WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'application du principe du contradictoire dans la procédure administrative contentieuse au Cameroun.

( Télécharger le fichier original )
par Athanase Roland NDZANA NTIGA
Université de Yaoundé II - DEA 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B/- En matière de preuve

La marque fondamentale de l'inquisitorialité se rencontre dans les «pouvoirs d'instruction »243 du juge. Ils lui permettent de découvrir la vérité soit directement (1), soit indirectement (2).

1) la manifestation directe de la vérité

Elle est l'oeuvre du juge lui-même, et s'exerce au regard de l'enquête, de l'audition des parties et de la descente sur les lieux.

- L'enquête

Elle est « une procédure au moyen de laquelle sont recueillis les témoignages des personnes étrangères à l'instance et qui sont invitées à relater devant le juge ce qu'elles ont vu ou entendu au sujet des faits litigieux »244. Les Professeurs AUBY et DRAGO la définissent comme une procédure « destinée à l'audition des témoignages dans des matières ou la procédure écrite est insuffisante pour éclairer le juge »245. Ils pensent également qu'elle «présente des ressemblances avec l'expertise. En fait, elle est une expertise à laquelle procède le juge lui-même ou l'un de ses membres dans des matières dont la technicité ne requiert pas l'appel à des hommes de l'art »246. Au regard de ces considérations, la spécificité, mieux la particularité de l'enquête réside dans les témoignages recueillis de personnes étrangères à l'instance. Ainsi, dans l'affaire Société Commerciale

243DENO IX DE SAINT Marc (R) et LABETOULLE (D), « les pouvoirs d'instruction du uge administratif »,

op.cit. P.69.

244PERROT, cours de droit udiciaire privé, Paris, les cours de droit 1972-1973 P.375. Cité par JACQUOT (II),

"contentieux administratif au Cameroun'' vol2, RCD, 1975 P.122.

245AUBY (JM) et DRAGO (R), traité de contentieux administratif, op.cit. P28

246 Idem

Mémoire de DEA Présenté et soutenu par M~ZAMA MAGA Athanase Roland- 81

L'application du principe du contradictoire dans la procédure administrative
contentieuse au Cameroun

Africaine c/ Office National de Commercialisation des Produits de Base247, le juge, de manière précise ordonne « en la forme ordinaire des enquêtes, l'audition de M.TSANGA ABANDA Joseph ».

L'enquête est régie par la section 1 du chapitre I& du titre III de la loi du 29 décembre 2006. Elle peut être ordonnée à la demande des parties. Toutefois, le juge pour administrer la vérité, prend l'initiative248. Par ailleurs la décision qui ordonne l'enquête indique les faits sur lesquels elle doit porter, si elle aura lieu, devant un juge désigné ou encore sur commission rogatoire, en audience publique ou en chambre du conseil.249 Ainsi, cette décision doit être notifiée aux parties qui ont un délai de cinq(05) jours pour adresser au greffier la liste des témoins qu'elles désirent faire entendre.250 Ce délai a été raccourci, car la loi du 8 décembre 1975 disposait de trente(30) jours, ce qui pourrait marquer la célérité de la justice.

Le principe du contradictoire garde sa pertinence. Il est au coeur de l'enquête. Un procès-verbal dressé par le greffier est communiqué à l'une des deux parties qui a la possibilité de discuter les témoignages, l'autre partie dispose d'un délai de quinze(15) jours pour répliquer251. En tout état de cause, le juge administratif manifeste la vérité en diligentant une enquête. C'est également le cas avec l'audition des parties que l'on a tendance à assimiler à l'enquête.

- L'audition des partie

L'audition des parties peut être mise en oeuvre par le juge administratif dans la recherche de la vérité. Elle est régie par la section III du chapitre I& du titre III de la loi du 29 décembre 2006.

