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Pragmatique, narrativité, illocutoire et délocutivité généralisées.

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par Jean Robert RAKOTOMALALA
Université de Toliara - Doctorat 2004
  

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1.3. L'ILLOCUTOIRE

Nous savons que dans un premier temps la performativité est rattachée à des verbes sui-référentiels, c'est-à-dire des verbes qui accomplissent ce qu'ils signifient moyennant une énonciation à la première personne du présent de l'indicatif. On constate effectivement que ces verbes ne fonctionnent pas de la même manière que ceux qui décrivent une action dans l'univers extralinguistique. Dire par exemple : je laboure la terre implique la présence d'une portion de terre et d'un outil de labour comme la bêche sans parler de l'énergie que le laboureur doit déployer et d'autres foules d'environnements dans le monde extralinguistique qui rendent possible le labour.

Contrairement à cela, dire Je vous remercie fait référence à sa propre énonciation pour l'accomplissement de l'acte de remercier. Il n'est question ici de renvoyer à des référents extralinguistiques. On peut nous rétorquer dans ce dernier exemple que « je » et « vous », renvoient à des référents extralinguistiques. Cet argument tombe si l'on tient compte de la définition des pronoms dans les textes de BENVENISTE (1970). Il s'agit, en effet, pour ces pronoms de ce que BENVENISTE appelle « individus linguistiques » parce qu'ils naissent d'une énonciation :

« Les formes appelées traditionnellement « pronoms .personnels », « démonstratifs » nous apparaissent maintenant comme une classe d'«individus linguistiques», de formes qui renvoient toujours et seulement à des « individus », qu'il s'agisse de personnes, de moments, de lieux, par opposition aux termes nominaux qui renvoient toujours et seulement à des concepts. Or le statut de ces « individus linguistiques » tient au fait qu'ils naissent d'une énonciation, qu'ils sont produits par cet événement individuel et, si l'on peut dire, « semel-natif ». Ils sont engendrés à

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nouveau chaque fois qu'une énonciation est proférée, et chaque fois ils désignent à neuf. » (BENVENSITE, [1974] 1981, p. 83)

Ainsi définie, la performativité ne concerne que des éléments limités de la langue et ne mérite pas par conséquent l'engouement ayant conduit à l'émergence de la pragmatique comme discipline. Pour prendre la mesure de cette émergence, reprenons la distinction entre l'énoncé performatif et l'énoncé descriptif.

Un énoncé performatif accomplit ce qu'il signifie. Ce qui implique qu'il ne peut pas être soumis à la question de la véridiction bien qu'AUSTIN ait parlé de performativité insincère. Mais le fait le plus important demeure être la sui-référentialité : pour accomplir un acte de langage, il n'est besoin que de l'énonciation dans les conditions décrites supra. Par contre, un énoncé descriptif (constatif dans le vocabulaire d'AUSTIN) peut être soumis au test de la véridiction et sanctionné de vrai si les conditions extralinguistiques sont conformes à ce qui est dit et de faux dans le cas contraires.

La distinction semble radicale, mais plus tard, AUSTIN s'est aperçu que même les énoncés constatifs peuvent avoir un préfixe performatif ; il s'ensuit une généralisation de la performativité à tous les énoncés, c'est ce qui a rendu à la pragmatique sa lettre de noblesse. Ainsi, par exemple, dire que La terre est ronde équivaut à J'affirme que la terre est ronde. Les deux énoncés accomplissent une affirmation ; implicite dans le premier et explicite dans le second. Leur force illocutoire est donc une affirmation.

Il est vrai qu'accomplir une affirmation relève d'une énonciation, mais la question que nous allons soulever revient à se demander à consiste exactement une affirmation dans le contexte interlocutif. En tenant compte de l'émergence du langage relativement à la narrativité, il y a lieu de croire qu'elle a pour but d'emporter l'adhésion de l'interlocuteur sur ce qui est affirmé sans qu'il faille vérifier si cette adhésion est acquise ou non. Cette vérification entre en contradiction avec la théorie car elle rejette l'énonciation dans le constatif.

