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Le Bien chez Saint- Thomas d'Aquin

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par Vivien Hoch
Institut catholique de Paris - Licence 2008
  

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II) L'acte humain (actus humanis) et sa bonté

Etant donné que le Bien est inscrit dans la nature même de toutes les choses, il est nécessaire de commencer par étudier celle de l'homme pour y déceler toute caractéristique susceptible d'être déjà ou de devenir un bien, puis de découvrir si cette nature est tournée vers une finalité et quelle est le rapport de cette dernière au bien. Le bien sera ainsi étudié comme puissance motrice, c'est-à-dire comme pouvant ébranler l'appétit (intellectuel ou sensible) et comme acte même, c'est-à-dire en tant qu'il s'applique et détermine le bien agir, l'acte humain.

Nous avons déjà remarqué que l'homme est une créature raisonnable qui a, en vertu de sa qualité d'image de Dieu, la lourde responsabilité de choisir ses propres fins et les propres moyens de l'atteindre9(*). Le problème fondamental de la morale se définit ainsi ; c'est-à-dire : que faire et comment le faire. L'étude de l'acte humain permettra de décrypter minutieusement la manière de fonctionner de l'homme lorsqu'il se dirige vers un bien. Nous pouvons exposer la problématique morale de l'action humaine selon ce schéma :

MORALE

comment faire ?

que faire ?

intelligence

volonté

"l'homme poursuit son bien s'il le connaît"

Il nous faut ainsi définir ce qu'est un acte humain : en effet, il ne suffit pas qu'une action soit effectuée par un homme pour qu'elle ait un caractère d'action humaine, les faits prouvent que l'homme ne se comporte pas toujours en homme. Or, lorsque nous avons décrit le statut de l'homme dans la création, nous avons remarqué que ses fins propres étaient d'agir selon sa nature en vue de fins qui perfectionnent sa nature. C'est pourquoi il nous faut déceler le critère qui permet à un acte d'être qualifié d'humain. Vient ensuite la question du statut du bien dans l'acte humain, c'est-à-dire comment peut-on considérer qu'un acte est bon, et en quoi est-il bon ? Le serait-il en vertu seulement de sa qualité d'acte humain ? Ou bien l'est-il en vertu de son objet ? Ou encore selon son mode de réalisation ?

a) Définition de l'acte humain

C'est un axiome de Saint Thomas d'Aquin que d'affirmer que "s'il y a des actes qui sont dit humains, c'est en tant qu'ils sont volontaires" (Somme théologique, Ia IIae, Qu.1, art.1). En référence au statut de l'homme dans le cadre métaphysique général, cette affirmation s'appuyait sur la ressemblance imagée, sous le mode de l'attribution analogique, à Dieu, et conférait à l'homme une lourde responsabilité de ses propres actes10(*) en tant qu'ils sont libres puisque volontaires. Mais le fait qu'un acte soit volontaire ne prouve pas qu'il soit libre. Un acte est dit véritablement humain lorsqu'il est un acte volontaire libre. Le mot volontaire "signifie que l'acte naît d'une inclinaison propre" (Somme théologique, Ia IIae, Qu.6, art.1, concl.). La volonté naît donc d'un désir qui provoque une inclinaison. On peut dire que l'affamé veut se nourrir, par exemple, puisque cela appartient à une de ses inclinations naturelles (se nourrir) ; mais on ne peut dire "qu'un homme soit traîné avec violence en raison de sa volonté" (Somme théologique, Ia IIae, Qu.6, art.4) puisque l'homme ne veut pas en propre vouloir être violenter. La volonté se meut donc vers une fin, qui représente la fin de l'inclinaison qui a suscité cette volonté ; or cette fin doit lui être connue : "pour qu'une chose se fasse en vue d'une fin, une connaissance quelconque de cette fin se trouve requise" (Somme théologique, Ia IIae, Qu.6, art.1, concl.). Mais cette fin doit lui être connue par la raison. Dans cette définition de la volonté, on voit déjà poindre le fait que l'acte ne peut être véritablement qualifié d'acte volontaire que si : premièrement, il est fondé en raison, et deuxièment, s'il coïncide avec une vraie tendance de la nature humaine. Et de surcroît, la volonté domine indifféremment tous les biens : c'est ce qui lui confère sa liberté et la qualifie d'acte volontaire libre.

Il existe une dualité à l'intérieur même de l'acte de vouloir : l'acte volontaire intérieur (c'est-à-dire l'acte de vouloir quelquechose) et l'acte de la volonté de l'exécuter (que l'on pourrait qualifier d'externe) au moyen d'une faculté extérieur à la volonté (par exemple la faculté de parler pour dire quelque chose). Nous verrons ci-après où se situe le bien dans cette dualité.

Retenons que : 1° l'acte humain est volontaire, rationnel et libre ; s'il ne remplit pas une de ces deux caractéristiques, il ne peut être qualifié d'acte humain mais il sera qualifié d'acte immoral ou animal et 2° la volonté est dite interne en ce qu'elle choisit une fin et externe en ce qu'elle choisit et exécute les moyens de l'atteindre11(*).

* 9 C'est le problème primordial de la finalité libre.

* 10 Cette responsabilité n'est pas, chez l'Aquinate, une charge moralement négative, de laquelle il faut se soustraire par tous les moyens (par exemple dans une sphère d'artificialité politique), mais fait preuve de son grand optimiste envers la nature humaine et sa grandeur.

* 11 Afin de clarifier et d'écourter notre propos qui n'est ici que purement descriptif, nous nous sommes permis de "laisser de côté" la question de l'intentionnalité dans l'acte humain, qui a pourtant son importance.

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