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La vulnérabilité aux risques naturels en milieu urbain: cas de la ville de bamenda

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par Frédéric SAHA
Université de Yaoundé I - Master 2 2014
  

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X.3 les difficultés rencontrées

Il est convenable de présenter ici quelques écueils ayant constitué des obstacles à la bonne conduite de cette recherche. Pour ce qui est de la recherche documentaire, nous avons noté une insuffisance criarde d'écrits officiels sur l'historique des risques naturels dans la ville de Bamenda. Pendant l'enquête sur le terrain, nous avons fait face à l'immensité de la zone d'étude et à l'imprécision de nos interlocuteurs dans leurs réponses compte tenu de l'antériorité de certains évènements. En outre, certain enquêtés vivant en zone non aedificandi présentaient une certaine agression à notre égard compte tenu du sentiment de culpabilité qui les anime.

En ce qui concerne les données climatiques, nous n'avons pas pu avoir les pluviogrammes de quelques jours remarquables en termes de risque. Ces pluviogrammes auraient été très utiles dans le calcul des intensités pluviométriques afin de construire des hiétogrammes nécessaire à la caractérisation de l'évolution d'une averse. D'après Mme Pauline Angwi (chef du service régional de la météorologie), cette fonctionnalité du pluviomètre de la station de Bamenda est défectueuse depuis plusieurs décennies.

Dans la cartographie du risque il nous a été impossible d'acquérir une image satellite de haute résolution (SPOT par exemple) de la ville de Bamenda pour une meilleure appréciation de l'occupation de l'espace. La difficulté étant le coût largement au-dessus de nos moyens.

X. CONTEXTE SCIENTIFIQUE

La vulnérabilité aux risques naturels est l'un des nouveaux centres d'intérêt de la géographie. Plusieurs mémoires et thèses ont été soutenus sur ce thème à travers le monde ; notamment au Cameroun, en France, au Canada etc. En outre, des publications en termes d'ouvrages et d'articles scientifiques sont aussi disponibles. Toutefois l'étude de la vulnérabilité aux risques naturels en relation avec les changements climatiques débute avec la signature de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC). La recommandation faite aux Etats à l'occasion du deuxième sommet de la terre à Rio de Janeiro (1992) de faire des agendas 21 locaux pour le développement durable a été l'occasion d'intégrer l'impact de la variabilité climatique sur l'évaluation de leur exposition aux risques climatiques en particulier et les risques naturels en général.

D'emblée, l'étude des risques est très ancienne. Le caractère particulièrement meurtrier des catastrophes naturelles a toujours mobilisé l'attention de la communauté scientifique. En géographie, les spécialistes de la géographie physique ont étudié différents phénomènes. Au côté des géologues, les géomorphologues ont travaillé sur les éruptions volcaniques, les tremblements de terres, les mouvements de terrain etc. Les inondations ont été la préoccupation des hydrologues et autres spécialistes de l'aménagement du territoire. Ce qu'il faut souligner c'est que ces spécialistes étaient plus tournés sur l'étude des aléas et abordaient le risque dans une conception déterministe. La catastrophe est un phénomène inévitable parce que faisant partie du fonctionnement normal de la planète. Dans cette conception, le risque naturel était plus accepté et toléré. Entre 1600 et 1980 le monde connu environ 260 000 victimes d'éruption volcanique et 2 500 000 victimes de tremblement de terre19(*). C'est face à ces bilans que le besoin de prévision et de prévention s'est posé. Comment minimiser l'impact socio-économique et environnemental des catastrophes naturelles ? Les nouvelles études ne se limitent plus à l'explication de l'aléa ; l'enjeu exposé est aussi pris en compte. Frédéric Léone et al. (2005) invitent les géographes à ce qu'ils appellent un nouvel axe dans l'étude des risques naturels : l'examen de la vulnérabilité. Pour ces auteurs, les éléments comme l'acceptation, l'exposition et surtout la sensibilité sont très déterminants dans toute étude de risque. Il faut noter que l'appel de Léone et al. était pour un regain d'intérêt. D'Ercole et al (1994); dans un article publié dans la revue de géographie alpine, définissaient le concept de vulnérabilité dans les milieux urbains et relevaient la difficulté à faire une distinction entre la vulnérabilité aux phénomènes naturels et la vulnérabilité aux autres phénomènes sociaux typiquement urbains. Ces auteurs proposent une analyse systémique de la vulnérabilité englobant un aspect physique et un aspect social ; ainsi une analyse de la vulnérabilité intègre :

- Une démarche qualitative portant sur les facteurs de vulnérabilité. Ces différents facteurs sont : les facteurs géographiques, les facteurs structurels, les facteurs conjoncturels et les facteurs contingents.

- Une démarche quantitative qui met l'accent sur les éléments vulnérables ; à savoir les hommes et leurs biens.

En gros, ces auteurs proposent un ensemble d'outils méthodologiques visant l'analyse de la vulnérabilité dans les milieux urbains.

D'Ercole et al. (2009) complètent leurs écrits antérieurs sur la différence entre la vulnérabilité d'un individu et la vulnérabilité d'une société. La vulnérabilité d'une société renvoie à sa capacité de résister dans son ensemble à un aléa. L'exposition des infrastructures des services publics comme les marchés, les hôpitaux, les voies d'accès, les services de secours etc. met l'ensemble de la communauté en proie à cause du rôle et la nécessité de ces enjeux.

Abordant la question de la vulnérabilité dans le contexte des pays en voie de développement, beaucoup d'auteurs relèvent les faiblesses du système d'urbanisation. Lédoux (1995) soutien que le taux d'urbanisation dans les pays du sud est un bon révélateur de leur vulnérabilité dans la mesure où : « le processus d'urbanisation est lié à la fois à une migration des populations rurales et à une croissance démographique trop forte. Les populations s'installent en masse en ville, ne laissent pas le temps aux infrastructures de les accueillir. » Blaikie (1994) déjà relevait ce même constat en insistant sur le fait que la concentration spatiale est un facteur aggravant la vulnérabilité aussi bien que les dysfonctionnements à la fois techniques, sociaux démographiques et économiques qui sont les conséquences de la non planification institutionnelle.

Examinant ces questions dans le contexte camerounais, Tchotsoua et al. (1997) relèvent que la plupart des villes camerounaises connaissent une croissance densitaire et spéciale très accélérée. Ils constatent que la plupart de ces villes sont situées sur les sites à morphologie contrastée et remontent à l'époque précoloniale et coloniale. Elles furent créées sans prise en compte des conditions morpho climatiques voire géologiques à long terme. C'est ainsi qu'elles se sont étendues de façon spontanée sur les zones impropres à l'habitat comme les fortes pentes, les bas-fonds marécageux et les terrains à sous bassement instables. En outre, les auteurs relèvent que l'ambivalence du système foncier et la mauvaise gestion de l'espace bâti et à bâtir couplé à la croissance trop rapide de la population et aux conditions physiques aggravent une situation déjà critique. Dans ce contexte, les auteurs identifient quelques risques naturels qui affectent les milieux urbains au Cameroun. Notamment : Les glissements de terrain, Les éboulements, Les écroulements sur versants, Les inondations etc.

Comme une sorte d'étude de cas, Tchotsoua (2007) relève le cas de la ville de Yaoundé où environ 11 000 habitations seraient exposées aux risques naturels avec 380 ménages déjà sérieusement affectés par l'un ou l'autre des processus cités plus haut. Nassa Dadié (2010) expose aussi le cas de la ville de Cotonou au Benin. Ici, on observe les mêmes phénomènes aggravés par un facteur culturel qui est le désir de chaque habitant de disposer de sa propre concession nonobstant les conditions de pauvreté. Cette situation conduit aux travers de toutes sortes surtout qu'on note l'absence ou l'impuissance des services de planification urbaine.

Dans les villes des hautes terres de l'ouest du Cameroun, d'autres auteurs ont relevé de nombreux dysfonctionnements qui sont aujourd'hui à l'origine de nombreux phénomènes regrettables. Ayonghe et al. (1999) ont mené une étude des glissements de terrain et des chutes de pierres dans la région montagneuse de Rumpi dans le département du Ndian. Ils focalisent leurs attention sur une série de 57 glissements de terrain qui avaient eu lieu dans le village Bafaka et avaient laissé 03 personnes sans vie et détruits près de 3 ha de forêts et de plantations le 05 septembre 1995. Il faut remarquer que ces glissements de terrain faisaient suite à 03 jours de précipitations en continue.

Buh Wung G. (2009) propose une cartographie des zones à risques dans la ville de Limbé20(*). Son travail s'appuie sur les évènements de juin 2001 lorsque les inondations et les glissements de terrains avaient pris près de 30 vies et laissé 2000 personnes sans-abris avec un important impact sur les infrastructures urbaines. L'auteur démontre que 23% du territoire de la ville de Limbé est fortement exposé aux glissements de terrain et aux inondations. Et 44% ont une exposition moyenne. Au rang des causes de ces phénomènes l'auteur se base sur les travaux de Tchoua F. et al (2001) pour relever l'instabilité géologique de la zone. En effet, Limbé comme l'ensemble des villes des hautes le l'ouest du Cameroun est situé sur la ligne de faille du Cameroun qui reste active au plan sismique et volcanique.