Autrement dit, faire une affirmation, c'est une intention qui consiste à faire passer l'interlocuteur du scepticisme vers un état de croire ou quelque chose de ce genre. Dès lors nous retrouvons l'algorithme narratif à la base de l'émergence du langage comme le soulignent les textes de VICTORRI auxquels nous faisons référence. Il nous semble que cette narrativité est un argument décisif dans la saisie et l'évaluation de la performativité. S'il nous faut un argument de plus pour attester que la narrativité est l'essence du langage, il n'est que de renvoyer à PEIRCE dont l'édification sémiotique se base également sur un principe de transformation narrative :

« Comment le développement est-il possible ? Comment la science, l'art et la technologie évoluent-ils ? PEIRCE répond que la synthèse n'est possible que grâce à la représentation. Être et devenir, c'est être représentable, et il affirme que la représentation est une succession ordonnée ». (PEIRCE, 1979, p. 62)

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Ce qui veut dire si les actes de langages sont possibles, c'est parce que le devenir est inscrit dans l'être et que toute communication n'est pas une tautologie du réel mais une intention de modifier le rapport intersubjectif par une mise en commun entre destinateur et destinataire de la même représentation comprise comme une transformation ou une succession ordonnée d'états.

Ainsi, se représenter la terre comme ronde, c'est une manière de s'opposer à toutes autres formes de la terre et vise à partager cette information à autrui selon la logique de disjonction et de conjonction d'objet, avec cette différence près que l'objet du désir est ici un objet fiduciaire. S'il en est ainsi, il devrait en être de même pour tous les autres types d'acte de langage. Pourtant, ce n'est pas sur la base de la narrativité que les tenants de la pragmatique fondent leur analyse, mais plutôt sur une participation de l'interlocuteur. Tout se passe comme si l'acte de langage ne peut pas être accompli sans l'adhésion effective de l'interlocuteur au désir du locuteur.

Pour nous bien situer au niveau terminologique qui n'est pas sans incidence avec l'évolution de la théorie vers la performativité généralisée telle que cette dernière est esquissée ici, rappelons que :

« Pour remplacer la distinction insuffisante qu'il avait d'abord tracée entre le performatif et le constatif, AUSTIN propose dans How to Do Things with Words, de distinguer plutôt le fait d'énoncer une phrase avec une certaine signification (meaning), constituée par ce qu'il appelle « le sens (sense) et la référence » (acte locutionnaire), et le fait d'énoncer une phrase avec une certaine force (acte illocutionnaire), c'est-à-dire le fait de l'utiliser pour une assertion, une question, un ordre, un avertissement, un souhait, etc. » (BOUVERESSE, 1971, pp. 385-386).

S'il est admis qu' « illocutoire »1 et « illocutionnaire » désigne exactement la même chose, adopter la terminologie signifie donc accepter la généralisation de la performativité, et il est employé à cet effet. Ceci admis, essayons de résoudre le problème de l'illocution décrite hors de la narrativité.

Chez DUCROT, la pragmatique s'inscrit dans une sémantique qui s'oppose également à faire du langage une tautologie du réel parce qu'il conçoit l'interprétation d'un énoncé comme une lecture de la description de son énonciation :

« Autrement dit le sens d'un énoncé est une certaine image de son énonciation, image qui n'est pas l'objet d'un acte d'assertion, mais qui est, selon l'expression des philosophes anglais du langage, « montrée » : l'énoncé est vu comme attestant que son énonciation a tel ou tel caractère (au sens ou un geste expressif, une mimique, sont compris comme montrant, attestant que leur auteur éprouve telle ou telle émotion) » (DUCROT, 1981, p. 30)

Avec une telle définition, il est évident que DUCROT se situe dans le performatif implicite. C'est-à-dire qu'il effectue le choix délibéré, dans le champ de la performativité généralisée, d'ignorer les constatifs qui contiennent un préfixe performatif. Ce choix est

1 Il est préférable d'employer « illocutoire » à cause de son économie

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largement justifié dans la mesure où ses analyses concernent des morphèmes comme « puisque » ou « mais ».

Ce qui veut dire que le problème qui nous intéresse est ailleurs, il est dans l'introduction de l'allocutaire ou de l'interlocuteur dans la compréhension de l'illocutoire. Tout en admettant que locuteur et allocutaire n'ont pas de réalité empirique, ce qui implique qu'ils sont des individus linguistiques au sens de BENVENISTE, DUCROT fait intervenir néanmoins la référence extralinguistique dans la caractérisation de l'énonciation. Voici le passage qui justifie l'introduction subreptice de la référence mondaine dans un domaine qui l'exclut :

« J'admets en effet, comme il est devenu banal de l'admettre, qu'on ne peut décrire le sens d'un énoncé sans spécifier qu'il sert à l'accomplissement de divers actes illocutoires, promesse, assertion, ordre, question, etc. Or reconnaître cela, c'est reconnaître que l'énoncé commente sa propre énonciation en la présentant comme créatrice de droits et de devoirs. Dire que c'est un ordre, c'est dire par exemple que son énonciation a le pouvoir exorbitant d'obliger quelqu'un à agir de telle ou de telle façon ; dire que c'est une question, c'est dire que son énonciation est donnée comme capable par elle-même d'obliger quelqu'un à parler, et à choisir pour ce faire un des types de parole catalogués comme réponses » (DUCROT, Ibid)

Lu de cette manière, l'illocutoire fait du langage non plus une tautologie du réel, mais l'inverse, un créateur du réel. Dans le cas de l'ordre, cela est très clair puisque l'ordre oblige celui à qui il est donné à agir conformément à son contenu sémantique. En effet, si quelqu'un me demande d'ouvrir la porte, je peux rester parfaitement silencieux et donner pour toute réponse une réaction musculaire. Il y a donc interpénétration du linguistique avec la réalité à la manière d'un pouvoir démiurgique.

Mais que va-t-on conclure dans le cas où l'ordre d'ouvrir la porte est parfaitement compris de l'interlocuteur et qu'il refuse d'obéir ? Doit-on conclure que l'ordre n'a pas été effectué ? Ou encore va-t-il falloir, comme le soutiennent certaines théories, que l'ordre place l'interlocuteur devant l'alternative d'obéir ou de désobéir ? Ou bien, va-t-on conclure que le démiurge a perdu ses pouvoirs ?

Toutes ces questions tombent d'elles-mêmes si l'on prend soin de faire soigneusement la différence entre les conventions linguistiques qui allient une forme à un contenu et les conventions sociales qui peuvent être reprises en termes linguistiques mais qui existent en dehors du langage. En effet, il existe des situations où des conventions sociales viennent appuyer les conventions linguistiques. Ainsi, une déclaration qui atteste de la réussite à un examen ne peut être faite que par des membres du jury. C'est ce qu'on appelle des « personnes habilitées » dans le langage d'AUSTIN.

Les membres du jury ressortent de conventions sociales que garantissent des institutions. En réalité, les personnes habilitées de cette sorte ne sont jamais absentes de toute organisation sociale et leurs paroles, dans les conditions rituelles requises, sont effectivement créatrices de droits et de devoirs. Mais du point de vue épistémologique, cette

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référence à des conventions sociales risque d'amener l'analyse à renoncer aux énoncés que ne supporte aucune convention sociale.

Aucune convention sociale ne vient au secours d'un acte linguistique comme la promesse. Il n'y a pas d'institution qui garantit la promesse. Ce qui veut dire que l'acte de langage que constitue le fait de dire « Je promets » peut être effectué par tout sujet parlant. S'il existait quelque chose comme une convention sociale garantissant la promesse, alors tout ce qui est promis doit être tenu. Justement, le rappel sous forme de sentence qui consiste à dire « chose promise, chose due » témoigne du non accomplissement de certaine promesse ; et nous sommes confrontés tous les jours, dans le monde de la publicité, à des promesses qui ne sont jamais tenues.

Quand GREIMAS nous dit que le monde n'est pas un référent ultime (1970, p. 52), il nous indique que la véritable référence est un système de renvois de signe à signes. De ce point de vue, il se situe dans le sillage de HJELMSLEV pour qui dans le langage, il n'y a que du langage comme le souligne le passage suivant qui commente la position de SAUSSURE sur la préexistence de la substance au signe :

« Mais cette expérience pédagogique, si heureusement formulée qu'elle soit, est en réalité dépourvue de sens, et Saussure doit l'avoir pensé lui-même. Dans une science qui évite tout postulat non nécessaire, rien n'autorise à faire précéder la langue par la "substance du contenu" (pensée) ou par la "substance de l'expression" (chaîne phonique) ou l'inverse, que ce soit dans un ordre temporel ou dans un ordre hiérarchique. Si nous conservons la terminologie de Saussure, il nous faut alors rendre compte - et précisément d'après ses données - que la substance dépend exclusivement de la forme et qu'on ne peut en aucun sens lui prêter d'existence indépendante. » (HJLEMSLEV, 1968-1971, p. 68)

Ce qui nous permet de comprendre que lire la description d'une énonciation pour interpréter le sens d'un énoncé - au sens de DUCROT - c'est lier une forme à une substance. C'est-à-dire : demeurer dans le langage. De cette manière, nous pouvons éviter, au niveau épistémologique de procéder à la mise à l'écart comme conséquence du choix entre la cohérence et la complétude. Rappelons que l'introduction de l'allocutaire dans la compréhension de l'illocution écarte les énoncés du type « je promets ». Nous pouvons illustrer cette relation de la forme de l'énonciation à une substance qui fait office dans cette sémiotique de force illocutoire.

