Quête bigmaniaque et légitimation politique locale des élites urbaines au Cameroun. Cas de l'arrondissement de Zoétélé.par Julio Herman Assomo Université de Yaoundé 2 - Master en Sciences politiques 2013 |
B- Les techniques de collecte des données : la recherche documentaire, l'entretien et l'observation participantePour M. GRAWITZ66(*), toute recherche scientifique « doit comporter l'utilisation des procédés opératoires rigoureux bien définis, transmissibles, susceptibles d'être appliqués dans les mêmes conditions, adaptés au genre de problème en cause : ce sont là des techniques ». Les techniques choisies nous ont permis de collecter des informations importantes quant à la compréhension de la légitimation politique locale des élites urbaines à travers l'activité bigmaniaque dans l'arrondissement de Zoétélé. Il s'agit de l'analyse documentaire, l'entretien et l'observation participante. 1- La recherche documentaireLa recherche documentaire d'après G.R. ASSIE et R.R. KOUASSI consiste en « la collecte d'informations à travers des documents et supports divers »67(*) dont entre autres « des documents écrits, sonores, visuels, audiovisuels ou des objets »68(*). Autrement dit, c'est le traitement intellectuel de documents servant à décrire et à caractériser le contenu d'un document en y repérant des éléments d'informations essentiels et en les « traduisant » sous une forme concise et précise. La technique documentaire nous a permis de parcourir des ouvrages généraux, des articles plus ou moins spécialisés, la visite de sites internet spécialisés (sur la vie politique, les institutions étatiques tutélaires des institutions politiques locales, sur l'arrondissement de Zoétélé, entre autres). Lesdits documents ont été consultés entre autres dans les archives de la mairie de Zoétélé, des articles et documents de presse tant écrite que numérique (notamment cameroon-tribune.cm ; Zoétéléactu.com ; Nkul-beti-camer.com ; arte.tv ; cameroon-info.net, etc.), des sites institutionnels (minatd.cm ; statistics-cameroon.org ; rdpcpdm.cm, etc.), des sites de publications scientifiques et des oeuvres de recherches (dont les sites leportique.revue.org ; cairn.info ; cerium.umontreal.ca ; editions-harmattan.fr ; karthala.fr ; persee.fr ; politique-africaine.com, mémoire-online.org ; etudeafricaines.revue.org). Nous avons aussi eu accès à des documents privés de l'ancien maire de Zoétélé, Mme MENGUE NKILI. Tous ces documents nous ont donné d'avoir une meilleure connaissance de la vie sociopolitique de la localité de Zoétélé. 2- L'entretienL'entretien d'après Madeleine Grawitz69(*) est un «procédé d'investigation scientifique, utilisant un processus de communication verbale, pour recueillir des informations en relation avec le but fixé». L'entretien permet, d'après Ibrahima Lo70(*) d'instaurer un échange au terme duquel l'interlocuteur exprime ses perceptions d'un évènement ou ses expériences. Cette technique a pour avantage, entre autres, de faciliter l'analyse du sens que les acteurs donnent à leurs pratiques et aux évènements auxquels ils sont confrontés, autrement dit, une certaine profondeur de l'analyse des éléments recueillis à travers notamment une souplesse du dispositif permettant de récolter les témoignages et les interprétations des interlocuteurs en respectant leurs propres cadres de références. Cette technique nous a permis d'aller à la rencontre des acteurs dont certaines élites, des citoyens ordinaires, entre autres, pour découvrir la manière dont les concernés, acteurs actifs et passifs de la vie politique de l'arrondissement de Zoétélé vivent le phénomène de quête bigmaniaque et l'idée qu'ils ont de son poids sur la légitimation politique de ces « grands hommes », mais aussi son influence sur la localité en général. Nous avons en effet effectué une enquête de terrain en deux phases. Au cours de la première phase qui eut lieu entre le 02 et le 16 avril 2015, nous avons rencontré le maire de la commune de Zoétélé, quelques responsables locaux de partis politiques et des responsables de certaines institutions publiques et parapubliques représentées dans l'arrondissement. Cette première phase nous a permis d'avoir un premier aperçu sur les réalités de la vie politique dans l'arrondissement de Zoétélé et surtout l'impact de l'action des grands hommes et autres élites urbaines en ce qui concerne le bigmanisme et la quête légitimité politique. Quant à la deuxième phase qui a eu lieu entre le 29 avril et le 22 mai, nous avons effectué de nouveaux entretiens avec des élites (notamment celles identifiées comme étant politiquement active d'une manière ou d'une autre dans l'arrondissement) afin de mieux les connaitre, mais aussi de savoir quel est leur aperçu de la vie politique et de son aspect concurrentiel lié à la redistribution en l'occurrence dans la localité. Nous avons aussi effectué des entretiens semi directifs avec un corpus constitué de citoyens «ordinaires » ; soit une cinquantaine, au total. Au demeurant, nous avons retenu de ces enquêtes que les grands hommes, entrepreneurs politiques ou non, accordent une place importante à la redistribution comme(étant pour eux) un moyen d'affirmation et de développement de la localité d'une part, et que d'autre part, les populations, plus exigeantes avec le temps, mesurent la légitimité des grands hommes à leurs capacité de redistribuer et d'influencer le développement sous diverses formes au sein de la localité. * 66 GRAWITZ. D, 1993.Op. cit. * 67 ASSIE, G.R. & KOUASSI R.R.Cours d'initiation à la recherche, ABIDJAN, EPCCI. * 68ASSIE, G.R. & KOUASSI R.R. op.cit. * 69 GRAWITZ M.1993. Op. Cit. * 70 Lo. Ibrahima ; Cours de méthodologie de la rechercheen science sociale.Université Cheikh AntaDiop, Dakar. |
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