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La décroissance, panacée ou illusion face aux grands problèmes contemporains ?

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par Aymeric Guittet
Université Paris Sud-XI - Master 1 environnement, parcours économie 2012
  

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2) La création et la subsistance d'inégalités économiques et sociales

La croissance du PIB permet la création d'un surplus, qui s'il est bien utilisé, permettra l'accumulation de capital et le développement économique.

Pourtant, ce mode de développement, s'il a indéniablement permis d'augmenter le niveau de vie général d'un certain nombre de pays, laisse une part de laissés-pour-compte inacceptable.

Les écarts de richesse entre pays

La croissance, et plus généralement le modèle économique qui la sous-tend, n'a délivré ses avantages qu'inégalement.

Ainsi, l'augmentation de la production d'une année sur l'autre repose sur des investissements conditionnés par des flux de capitaux. À partir du début des années 1970, les pays en développement (PED) ont emprunté massivement sous forme d'eurocrédits en dollars, bénéficiant de taux d'intérêt peu élevés et d'un prix de vente des matières premières important. De l'augmentation du premier et de la baisse du second naîtra la crise de la dette qui frappa plusieurs PED à partir de 1982. Ceux-ci ont été contraints, pour bénéficier des aides financières du Fonds Monétaire International (FMI), de mettre en place des politiques d'ajustement structurelles (PAS), dont les conséquences sociales et économiques ont été désastreuses (baise du revenu moyen par habitant, investissements dans les structures de base limitée...)13 . Ces politiques ont fortement grevé le développement économique et social de ces pays et renforcé l'écart avec les pays développés. Aujourd'hui, d'aucuns PED subissent toujours les conséquences des PAS, mais plus encore, beaucoup semblent se trouver dans une situation d'endettement similaire : malgré les prêts accordés à des taux d'intérêt inférieurs à ceux du marché, ceux-ci pâtissent énormément du remboursement de leur dette : trente-huit pays en développement ont un ratio dette sur Produit National Brut supérieur à 80%14.

Entre 1970 et 2007, la dette extérieure des PED a été multipliée par 48 ; entretemps, ils ont remboursé l'équivalent de 102 fois ce qu'ils devaient en 197015. Le mode de croissance de ces pays, reposant sur de nombreux emprunts, les a desservis et a accentué les écarts avec les pays

13AZOULAY (G.), Les théories du développement, Presses universitaires de Rennes, 2002, 332 p.

14MOISSERON (J.-Y.), COTTENET (H.), « Les pays pauvres très endettés : spécificité et traitements traditionnel de leur dette », in MOISSERON (J-Y) et RAFINOT (M.), Dette et pauvreté, Paris, Economica, 2001.

15MILLET (D.), TOUSSAINT (E.), 60 questions, 60 réponses sur la dette, le FMI, la Banque mondiale, Edition Syllepses, Paris, 2008, p.182.

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développés.

Le commerce international est également largement défavorable aux pays en développement. Si les politiques d'ouverture ne sont pas contraintes par le remboursement de la dette, elles le sont par l'assujettissement aux règles de l'organisation mondiale du commerce (OMC). Cette ouverture les contraint à l'ultra-spécialisation dans les matières premières, et soumet leurs revenus au cours de celles-ci. En cas d'effondrement, il y a des graves répercussions, notamment sur le plan alimentaire. De plus, elle exclut beaucoup de PED de la production nationale de produits manufacturés, les condamnant à importer à des prix souvent coûteux. S'il y a une croissance, elle ne favorise qu'une infime partie de la population : le commerce international échoue à créer une croissance dont les effets ruisselleraient sur l'ensemble des couches sociales.

1/5e de la population mondiale gagne à peine 2% des revenus mondiaux, quand le quintile le plus riche en possède 74%. Ces disparités soulignent peut-être que, loin d'élever le niveau de vie de ceux qui en ont le plus besoin, la croissance a délaissé une grande partie de la population mondiale au cours de ces 40 dernières années.

Les écarts de richesse au sein des pays

Dans les pays développés, il y a une quantité importante de personnes « hors-jeu », c'est-à-dire qui ne bénéficient pas des apports de la croissance. Celles-ci vivent sous le seuil de pauvreté. En France, elles sont en 2010 de plus de 8 millions16. Les États-Unis, pays le plus riche du monde, sont parmi les derniers pays développés en matière de redistribution des richesses, selon le classement de l'indice de pauvreté humaine 2 (IPH-2) effectué en 2009, avec par exemple une protection sociale qui ne couvre que 85% de la population 17 . Ces laissés-pour-compte sont facilement oubliés, mais ils sont pourtant des victimes collatérales de la croissance.

Dans beaucoup de pays en développement, la répartition des revenus est également très problématique : une petite minorité possède un revenu considérable en s'accaparant les aides internationales et les liquidités tirées de l'exploitation des ressources naturelles, alors que l'immense majorité vit dans la pauvreté. Au Kazakhstan par exemple, le sous-sol possède des richesses colossales en termes d'hydrocarbures et de métaux non-ferreux, mais 40% des foyers ne gagnent pas plus de 400 dollars par mois, quand le clan du président de la république possède des

16INSEE, http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=natccf04405 17KASPI (A.), Les Etats-Unis d'aujourd'hui, Plon, Paris, p.183.

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milliards de dollars d'avoirs à l'étranger18. Les taux de croissance à deux chiffres observés dans nombre de ces pays, et qui promettent beaucoup selon certains observateurs19, ne sont peut-être

alors que de la poudre aux yeux : la croissance ne semble pas permettre le développement, le freine même peut-être.

Tim Jackson20 résume bien le défi devant lequel se trouve le monde aujourd'hui :

« Dans un monde caractérisé par des îlots de richesse, perdus au milieu d'océans de pauvreté, est-il légitime que l'augmentation permanente des revenus des déjà-riches constitue le centre de gravité de nos espoirs et de nos attentes ? Existe - il une autre voie conduisant vers une forme de prospérité plus durable, plus équitable ? ».

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus