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La performance de l'achat public

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par Jérémy FASS
Université de Montpellier - Master 2 contrats publics et partenariats 2016
  

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II. L'efficacité et l'efficience, deux objectifs injustement au second

plan dans l'établissement des politiques d'achat public

Plan. La prise en compte de la performance passe par une responsabilisation des acheteurs publics, puisque cette responsabilité publique est la source de l'obligation de performance. Ainsi au moment de fixer les contours d'une politique d'achat public performante Ð qui consiste à déterminer les objectifs à suivre pour l'acheteur public Ð la question de l'objet de cette responsabilisation se pose. Or d'après le Professeur Desmazes, la responsabilité publique a plusieurs dimensions : « dimension politique, dimension éthique et morale, dimension économique et managériale, dimension juridique. » 497 Seules les dimensions managériale et juridique sont utiles à la mise en place d'une politique d'achat performante. Actuellement c'est davantage la dimension politique de la responsabilité des personnes publiques qui est exploitée pour parvenir à un achat performant. Celle-ci est cependant largement insuffisante.

Ainsi l'objectif de la fonction achat doit être de concilier les dimensions juridiques et managériales de la responsabilité publique (A). L'objectif d'efficacité occupe cependant une place moins importante (B).

494 V. Supra.

495 S. BRACONNIER, « Performance et procédures d'attribution des contrats publics », in Performance et droit administratif, N. ALBERT (dir.), LexisNexis, Coll. Colloques & débats, 2010.

496 F. LINDITCH, « Le contrat et la performance, une rencontre impossible ? », art préc.

497 J. DESMAZES, « Achats publics : la problématique conciliation des dimensions managériale et juridique de la responsabilité publique », in Politiques et management public, vol. 19, n° 1, 2001.

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A. L'objectif juridico-managérial de la fonction achat, au service de la performance

L'aspect managérial de l'achat public : la recherche d'économies sur les coûts de transaction. Oliver Williamson qui remporta le Prix Nobel d'économie en 2009 a théorisé le concept de coûts de transaction498. Cette théorie s'intéresse aux coûts préalables à toutes transactions. On parle d'économies transactionnelles. Cette théorie des coûts de transaction (dite TCT) « indique que les caractéristiques des transactions (leur incertitude, leur fréquence, le degré d'actifs ou d'investissements spécifiques qui leur sont nécessaires) ainsi que le contexte dans lequel celles-ci se déroulent (le nombre d'acteurs, leur opportunisme ou leur degré de rationalité) entraînent des coûts de transaction qui diminuent la performance. »499

Williamson a comme postulat de départ que les acheteurs sont dotés seulement d'une rationalité limitée lorsqu'ils achètent500, ce qui ne les empêchent pas d'être opportunistes dans leur choix. Aussi toute opération commerciale sur un marché entraîne des coûts en amont de la transaction.

On peut lister un certain nombre de ces coûts, qui existent autant dans le secteur public que privé, même si certains de ces coûts diffèrent, à titre indicatif les entreprises privées sont soumises aux coûts suivants :

3) « Les coûts de recherche et de négociation initiale d'un contrat avec un partenaire économique (É) ;

4) les coûts de contrôle du bon déroulement du contrat ;

5) les pertes possibles en raison d'un contrat initial inadapté à la situation réelle ;

6) les coûts de sa renégociation éventuelle ;

7) les coûts d'opportunité dus à l'immobilisation du capital destiné à garantir éventuellement le respect des clauses du contrat (couverture, caution...). » 501 Williamson cherche donc ensuite à limiter ces coûts. Les acheteurs doivent choisir la forme institutionnelle la plus adaptée, soit le marché (contrats classiques), la forme hybride

498 O.E. WILLIAMSON, Markets and Hierarchies: Analysis and Antitrust Implications, Free Press, 1975.

499 G. NOGATCHEWSKY, C. DONADA, « Vingt ans de recherches empiriques en marketing sur la performance des relations client-fournisseur », Recherche et Application en Marketing, 2005, p. 7.

500 Thèse développée dans : H. SIMON, Models of Man: Social and Rational. Mathematical Essays on Rational Behavior in a Social Setting, Wiley, 1957.

501 Liste tirée de : J.-M. LEHU, L'encyclopédie du marketing commentée et illustrée, coll. Références, Eyrolles, 2012, pp. 210-211.

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(contrats néo-classiques tels que la sous-traitance, concession, réseau, etc.) ou la hiérarchie (intégration développée par Ronald Coase en 1937502)503.

Modélisation de la « fonction objectif » de l'acheteur public. Jean Desmazes tente d'appliquer cette théorie des coûts de transaction aux marchés publics et entreprend de modéliser quasiment mathématiquement ce qu'il appel la « fonction objectif de l'acheteur public » afin d'en tirer une politique d'achat performante504.

Pour cela il considère que cette fonction-objectif doit être décomposée en trois sous-objectifs qui sont les suivants :

- « un sous-objectif d'efficience visant la maximisation du rapport qualité / prix de la fourniture à acheter ,
·

- un sous-objectif de maximisation de la sécurité juridique de l'achat (de minimisation du risque de sanction due à un achat non conforme aux règles prescrites par le Code des Marchés Publics) ,
·

- un sous-objectif de maximisation de la marge de liberté de choix de la fourniture et du fournisseur »505.

On l'a vu auparavant, la « sévérité et la complexité »506 du droit des marchés publics nécessites encore aujourd'hui de laisser une place à la protection juridique au sein des objectifs de l'acheteur. De même les acheteurs publics sont au service de l'intérêt général et ont des préoccupations non-économiques qui peuvent intervenir lors de l'achat, en favorisant une entreprise locale plutôt qu'une autre par exemple. Cette liberté de choix sera prise en détournant autant que possible les règles afin de ne pas se mettre pour autant dans l'illégalité.

Chacun de ces sous-objectifs est pondéré, c'est à dire que leur importance au sein de la politique d'achat à mettre en place varie selon différents facteurs. Ces trois sous-objectifs sont objectivement déterminés, tandis que les facteurs en question sont déterminés subjectivement afin de prendre en contre les préférences subjectives de chaque acheteur public.

Finalement cela donne la fonction mathématique suivante :

502 R. H. COASE, The Nature of the Firm, Economica, 1937.

503 G. NOGATCHEWSKY, C. DONADA, « Vingt ans de recherches empiriques en marketing sur la performance des relations client-fournisseur », op. cit., p. 8.

504 J. DESMAZES, « Achats publics : la problématique conciliation des dimensions managériale et juridique de la responsabilité publique », op. cit.

505 Ibid.

506 Ibid.

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Source : J. Desmazes, « Achats publics : la problématique conciliation des dimensions managériale et juridique de la responsabilité publique », Op. cit..

Dès lors, le niveau de performance - se confond avec ce que le professeur Desmazes nomme « le niveau de satisfaction de l'achat » - dépend de l'importance donnée à chaque « coefficient subjectif ».

Il faut insister sur l'importance de l'efficience, restée depuis trop longtemps au second plan dans la pratique des acheteurs publics. Certains d'entre eux considèrent les pratiques pouvant améliorer la performance économique de leurs achats comme trop « génératrices d'une dégradation de la sécurité juridique. »507 Il vient que l'efficacité et l'efficience, en tant que composantes de la performance, doivent désormais être revalorisées afin de mettre en oeuvre une politique d'achat efficiente (B).

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