Dans une Faculté, le nom et le prénom du Doyen sont parfaitement connus du milieu, mais ce n'est pas la même chose que de s'adresser à lui par son prénom, par son nom ou par son titre bien que ces trois moyens énonciatifs renvoient exactement au même référent. Tout se passe de telle manière que le mouvement de la référence ne s'arrête pas à cet individu extralinguistique, mais le traverse pour atteindre ce que montre la forme de l'énonciation. Ainsi, le prénom montre une certaine intimité dans le rapport interlocutif, le nom patronymique témoigne d'une certaine distance et le titre affiche une distance maximale.

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Le fait que le mouvement de la référence ne s'arrête pas au réel extralinguistique est ce que nous appelons dans ce travail fuite du réel qui permet de s'intéresser à la performativité sans préoccuper d'aucun problème de véridiction puisque la pragmatique se déroule au niveau de l'analycité. Il s'ensuit qu'il faut centrer l'évaluation de la performativité au niveau de l'énonciateur, exclusivement, puisque c'est lui qui réalise l'énonciation d'après des choix qui visent justement des buts pragmatiques.

Le problème épistémologique que nous tentons de résoudre par adoption de cette méthode d'évaluation peut se résumer de la sorte : puisqu'on ne peut pas tout étreindre, il faut donc choisir entre la cohérence et l'exhaustivité ; ou choisir entre la forme et le sens. Cependant, il faut admettre avec Ivan ALMEIDA que :

« Le style d'une telle épistémologie est devenu, tout naturellement, celui de l'epokhé, de la mise entre parenthèses, soit sous forme d'abstraction, soit sous forme d'Ausschaltung, d'écartement. Or, une mise entre parenthèses n'est possible que sur la base d'une reconnaissance préalable de ce qu'on exclut. Et cela au risque de retenir à l'intérieur de la parenthèse, sous forme de différents types de contamination, la mémoire du domaine exclu. » (ALMEIDA, 1997)

Clarifions alors notre option dans le traitement de ce problème. En se rappelant l'objet de ce travail qui consiste à interroger l'implication de la narrativité dans le traitement de l'illocutoire, nous pouvons dire que le rapport interlocutif - au centre de la pragmatique - est un facteur de l'hominisation de l'espèce. Or, d'après les textes de VICTORRI cette hominisation est un passage du protolangage vers le langage par le moyen de la narration qui poursuit un but pragmatique. C'est-à-dire, il s'agit d'une instrumentalisation du langage dans le champ du rapport interlocutif.

Ce but pragmatique peut être in præsentia, c'est-à-dire, analytique comme l'atteste la présence de préfixe performatif dans les énoncés ; ou in absentia, c'est-à-dire catalytique quand la performativité est lue seulement par la forme de l'énonciation. Dans le premier cas, un ordre, par exemple, peut s'énoncer comme suit : Je vous ordonne d'ouvrir la fenêtre.

On voit très mal comment refuser à cet exemple l'effectuation d'un ordre. En effet, la séquence « ouvrir la fenêtre », obtenue par transformation infinitive à cause de la coréférentialité de l'objet second et du sujet du verbe enchâssé, est commentée par « je vous ordonne ». Un commentaire qui engage l'énoncé dans la sui-référentialité, c'est donc une fuite du réel. On peut dire que la séquence qui commente a pour fonction de désambiguïser, et à partir de là, postuler que l'ordre a le pouvoir exorbitant d'obliger quelqu'un à agir - même si ce quelqu'un est considéré comme un individu linguistique - devient un postulat inutile.

Dans le deuxième où le processus illocutoire est catalytique, il nous faut nous référer à l'argument de LAFONT qui considère la fabrication du silex biface, d'un outil comme hominisation de l'espèce. Justement, il faut bien dans l'opération de fabrication d'un instrument, qu'un troisième objet soit absent et remplacé par son image. La "certitude sensible" nécessaire au travail est prise en charge par la représentation. (1978, p. 19). Autrement dit, en l'absence d'un préfixe performatif, la force illocutoire d'un énoncé se lit

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dans la forme de son énonciation au même titre que la forme d'un outil représente déjà le travail qu'il permet d'effectuer.

Dès lors, l'énonciation comme production d'énoncé est une forme de travail qui permet d'accomplir un autre travail ; et nous retrouvons le style épistémologique de HJELMSLEV qui nous apprend que :

« Le sens devient chaque fois la substance d'une forme nouvelle et n'a d'autre existence possible que d'être la substance d'une forme quelconque » (1968-1971, p. 70)

Il n'y a donc rien à extraire ni à abstraire, chaque énonciation est une forme qui permet d'accomplir un acte de langage, puisque l'émergence du langage au lieu et place du protolangage est commandée par des buts pragmatiques et que ces buts sont accomplis par la narrativité. Autrement dit, il n'est pas question d'exiger la coopération de l'interlocuteur pour rendre compte de la force illocutoire d'un énoncé, il suffit pour cela d'inscrire l'énonciation dans le cadre de l'algorithme narratif.

Ainsi, pour reprendre l'ordre, il suffit de comprendre, dans la perspective du temps dichotomisé dans le narratif, qu'avant l'énonciation d'une forme linguistique, il n'y a pas d'ordre et après, l'ordre est effectué. Autre avantage de cette radicalisation de l'analyse dans le cadre exclusif de la narrativité, la distinction opérée à l'initial de la théorie entre analyse conversationnelle et analyse discursive n'a plus de pertinence qu'au niveau de choix du corpus ; puisque la généralisation de la performativité à tous les énoncés emprunte la voie de la narrativité qui est l'essence du langage ; que l'on se rappelle ici la manière dont Umberto ECO assigne à la narrativité d'être la trame de tout énoncé.

De cette manière, on peut pareillement rendre compte de la force illocutoire d'une promesse par l'immanence de l'analyse au sein de la narrativité. L'illocutoire est une force qui apparaît ipso facto lors d'une énonciation.

Une promesse a pour but de rassurer le destinataire de la parole, elle est produite à cet effet qu'elle contienne ou non le verbe promettre. Ce qui veut dire que sentant l'inquiétude de son interlocuteur, le locuteur peut recourir à la promesse pour faire passer cette inquiétude vers la quiétude sans qu'il faille juger par la suite de l'effectivité de l'acte ainsi produit par la tenue de la promesse qui peut être un temps relativement long. Du moment que quelqu'un présente à son énonciation une forme reconnaissable comme promesse, la promesse est effectuée ipso facto

Travaux cités

ALMEIDA, I. (1997, Mai). Le style épistémologique de Louis Hjlemslev. Consulté le Juin 20, 2012, sur Texto: http://www.revue-texto.net/Inedits/Almeida_Style.html

BARTHES, R. (1966). Introduction à l'analyse structurale des récits. Dans B. e. Alii, Recherches sémiologiques: L'analyse structurale du récit (pp. 1-27). Paris: Seuil.

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BENVENISTE, E. (1970). Appareil formel de l'énonciation. Langages, pp. 12-18.

BOUVERESSE, J. (1971). La parole malheureuse, de l'alchimie linguistique à la grammaire philosophique. Paris: Les éditions de minuit.

DESSALES, J.-L., PIQ, P., & VICTORRI, B. (2006, Mars 20). " A la rechcerhce du langage originel". Consulté le Mai 5, 2013, sur halshs-00137573, version 1: http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00137573

DUCROT, O. (1981). Analyses pragmatiques. Les actes de discours, Communications 32., pp. 11-60.

ECO, U. (1985). Lector in fabula ou la coopération interprétative dans les textes littéraires. Paris: Grasset.

GREIMAS, A. J. (1966b). élements pour une interprétation des récits mythiques. Dans B. E. Barthes, Recherches sémiologiques: l'analyse structurale du récit (pp. 28-59). Paris: Seuil.

GREIMAS, A. J. (1970). Du sens, Essais de sémiotique,1. Paris: Seuil.

HJLEMSLEV, L. (1968-1971). Prolégomènes à une théorie du langage. Paris: éditions de Minuit.

LAFONT, R. (1978). Le travail et la langue. Paris: Flammarion.

LORENZ, K. (1970). Trois essais sur le comportement animal et humain. Paris: Seuil.

MUSIL, R. d. (1982). L'homme sans qualités. Paris: Seuil.

PEIRCE, C. S. (1979). Ecrits sur le signe. (G. DELEDALLE, Trad.) Paris: Seuil.

PROPP, V. (1970 (or. 1958)). Morphologie du conte. Paris: Seuil.

QUINE, V. O. (1980). à la pousuite de la vérité. Paris: Larousse.

RIFFATERRE, M. (1979). La production du texte. Paris: Seuil.

SOURIAU, E. (1950). Les deux cent mille situations dramatiques. Paris : Flammarion.

TODOROV, T. (1971-1978). Poétique de la prose, Choix, suivi de nouvelles recherches sur le récit. Paris: Seuil.

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