L'audition des parties est une procédure qui permet au juge « d'entendre les plaideurs eux-mêmes »252. L'interrogatoire des parties a pour finalité de provoquer l'aveu de l'une d'elles253. La manifestation de la vérité par le juge, l'amène à ordonner l'audition des parties

247Jugement n°41/ADD/CS/CA/80-81 du 30 avril 1981, société africaine commerciale c/Etat du Cameroun

248Article 65(1), loi 2006/022 du 29 décembre 2006

249Ibid, article (65)

250 Ibid. article 66(1),

251Article 71(2), loi n° 2006/022 du 29 décembre 2006

252JACQUOT (H), « le contentieux administratif au Cameroun, op.it, P.123

253DEBBASCH (C) et RICCI(J), contentieux administratifprécis DALLOZ, 4e édition, 1985 P.530

Mémoire de DEA Présenté et soutenu par M~ZAMA MAGA Athanase Roland- 82

L'application du principe du contradictoire dans la procédure administrative
contentieuse au Cameroun

sur son initiative. La décision l'ordonnant fixe les jours et heures, et est notifiée sans délai aux parties n'ayant pas comparu à l'audience254.

Les parties peuvent être entendues ensemble ou séparément.255Elles sont confrontées lorsqu'elles sont entendues séparément.256 En raison de la prise en compte du principe contradictoire, afin de permettre au juge d'obtenir un nouvel indice. Au cours de l'audition, elles ont la possibilité d'être assistées par leurs représentants, conseils ou mandataires qui peuvent demander au juge de poser des questions supplémentaires qu'ils estiment utiles, tout ceci dans l'optique de permettre au juge d'atteindre son but.

Toutefois, si l'une des parties ne comparait pas ou comparaissant refuse de répondre, il est prévu que le juge peut tirer toute conséquence de droit et faire état de l'absence ou du refus de répondre comme un commencement de preuve par écrit conformément au droit commun.257

- La descente sur les lieux

La descente sur les lieux est un procédé de vérification des faits relatés par les parties ou des informations fournies par elles.258 Le juge y a recours lorsqu'il veut se rendre compte lui-même d'un fait259. Elle est prévue à la section 2 du chapitre IV du titre III de la loi du 29 décembre 2006.

La descente sur les lieux doit revêtir une importance certaine, car le fait à vérifier doit être déterminant pour l'issue de l'affaire. Alors, il ressort que des « constatations et

»260

vérifications utiles ne peuvent être diligentées que si elles contribuent à la manifestation

de la vérité. Ainsi, dans le jugement NANA LEVI Lucien261, la descente sur les lieux est apparue comme un élément indispensable à l'établissement de la décision du juge.

254Article 77 (2), loi n°2006/022 du 29 décembre 2006

255 Ibid. article 78(3),

256 Ibid. article 80,

257Article 79 (2), loi n°2006/022 du 29 décembre 2006

258KAMTO (M), droit administratif processuel, op.cit. P.66

259JACQUOT (H), op.cit., P.123

260Article 72, loi n° 2006/022 du 29 décembre 2006

261Jugement n°3/CS/CA/76-77 du 29 novembre 1976, NANA LEVI Lucien c/ Etat du Cameroun

Mémoire de DEA Présenté et soutenu par M~ZAMA MAGA Athanase Roland- 83

L'application du principe du contradictoire dans la procédure administrative
contentieuse au Cameroun

La descente sur les lieux prévoit la constatation d'un fait et l'audition d'un tiers262. Ceci peut se justifier du fait de la résolution du litige soumis au juge administratif, c'est sans doute pour cela qu'il précise les parties qui sont à l'origine de son déplacement ; le jugement NJINE NGANGLEY Michel263, précise que le juge a ordonné une descente judiciaire sur les lieux et y a procédé à l'audition des tiers. L'audition de ces derniers fait penser à l'enquête qui est une procédure spécialement réservée aux individus qui ne sont pas parties au procès. Un procès-verbal relatant les opérations menées et contenant les observations des parties est dressé, et signé par le président de la juridiction ou le juge commis, par le greffier et éventuellement les parties et les témoins264.

Le juge administratif dans cette opération, est assimilé à un expert en raison des constatations ou des vérifications qu'il fait. Il est ainsi rémunéré pour son déplacement et par conséquent, il est tenu de produire un état des frais et vacations dont la taxation est faite par le Président de la juridiction ou le juge commis à cet effet265. En tout état de cause, le juge administratif apporte directement la vérité en recherchant personnellement les indices et éléments devant lui permettre d'occuper la place à lui assignée. Il arrive qu'il ait recours à un technicien qui peut se substituer à lui pour faire éclater la vérité.

