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Léon Harmel et l'usine chrétienne,ancêtre des comités d'entreprises

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par YVES LAURENT KOUAME
Université de Poitiers - MASTER II HISTOIRE DU DROIT 2016
  

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SECTION II.
LE CONSEIL D'USINE, MODÈLE PARTICIPATIF IGNORÉ DU PATERNALISME CLASSIQUE

Avec la poussée socialiste Harmel sait qu'il faut donner plus de liberté aux ouvriers. De même que la démocratie chrétienne répondait aux désirs du peuple d'avoir plus de liberté au sein de la société, Harmel sait qu'il devra confier plus de liberté à ses ouvriers au sein de l'usine. Il parle déjà dans ses discours de démocratie dans l'usine162(*). Le conseil d'usine lui apparait comme l'élément essentiel de la démocratie chrétienne, de la démocratie tout court (§ 1). La démocratie impliquant le pouvoir rendu au peuple, la démocratie au sein de l'usine passe par une plus grande participation des travailleurs à la direction de l'usine (§ 2).

§ 1. Un pas vers la démocratie dans l'usine par le biais du conseil d'usine

Les démocrates de toutes tendances reconnaissent que c'est le peuple qui doit régner. Au Val, existe une sorte de « protodemocratie » qui se manifeste au sein du conseil d'usine par une représentation du personnel (A) et un cadre de dialogue social (B).

A. Le conseil d'usine : un instrument précurseur de représentation du personnel

Le conseil professionnel est créé au sein de l'usine en 1883. Il prend le nom de conseil d'usine en 1893 face à la poussée socialiste et au désir d'Harmel de toujours adapter les préoccupations du mouvement ouvrier à ses ambitions d'une corporation chrétienne. Il donne la raison de la création du conseil d'usine lors d'une conférence qu'il tient à Rome en ces termes : « Rendez à l'ouvrier devenu esclave par la machine, la faculté de penser, d'agir, de gouverner par lui-même. Rendez-lui la part d'initiative qui donne à chacun sa personnalité [...] par la création de conseil d'usine. »163(*)

Le conseil doit donc être un outil servant à conférer plus d'initiative aux ouvriers et leur donner la possibilité d'être écouté par leurs patrons tant au niveau de leurs réclamations qu'au niveau de leurs suggestions. Ce souci de donner plus de pouvoir à l'ouvrier se manifeste dans l'organisation et le fonctionnement du conseil d'usine.

S'agissant de sa composition, il est composé de 15 membres dont un président qui est un patron en 1890, il s'agit de Maurice Harmel. Il est aidé par un ouvrier, un homme de confiance représentant le conseil intérieur (organe exécutif de la corporation) en la personne d'Alfred Jolivet. Le secrétariat du conseil était toujours réservé à un employé. Le gros de l'effectif est constitué par douze ouvriers, un pour chacune des onze salles et un pour les métiers annexes. Cette composition montre bien le souci de garder une certaine représentativité du personnel car toutes les salles ont un représentant au sein du conseil. Ce représentant a pour rôle de défendre ses opinions et préoccupations. Les conseillers deviennent ainsi des intermédiaires entre le patron et les ouvriers. Le point marquant de cette composition du conseil est l'absence d'un représentant des contremaitres. L'idée étant d'éviter d'intimider les ouvriers présents au conseil d'éventuelles représailles de la part de ses « seigneurs d'ateliers ».

Concernant le mode de désignation des representants ouvriers au sein du conseil, il ne cessa pas au fil des années de se révéler plus démocratique. Avant 1890 les membres du conseil étaient choisis par le conseil intérieur, ce procédé est abandonné en 1890 et est remplacé par la désignation par le conseil corporatif qui est une sorte de chambre syndicale. Ce procédé parait beaucoup plus démocratique car les représentants ouvriers sont choisis par « leurs camarades ». En 1903 le procédé est encore plus démocratique car les conseillers d'usine ne sont plus cooptés par un conseil restreint mais chacun d'eux est élu par tous ses camarades164(*).

Le conseil se réunit une fois en quinzaine. Il est scindé en 1900 en deux groupes ce qui permet d'accroitre la fréquence des réunions puisqu'elles se déroulent de façon hebdomadaire à partir de ce moment et cette scission permet aussi de spécialiser davantage la réunion.

À travers ces actions, le conseil participe à rendre l'autorité acceptable au sein de l'usine. L'objectif d'Harmel de lutter contre l'« absolutisme patronale » en faisant circuler l'autorité dans plusieurs mains pour ne plus qu'elle soit concentrée semble être atteint. Cette déconcentration du pouvoir favorise le dialogue social.

* 162 TRIMOUILLE (P.), op. cit., p. 86.

* 163 HARMEL (L.), La démocratie dans l'usine, p. 8.

* 164 TRIMOUILLE (P.), ibid.

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