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Mission des institutions d'enseignement supérieur et universitaire et les attentes de la population en cité d'Uvira, RDC

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par Théodore BAHIMBA NYEMBO
Université officielle de Bukavu - Licence en sociologie 2011
  

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3. LES CONTRAINTES DES ISU D'UVIRA.

Dans ce paragraphe, nous ne traiteront pas des contraintes des établissements d'enseignements supérieur et universitaire de manière exhaustive, mais nous traiterons de celles majeures. Ces contraintes sont d'ordre socio-économique, d'ordre institutionnel et d'ordre pédagogique et il a été établi que l'Enseignement Supérieur et Universitaire dans les pays francophones d'Afrique est confronté à une crise profonde dont l'origine se situe principalement dans le déséquilibre croissant entre les besoins nécessaires pour assurer un enseignement de qualité et les ressources disponibles.

Les contraintes des Instituts supérieurs et Universités de la cité d'Uvira, sont :

- Education et monde du travail.

Actuellement il est difficile, en RDC en général et à Uvira en particulier, de préciser la relation entre l'éducation et le monde du travail d'autant plus que chaque secteur évolue presque indépendamment de l'autre.

Dans l'ensemble, les deux secteurs sont en régression et présentent des caractéristiques déplorables :

· Un fort taux de la population active (âgée de 15 à 64 ans représentant 53%) ;

· L'inadéquation entre la formation et l'emploi : en parlant de l'inadéquation entre l'éducation donnée dans les écoles et la vie dans le milieu social concret, Mr Abbé M. Ekwa signale une situation réelle que vit la jeunesse congolaise

scolarisée : « ... Des centaines de milliers de jeunes, garçons et filles, qui ont étudié pendant quatre ou six ans et qui, pour de multiples raisons, ne peuvent poursuivre leurs études, ne parviennent pas à s'intégrer dans la société rurale traditionnelle : ils sont des déracinés sociaux et culturels ; ils ont appris à lire et à calculer, ils se sont intéressé à de larges horizons, ils ont assimilé des idées de progrès, de transformation technique, d'organisation administrative ; et ils ne peuvent se résoudre à travailler de leurs mains dans une économie de substance sans horizon, sans progrès et liée à des traditions particularistes. Le conflit des générations se fait aigu ; le désoeuvrement est partout inquiétant ; l'exode vers les centres urbanisés est une plaie. ... »44(*) ;

· Le recul de l'emploi dans le secteur formel au profit du secteur informel ;

· L'enseignement technique et professionnel en régression mais coûtant trop cher par rapport au pouvoir d'achat des parents ;

· L'insuffisance des ressources humaines, matérielles et financières pour ce type d'enseignement ;

· Implantation des facultés sans tenir compte de l'environnement et les besoins de la population : la population a émis l'envie des facultés comme l'agronomie, la géologie et mine, la sociologie, l'anthropologie, pêche, hydrobiologie, communication, météorologie et l'organisation sociale.

La société et le monde du travail bénéficiaires des produits de l'ESU reprochent au secteur de produire de façon quasi mécanique les diplômes et les diplômés sans tenir compte du profil requis car l'ESU fonctionne presque en vase clos. A ce moment là, les travailleurs (surtout les nouveaux) sont soumis à des séances, des formations de renforcement de capacités.

- Prolifération et émiettement des Universités et Instituts Supérieurs.

Les Etablissements de l'Enseignement Supérieur et Universitaire ont connu depuis 2008 une croissance de 06 nouvelles institutions sur 11 qu'elle compte aujourd'hui.

- Problèmes aigus d'infrastructures, d'équipements et de matériels didactiques.

Ces établissements sont abrités dans des locaux dégradés, débordés, et inadéquats pour certains. Les capacités sont physiquement débordées et les infrastructures délabrées. La dégradation résulte de cette pression continue et de l'absence de moyens financiers conséquents pour de véritables stratégies de maintenance et de réhabilitation. 100% des institutions en sont concernées, c'est-à-dire n'ont pas leur propre infrastructure. Certains ont de terrain (espace) où peuvent être les bâtiments mais n'ont pas de moyens.

Enfin, l'inadéquation vient de ce que la plupart des établissements créés dernièrement l'ont été en muant simplement une école secondaire ou primaire en institution d'enseignement supérieur. Parfois les deux structures cohabitent dans les mêmes locaux, en un voisinage qui peut dégénérer à tout moment. 72,7% en sont concernés, à l'exception de l'UCB qui est dans l'enclot de diocèse, l'ISTM qui est logé dans les bâtiments de 8è CEPAC et de l'UPROGEL logée dans un bâtiment privée, maison construite pour habitation et où les chambres à coucher font d'office des auditoires.

