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Slow media : émergence d'un journalisme narratif sur le web.

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par Elena JOSET
Université Sciences Humaines et Arts Poitiers - Master Information-Communication, Web éditorial 2016
  

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1.2.2- Raconter une histoire vraie : le récit au coeur du journalisme narratif

Pour rendre compte au mieux du réel et du milieu observé, le journalisme narratif revendique l'utilisation du récit. En effet, celui-ci permettrait de rendre le contenu plus dramatique et par conséquent, plus captivant pour le lecteur. L'originalité du journalisme narratif relève donc de la réunion assez paradoxale des caractéristiques propres au récit avec le principe fondamental du journalisme qui est de reconstituer le réel.

En s'appuyant sur le schéma quinaire67 proposé par Paul Larivaille entendu au sens d'un schéma narratif en cinq étapes décrivant la construction d'un récit et notamment celle du conte, Marie Vanoost rappelle les fondamentaux du récit. Celui-ci débute par une situation initiale où il ne passe rien d'anormal et qui a pour objectif de planter le décor (lieu, personnages). Cette situation est perturbée par une complication qui appelle l'action du/des personnage(s) afin de parvenir à une résolution. Enfin, le cinquième et dernier élément du récit constitue la situation finale permettant de revenir à un certain équilibre.

Ainsi, en convoquant le récit, le journalisme narratif transforme la règle d'écriture de base du journalisme, à savoir, le principe des « 5W ». Pour Roy Peter Clark, cité par Marie Vanoost, le « qui a fait quoi, où, quand et pourquoi ? » est approfondi voir transformé par le récit journalistique de la manière suivante :

« «Who» becomes character. «What » becomes plot. «Where» becomes setting. «When» becomes chronology. «Why» becomes motive. And «How» becomes narrative68 ».

Dans cette logique, Erik Neveu note que les contenus journalistiques relevant de ce qu'il appelle les «Nouveaux » journalismes d'enquête « énoncent qu'«il était une fois...», enchaînent des épisodes, organisent rebonds et flash-back, peuvent capturer le lecteur dans la dynamique de péripéties, d'une intrigue69 ».

Le journaliste est aussi amené à faire appel au dialogue. Si la citation est employée traditionnellement en journalisme pour rapporter les propos d'une personne, le journalisme narratif, lui, rend compte de longues conversations à travers lesquelles le journaliste cherche à « restituer les

65 PELISSIER, Nicolas, EYRIES, Alexandre. Op.cit.

66 Ibid.

67 LARIVAILLE, Paul. L'Analyse (morpho)logique du récit. Poétique, n° 19, 1974, pp. 368-388.

68 ««Qui» devient le personnage. «Quoi» devient l'intrigue. «Où» devient le décor. «Quand» devient la chronologie. «Pourquoi» devient le motif. Et «comment» devient le récit. » Dans ce mémoire, les citations en langues étrangères sont traduites par nos soins.

69 NEVEU, Erik. Op.cit.

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intonations, le style, le lexique - précieux, technique ou ordurier - d'un personnage ou d'un groupe70 ».

Par ailleurs, parce qu'il prend le temps de raconter, le journalisme narratif met en place des personnages complexes. En effet, le lecteur est amené à suivre les actions d'un personnage évoluant dans un cadre spatio-temporel, rencontrant d'autres personnages « qui eux aussi sont plus qu'un nom, un âge, une profession ; [ils] sont avant tout des êtres définis par leur histoire71 ». Ainsi, « l'environnement des personnages est au moins aussi important que ceux-ci72 ». D'autre part, les praticiens du journalisme narratif ont la particularité d'accorder une véritable « attention pour les vies ordinaires, les «petites gens» auxquelles le lecteur est amené à s'identifier - du moins, comprendre73 ». Erik Neveu envisage, quant à lui, l'ordinaire de la vie sociale et les styles de vie comme le prisme de lecture de la société des journalistes issus des « nouveaux » journalismes74.

Ainsi, le récit en journalisme narratif permet d'utiliser « la palette de formes qu'offrent les narrations75 » et « c'est toute la panoplie des techniques d'écriture dites « littéraires » qui semble ouverte au journaliste76 ». Mettre en récit le réel a donc pour objectif de capter l'attention du lecteur, mais également de lui « offrir une compréhension plus profonde77 » du monde dans lequel il vit. Alors que le journaliste traditionnel s'efforce de présenter des faits de la manière la plus objective possible, le journaliste narratif use de l'écriture littéraire « pour appréhender le monde à travers ce qu'il nous laisse voir et ressentir78 », et ce, grâce à la mise en scène de personnages, la création de scènes, la dramatisation, la convocation importante de détails et de descriptions.

Cependant, si le journalisme narratif emprunte des techniques d'écriture propres à la fiction, il n'en reste pas moins que le récit journalistique est « soumis à une exigence de précision factuelle qui s'ancre principalement dans les démarches de reportage menées par le journaliste79 ».

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