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La délinquance économique et financière à  l'heure du numérique en droit ivoirien


par Gaston Désiré Koffi
Université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo (Cote d'Ivoire) - Master 2017
  

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A- Les obstacles liés au Système judiciaire ivoirien

247. La Cote d'Ivoire ne semble pas disposer des ressources humaines adéquates pour
contrer la cybercriminalité, comme du reste toutes les infractions classiques. Par inadéquation des ressources humaines au service de la justice ivoirienne, nous entendons appréhender la double question de la quantité et de la qualité du personnel judiciaire, trop inférieur aux besoins réels pour une justice même minimale. Et les cours et tribunaux, même organisés par de meilleurs textes de loi, ne fonctionnent que s'il y a du personnel judiciaire en nombre requis.

248. L'amélioration de l'administration judiciaire passe par une meilleure formation
des magistrats en général et des juges en particulier. Pourtant, la Cote d'Ivoire semble avoir créé de processus de formation des magistrats. S'il est vrai que le décret du 3 février 2005 a créé l'INFJ en le détachant de l'ENA, encore faut-il relever que son directeur est lui-même nommé par le Ministre de la fonction publique et non par le Garde des Sceaux.

249. La formation et la documentation juridique qui étaient censées accompagner la
carrière du magistrat et qui devaient assurer la connaissance régulière non seulement de la jurisprudence mais encore de nouvelles techniques, de l'évolution de la science du droit dans le monde font défaut.

250. La pauvreté de la justice ivoirienne crève les yeux à tout visiteur. Tout, mais
absolument tout manque. Le manque d'équipements et de moyens matériels est criant. L'état des équipements existants est insatisfaisant. Toutes les juridictions en souffrent puisqu'elles ne disposent pas d'outils de travail performants.

251.

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A l'ère des autoroutes de l'information, l'on a constaté que la plupart des
juridictions ne sont pas dotées d'outils informatiques performants. Les rares ordinateurs mis à la disposition des juridictions les plus chanceuses sont tombés en désuétude, soit par faute d'entretien, soit parce que leurs utilisateurs n'ont pas la formation requise pour les utiliser à bon escient. Les acteurs de la justice, qu'il s'agisse des magistrats, des greffiers et des secrétaires dactylographes doivent être initiés aux techniques d'utilisation de l'outil informatique et bénéficier de recyclages réguliers ensuite. Il appartient principalement à l'Etat et accessoirement aux bailleurs de fonds, d'équiper les juridictions et parquets ivoiriens d'outils informatiques afin de rendre plus performant l'appareil judiciaire.

252. Ce faisant, il importe aussi de mettre en place un système de sauvegarde des
données qui soit efficace. En effet, la poussière, le mauvais usage, les virus informatiques, la foudre et les variations de tension électrique sont de nature à endommager irrémédiablement les appareils.

253. C'est ainsi que parallèlement à la sauvegarde des données informatiques, il serait
judicieux de conserver une méthode de classement manuelle confiée à des professionnels de la conservation.

254. Pour toutes ces causes, le système judiciaire dans le contexte de l'Internet n'est
pas efficace et ne peut effectuer pleinement sa mission de régulation sociale. Face à un tel dysfonctionnement, le pays doit prendre des mesures efficaces pour sauvegarder sa légitimité car les comportements antisociaux qu'autorise l'Internet apportent un gain immédiat et sans contrepartie à leurs auteurs tout en déstabilisant le marché et le bon fonctionnement de l'économie. Il n'existe quasiment pas de documentation juridique et encore moins de bibliothèque dans les juridictions.

255. Les magistrats soucieux de maintenir le niveau de leurs connaissances juridiques
sont contraints de se procurer, à leurs frais, la documentation qui les intéresse. Ils n'ont pas de ligne de crédit qui leur permettrait de répondre à leurs besoins en codes et lois, revues juridiques, ouvrages de doctrine ou recueils de jurisprudence. Le résultat de cette absence de documentation est que les magistrats, censés mieux que quiconque maîtriser le droit, ne sont dans certains cas plus en mesure de rendre des décisions qui y soient conformes, faute d'informations suffisantes, parfois même faute de codes à jour. La qualité des décisions de justice en pâtit.

256. Surtout dans les sections détachées, ces magistrats se sentent isolés des autres et
cette situation favorise des écarts importants dans l'application du droit par les

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différentes juridictions du pays Soulignons aussi que le fonctionnement de la justice ivoirienne repose aussi sur un certain nombre de personnes volontaires payées directement (et très mal payées) par les juridictions, en raison de l'absence de moyens de l'Etat. Il s'agit des secrétaires dactylographes, des interprètes et parfois du personnel de gardiennage ou d'entretien.

257. Ces personnes ne disposent d'aucun cadre légal ou d'aucun statut pour l'exercice
de leurs fonctions, ce qui est particulièrement inconfortable et insécurisant pour elles. Ainsi les secrétaires ne sont pas tenues au secret professionnel ni à aucune déontologie. Leur utilisation est dès lors extrêmement périlleuse, surtout en raison de leur grande vulnérabilité.

258. Si l'on souhaite que la justice ivoirienne gagne en efficacité, des moyens
supplémentaires doivent être consacrés à la formation des acteurs judiciaires, notamment des magistrats, compte tenu de la délicatesse de la mission de juger. Une bonne formation initiale, sous la tutelle du Ministère de la justice, ainsi que l'assurance d'une formation continue de qualité, contribueraient non seulement à l'amélioration des conditions de travail de ces acteurs, mais surtout à l'émergence d'une justice de meilleure qualité.

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