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La question des travailleurs vieillissants à  ENEO Cameroon. Cas du personnel d'encadrement.

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par Armel Blaise Pagou Yemeni
Ecole normale supérieure de l'enseignement technique de Douala - Master 2 2014
  

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II. FORMATION CONTINUE ET AMENAGEMENT DES CONDITIONS DE TRAVAIL ET DE BIEN-ETRE

Pour une gestion optimale des travailleurs vieillissants, il est aussi impératif de revoir les politiques et pratiques de formations, mas aussi d'aménager les conditions de travail et bien-être.

1. La formation continue

Le monde du travail se caractérise aujourd'hui par des changements rapides dans les processus et les pratiques utilisées. Ces changements, s'ils ne sont pas pris en compte par les entreprises, risquent de jouer un rôle négatif pour ces dernières en les rendant de moins en moins compétitives. Les actions de formations permettent de faire face à ces changements en offrant aux travailleurs la possibilité de s'y adapter et de continuer ainsi à remplir les missions et les tâches qui leur sont assignées tout au long de leur vie professionnelle. Elles jouent donc un rôle essentiel dans le maintien en emploi des travailleurs, mais aussi dans leur évolution vers d'autres postes à travers l'apprentissage de nouveaux savoirs. C'est pourquoi les employeurs et les employés doivent s'engager dans un processus d'apprentissage tout au long de la vie pour maintenir la position concurrentielle de l'entreprise.

En dépit de ce constat, la formation des travailleurs âgés n'est généralement pas une priorité pour les entreprises. D'autres aspects, tels que le développement de produits, les besoins de la clientèle, ou les considérations économiques sont plus importants aux yeux des décideurs. Ceux-ci ont pourtant tout intérêt à proposer à leurs salariés âgés de se former afin d'éviter les dépenses et la perte de temps associées au recrutement de collaborateurs supplémentaires, et afin d'éviter que les compétences des travailleurs ne finissent par devenir obsolètes. Selon Walker (1998), de bonnes pratiques en termes de formation continue supposent donc que l'ensemble des travailleurs disposent des mêmes opportunités d'apprentissage tout au long de la vie professionnelle, avec une éventuelle adaptation des méthodes de formation aux travailleurs âgés.

a. Le maintien en emploi des travailleurs grâce à la formation

S'il est vrai que les employeurs ont tout intérêt à prôner une approche de la formation tout au long de la vie professionnelle, il n'y a par contre rien d'étonnant à ce que certains d'entre eux s'étonnent de devoir investir dans des dispositifs destinés à former des personnes qui ne resteront de toute manière plus très longtemps dans leur entreprise ; qu'il s'agisse de jeunes travailleurs risquant de changer d'emploi à la moindre opportunité, de travailleurs en milieu de carrière souhaitant donner un nouvel élan à celle-ci, ou de travailleurs âgés désirant se retirer, partiellement ou définitivement, du milieu professionnel. Cependant, un discours tel que celui-ci, s'il est compréhensible, n'en est pas moins dangereux. En effet, c'est peut-être justement à cause du manque d'opportunités de se développer dans l'entreprise que les travailleurs décident à un moment donné de quitter celle-ci.

Pourtant, les métiers sont en constante évolution et les capacités individuelles doivent nécessairement évoluer sous peine de devenir obsolète. Ces évolutions, couplées à un manque d'opportunités de développement, expliquent en partie pourquoi les seniors connaissent aujourd'hui des difficultés d'adaptation aux changements organisationnels. Par conséquent, la formation demeure un facteur clé de l'employabilité, en particulier aux âges élevés. Afin d'éviter une mise à l'écart des seniors et d'éviter par la même occasion que les travailleurs moins âgées ne se démotivent au travail en voyant ce à quoi elles se destinent d'ici quelques années, il est plus que nécessaire de mettre en place des dispositifs de formation qui intègrent l'ensemble des travailleurs, et pas uniquement les plus jeunes d'entre eux. Ces dispositifs de formation sont d'autant plus nécessaires qu'ils contribuent à l'amélioration du niveau d'habiletés des travailleurs dans son ensemble, ainsi qu'au respect intergénérationnel et à la performance globale de l'organisation.

b. La formation continue en lien avec la gestion des âges

Dans l'optique d'une gestion des âges inclusive, la formation continue doit nécessairement tenir compte des caractéristiques des différentes générations de travailleurs et s'adapter à celles-ci. En ce sens, certaines pratiques de formation favorisent un échange de connaissances tacites entre les travailleurs d'âges différents à travers des situations de transferts contextualisées. Par exemple, il devient possible pour les seniors de partager avec les plus jeunes l'expérience qu'ils ont acquise au fil du temps, ce qui leur procure de nouvelles responsabilités, ainsi qu'une meilleure reconnaissance de leurs compétences dans l'organisation. Les connaissances acquises par les plus anciens sont donc transmises aux jeunes talents. Les échanges de connaissances pouvant se faire au travers de pratiques telles que :

Ø Le tutorat

L'objectif du tutorat est de « permettre à un apprenant de se former au contact d'un ancien plus expérimenté » (Noyé & Piveteau, 2009). Le tuteur doit mettre en place l'accueil des nouveaux apprenants, il doit leur expliciter son travail et ses pratiques, leur fournir les moyens et l'aide nécessaires à la situation d'apprentissage, les encourager et au final, procéder à l'évaluation de leur parcours et des progrès qu'ils ont réalisés. Il peut évidemment sembler difficile pour un opérateur-tuteur de mettre des mots sur les tâches qu'il exécute automatiquement. C'est pourquoi il est nécessaire de proposer aux tuteurs de suivre eux-mêmes une formation visant à apprendre à découper pas à pas les tâches automatisées, à les lister et à mettre en place un guide des procédures auquel il est ainsi possible de recourir en cas de besoin (ARACT, 2010). Le tutorat est non seulement un moyen de transmettre des pratiques à de nouveaux travailleurs, mais aussi de faire évoluer les compétences des tuteurs eux-mêmes puisque ceux-ci expérimentent de nouveaux modes d'action, rompant ainsi avec leurs habitudes professionnelles. En effet, si l'on considère généralement que les possibilités d'évolution sont moindres pour les travailleurs âgés, l'obtention d'un statut de tuteur contribue par contre à développer leur sentiment d'utilité et à donner un second souffle à leur carrière (ARACT, 2010). Aux yeux du jeune travailleur à présent, le fait d'obtenir du soutien de la part d'un travailleur plus expérimenté et de pouvoir lui poser les questions souhaitées sans crainte de le déranger peut s'avérer rassurant. Enfin, du point de vue organisationnel, le tutorat contribue sur le long-terme à améliorer la performance de l'entreprise tout en améliorant les relations intergénérationnelles.

Ø Le mentorat

Selon Bergeron, Duguay, Rivest et Roy (2007), le mentorat peut se définir comme une « relation fondée sur le respect mutuel entre un employé d'expérience reconnu et crédible (mentor) et une personne moins expérimentée (mentoré), qui permet à cette dernière d'être soutenue dans le développement de sa carrière et dans ses apprentissages liés à son intégration professionnelle ». Le mentor est donc perçu à la fois comme un guide et comme un modèle à suivre par le jeune travailleur. A ce titre, les travailleurs âgés, qui sont souvent à un moment de leur vie où les buts altruistes prennent de l'importance, constituent d'excellents mentors.

Souvent associé au tutorat, les enjeux du mentorat ne reposent cependant pas sur la transmission de savoirs ou de savoir-faire comme c'est le cas de cette autre pratique (en tout cas pas de manière exclusive), mais bien sur la transmission d'un savoir-être au sein de l'entreprise. En cela, cette approche est parfois décrite comme une remplaçante du coaching. Le mentor, par son expertise, se met au service du jeune travailleur afin de l'aider à s'intégrer et à se développer dans sa nouvelle vie professionnelle. Il contribue à la socialisation organisationnelle du « mentoré » à travers l'inculcation des normes, des valeurs et des tabous qui existent au sein de l'entreprise. Il enseigne également au « mentoré » quels sont les comportements à adopter dans différentes situations de travail. Il lui explique comment intervenir en réunion, comment faire valoir une stratégie. Bref, le mentor sert de « modèle » au « mentoré » afin que ce dernier s'identifie à lui à travers l'observation et l'imitation. Ce n'est que par la suite, lorsque cette relation de conformité ne sera plus nécessaire et que le « mentoré » voudra prendre son « indépendance » qu'il pourra enfin se distancier et se différencier de son modèle.

Ø Le tutorat inversé

Si le tutorat permet à un travailleur expérimenté de transmettre son savoir à un plus jeune, il serait incorrect de penser que cette relation est unidirectionnelle. Le nouvel arrivant est en effet lui-même souvent porteur de savoirs explicites et tacites relativement récents qui peuvent constituer une source d'innovation et d'inspiration pour le travailleur âgé. La transmission de ces savoirs est alors communément appelée « tutorat inversé » (ou parfois, « mentorat inversé ») et renvoie à la « possibilité pour les nouveaux arrivants d'enseigner à ceux qui sont en place ».

Cette pratique est intéressante à plus d'un égard. En effet, selon Kelley (2005), en autorisant le jeune arrivant à s'exprimer sur une situation de travail et à transmettre ses connaissances à un collaborateur plus expérimenté, le tutorat inversé contribue au cycle de gestion des connaissances dans l'organisation et à l'apport d'idées nouvelles. Il s'agit donc d'un outil qui va à l'encontre de la tendance naturelle des travailleurs âgés consistant à avoir confiance en leur expérience sans tenir compte de l'évolution de leur métier. Par conséquent, le tutorat inversé peut être perçu comme un outil visant à développer les compétences des seniors et à renouveler par la même occasion le capital de connaissances de l'organisation.

Cependant, les seniors n'ont pas systématiquement l'ambition de se voir évoluer sous les traits d'un mentor ou d'un tuteur. Tous ne portent pas en eux la force d'âme, la compétence ou la volonté de prendre ce rôle. C'est parfois à travers l'occupation de nouvelles fonctions ou de nouveaux métiers qu'ils continuent à s'épanouir.

Enfin, dans l'optique d'une politique de formation incluant toutes les catégories d'âge, certains critères doivent être respectés en vue de favoriser l'évolution et le développement des compétences au sein de l'ensemble des salariés :

- L'absence de limites d'âge pour déterminer l'accès aux opportunités de formation ;

- La conciliation entre les plans de formation et le parcours de vie individuel ;

- La mise en place des opportunités de formation dans le cadre plus général de la gestion des carrières et pas uniquement dans le cadre d'une fonction spécifique donnée;

- Le suivi continuel du niveau de compétences des travailleurs au fil des années ;

- La mise en place de formations aux nouvelles technologies ;

- L'analyse des besoins de l'organisation en termes d'habiletés et la correspondance de ces besoins aux habiletés des travailleurs.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984