II- Deuxième Partie : Cadre conceptuel
II- 1) L'anxiété : un sentiment constant chez
le cancéreux II- 1.1) Définition de l'anxiété
Le mot « anxiété » a pour origine
latine « anxius » qui veut dire « esprit troublé à
propos d'un événement incertain » et dérive
également d'une racine grecque ayant les notions «
d'étranglement » et « d'enserrement »
Selon le site de référence de
l'anxiété, l'anxiété est une émotion
ressentie face à un danger ou à un problème perçu
comme agression physique ou mentale. Elle peut être
désagréable comme émotion mais reste normal et commun
à tous les individus. Elle peut alors devenir pathologique lorsqu'il
prend un caractère excessif dans différents situations : on
parlera de troubles anxieux.
Les sujets atteints de troubles anxieux ressentent un
sentiment d'inconfort ou de peur secondaire à une anticipation excessive
d'éventuelles difficultés avant même que les
problèmes ne soient survenus, ou avant même que le sujet ait
repéré précisément ce qu'il redoute. Les
psychiatres parlent parfois de « peur sans objet ».
L'anxiété est très utile pour nous
prévenir du danger ou des situations à risques. Il sert à
prendre des précautions pour éviter ces risques. C'est pourquoi
un manque d'anxiété peut mettre en danger la personne mais un
surplus d'anxiété peut, à l'inverse, inhiber et
épuiser la personne.
II- 1.2) L'anxiété : un concept récent
dans le domaine de la pathologie.
Le terme « anxiété » est apparu au
XIIème siècle. Mais son usage a été très
rare .Les peurs irraisonnées était considérées
comme une expression quelconque parmi tant d'autres. Les descriptions
liées à l'anxiété et la dépression
étaient souvent expliquées par la théorie des
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humeurs. Pendant des siècles, le Corpus Hippocraticum
et d'autres textes on regroupait ces affections dans le concept de «
mélancolie ». Ils expliquent que ce terme de «
mélancolie » est due à une désorganisation humorale
des différents fluides corporels : le sang, labile noire, la bile jaune
et la phlegme. Dans ses travaux, Galien définit l'anxiété
chez le mélancolique comme une vapeur noire qui provient de la bile
noire. Il dit alors : « Comme l'obscurité rend presque tout le
monde peureux, à l'exception de quelques naturels audacieux ou des
personnes entraînées, ainsi la bile noire provoquerait, selon lui,
la peur quand sa noirceur jette un ombre sur le terrain de la pensée(au
cerveau) ».
Ce n'est que dans la deuxième partie du XIXème
siècle que le psychiatre parisien Morel décrit le «
délire émotif » en 1866. Il montre qu'il y a un
désordre du système nerveux végétatif, ce qui
expliquerait l'ensemble des troubles anxieux et dépressifs.
Puis en 1895, Freud, fondateur de la psychanalyse, fait une
première description du principe de la névrose
d'angoisse. Il réussit à faire la distinction entre l'affect
d'angoisse, c'est-à-dire, l'incapacité pour le psychisme à
faire face à un danger extérieur et la névrose d'angoisse.
La névrose d'angoisse signifie l'impossibilité pour le psychisme
à faire face à une excitation interne sexuelle. La libido se
change en angoisse lorsque la pulsion n'atteint pas la satisfaction. L'affect
d'angoisse serait alors passager alors que la névrose d'angoisse serait
chronique. Il donne une description succincte sur les différentes
manifestations de l'anxiété : l'inquiétude chronique,
l'attaque d'angoisse, les équivalents physiques, les peurs
illégitimes et sélectives que l'on appelle phobies et les
obsessions.
Mais en 1915, Freud change sa théorie et fait la
distinction entre l'angoisse réelle et l'angoisse névrotique.
L'angoisse réelle serait le ressenti de l'individu dès qu'il est
en présence d'un danger extérieur. On parle alors de
réflexe d'autoconservation. Pour Freud, le concept de névrose
d'angoisse est le résultat du refoulement de la libido se transformant
en angoisse : "L'angoisse névrotique est un produit de la libido,
comme le vinaigre est un produit du vin" (Freud, 1920)
A partir de 1926, selon Freud, l'angoisse est
représentée comme une cause et non plus comme une
conséquence du refoulement. C'est un signal d'alarme du Moi et permet la
mise en place de mécanismes de défense. Il distingue alors
l'angoisse automatique qui est un signal
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face à un danger sans peur de l'angoisse
névrotique qui est l'angoisse face à un danger inconnu.
L'association américaine de psychiatrie s'est
inspirée de sa contribution dans la description des symptômes et
dans la classification des troubles qui ont permis d'introduire dans le DSM
V8, différentes catégories de ces troubles anxieux.
Selon les systèmes de classifications, nous avons :
· Le trouble anxieux généralisé,
qui est caractérisé par une inquiétude excessive pour les
activités et les événements de la vie de tous les
jours.
· Le trouble panique, qui est la survenance
répétée de crises paroxystiques de peur ;
· L'agoraphobie, désigne une peur excessive et
l'évitement de situations où il pourrait être difficile de
s'échapper ou rendant impossible un secours immédiat en cas de
malaise ; ou plus communément la peur des espaces publics et espaces
ouverts.
· La phobie sociale, caractérisée par une
peur excessive et l'évitement de situations impliquant d'être
exposé en public ou évalué par les autres ;
· La phobie spécifique,
caractérisée par une peur excessive et l'évitement
d'objets ou de situations précises (par exemple, chien, dentiste,
araignée, orages) et n'entrant pas dans le cadre de la phobie sociale ou
de l'agoraphobie ;
· Le trouble obsessionnel compulsif,
caractérisé par la présence d'obsessions (des
pensées envahissantes sources d'anxiété) ou de compulsions
(comportement répétitif visant à diminuer
l'anxiété) ;
· L'état de stress post-traumatique,
caractérisé par un émoussement de la
réactivité générale à la suite d'un
événement traumatique hors du commun (par exemple, viol,
catastrophe naturelle) et la reviviscence de celui-ci à partir de
pensées ou d'images intrusives.
Dans ce mémoire, nous allons traiter plus
particulièrement de l'état de stress post-traumatique à la
suite de l'annonce du cancer avec la reviviscence de cette
évènement traumatique face au masque de contention.
8 Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux
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