Dans les hautes terres de Bamenda l'étude des risques a toujours été une importante préoccupation pour plusieurs auteurs. Acho-Chi (1989), Lambi C. (2004) et Ndenecho E. (2007) remarquent que les conditions climatiques favorables de la ville de Bamenda ont créé un ensemble de mouvements centrifuges des populations qui se sont entassées dans cette agglomération sans contrôle approprié. C'est ainsi qu'on a assisté à l'installation des populations sur des pentes abruptes et dans les bas-fonds inondables. Ceci a causé de manière inévitable des glissements de terrains, des inondations et des ravinements de plus en plus fréquents et violents. Dans la zone de Pinyin-Awing, Nkwemoh (1991) fait le même constat en remarquant que l'agriculture, l'élevage et la dégradation végétale sont à l'origine de la mise à nu des sols ; ce qui les expose à l'érosion et aux glissements de terrain. Nyambod E. dans un article plus récent publié en 2010 relève les conséquences environnementales de la rapide urbanisation de la ville de Bamenda. Il fait un inventaire des glissements de terrain et des inondations qui ont été vécus dans cette ville ces dernières années. Il ressort aussi par les enquêtes menées auprès des populations leurs perceptions des risques naturels auquel ils sont exposés. Enfin, il propose des méthodes spécifiques pour juguler les problèmes environnementaux dans la ville de Bamenda. Neba Che. (2011) dans une étude géomorphologique résume en deux les principaux facteurs à l'origine des inondations et des glissements de terrain dans la ville de Bamenda :

- Les facteurs naturels (climatiques et géomorphologiques) ;

- Les facteurs humains (urbanisation, activités agropastorales et exploitation forestière).

Cet auteur dans un bref aperçu à la fin de son mémoire, relève la mauvaise perception du risque par les populations de la ville de Bamenda. En effet, très attachées à leurs traditions, les populations attribuent les évènements malheureux auxquels ils font face à la colère des dieux de la ville qui seraient mécontents de la pression humaine aujourd'hui exercée sur cet espace.

Face à la violence des risques naturels et à la mise en péril de la vie humaine d'autres auteurs proposent certaines mesures déjà expérimentées avec un succès appréciable. D'Ercole (2009), face aux menaces qui pèsent sur la ville de Quito en Equateur relève :

- La limitation des espaces constructibles ;

- La réglementation de la construction ;

- La construction des murs de soutènement ;

- L'endiguement des eaux de ruissellement.

Dans le même ordre d'idées, Tchindjang M. (2010) propose pour le cas précis des mouvements de masses deux types de méthodes de protection :

- Une protection active ; elle vise à empêcher les blocs de se détacher. On peut procéder par clouage des parois, par l'ancrage ou par le confortement par massif bétonné.

- La protection passive ; elle consiste à interposer un écran entre l'enjeu et l'aléa.

La construction d'un merlon ou d'un filet pare blocs peuvent être salutaire.

Il faut aussi noter que les modifications climatiques ont contraint un certain nombre de communautés territoriales décentralisées à réévaluer leur exposition aux risques naturels. On a par exemple le cas de l'île de la Réunion. Dans un rapport publié par les services publics et à l'aide de la cartographie des différents aléas, ils relèvent l'extension des espaces exposés. Dans le même mode d'investigation, le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et le ministère français de l'Ecologie et du Développement Durable (MEDD) financent un Programme Interdisciplinaire de Recherche Ville et Environnement (PIRVE). Ce programme a pour thème général : « Vulnérabilité et résilience aux changements climatiques en milieu urbain : vers de nouvelles stratégies de développement urbain durable ? ». Sous la direction des enseignants-chercheurs de plusieurs universités Françaises (Rennes 2, Le Mans, Lille, Grenoble, etc.), de nombreuses thèses et mémoires ont déjà été soutenus. Au Cameroun, on a le cas d'un étudiant de l'Ecole Doctorale de l'Université de Douala ; Olinga-Olinga (2010) qui fait une évaluation de la vulnérabilité de la ville de Douala aux aléas d'ordre climatiques et géomorphologiques.

Notre étude se donne pour ambition de « compléter » cette littérature. Nous étudierons la vulnérabilité aux risques naturels en mettant un accent sur la variabilité climatique. Nous avons aussi l'ambition de ressortir pour les évaluer les mesures d'adaptations développées par les différents acteurs qui interagissent dans la ville de Bamenda.

* 19 Claude Allègre (2001) Histoire de terre. Paris Fayard 1047p

* 20Chef lieu du département de Fako dans la région du Sud-ouest Cameroun

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984