Les équipements et matériels didactiques ne sont pas logés à meilleure enseigne. La quasi absence de l'outil informatique dans la grande majorité des établissements est emblématique de cette carence (sauf l'UCB qui compte 13 ordinateurs et l'ISP qui en a quatre mais souvent ne fonctionne pas par manque de courant électrique).

Les laboratoires et les bibliothèques n'existent pas ou ne sont pas fonctionnels dans la majorité des structures, sauf l'UCB, qui compte 265 ouvrages d'économie et de 143 ouvrages de droit dans leur bibliothèque, et la bibliothèques interuniversitaire de l'ISTM, ISDR et ISP dans laquelle le taux de fréquentation de mars en mai est de 83,6% des étudiants de G3 ; 04,5% des étudiants en G2 ; 10,3% pour ceux de G1 ; de 0,6 de ceux de L1 et enfin de 1% des enseignants. L'UNIC quant à elle, avant qu'il ne soit pillé, sa bibliothèque était constituée de 75 livres. La productivité globale du système en prend un rude coup. Pour les recherches de mémoire en licence, les étudiants-chercheurs se voient obligés de supplier les frères et amis de Bukavu de leurs mener ces recherches et de monter pour le faire eux-mêmes et les étudiants développent rapidement des syndromes d'inculture lecturale (SIL)45(*) et la textophobie lecturale.

- Problèmes du personnel enseignant.

En RDC, le nombre d'enseignants détenteurs d'un doctorat s'élève à 1 713, soit 14% des enseignants de l'ESU et l'âge moyen est de 65 ans. Ces enseignants se repartissent essentiellement à Kinshasa 62%, Katanga 19% et Province Orientale 7% oeuvrant principalement dans les Universités de Kinshasa (40%), de Lubumbashi (18%) et de Kisangani (6%). Jusqu'en 2011, la RDC ne compte que mille huit cents professeurs pour un effectif total de six cent mille étudiants, soit un professeur pour  trois cent cinquante étudiants or les normes internationales exigent un professeur pour cinquante étudiants46(*).

Ainsi pour compenser cette carence d'enseignants qualifiés plusieurs établissements utilisent massivement des assistants et autres chargés de pratique professionnelle pour dispenser les cours.

Les enseignants sont majoritairement des assistants (294 assistants y compris même ceux ayant le titre de gradué soit 55,6% du corps enseignants), des chefs de travaux dont la majorité proviennent de Bukavu (159 soit 30%), 37 docteurs, de 31 professeurs et 02 professeurs associés parfois promoteur des ces institutions et quelques visiteurs du Burundi, de Bukavu,... voués dans le cumul de fonction (souvent des enseignants du secondaire) à cause de l'inexistence de salaire, appelé par les humoristes « SIDA » c'est-à-dire Salaire Insuffisant et Difficilement Acquis. Ils papillonnent les différentes institutions de la place comme visiteur et gagnent un peu d'argent en vendant les syllabus des cours.

Cette faible fréquentation des enseignants qualifiés serait due au climat malsain de travail (auditoires sans ciment, les étudiants assis sur les pupitres, logement, transport,...), au manque de moyen financier,...

- Inexistence de financements étatiques.

Jusqu' au début des années quatre vingt, l'Enseignement Supérieur avec tout juste 0,6% de l'ensemble des effectifs scolarisés bénéficiait de 30% du Budget de l'Education.

Le coût unitaire par étudiant était d'environ 2500$us avec un ratio de 1 professeur pour 8 enseignants. Depuis plus de trois décennies, la part des ménages dans le fonctionnement des Etablissements représente plus de 80% des dépenses courantes. En 2009, le coût unitaire par étudiant est d'environ 400$us (financement public et privé)47(*).

- La fausse autonomie des établissements d'enseignement supérieur.

Les établissements d'enseignement supérieur de la cité d'Uvira, ne disposent pas d'une réelle autonomie financière, parmi 03 soit 27,3% dépendent à plus de 90% des ressources publiques et donc d'une allocation de ressources provenant de la tutelle administrative ; 54,5% dépendent de leurs sièges à Bukavu. Cette contrainte les a rendus fortement tributaires des décisions politiques, notamment en ce qui concerne l'accueil de nouveaux étudiants, le recrutement de nouveaux enseignants, les budgets de fonctionnement et d'investissement. Les marges de manoeuvre se sont donc avérées étroites pour les établissements qui bien qu'autonomes en théorie, n'ont pu définir leur politique de développement que dans les limites des moyens accordés par l'Etat.

- Une demande éducative au Supérieur qui s'accroit chaque année.

Comme vue au tableau n°05, chaque année, les effectifs des étudiants ne font que s'accroître dus à l'insuffisance des écoles techniques et professionnels au secondaire et la refuge pour nouveaux diplômés du secondaire qui n'ont pas d'occupation (travail) mais aussi la recherche de promotion des emplois pour les travailleurs. La structure des inscriptions de ces étudiants dans les universités et instituts montre un décalage par rapport aux compétences les plus demandées dans ce qui subsiste du marché du travail.

- Un marché d'emploi dominé par l'informel.

Le marché de l'emploi n'a pas cessé de s'atrophier tout au long des crises vécues par le pays et des dégradations subséquentes du capital fixe. a contribué à l'accroissement du secteur informel de.

La régression des emplois dans le secteur structuré et la crise multiforme qu'a connue le pays pendant plus de trois décennies sont allées de pair avec une expansion conséquente du secteur informel de l'économie qui est devenu le secteur dominant dans lequel la population active développe toutes sortes de stratégies de survie. A cela, les facultés/ les départements dans les universités doivent tenir compte de l'environnement physique et du type d'homme à produire (former), c'est-à-dire organiser les facultés selon les besoins et les attentes de la population.

- Interface pauvre entre l'appareil productif et le système de formation.

La principale relation identifiée entre les deux entités consiste en l'accueil parcimonieux d'étudiants stagiaires dans certaines entreprises, sans que cela s'accompagne toujours d'un projet d'encadrement de ces jeunes au niveau des sites de stage. En fait, il s'agit souvent de positions formelles qui ne permettent pas de donner des contenus pratiques à une formation intra muros encore substantiellement théorique et coupée des réalités. Les professionnels de l'entreprise indiquent volontiers n'être pas associés à la vie des institutions universitaires.

- Non structuration de la Recherche Scientifique Universitaire

Les fonctions de recherche et de production scientifique sont fortement inhibées dans le secteur du fait d'une part de carence d'équipements adéquats, de manque de motivation des chercheurs et d'autre part de rupture de lien entre les universités et les institutions chargées de piloter et de réaliser la recherche. En 90,1%, les cours sont dispensés dans les après midi souvent de 16 à 18h.

- La concurrence dans la recherche des étudiants.

Par la survie des institutions à Uvira, l'on constate que l'étudiant devient un produit rare. C'est ainsi que par ici, par là, on a multiplié les stratégies managériales pour s'en procurer tant tôt en ne pas tenir rigueur sur les conditions d'admission soit en atténuant les méfaits ou interdisant la pratique d'initiative académique appelée dans le langage académique « la bleusaille ». L'étudiant est considéré come une marchandise.

Cela fait que les conditions d'admission ne soient respectés et qu'au lieu de chasser `étudiants, on préfère chasser l'enseignant car en chassant l'étudiant, on n'a pas l'assurance et la certitude d'avoir un autre, mais en chassant l'enseignant, on aura d'autre car ils ont un principe selon lequel « plus on a un effectif élevé, plus on a gagne une prime constante ».

- Réduction des effectifs dans certaines facultés.

Certaines facultés ou départements/ section ou option ont un effectif réduit des étudiants, c'est le cas par de la faculté de bâtiment, la faculté de médecine. Cette situation avait fait que le département des relations internationales puisse fermer par manque d'étudiants (il n'en avait que 05).

Cependant, malgré ces contraintes, il est à signaler que ces établissements ont quelques points forts, à savoir :

- Ces institutions supérieures et universitaires ont continué à fonctionner grâce au dévouement des enseignants et aux ressources financières payées par les parents comme frais ponctuelle ;

- La volonté des institutions de l'enseignement supérieur et universitaire de travailler ensemble et de se renforcer mutuellement pour résoudre les problèmes communs et sans tenir compte des « micro-idéologies »;

- La présence des professeurs attitrés et dévoués (72 au total) qui garantissent encore la confiance et qui peuvent encadrer le personnel scientifique (Assistants et Chefs de Travaux) ;

- La prédisposition des parents à soutenir le système d'enseignement supérieur malgré leur pauvreté ;

- La volonté commune de consentir des sacrifices pour faire venir des professeurs de l'étranger dans le but de maintenir la qualité, malgré le coût de l'opération;

- En réponse à la hausse de la demande sociale, il y a expansion et diversification des institutions et des filières de formation ;

- La volonté des institutions d'améliorer la qualité de la formation universitaire dans un contexte de turbulences et d'incertitudes ;

- Le poids du fonctionnement des institutions d'enseignement supérieur et Universitaire laissé aux seuls parents ;

* 44 EKWA M., «  L'Education chrétienne au service de la Nation Congolaise », in Revue du Clergé Africain , Kinshasa, 1967, pp.169-170.

* 45 Ensemble des signes du déficit ou d'absence de la culture de lecture chez une personne.

* 46 MOPONDI BENDEKO MBUMBU, Des objectifs de l'enseignement à la formation des enseignants en RDC, Kinshasa, sur www.KongoTimes.info.

* 47 MOPONDI BENDEKO MBUMBU, art. cit.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault