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Les mécanismes offshores: entre optimisation et évasion fiscale

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par Nabil GRID
Université de Nice Sophia-Antipolis - Master 1 Droit Public parcours Fiscalité 2013
  

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Section 2 : La portée de la problématique des législations fiscales offshore :

Etablir une stratégie fiscale pour son entreprise ou afin d'optimiser ses revenus est une liberté dont chacun dispose de manière discrétionnaire, mais lorsque cette liberté empiète sur le pouvoir régalien de l'Etat de lever l'impôt des difficultés apparaissent et des mesures sont prises afin de limiter l'impact ces agissements.

Paragraphe 1 : La problématique actuelle posée par les montages offshores:

La diversité des régimes fiscaux internationaux permet aux sociétés qui ont une vocation multinationale de créer des stratégies fiscales fondées sur des mécanismes offshores très pointus allant de l'interposition de sociétés à la localisation des bénéfices dans plusieurs pays comme « GOOGLE ». Ces schémas complexes peuvent entrainer des problèmes en terme de concurrence fiscale déloyale que le Conseil des impôts a du résoudre.

A. Les mécanismes offshores des sociétés multinationales

Les sociétés offshores sont de diverses natures, elles concernent les holdings, les trusts, allant même jusqu'aux travailleurs indépendants qui ont une activité dans un certain Etat et délocalisent leurs revenus dans d'autres.

Notre analyse s'arrêtera aux sociétés qui fondent l'économie numériques où le recours aux mécanismes offshores est très courantes, pouvant certaines fois franchir la frontière que nous essayons de dépeindre dans le cadre de cette recherche.

L'économie numérique contributive appelle à un « New deal », c'est-à-dire un interventionnisme fiscal visant à redynamiser certains grands Etats européens meurtris par des pratiques d'optimisation fiscale menées notamment par certaines multinationales du numérique.

Les chiffres de la banque JP Morgan , dans un rapport de 2012, nous montrent que les multinationales, dans leur ensemble, enregistrent un taux effectif d'imposition de leurs bénéfices de 22,4 % sur dix ans en moyenne. Alors que dans le cadre national ce chiffre est de 36,3%.

Parmi ces multinationales, les GAFA ont enregistré en France, sur l'année 2012, un chiffre d'affaires de l'ordre de 5 milliards d'euros, susceptible d'avoisiner 9 milliards d'euros d'ici deux ans. Google s'est acquitté de 5 millions d'euros d'impôts en France en 2011 pour un chiffre d'affaires compris entre 1,25 et 1,4 milliard d'euros. Google ne paye en moyenne que 3,2 % d'impôt sur les sociétés sur ses profits mondiaux hors Etats-Unis (le taux de l'impôt sur les sociétés en Europe oscillant entre 26 % et 34 %).

Ces statistiques fiscales nous montrent la problématique qui découle du recours aux mécanismes offshores par ces grands groupes :

Ces chiffres sont à eux-mêmes suffisant pour dépeindre la problématique posée par les mécanismes offshores. En effet, diverses expressions sont utilisées pour décrire la masse fiscale qui incombent aux entrepreneurs français nous retenons celle de «matraquage fiscal » pour comprendre que si aujourd'hui le recours aux législations offshore est tant effectué c'est à cause de cette disparité mise en évidence par les chiffres ci-dessus : un taux effectif d'imposition des bénéfices de 22,4% pour une multinational contre un taux effectif de 36,2%, soit une différence de près de 13.8%, ce qui ne laisse pas place aux doutes quant aux beaux jours que possèdent les législations offshores devant elles.

Cela témoigne donc bel et bien de la fuite des capitaux vers les paradis fiscaux par la logiques est absurde : ces grandes multinationales devraient rapporter une masse de recette fiscale plus que considérable aux Etats, or c'est le contraire, Google par exemple paye moins d'impôt qu'une société lambda.

Le mécanisme offshore de Google est le suivant : les droits d'exploitation des actifs incorporels en dehors des Etats-Unis ont été cédés, par la société-mère américaine, à un sous-holding régional irlandais.

L'Internal Revenue Service (« IRS ») américain a en effet conclu un accord préalable sur les prix de transfert avec Google, sur les droits qui sont concédés à la holding irlandaise ainsi que d'autres éléments de propriété intellectuelle sachant que le holding régional irlandais est propriétaire de la marque en Europe (société hybride profitant d'une double identité fiscale).

Ce holding irlandais détient lui-même une filiale irlandaise de 2 000 salariés qui enregistre un fort chiffre d'affaire, le doute s'installe lorsque l'on se fie à la déclaration de cette filiale irlandaise. Nous sommes surpris, mais pas dupe notamment lorsque l'on comprend que les revenus de cette filiales irlandaise transitent par l'établissement stable bermudien de la société mère.

L'imposition des revenus de la filiale irlandaise sont « annulés » en ce sens que l'imposition est éludée par le versement de la filiale à l'établissement stable bermudien d'une redevance de propriété intellectuelle, au motif que seraient exercées, aux Bermudes, les fonctions entrepreneuriales du holding irlandais (technique du « double irlandais »)1.

Cette redevance transite par une filiale néerlandaise (société gérant les droits de la marque en Europe) qui la reverse à l'établissement stable bermudien du holding irlandais. Cette technique du « sandwich néerlandais » permet de bénéficier de l'absence de retenue à la source aux termes de la convention fiscale conclue entre l'Irlande et les Pays-Bas, y compris lorsque l'Etat d'établissement de la contrepartie est un paradis fiscal.

Le « double irlandais et sandwich néerlandais » permet ainsi de thésauriser des bénéfices non imposés dans un paradis fiscal (les Bermudes au cas présent) pouvant être utilisés en tout ou partie dans des opérations d'investissement ou de croissance externe (en dehors des Etats-Unis, sauf période de « taxholiday » permettant un rapatriement aux Etats-Unis dans des conditions fiscales favorables)2.

1: Le Nouvel Economiste.fr, 7 février 2013, « La fiscalité des géants du net en question », Jean-Michel Lamy.

2:Le Figaro, 13 février 2013, « Google, Amazon, Apple : le rapport qui accuse », Alexandrine Bouilhet.

Le dispositif usé par Google afin d'éluder l'impôt pose le problème de l'usage des mécanismes offshore dans le cadre de la fiscalité numérique.

En effet comme le fait remarque l'avocat Arthur Gobel, il y a un besoin urgent d'une fiscalité adaptée à l'économie numérique permettant de rétablir un pouvoir d'imposer en rapport avec l'activité réelle.

L'OCDE ait venu donner son avis sur la question et notamment a considéré qu'un serveur internet pouvait constituer un établissement stable, en effet, pour qu'un serveur soit qualifié d'établissement stable, il devra respecter les conditions inhérentes aux établissements stables : il faut tout d'abord que les critères de fixité et de permanence soient remplis, que ce serveur soit effectivement exploité par l'entreprise étrangère exerçant son activité via le site Internet hébergé. Le serveur doit donc être à la disposition de l'entreprise, ce qui sera le cas si elle possède ou si elle loue et exploite le serveur d'hébergement du site Internet.

Pour que cet établissement stable existe, les opérations effectuées par l'entreprise par l'intermédiaire du serveur exploité devront, en outre, échapper à la qualification d'« activité de caractère préparatoire ou auxiliaire », le paragraphe 42.7 des Commentaires sur l'article 5 de la Convention Modèle OCDE, nous fait savoir que des fonctions consistant à faire la publicité de biens ou services, collecter des données sur le marché pour le compte de l'entreprise, fournir des informations sont considérés comme étant des activités de caractère préparatoires ou auxiliaires ».

Les journalistes1 ont très vite pointer du doigts le mécanisme offshore de Google à tel point que François Hollande reproche aux grandes entreprises multinationales comme Google ou Yahoo de créer des succursales à l'étranger comme et notamment en France sans y établir de locaux, ce type d'activité sur le sol français est fiscalement préjudiciable à l'Etat français car aucuns bénéfices n'est déclaré en France.

Les médias reprochent à François Hollande de vouloir proposer la solution suivante : une homogénéisation des législations fiscale à l'échelle de l'Union européenne, en ce que cette solution est irréaliste car aucuns Etat membre de l'Union européenne acceptera de relever ses taux d'IS pour « faire plaisir » à la France.

En effet, si le Luxembourg possède un taux d'IS plus faible que la France c'est un moyen pour ce pays d'assurer l'attractivité de son Economie puisque cela va attirer les investisseurs et notamment inciter les grandes entreprises à s'installer sur son sol.

Il advient que la seule solution possible selon le journaliste serait de « mieux traiter » les entreprises qui sont déjà installées sur le sol français car plus une entreprise fera des bénéfices, plus le montant d'IS à payer sera important et plus l'économie française sera prospère.

1 : Reportage I télé du 07/02/2014

Les mécanismes fiscaux offshores à l'échelle internationale comme c'est le cas pour Google, entraine certes, comme nous l'avons vu le problème de l'évasion fiscale mais pas seulement, la concurrence fiscale déloyale est un terrain que peuvent user les Etats lésés par certaines législations fiscale offshores.

