étant ce qui est désirable, on suppose implicitement que c'est en tant qu'il est désirable qu'il est bien4(*), alors que le sens profond de cette définition est métaphysique : c'est bien plutôt parce qu'une réalité est bonne qu'elle est désirable. Et une réalité bonne est une réalité qui est voule comme telle par Dieu pour l'homme.Dès lors, nous pouvons nous permettre de définir le bien comme ce qui est désirable, et affirmer que tout ce que l'homme désire est bon, que ce désir provienne de son appétit sensible : dans ce cas l'objet sera bon en propre (par exemple la nourriture pour le corps) ou en raison de l'espèce (l'engendrement est bon en raison de la perpétuation de l'espèce entière), ou que ce désir provienne de son appétit intellectuel5(*) : dans ce cas l'objet sera bon pour son utilité, son agrément ou pour lui-même6(*). Le bien est dès lors vu comme la fin d'une inclination quelconque (sensible ou intellectuelle). On pourrait nous objecter que l'homme ne veut pas forcément que du bien. Saint Thomas répondrait qu'il cherche tout de même son bien, même en faisant le mal (commentaire de l'Ethique à Nicomaque d'Aristote, 2ème leçon) car le mal n'est qu'une privation d'être ou de perfection.

Saint Thomas connaissait la conception de Platon qui plaçait le Bien au-delà des essences (Platon, République, livre VI, 504c) ; cette agathologie qui prime sur l'ontologie est écartée7(*) : " Le bien a souvent été regardé comme une des réalités les plus importantes, à tel point que les platoniciens le placèrent au-dessus de l'être, alors qu'en réalité il lui est corrélatif." (Commentaire de l'Ethique à Nicomaque d'Aristote, 1ère leçon). Aucune des deux notions ne prend le pas sur l'autre : "le bien et l'être sont équivalents" (Somme théologique, Ia, qu. 5, art. 3) et encore : "chaque chose possède autant de bien qu'elle possède d'être" (Somme théologique, Ia IIae, qu. 18, art. 1, concl.) ou encore : "l'être même de chaque chose est un bien" (Somme théologique, I pars, qu. 20, art. 2, concl.) (etc...) ; ce qui veut dire que chaque être est déjà bon dans la mesure même où il est. Tout ce qui est est bon, dans la mesure où il est ; le mal n'étant qu'une privation d'être ou de perfection (5ème disputatio : 16 questions sur le mal). Mais cette indéniable corrélation entre le bien et l'être implique des constats profond sur la nature des créatures et de leurs actes : aucune n'ayant la plénitude d'être (seul Dieu possède l'être en plénitude absolue), toutes seront alors mauvaises dans la mesure où il lui manque de l'être. Nous reviendrons sur ce constat lorsqu'il sera question de la bonté des actes moraux. Revenons sur le Bien comme transcendantal et remarquons, avec Saint Thomas, qu'il se hiérarchise alors à différents degrés selon les êtres et qu'alors il ne veut pas dire la même chose selon l'être auquel on cherche à l'appliquer : la bonté d'une pomme ne peut être entendue dans le même sens que la bonté d'une vertu morale, c'est-à-dire que le bien sensible ne peut être univoque avec le bien moral. Ainsi nous pouvons diviser l'objet de notre étude en différentes catégories ; à partir du Bien en général, que nous venons d'étudier, se décline divers biens en tant que cas particuliers du Bien général ; et lorsqu'ils sont appliqués à la créature humaine, ils se déclinent ainsi : les biens sensibles, les biens moraux et les biens surnaturels. Il ne va pas sans dire qu'en vertu de l'analogie de proportionnalité, ces biens n'ont pas le même degré de bonté pour l'être humain. Nous étudierons cette hierarchie ultérieurement.

Le Bien prend donc différentes caractéristiques générales selon ses différents modes d'être :

- le bien en tant que puissance motrice8(*) (en puissance) : désir, volonté

- le bien en tant qu'activité : mouvement, réalisation, action

- le bien en tant que fin réalisée (en acte) : possession, bonheur, satisfaction

- le bien en tant que retour : perfectionnement

Il faut maintenant définir la nature de des actes humains (actus humanis) et leur bonté, car ils permettent de comprendre le bien en tant qu'il a sa place dans l'activité humaine même. C'est l'objet de la partie suivante.

* 4 C'est une conception de la notion de désir que l'on retrouvera notamment chez Spinoza.

* 5 Saint Thomas parle plutôt d'appétit rationnel (appetitus rationalis), car c'est la raison qui en est la cause formelle.

* 6 Nous étayerons cette classification lorsque nous étudierons les biens intellectuels (3ème partie, chap. 2)

* 7 Remarque indispensable puisque tous les théologiens, jusqu'à saint Thomas, nommaient Dieu comme bonum plutôt que comme ens.

* 8 que nous avons déjà traité.

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