2) la manifestation indirecte de la vérité

Le développement des sciences et techniques a conduit les juridictions en général, et particulièrement celles administratives, à faire appel très souvent aux experts ou aux techniciens dans leur domaine précis. C'est ainsi que le droit administratif processuel camerounais a pris le train en marche de ces mutations techniques, en offrant la latitude au juge d'administrer même indirectement la vérité, par le biais des mesures d'instruction qu'il confie à un technicien266 pour une appréciation matérielle de certains faits portés à sa connaissance. Ainsi, le juge a recours à l'expertise et à la vérification des écritures.

- L'expertise

Il faut noter que l'expertise est précisée dans la section 5 du chapitre I& du titre III de la loi du 29 décembre 2006.

262Article 74, loi n° 2006/022 du 29 décembre 2006

263 Jugement 29/CS/CA/79-80 du 31 janvier 1980, NJINE NGANGLEY Michel c/ Etat du Cameroun

264 Ibid. article 75 (2),

265 Ibid. article 75 (3),

266GOHIN (0), la contradiction dans la procédure administrative contentieuse, op.cit. P.259.

Mémoire de DEA Présenté et soutenu par M~ZAMA MAGA Athanase Roland- 84

L'application du principe du contradictoire dans la procédure administrative
contentieuse au Cameroun

L'expertise est une mesure d'instruction décidée par le Tribunal et qui consiste à charger une ou plusieurs personnes choisies en raison de leurs compétences, de procéder à des constatations ou à des vérifications de fait dans le cadre d'une mission définie par le juge lui-même.267 L'expert n'est pas un juge, et doit seulement fournir un avis motivé qui ne lie pas le juge. Il est un « conseiller technique ».268 L'expertise a pour objet de permettre au juge administratif d'éclairer une question de fait controversée ou obscure, surtout lorsque cet éclaircissement appelle des connaissances techniques qu'il ne possède pas.269

La réalisation de l'expertise appelle la désignation des personnes n'appartenant pas à la juridiction administrative et ce, en raison de leurs aptitudes légales.270 C'est ainsi que dans le jugement JAMES ONOBIONO, le juge administratif a commis un expert financier agrée et désigné en tant que tel par arrêté n°009/DAG/MJ du 10 mai 2000 du Ministre de la justice garde des sceaux portant désignation des experts dans le ressort de la cour d'appel du littoral au titre des années judiciaires 1999/2000 et 2000/2001.La possibilité est offerte aux parties de s'entendre sur le choix des experts, mais en cas de désaccord entre elles, le juge en désigne d'office271. Le jugement DANDJIN Esaïe272 est illustratif à cet effet, le juge a désigné M.WINKOWO NEY I Emmanuel en qualité d'expert, faute aux parties d'en convenir, car elles n'arrivaient pas à s'entendre sur le choix de l'expert. Il faut noter que l'expert désigné peut refuser d'accomplir cette tâche ou alors être récusé, et dans ce cas le juge le remplace dans un délai de quinze jours par voie d'ordonnance, d'accords partis, soit d'office. Dans le jugement KOUOH Emmanuel Christian,273 le juge a précisé qu' « en cas de refus ou de carence de l'expert, désigné, il sera procédé à son remplacement simple par ordonnance du Président de la chambre administrative à la demande de la partie la plus diligente ».

La décision qui ordonne l'expertise doit fixer tous les points sur lesquels elle doit porter.274Ce qui sous-entend que l'expertise ne peut porter « que sur des questions de fait à

»275

l'exclusion des questions de droit étant entendu que sa finalité est « d'informer le juge

267AUBY (JM) et DRAGO (R), traité de contentieux administratif, op.cit., P.20 268Idem.

269CHABANOL (D), «Expertise », répertoire du contentieux administratif, P.1.

270DENO IX DE SAINT Marc (R) et LABETOULLE (D), « les pouvoirs d'instruction du (JA) » op.cit., P.78 271Article 84 (2), loi n°2006/022 du 29 décembre 2006

272 Jugement n60/ADD/CS/CA/93-94 du 28 avril 1994, DANDJINEsaie c/Etat du Cameroun

273Jugement n° 43/CS/CA/82-83 du 7 avril 1983, KOUOH Emmanuel Christian c/Etat du Cameroun 274Article 84(3), loi n° 2006/022 du 29 décembre 2006

275DENOIX DE SAINT Marc (R) et LABETOULLE (D), « les pouvoirs d'instruction du juge administratif»

op.cit., P.78

Mémoire de DEA Présenté et soutenu par M~ZAMA MAGA Athanase Roland- 85

L'application du principe du contradictoire dans la procédure administrative
contentieuse au Cameroun

»276

sur l'appréciation matérielle des faits et non de trancher un point de droit lorsque le juge

administratif camerounais ordonne une expertise, il précise généralement les faits sur lesquels elle doit porter. Dans le jugement MBALLA NLATE, une expertise médicale fut ordonnée « en vue de déterminer selon la méthode de la toise, la taille exacte du requérant »277.

L'expertise est un moyen de manifester la vérité par le juge administratif de manière indirecte, car il fonde sa conviction au sujet des faits qu'il soumet à l'expert. Le juge reste le maitre de l'instruction, il sait ce qu'il recherche, ce qui lui est utile. En aucun cas, il n'est obligé de suivre l'avis des experts278. C'est dire que le rapport de l'expert ne le lie pas279. Les professeurs DEBBASCH et RICCI pensent que « le juge n'est pas lié par les résultats de l'expertise. Il peut ordonner une nouvelle expertise qui porte sur les points différents de la primitive expertise ou une contre-expertise qui consiste à faire recommencer la primitive expertise »280. L'expertise permet au juge d'administrer indirectement la vérité pour établir sa conviction.

- La vérification des écritures

Elle est régie par la section 4 du chapitre 4 du titre III de la loi du 29 décembre 2006.

L'écrit est dominant et d'un important champ d'application dans la procédure administrative contentieuse. Il devient fondamental tout en recherchant la solution à des litiges donnés, de résoudre le problème de foi à accorder à cet écrit281. C'est ainsi que « le juge ne s'estimera pas en mesure d'apprécier lui-même l'authenticité d'un document ou d'une signature »282. La lecture de la loi du 29 décembre 2006 démontre que la preuve des actes s'effectue conformément au droit commun démontrant la pénétration du droit privé dans le droit public. Le juge administratif a rarement eu recours à cette mesure d'instruction ce qui a amené le Professeur S IETCHOUA283 à dire qu' « on ne s'attende pas à des décisions sur la vérification des écritures dans le contentieux administratif camerounais, car il n'en existe pas du moins à notre connaissance », en effet, nous également n'en avons pas trouvé.

276 DEBBASCH(C) et RICCI (JC), contentieux administratif, 4e édition op.cit., P.526

277Jugement n°66/ADD/CS/CA/85-86 du 16 mai 1986, MBALLA NLATE Jean c/Etat du Cameroun

278AUBY(JM) et DRAGO(R), Traité de contentieux administratif, op.cit. p. 23.

279KAMTO (M), Droit administratifprocessuel, op.cit. p. 65

280DEBBASCH (C) et RICCI (JC), Contentieux administratif, op.cit., p.528

281DEBBASCH (C) et RICCI (JC), Contentieux administratif, op.cit., p.531

282CHAPUS (R), Droit administratif, op.cit., p. 806

283S IETCHOUA DJUITCHOKO (C), l'appel dans le contentieux administratif au Cameroun « contribution à

l'étude de la juridiction administrative » th. Aix en Provence, juin 2001, p. 287

Mémoire de DEA Présenté et soutenu par M~ZAMA MAGA Athanase Roland 86

L'application du principe du contradictoire dans la procédure administrative
contentieuse au Cameroun

La vérification des écritures a une identité spécifique des autres mesures d'instruction. Au terme de l'article 83 de la loi du 29 décembre 2006 « si une partie allègue la fausseté d'un acte sous seing privé, public ou authentique, elle doit en rapporter la preuve conformément au droit commun ». Il ressort de cet article, que c'est à la partie qui allègue la fausseté d'en apporter la preuve.

Au regard du rôle directeur du juge administratif, il ressort que ce dernier est d'une part, maitre de la procédure à travers la conduite du procès administratif ; et d'autre part, qu'il détient des pouvoirs lui permettant d'établir la vérité. Seulement, il sied d'aborder dès lors la garantie de l'administré dans les pouvoirs du juge.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King