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Les mécanismes offshores: entre optimisation et évasion fiscale

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par Nabil GRID
Université de Nice Sophia-Antipolis - Master 1 Droit Public parcours Fiscalité 2013
  

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Section 1 : La vision statique des régimes fiscaux privilégiés :

Un pays peut apparaître comme disposant d'une fiscalité « lourde » pour le contribuable (taux d'impositions élevés, multiples impositions, taxes et prélèvement) alors que d'autres apparaissent comme des « paradis fiscaux ». Concernant ces paradis fiscaux, le doute n'est pas permis car un Etat où les prélèvements étatiques sur les bénéfices ou les revenus sont quasi nuls est bel et bien « un eldorado fiscal » comparé à un Etat disposant d'une véritable législation fiscale aussi minime qu'elle soit. Il découle de ce principes une divergence de point de vue sur ces législations fiscales qu'il nous incombe d'éclairer.

Analysons l'exception à cette vision statique pour ensuite mieux apprécier les mécanismes fiscaux offshores courant.

Paragraphe 1 : L'idée à contre-courant d'une fiscalité française privilégiée.

Le développement de la fiscalité en France n'a cessé de croître depuis le Moyen-âge, notamment par les pouvoirs accrus dont dispose l'Administration fiscale.L'imposition en France fait partie intégrante de l'histoire du pays, la fiscalité a toujours été une source de richesse pour ce pays. Cette tendance s'est accompagnée d'une évolution de l'assiette et des taux au fil de l'Histoire à tel point que les médias en sont venus à parler de « matraquage fiscal », mais pour d'autre la France reste un Etat disposant d'une législation fiscale certes complexe mais qui offre aussi des possibilités d'optimisation fiscale.

Il découle de cette idée que le recours aux législations offshores pourrait se faire en sens inverse et notamment pour les groupes, cette vision est étayée par les différentes dispositions fiscales présentées.

A. Principes généraux avantageux :

1. Le principe de la territorialité :

Le principe de territorialité s'applique sur le calcul de l'assiette de l'impôt sur les sociétés. La taxation en France se fait : « en tenant compte uniquement des bénéfices réalisés dans les entreprises exploitées en France ainsi que de ceux dont l'imposition est attribuée à la France par une convention internationale relative aux doubles impositions », ce qui fait de la France une localisation judicieuse pour une société intermédiaire dans bon nombre de schéma. On peut donc parler de circonscription de l'assiette de l'impôt sur les sociétés limitée aux bénéfices généré sur le territoire.

2. Le principe de double imputation du crédit d'impôt :

C'est l'une des dispositions fiscales françaises qui distingue la France des autres systèmes fiscaux, en ce que France dispose avec le principe de double imputation du crédit d'impôt sur les participations investies hors de France d'un outil unique dans le monde fiscal.

Par ce principe, les retenues à la source payées à l'étranger sur les dividendes reçus sont non seulement imputables sur un précompte éventuellement en France, mais aussi sur la retenue à la source qui peut être perçue en France sur les dividendes payés par une société intermédiaire française à une société étrangère.

Cette particularité fait de la France, là aussi, un Etat stratégique dans les mécanismes fiscaux internationaux faisant intervenir plusieurs sociétés résidentes dans différents Etat.

La France dispose de principes généraux avantageux mais aussi de régimes fiscaux privilégiés qui font d'elle un territoire d'implantation judicieux pour les grands groupes notamment.

B. Régimes fiscaux fiscalement privilégiés :

1. Le régime de l'intégration fiscale :

Le régime d'intégration fiscale permet à une société française détenant au moins 95% d'une autre société française de consolider ses résultats ceux de sa filiale1.

Ce régime2 permettait il y a peu encore d'acquérir une société française à peu de frais. L'acheteur acquérait la société par l'intermédiaire d'une société holding qui avait recours à l'emprunt pour financer l'acquisition.

1 :BOI-IS-GPE-20-20-80-20-20130329

2 : Cour de Monsieur Laroche/Semestre 1/Master 1 Droit Public parcourt Fiscalité

Exemple d'un montage financier utilisant le régime français de l'intégration fiscale :

CHARGES DEDUCTIBLES ET PRODUITS IMPOSABLES POUR LA FILIALE INTEGREE

CHARGES DEDUCTIBLES ET PRODUITS IMPOSABLES POUR LA SOCIETE MERE :

Les charges déductibles pour la filiale intégrée correspondent aux intérêts d'emprunt : 20

Les charges déductibles pour la société-mère sont : 50

Les produits imposables pour la filiale intégrée sont nuls et donc égale à 0

Les produits imposables de la société-mère s'élèvent à 100

Le déficit fiscal pour la filiale intégrée est de -20

Le bénéfice fiscal pour la société-mère est de 50

Dans cet exemple le bénéfice consolidé est de 30 et l'économie d'impôt est la suivante :

20 x 0.34 = 6.8

La consolidation des résultats négatifs de la holding avec ceux de la société-mère générait ainsi une économie d'impôt qui venait financer tout ou partie des intérêts dus au prêteur.

L'amendement Charasse est venu mettre un terme à cette possibilité en interdisant la déduction des intérêts d'emprunts.La sanction de l'amendement Charasse est la réintégration fiscale pendant quinze ans des charges financières présumées liées à l'acquisition et évaluées de manière forfaitaire.

Ainsi, lorsqu'un actionnaire cède sa participation au capital d'une entreprise à une holding dont il détient le contrôle, il tombe dans le champ d'application de l'amendement Charasse.

2. Le régime des sociétés mères et filiales1

Le régime Mère / Fille a pour objectif d'exonérer chez la mère les dividendes reçus de ses filiales. En effet, ce procédé est destiné à éviter une double imposition des bénéfices de la filiale à la fois à l'impôt sur le revenu au moment de la déclaration des résultats et à la fois au moment de la distribution des dividendes au profit de la mère.

Afin de pouvoir bénéficier de ce régime, les sociétés doivent être imposables à l'impôt sur les sociétés au taux normal sur tout ou partie de leur activité.

1 :Cour de Monsieur Laroche/Semestre 1/Master 1 Droit Public parcourt Fiscalité /Mémento Droit Fiscal Francis Lefebvre Ed 2014

De plus, la société mère doit détenir des titres de participation correspondant à au moins 5% du capital de la filiale. La société mère doit avoir détenu 5% depuis au moins 2 ans.

Si les conditions sont remplies, les dividendes reçus ne subissent pas d'impôt sur les sociétés en France. Par contre, en cas de redistribution, ces sommes reçues en franchise d'impôt sont soumises au précompte. Ce régime appliqué notamment aux holdings est si avantageux que la France, bien que ne disposant pas à proprement parler de régime holding spécifique, concurrence sérieusement les pays ayant adopté un régime spécifique en la matière.

3. Le régime des quartiers généraux

Ce régime offre un régime de faveur aux grands groupes internationaux, la France attire par ce régime spécifique de grandes sociétés.

L'administration et la doctrine fiscale française définissent les quartiers généraux comme les installations fixes qui effectuent, au seul bénéfice de leur groupe, des prestations fonctionnelles, telles que des prestations de directions, de gestion, de coordination de contrôle, dans un secteur géographique déterminé.

Exemple d'un montage financier utilisant le régime des quartiers généraux1 :

DANS LE CADRE DU REGIME NORMAL :

DANS LE CADRE DU QUARTIER GENERAL :

Charges : 80 000

Charges : 80 000

Management fees (honoraires de comptabilité): 100 000

Management fees : 100 000

Bénéfice fiscal : 20 000

Impôt à 34% : 6 800

Base imposable :

80 000 x 10 % = 8 000

Impôt à 34 % : 2720

Economie d'impôt : 6 800-2720= 4080

Le bénéfice imposable est déterminé de manière forfaitaire, selon le montant des dépenses du quartier général, comme un pourcentage de ces dépenses (en général il représente entre 8 à 12% des dépenses totales du quartier général).

Une fois que l'impôt sur les sociétés est payé sur l'assiette ainsi déterminée, la société est relevée de tout impôt sur les bénéfices.

Les régimes incitatifs temporaires, constituent aussi un moyen d'attirer l'installation des sociétés sur le territoire français en ce qu'ils vont prendre en considération l'activité et le statut de la société qui vient s'installer en France.

C. Les régimes incitatifs temporaires :

1. Le régime des sociétés installées dans les zones d'entreprises :

Il est ici question des entreprises nouvelles qui peuvent bénéficier d'une exonération d'impôt sur les bénéfices en cas d'implantation avant le 31 décembre 2014 dans des zones d'aide à finalité régionale (AFR). Jusqu'en 2010, ce dispositif concernait également les entreprises nouvelles dans des zones de revitalisation rurale (ZRR) et dans des zones de redynamisation urbaine (ZRU).

La loi de finances pour 2011 a créé un dispositif d'exonération d'impôt sur les bénéfices propre aux entreprises créées ou reprises entre le 1er janvier 2011 et le 31 décembre 2013 dans les ZRR. Les entreprises qui se créent en ZRU à compter du 1er janvier 2011, ne peuvent plus en revanche bénéficier de ce dispositif d'exonération fiscale.

Ce régime constitue une caractéristique pouvant inciter les entreprises étrangère à venir s'installer dans les zones d'entreprises.

2. Les régimes fiscaux des Départements et Territoires d'Outre-Mer :

Un certain nombre d'avantages sont accordés aux sociétés installées dans les DOM (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Réunion) et dans les TOM (Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, les îles Wallis et Futuna).

Ces DOM / TOM peuvent constituer une législation fiscale offshore française visant à favoriser les entreprise étrangères à s'installer dans ces territoires.

Les investissements outre-mer bénéficient notamment d'un régime particulièrement favorable. En effet, lorsque les entreprises dont le siège sociale est situé dans une des localisations citées ci-dessus investissent dans des acquisitions ou dans des créations de biens neufs amortissables jusqu'au 31 décembre 2001, elles peuvent déduire la valeur de ces immobilisation de leur bénéfice imposable.

Pour ce faire, les entreprises doivent remplir certaines conditions:

- déployer une activité dans le secteur de l'hôtellerie, de l'industrie, de la pêche du tourisme, des énergies nouvelles, de l'agriculture, du bâtiment, et des travaux publics et des transports.

-être soumises à l'impôt sur les sociétés ou à l'impôt sur le revenu, selon le régime du bénéfice réel.

Les biens acquis sont eux-mêmes soumis à certaines exigences : ils doivent avoir été acquis à l'état neuf et le bien doit être utilisé par son propriétaire à moins qu'il n'ait pas été acquis en crédit-bail, auquel cas l'utilisateur pourra bénéficier de la déduction.

La vision que le contribuable se fait de la fiscalité d'un pays peut être faussée par l'opinion publique, car comme nous l'avons vu ci-dessus l'étude minutieuse d'un pays pourtant réputé pour avoir un système fiscal discriminant par la hauteur des prélèvements, s'avère être un choix stratégique pour le groupes, dès lors, pour un groupe étranger la France aurait le qualificatif de pays à fiscalité privilégiée. Cette vision à contre-courant des mécanismes fiscaux offshores sort de ce qui est courant d'observer.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci