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L'anxiété du patient liée à  l'utilisation du masque de contention en radiothérapie.


par Amélie IVAHA
Lycée Marie Curie  - Diplôme technicien supérieur en imagerie médicale et radiologie thérapeutique ( DTS IMRT)  2020
  

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Liste des abréviations

MERM : Manipulateur en électroradiologie médicale

ORL : oto-rhino-laryngologie, cancer qui touche particulièrement la bouche, le nez, l'oesophage.

MLC : MultiLeaf Collimateur ou collimateur multi-lames, permet de moduler le faisceau pour prendre la forme voulue de la tumeur.

CBCT : Appelé aussi cone beam ; c'est une nouvelle technique de radiographie numérisée qui permet d'avoir une reconstruction en 3D. Cela s'apparente à un scanner. (Source : https://imageriemedicale.fr)

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Introduction

L'anxiété est une émotion ressentie face à un danger ou à un problème perçu comme attaque physique ou mentale : mais la récurrence de l'anxiété peut devenir pathologique et entraver le fonctionnement de l'individu au quotidien. C'est pourquoi il existe une prévalence de l'anxiété chez 50% des patients cancéreux. Car ils ont un traitement de radiothérapie lourd et fatiguant qui peut nécessiter le port d'un masque de contention2.

La radiothérapie est une spécialité médicale qui utilise les rayonnements ionisants pour les traitements. C'est une méthode de traitement locorégional3 des cancers, qui utilise des rayons X pour détruire les cellules cancéreuses en bloquant leur capacité à se multiplier. L'irradiation a pour but de détruire toutes les cellules tumorales tout en épargnant les tissus sains périphériques. Pour préserver ces tissus sains, il est important d'utiliser des moyens de contentions tel que le masque pour que les séances soient reproductibles4 et d'irradier toujours la tumeur.

En effet, pour le positionnement de ce masque, le MERM requiert du patient une immobilité totale à la fois pour la qualité des images de positionnement et pour le bon déroulement de la séance de traitement. Cette immobilité nécessite un self control car rester immobile pendant une quinzaine de minutes est généralement intenable. C'est en ce sens que les masques de contention vont aider les patients à rester immobile afin d'avoir un positionnement reproductible.

Ainsi, l'utilisation du masque de contention est incontournable dans les services de radiothérapie lors des traitements des cancers ORL ou cérébrales. L'appréhension de ce masque peut alors différer d'un patient à l'autre : pour certains, mettre ce masque de contention est supportable, alors que pour d'autres, cela représente une véritable épreuve : ils

2 Après avoir été chauffé légèrement, le masque va être moulé facilement sur la tête du patient, il épouse ainsi la forme, et

rapidement va devenir rigide. Il sera utilisé à toutes les séances de traitement pour garder la tête immobile. Ils sont

percés à différents endroits pour permettre au patient d'être confortable. (source : http://www.radio-oncologie.qc.ca)

3 Lorsque le traitement se porte sur une région donnée

4 Fidélité des résultats d'une même opération ou expérimentation répétée à des moments, en des lieux ou avec des opérateurs différents.

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manifestent des signes d'anxiété qui peuvent les conduire au refus du masque. Or on ne peut pas traiter un patient sans masque. Le port du masque est capitale pour la réalisation du traitement.

C'est pourquoi dans ce mémoire de fin d'études, je vais donc m'intéresser à l'anxiété du patient liée à l'utilisation du masque de contention en radiothérapie.

Durant ces 3 ans de formation pour l'obtention du diplôme technicien supérieur en imagerie médicale et radiologie thérapeutique, j'ai effectué des stages dans différentes structures publiques ou privées. Dès mon premier stage de radiothérapie, j'ai été confrontée à une situation nécessitant l'utilisation du masque de contention. J'ai voulu comprendre le dilemme suivant : comment en tant que manipulateur en électroradiologie médicale, je peux traiter un patient anxieux à cause du masque de contention alors qu'il est indispensable à chaque séance. Un paradoxe que je souhaite comprendre car cette utilisation de la contention est très peu abordée hors du champs de la psychiatrie: c'est pourquoi il y a peu de recherches en France sur ce sujet.

Ce mémoire aura donc pour objectif d'aborder l'importance du rôle du manipulateur dans la gestion de l'anxiété chez un patient cancéreux devant porter un masque de contention.

Dans quelle mesure la prise en charge des patients anxieux liée à l'utilisation du
masque de contention requiert -elle une démarche complexe par le MERM ?

Afin de répondre à notre problématique, nous allons mettre en place un questionnaire pour faire un état des lieux de l'utilisation du masque de contention en radiothérapie.

Nous verrons dans un premier temps le cadre contextuel pour expliquer la situation d'appel et les questionnements qui se sont émergés par la suite. Dans un second temps, nous verrons le cadre conceptuel qui permet de montrer que l'anxiété peut devenir un frein lors du traitement du patient, le rôle du MERM dans sa prise en charge d'un patient anxieux et la technique de la radiothérapie. Dans un troisième temps, nous allons parler de l'enquête de terrain grâce à l'analyse des réponses du questionnaire. Finalement, nous parlerons du projet professionnel qui permettra d'étudier des pistes de réflexions pour améliorer les pratiques sur le terrain.

I- 10

Première Partie : Cadre Contextuel

I- 1) Présentation de la situation d'appel

En tant qu'étudiante manipulatrice en radiologie, j'ai pu prendre en charge des patients de différents horizons avec diverses pathologies. Une situation m'a alors interpellée lors de la prise en charge d'un patient anxieux liée à l'utilisation du masque de contention.

Lors de mon deuxième stage de radiothérapie dans une clinique privée, nous étions à 3 pour prendre en charge ce patient : les deux manipulateurs et moi. J'ai fait l'accueil du patient puis j'ai effectué son interrogatoire. Il était traité pour un cancer ORL et avait déjà eu quelques séances de radiothérapie, qui nécessitaient un masque de contention thermoformé à 5 points (Voir annexe 1). Avant l'installation du patient, les manipulateurs me préviennent qu'il faudra prendre un temps lors de la mise en place du masque de contention. Ce patient faisait un réel effort chaque jour pour venir à sa séance. Avant la mise en place du masque, il prenait de grandes inspirations et nous donnait son accord lorsqu'il était prêt pour mettre le masque de contention. Après chaque séance, il savait combien de minutes exactement durerait la séance car il comptait les secondes dans sa tête. Lorsqu'il fallait faire un CBCT pour vérifier le positionnement, on le prévenait qu'il y avait des images en plus et ainsi la séance serait un peu plus longue que d'habitude. Cependant, au fil des séances je faisais en sorte d'enlever au plus vite son masque dès la fin du traitement.

Un jour, les manipulateurs et moi nous l'avions installé sur la table avec son masque comme d'habitude. Lors de la programmation des faisceaux au pupitre, l'accélérateur nous transmet un message d'erreur au niveau des MLC. Les manipulateurs ont pris le téléphone pour prévenir le radiophysicien5. En attendant la venue du radiophysicien au poste de travail,

5 Professionnel de santé exerçant au sein d'une équipe pluridisciplinaire dont l'activité consiste à mettre en oeuvre ses connaissances en matière de rayonnements dans le domaine médical. Il est notamment chargé de la qualité des images, de la dosimétrie (étude quantitative de la radiation) et s'assure de l'optimisation de l'utilisation des équipements à rayonnements à des fins de diagnostiques ou thérapeutiques du patient. (Source : https://www.guichet-qualifications.fr)

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les manipulateurs interpellent le patient au niveau de l'interphone, en lui disant que l'on va avoir un peu de retard dans la séance. Mais quelques instants plus tard, le patient nous appelle, en levant la main car il ne supportait plus le masque sur son visage. Lorsqu'on l'a enlevé de la table, il avait une respiration rapide et était en sueur. Je suis restée un instant avec lui le temps que les dosimétristes6 et les radiophysiciens réparent la panne. Je lui ai alors demandé ce qu'il ressentait lorsqu'il était dans le masque de contention. Il me disait que pour lui c'était la pire situation qu'il ait jamais vécu, car il avait l'impression qu'à chaque fois, quelqu'un mettait sa tête sous l'eau de force. Il n'avait pas ressenti cela au scanner dosimétrique car le masque était encore mou mais bien à la première séance à blanc7. Il utilisait le temps comme moyens pour contrôler sa peur mais cela avait des limites lorsque la séance était trop longue.

Lorsque le problème fut résolu par les radiophysiciens et les dosimétristes, on a pu replacer le patient et reprendre son traitement.

Après cet évènement, j'ai consulté le dossier patient. Ce patient avait eu quelques rendez-vous avec la psychologue, elle expliquait que son anxiété diminuait grâce aux points d'ancrage qu'il pouvait lui même installer lors de ses séances de traitements. C'est-à-dire qu'il arrivait à gérer son anxiété lorsqu'il comptait les secondes dans sa tête. J'ai également demandé aux MERM comment ils avaient aider le patient à gérer sa peur du masque thermoformé. Ils me racontèrent alors qu'à la séance à blanc, il avait une crise de panique dès la mise en place du masque de contention. Pourtant lors du scanner de dosimétrie, il n'y avait aucun problème. Ils ont alors utilisé la respiration profonde pour qu'il puisse penser à autre choses. Il avait réussi à faire sa première séance malgré tout. Et qu'ils ont conseillés finalement au patient de voir le psychologue du service.

6 Personne qui participe, avec l'oncologue radiothérapeute et le physicien, au calcul de la dose de rayons nécessaire à une radiothérapie et à la planification du traitement (Source : https://www.e-cancer.fr)

7 Séance qui permet de vérifier tous les paramètres de traitement et le positionnement du patient, avant le début du traitement. (Source :

https://inis.iaea.org/collection/NCLCollectionStore/_Public/44/128/44128458.pdf )

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand