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La décroissance, panacée ou illusion face aux grands problèmes contemporains ?

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par Aymeric Guittet
Université Paris Sud-XI - Master 1 environnement, parcours économie 2012
  

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PARTIE I : Les failles de la croissance

Analyser les idées des auteurs et mouvements partisans de la décroissance, et tenter de comprendre pourquoi il est nécessaire de passer à une société de décroissance, n'est possible que si l'on envisage d'abord les difficultés engendrées par la croissance, ses failles.

Trois problèmes majeurs consécutifs à la croissance ressortent, sur une échelle qui est aussi bien celle d'un pays que celle du monde.

1) La dégradation de l'environnement et des ressources naturelles

L'environnement est ici à prendre dans un sens large : l'ensemble des éléments naturels et artificiels qui constituent le cadre de vie des humains, animaux ou végétaux.

Nous pouvons immédiatement distinguer deux cas : les atteintes que le processus de production porte à l'homme et celles qu'il porte aux écosystèmes.

Les atteintes portées par le processus de production à l'homme

La croissance implique un prélèvement important sur les ressources naturelles. Quel que soit le secteur envisagé, il faut disposer de matières premières nécessaires au processus de production. Certains métaux rares, particulièrement utilisés dans les technologies informatiques, peuvent venir à manquer si des moyens de recyclage ne sont pas mis en place5; le sous-secteur des transports a le besoin vital des différents carburant issus du pétrole.

Ce type de prélèvement sur les ressources naturelles n'affecte que l'homme : il épuise les stocks et amène progressivement à une contraction de l'offre, voire même à une pénurie. Celle-ci est dommageable à l'homme en ce qu'elle engendre un surcoût, à la fois pour se procurer la même quantité de matière première et pour changer de technologie dans l'urgence. Le processus de production actuel, qui ponctionne toujours et de plus en plus les matières premières, n'apparaît ici pas tenable : les ressources naturelles n'étant pas infinies, il est donc impossible de continuer à produire de façon infinie dans un monde fini.

L'argument d'une économie d'énergies ou de ressources permise par l'utilisation d'une

5Mathieu HESTIN, conférence du 13 décembre 2012, Faculté Jean Monnet - Université Paris Sud-XI.

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nouvelle technologie reste à prouver, en raison de l'apparition de l'effet rebond6. L'idée que de nouvelles sources de matières premières sont régulièrement découvertes, remettant toujours à plus loin la question de l'épuisement des ressources, notamment en ce qui concerne les hydrocarbures, fait aussi surface. Il est certes vrai que les prédictions sur l'épuisement des ressources en pétrole se sont pour l'instant révélées inexactes. Mais il faut avant tout souligner que désormais, la quête d'hydrocarbures sera de plus en plus difficile : exploration de zones de plus en plus lointaines pour creuser de plus en plus profond, causer de plus en plus d'externalités avec un coût de plus en plus important. Retenons deux choses : le prix général d'un certain nombre de matières premières (pétrole, terres productives, métaux) augmente de façon constante, et particulièrement depuis les dix dernières années : à partir d'une base 100 en janvier 2003, ils ont atteint un sommet à l'été 2008 et se situent aujourd'hui autour de l'indice 200, soit le double7.Il semble donc qu'il y ait un pic dans l'utilisation de certaines ressources. De plus, arguer que pour la décennie actuelle et même la suivante, la question de l'insuffisance de matières premières ou d'énergie ne se posera pas, justement en raison de la découverte régulière de gisements ou de mines, témoigne d'une vision étroite car de court terme : il est absolument certain qu'arrivera le moment où ces ressources arriveront à leur terme, dans cinquante, cent ou deux cents ans. Bouleverser brusquement les modes de vie et de production sera alors inévitable, et l'économie internationale entrera dans une crise profonde et subie.

Le processus de production doit être également envisagé sous l'angle des externalités négatives qu'il entraîne. Les nuisances8 ainsi créées sont appelées à augmenter avec la poursuite de la croissance. Elles peuvent affecter la santé (pollution de l'eau et de l'air, du fait des rejets industriels et agricoles) mais également le cadre de vie, et d'une manière générale le bien-être (pollution visuelle et sonore générée par les sous-secteurs aéronautiques et ferroviaires).

Les atteintes portées par le processus de production aux écosystèmes

La ponction de certaines ressources naturelles cause un dommage direct aux écosystèmes9. Lorsqu'une étendue est utilisée par l'homme pour les besoins de la production, cela entraîne un

6Voir à ce sujet la partie II.

7Données tirées de l'indice des prix des matières premières exprimé en dollars, sur le site de l'hebdomadaire The Economist, http://www.economist.com/markets-data

8« Les nuisances (sonores, olfactives, visuelles) sont liées à la vie urbaine ou à l'industrie et désignent les effets négatifs de leur déroulement sur la santé, le bien-être, l'environnement », CHAMBAULT (J.F.), « Droit de l'environnement », Cours de Master Environnement, Université Paris Sud-XI, année universitaire 2012-2013.

9« Ensemble interactif d'une communauté d'organismes vivants et de l'environnement physique et chimique dans lequel ils évoluent », CHAMBAULT (J.F.), op.cit.

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stress ou une destruction de l'habitat naturel pour plusieurs espèces, et menace donc leur survie. Le processus agricole exige par exemple un prélèvement important sur les ressources en eau, en plus des vastes étendues de terres qu'il mobilise déjà, et cela peut limiter l'aire de répartition d'une espèce marine10 ; les constructions de bâtiments ou d'infrastructures routières ont des impacts parfois décisifs sur les chances de survie de certains animaux, en restreignant leur accès à la nourriture ou aux lieux de reproduction. Les externalités négatives mentionnées précédemment affectent également grandement la biodiversité, en particulier les pollutions à grande échelle de l'air et des eaux.

Réduire les atteintes directes et indirectes causées par le mode actuel de croissance économique est justifié par des raisons éthiques et esthétiques. Éthiques, car des formes de vie sont susceptibles d'être éliminées au profit de l'homme, or, bien que cette idée tende à devenir un poncif, l'homme n'est pas propriétaire de la nature et n'a donc pas le droit de la détruire. Esthétiques, car la contemplation de la diversité du vivant et de la beauté des richesses naturelles sont des facteurs important de bien-être pour l'homme et témoignent d'un rapport harmonieux avec son environnement.

60% des services écosystémiques ont été dégradés ou surexploités depuis le milieu du XXe siècle, et 80 % de la perte de biodiversité affecte directement la subsistance et la vie quotidienne des 3,2 milliards d'êtres humains vivant avec moins de 2 dollars par jour11. Cette dégradation a correspondu à une multiplication de la taille de l'économie par cinq.

L'augmentation incessante du PIB d'une année sur l'autre induit ainsi des dommages collatéraux considérables que les outils actuels (réglementations, taxes, marché de permis d'émission...) semblent inaptes à freiner, peut-être parce qu'ils n'en prennent pas suffisamment la mesure. La croissance a des effets pervers considérables dont le principal est le réchauffement climatique provoqué par le rejet de gaz à effet de serre (GES), qui touchera aussi bien la biodiversité (perturbation des cycles de reproduction, inadaptation à de nouvelles températures, espèces invasives) que l'homme (canicules fréquentes, remontée des virus par le Nord,...)12. Si l'économie mondiale continue de grandir de la même manière, elle atteindra 80 fois la taille de 1950 en 2100, avec des conséquences environnementales immenses.

10 Par le biais de l'assèchement d'un cours d'eau par exemple.

11« Protéger la biodiversité », document de la Direction générale de la mondialisation, du développement et des partenariats, Ministère des Affaires Etrangères et Européennes, 2010.

12GIRONDOT (M.), « Ecologie et écosystèmes », cours de Master Environnement, Université Paris Sud-XI, année universitaire 2012-2013.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon