· Définition
L'aromathérapie, la thérapie par les huiles
essentielles pourrait constituer un outil essentiel dans la prise en charge
d'un patient anxieux. Ce terme vient du grec « aroma » qui
signifie l'odeur et le terme « therapia » qui désigne
le soin. Une huile essentielle est la partie odorante extraite d'une plante
aromatique.
Grâce à René-Maurice Gattefossé,
chimiste français et ses recherches, le mot aromathérapie est
apparu en 1928. Sa découverte des vertus des huiles essentielles a
été fortuite. En effet, il se brûla la main lors d'une
explosion qui eu lieu dans son laboratoire. Il plongea alors sa main dans un
récipient rempli d'huile essentielle de lavande alors qu'il pensait que
c'était de l'eau. Il remarqua alors un soulagement immédiate et
une cicatrisation presque parfaite. Cela a été le point de
départ de l'étude des huiles essentielles.
D'après l' AFNOR22, les huiles essentielles
sont des « Produits obtenus à partir d'une matière
première naturelle (2,19) d'origine végétale, soit par
entraînement à la vapeur d'eau, soit par des
procédés mécaniques à partir de l'épicarpe
de fruits de citrus (agrumes), soit par distillation sèche, après
séparation de l'éventuelle phase aqueuse par des
procédés
physiques. »
Ses produits d'origine naturelle peuvent être alors
utilisés de différentes manières pour soulager
l'anxiété.
· Les différents modes d'utilisation des
huiles essentielles
On peut alors les utiliser par :
- voie orale, l'huile essentielle peut être
ingérée pure sur un comprimé neutre, du sucre, de la mie
de pain, ou encore du miel. Elle peut être également diluée
avec un soluté ou sous forme solide c'est-à dire des
gélules et des capsules molles.
- voie cutanée, l'huile essentielle peut
pénétrer les différentes couches cutanées
grâce à sa fonction lipophile. Elle se diffusera tout d'abord dans
la microcirculation périphérique puis
22 Association Française de NORmalisation
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dans la circulation générale. Elle produit alors
deux actions à la fois locale et systémique dans l'organisme.
- voie respiratoire, l'huile essentielle sera inhalée par
les voies respiratoires.
Dans ce mémoire, je vais m'intéresser plus
particulièrement à l'aromathérapie par voie
respiratoire.
· Les différentes voies d'administration de
la voie respiratoire
Dans la voie respiratoire, il existe trois modes
d'administration différents :
- l'inhalation humide,
- l'inhalation sèche,
- la diffusion atmosphérique,
L'inhalation humide est l'entraînement des huiles
essentielles par vapeur d'eau. Son
action est cependant locale, elle est très
utilisée pour décongestionner les voies aériennes
supérieures.
L'inhalation sèche qui consiste à déposer
quelques gouttes sur un mouchoir et de respirer plusieurs fois dans la
journée.
La diffusion atmosphérique est souvent utiliser pour
aseptiser un environnement. Cela permet d'à la fois de parfumer et de
désodoriser mais cela représente aussi une arme contre les
insectes. Selon les huiles essentielles utilisées, elles favorisent la
relaxation ou le sommeil. Ce qui est intéressant dans cette technique
est qu'il n'y a pas de contre-indication majeure. Il serait intéressant
de mettre en place ce système dans les salles de traitements de la
radiothérapie. On peut ainsi utiliser une ou deux huiles essentielles ou
un complexe prêt à l'emploi. On limite la diffusion aux patients
anxieux qui durera le temps de la séance entre 5 à 20 minutes.
Nous pouvons utiliser la voie respiratoire pour un usage local
mais aussi systémique : les substances inhalées passent par les
alvéoles pulmonaires pour aller dans le sang et pour atteindre le
système nerveux central. Cela peut poser problèmes aux patients
épileptiques si il y la présence de certains
éléments neurotoxiques. Cependant c'est l'une des voies les plus
inoffensives si certaines précautions sont respectées :
- Pas d'exposition prolongée
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- Pas d'exposition avec des niveaux élevés d'huiles
essentielles
- Pas d'exposition avec une huile essentielle constituée
de molécules neurotoxiques comme le pinocamphone ou la thuyone.
· Les limites de l'utilisation des huiles
essentielles
Il est alors déconseillé d'utiliser des huiles
essentielles irritantes telles que la cannelle, giroflier, la sarriette, le
thym, le thymol...), les huiles essentielles à cétones
monoterpéniques, car la diffusion en présence de très
jeunes enfants ou en présence de patients peuvent provoquer des
problèmes d'allergies respiratoires ou asthme.
Certes l'emploi de ces produits dits « naturels »
n'exclut pas le risque d'une toxicité. Cependant cela dépend de
la dose, de la concentration, de la fréquence d'administration, de la
biodisponibilité, de la toxicité intrinsèque de la
substance, d'interactions avec d'autres et de la sensibilité de
l'individu. En général, la toxicité aiguë est
généralement faible en voie aérienne mais la plupart des
empoissonnements proviennent de la voie orale. Les autres voies sont moins
susceptibles de représenter un risque mortel. Les toxicités sont
:
- la photosensibilisation, qui se caractérise par des
réactions érythémateuses sur le derme ou l'épiderme
en cas d'exposition solaire. Elle est majoritairement présente lors de
l'utilisation par voie cutanée.
- l'allergie, cela dépend du terrain allergique du
patient. Cependant sur une période trop longue, les huiles essentielles
peuvent devenir allergisante.
- la dermocausticité, c'est-à dire l'irritation de
la peau et des muqueuses par les huiles essentielles qui peuvent même
brûler la peau en cas de mauvaise utilisation.
- l'hépatotoxicité, les huiles contenant du
phénols peuvent interférer avec les enzymes hépatiques
entraînant une altération des fonctions de métabolisation
et conduire à de possibles dommages hépatiques.
- la neurotoxicité, les huiles riches en cétones
peuvent déclencher des dégradation du tissu neuronal et
provoquerdes convulsions.
- la cancérogenèse, certaines huiles essentielles
peuvent altérer la division ou la multiplication cellulaire et modifier
l'ADN. C'était le cas pour les huiles essentielles contenant du safrole.
Elles ne sont plus utilisées en milieu médical.
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- la tératogénicité, les huiles peuvent
altérer le développement du foetus. Il faut être vigilant
pour la femme enceinte.
Ainsi, il est important de savoir quelles huiles à
proscrire. La liste est à voir dans annexe 8.
D'après la thèse de Desseaux A. «
Aromathérapie en cancérologie: rationnel, intérêt et
limites » (2018) , pour calmer le stress et les palpitations la
formule n° 81 (Voir Annexe 7). Cette formule est composée de
nombreuses molécules telles le linalol (Ylang-Ylang) ayant un effet
dépresseur sur le SNC23 de la souris. De même, l'huile
essentielle de petit grain bigarade a prouver une activité anxiolytique
et hypnotique sur la souris mâle.
Selon la thèse de Alice DUDOT, (26 septembre 2017),
« L'aromathérapie dans la prise en charge des états
dépressifs mineurs, états anxieux et troubles du sommeil. »
, il met en évidence l'exemple de six huiles essentielles pour la
prise en charge des troubles anxieux, dépressifs et des troubles du
sommeil.
Nous avons tout d'abord la camomille noble (Chamaemelum nobile)
(L.) All. [3] [27]. Son huile essentielle a des propriétés
sédatives, calmantes et relaxantes. On peut l'utiliser dans des cas
d'anxiété, d'angoisse et de troubles du sommeil. Elle favorise
l'endormissement. Cette huile peut être utilisé par voie
respiratoire, par diffusion atmosphérique, inhalation sèche ou
humide.
Ensuite, la marjolaine à coquilles (Origanum majorana L.)
[4] [3] [27], appelée également marjolaine des jardins ou origans
des jardins. Son huile essentielle a des propriétés calmantes qui
peuvent agir en cas d'état dépressif mineur, de fatigue
intellectuelle mais aussi en cas d'anxiété et de stress. La voie
cutanée et respiratoire est privilégiée pour cette
huile.
De plus, nous avons le Néroli (Citrus aurantinum L.
ssp.amara Engl) [4] [3] [27]) , appelé plus communément
bigaradier. Cette huile essentielle est connue pour ses
propriétés sédatives et antidépressives. Elle est
recommandée dans les cas de troubles du sommeil mais aussi
d'états dépressifs mineurs associés à de
l'anxiété et à l'angoisse. L'administration peut se faire
par voie respiratoire en diffusion atmosphérique ou par inhalation
sèche et humide.
Nous avons également les petits grains bigaradiers
(Citrus aurantinum L. ssp.amara Engl) [4] [3] [27]), cette huile est issue de
la même plante que la précédente. Cependant, la
23 Système nerveux central
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distillation est faite par la vapeur des des feuilles, des
ramilles et des petits fruits verts immatures alors que la
précédente provient de la distillation des fleurs fraîches.
Elle a des propriétés calmantes, anxiolytiques et
sédatives en cas d'état anxieux, d'angoisse et de troubles du
sommeil.
Et enfin, l'Ylang-Ylang ( Cananga odorata Hook et
Thom.ssp.genuina) [3] [27] [33], cette huile essentielle fait l'objet de
plusieurs études. En effet, elle diminue le rythme respiratoire,
cardiaque et la pression sanguine. Elle est conseillée en cas de stress,
d'anxiété et de déprime. Elle peut être
administrée par voie en respiratoire par diffusion mais peut devenir
entêtante et provoquer des migraines et des nausées. Il faudra
l'utiliser avec précautions.
L'aromathérapie peut être un outil pour le MERM lors
de la prise en charge de patients anxieux. En effet, il serait important de
noter que la diffusion atmosphérique conviendrait lors de la
séance de radiothérapie. C'est un moyen également de ne
pas avoir recours au médicaments si elles sont bien utilisées.