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Histoire de la production du coton dans les cercles de la moyenne vallée du fleuve Sénégal de 1920à  1960.

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par Insa BA
Université Cheikh Anta DIOP - Master 2 2014
  

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Chapitre III : La colonisation indigène dans la vallée

En 1819 la France récupère la colonie du Sénégal aux mains des Anglais et s'engage dans une entreprise de la colonisation agricole dans le royaume du walo, à l'embouchure du fleuve Sénégal. Ce projet d'adaptation aux nouvelles conditions économiques crées par la suppression de la traite négriére est ardument défendue par le nouveau gouverneur du Sénégal, le colonel Schmaltz dés son arrivée .Le gouverneur décrit ainsi son projet dans sa lettre adressée au Ministre « J'ai soigneusement observé que j'ai parcouru et je n'ai pas vu de plus beau, de plus propre à de grande entreprises que le Sénégal. Les bords du Gange ne m'ont point paru plus fertiles que ceux de notre fleuve et je n'ai le moindre doute d'y réussir toutes les cultures qu'on y voudra .Nos projets de colonisation agricole consiste à introduire dans un vaste pays peuplé de plusieurs millions d'hommes, à les déterminer par les avantages qu'ils ne peuvent y trouver sans nous, à les y attacher par l'augmentation graduelle de leur besoins présents, à les diriger utilement pour nos intérêts par des exemples tendant à perfectionner leur agriculture, à les ranger insensiblement sous la domination française »105(*)

Afin de réaliser ses objectifs, l'administration coloniale a cherché à allier ce qu'elle considérait comme les points forts de l'agriculture de plantation avec les « vertus »de l'agriculture paysanne106(*) .Les Français, comme d'autres pouvoirs coloniaux, considéraient les paysans comme les producteurs qui réagissaient trop lentement aux demandes des marchés.

Ils voyaient les plantations avec des ouvriers travaillant sous le contrôle d'un européen comme plus efficace et plus rapide dans leur adaptation aux marchés. Mais, ils reconnaissaient qu'aucun paysan ne viendrait volontiers travailler dans une plantation s'il avait la possibilité de cultiver en tant qu'indépendant .La politique de colonisation indigène adoptée par l'administration chercher à combiner les deux approches : une gestion européenne et « scientifique » avec l'organisation du travail dans les mains de la famille paysanne.

La puissance métropolitaine voudrait recruter des familles entières dans des zones surpeuplées, établir d'une façon pérennante sur les terres irriguées .Groupés autour d'un centre, ces paysans seraient obligés de cultiver la terre intensivement à la charrue ; suivant une rotation déterminer par le centre.

Cette colonisation indigène, était étroitement liée à de nouvelles perspectives sur l'Afrique. Elle rejetait des arguments « biologiques » pour l'infériorité de l'Afrique mais retenait des arguments de type « environnementale ». L'infériorité de l'Afrique était due à son isolement, l'insécurité politique et les guerres .La supposition fondamentale restait que l'Europe , était supérieure à l'Afrique dans tous les domaines .La colonisation était perçue comme nécessaire pour l'avancement de l'Afrique .Les français croyaient que cette supériorité était due à une population dense, une agriculture intensive, la propriété privée et la famille nucléaire .Avec la politique de colonisation indigène, ils cherchaient à recréer ces conditions en Afrique.

Avec la colonisation indigène, l'administration coloniale voudrait créer des communautés à population dense .Dans ces communautés, les colons enlevés des « insuffisances néfastes » du village d'origine, seraient initiés à la culture intensive à la charrue .Ceci mènerait à la propriété privée, ensuite à l'avancement de l'Afrique .Henri Labouret, auteur de paysans d'Afrique Occidentale écrivait ainsi de la disparition future de la culture extensive :« Le travail à la charrue en permettant la culture intensive et pérennante des lopins de terre, doit modifier profondément tout cela ; la possession précaire, souvent collective, va se changer en propriété individuelle, transformer probablement le régime successoral, la constitution de la famille, et entrainer une évolution complète des sociétés intéressées.

Celles- ci passeront sous nos yeux d'un certain type attardé de civilisation à un autre plus avancé »107(*).

Chacun des facteurs, une population dense, la culture intensive, la propriété privée, la famille nucléaire, était essentielle l'un pour l'autre, étant même temps la cause et les résultats de part et d'autre. Toutefois, le facteur essentiel était une politique à base néo-malthusienne. L'administration voudrait augmenter la population mais aussi convaincue, en voyant des famines et des disettes, que le Soudan ne pouvait pas soutenir une population plus nombreuse.

Selon les Français, l'agriculture intensive ne pouvait pas produire suffisamment et en plus, elle était la cause de la dégradation de l'environnement .Ils croyaient que les changements dans les méthodes culturales, étaient essentiels pour permettre une augmentation de population. Si une population dense était nécessaire pour l'avancement, elle ne le garantirait pas .Si une seule chose pourrait être le catalyseur, se serait la charrue .Mais la charrue seule ne modifierait pas nécessairement l'habitude de culture extensive que les français croyaient pouvoir changer pour éviter un désastre écologique. La politique de colonisation indigène permettrait aux colonisateurs d'éviter ce désastre en introduisant la charrue et la culture intensive simultanément sous la supervision des agents européens.

III.1 : Le recrutement forcé

La vallée du fleuve, région très peuplée avait été choisie pour initier le projet.

Le gouvernement colonial a recruté par la force la grande majorité des indigènes qui se sont installés dans les cercles de la vallée avant 1946 l'année qui consacre l'abolition du travail forcé, et la corvée obligatoire. Etant une région dont la pression démographique est dense, la vallée du fleuve, vulnérable et précaire aux intempéries et aux aléas du climat, la région était pour les français, un réservoir de mains d'oeuvre. Ainsi, la région de la vallée fournissait des tirailleurs, de la main d'oeuvre pour la deuxième portion .Les cercles de l'ouest n'étaient pas touchés, le gouvernement préférant ne pas perturber la migration des navétanes vers le Saloum pour la production arachidière.

Dans le recrutement les colons comptaient sur la collaboration des commandants de cercle, et des chefs de canton .Les Français utilisaient les personnes influentes pour faire la propagande. Les familles recrutées étaient souvent celles qui avaient des relations difficiles avec le chef de canton ou avec les chefs de village.

Beaucoup de colons ont insisté sur l'impossibilité d'éviter le recrutement une fois choisi108(*).Toutefois de nombreux désignés pour la métropole, ont cherché à éviter le départ .La méthode la plus commune était d'offrir des cadeaux ou de l'argent aux chefs de village. D'autres personnes se sont réfugiées dans des colonies voisines109(*).

Avec les réformes sociales de 1946, les recrutements forcés ont pris fin. Pendant quelques années, la vallée du fleuve a eu des difficultés de retrouver des colons .Mais pendant 1950, le projet commençait à avoir plus d'intéressés dans la colonie. Les raisons pour cette transformation sont nombreuses et multiples. Plusieurs colons étaient des retraités de l'administration et d'anciens combattants110(*).

D'autres cherchaient peut-être l'opportunité de cultiver du riz, un produit avec un marché toujours croissant 111(*).La volonté de quitter les fermes- écoles quand on voulait, était aussi probablement considérée comme un avantage .Il est sans commune mesure, et même intéressant de remarquer que les niveaux de départ sont restés assez élevés. Ceci laisse supposer que beaucoup de colons ne sont venus que pour une courte période.

* 105 ANS. Sous Série 2B 4. Correspondance du gouverneur au ministre, Saint-Louis, 04 Septembre 1819.

* 106 Henry, (B). Le problème cotonnier et l'Afrique Occidentale Française : Une solution nationale, Paris, Larose, 1925, pp 20-40.

* 107 Henri ((L), Paysans d'Afrique occidentale, Paris : Gallimard, 1941, p238.

Cet argument peut être trouvé aussi dans son article « Irrigation, colonisation intérieure et main d'oeuvre au Soudan, » Annale d'histoire économique et sociale, 1929, pp375-376.

* 108 Entretien avec Samba Diaw. Samedi 27 mars 2008. Lors du marché hebdomadaire de Keur Momar Sarr.Les gens de Dagana, de Richard - Toll viennent en masse pour écouler leurs marchandises.

* 109 ANS. Sous Série 1 R 42, rapport sur l'importance et les causes des mouvements, s.d.

* 110 Entretien avec Massar Sarr, chef de village de Keur Momar Sarr. Dimanche 28 mars 2008.

* 111 Entretien avec Matar Fall, notable vieux du village de Keur Momar Sarr. Dimanche 28 mars 2008.

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