B. L'avis du Conseil des impôts sur la concurrence fiscale et l'entreprise :

Il convient avant toute chose de définir ce que l'on entend par « concurrence fiscale », ce terme désigne le fait que deux régimes fiscaux présentent des taux d'impositions plus ou moins élevés, cette différence pouvant engendrer des pertes dans les recettes fiscales des Etats.

Selon le Conseil des Impôts, la« concurrence fiscale désigne à la fois, de manière statique, la situation dans laquelle certains acteurs mettent en compétition les systèmes fiscaux de différents États et, de manière dynamique, les réactions des États pour améliorer leur position dans cette compétition».

La concurrence fiscale concerne les taux mais, dans le cas extrême elle peut aussi être caractérisée par une absence totale d'imposition dans un pays.

Cette concurrence peut apparaître comme un handicap pour les entreprises actives en France car une entreprise ayant la même activité qu'une autre peut dégager beaucoup plus de bénéfices si elle use de mécanismes fiscaux offshore que l'entreprise implantée en France qui n'en n'use pas.

Certes, la concurrence fiscale n'a pas conduit pour l'instant à une remise en question fondamentale et systématique du financement des Etats et de la répartition de la charge fiscale entre les contribuables. Mais la pression est d'ores et déjà sensible et ne peut que croître en l'absence de coordination.

La croissance de cette concurrence fiscale est avant tout le fait qu'elle ne concerne pas que les multinationales mais aussi les petites entreprises, au point que maintenant toutes les entreprises doivent traiter de la question fiscale et faire de cette problématique un moyen de dégager un maximum de bénéfices.

La concurrence fiscale horizontale concerne, la concurrence du fait des différents régimes fiscaux en vigueur dans les Etats membres, cela nous amène à remarquer que la France est très loin derrière d'autres Etats de l'Union européenne, sans parler des paradis fiscaux. Les taux d'impositions élevés et les assiettes fiscales étroites que cela soit en matière d'IS ou d'IR font de la France un Etat hors concurrence, et il est triste de le dire, un Etat que tout le monde fuit.

1:http://www.impots.gouv.fr

Si l'on effectue une comparaison1 terme à terme du système fiscal français d'imposition des entreprises avec les régimes étrangers, il apparaît que ses éléments favorables (assiette étroite de l'impôt sur les sociétés, régime de groupe) sont moins visibles que ses éléments défavorables (taux nominal élevé de l'impôt sur les sociétés, poids de la taxe professionnelle, imposition des plus-values de cession de titres, sans parler du poids des cotisations sociales). Les indicateurs de pression fiscale globale, bien que reposant sur des éléments fragiles, vont aussi dans le sens d'une imposition plus élevée en France que dans d'autres pays comparables, l'écart n'étant d'ailleurs pas assez réduit pour apparaître de manière incontestable.

Concernant la localisation des activités, certains considère que cela n'est pas le fait de la politique fiscale mais avant tout le fait de l'environnement dans lequel une entreprise désire s'installer (contexte politique, social et économique), mais il n'en reste pas moins que la politique fiscale d'un pays joue un rôle majeur et croissant.

Il faut tout de même nuancer notre propos en ce sens que la France ne dispose pas que de dispositifs fiscaux défavorables, en effet, s'agissant de l'imposition des particuliers, la taxation n'est véritablement plus lourde en France par rapport aux pays comparables que sur le patrimoine et les plus-values, non sur le revenu.

L'expatriation des revenus et des bénéfices n'est pas toujours choses aisée avec les nombreux dispositifs français qui visent dissuader l'exode fiscalau premier rang desquels on pourra citer le fait que les salaires et revenus assimilés de source française versés à des non-résidents supportent une retenue à la source, il en résulte que le français qui désire s'exiler en changeant de domicile fiscal et qui continue à avoir une activité en France sera soumis à ce prélèvement.

Ainsi, l'arsenal fiscal français est composé de dispositions qui rendent le parcours de l'évadé fiscal semé d'embuche, on peut y voir là un moyen pour la France de résoudre le problème relatif à sa faiblesse dans la batail fiscale avec les paradis fiscaux.

La concurrence fiscale est le phénomène inéluctable qui découle de la disparité des régimes fiscaux, la législation fiscale française se doit de pallier ce phénomène qui est de manière certaine en sa défaveur par le biais de mesures nationales et conventionnelles. Le but étant de ne pas voir en la fiscalité internationale un frein à la croissance économique, alors qu'elle est censée être primitivement, une source de richesse pour l'Etat.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand