II- 2.3) Cadre législatif : Le masque de contention
est-il obligatoire ?
Si on se réfère à la Déclaration
Universelle du droit de l'Homme et du Citoyen10, plusieurs articles
tels que le numéro 13 « 1. Toute personne a le droit de
circuler librement et de choisir sa résidence à
l'intérieur d'un État. » Ainsi, le MER porte atteinte
à la liberté d'aller et venir du patient pendant son traitement.
De nos jours, l'utilisation de la contention en service d'imagerie
médicale et plus précisément en radiothérapie est
quotidienne. L'application de la contention mécanique est un moyen de
limiter efficacement les mouvements du patient et ainsi éviter tout flou
cinétique11 ce qui permet alors une meilleure
interprétation du radiothérapeute, mais aussi de respecter la
reproductibilité du traitement.
Cette notion de reproductibilité est la base
même des traitements en radiothérapie. Ainsi, pour le bon
déroulement du traitement, on utilise des contentions mécaniques
pour les
10 Source :
https://www.un.org/fr/universal-declaration-human-rights/
11 Flou visible sur la radiographie à cause du mouvement
volontaire ou non du patient
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traitements. Nous sommes ainsi dans le cadre d'un moyen
thérapeutique selon les recommandations de l'HAS.
Depuis la loi de modernisation de Janvier 2016, la contention
mécanique devient alors une exception dans le cas de l'atteinte de
l'intégrité du patient. D'après l'article L.3222-5-1 du
Code de la Santé, « l'isolement et la contention sont des
pratiques de dernier recours. Il ne peut y être procédé que
pour prévenir un dommage immédiat ou imminent pour le patient ou
autrui, sur décision d'un psychiatre, prise pour une durée
limitée. Leur mise en oeuvre doit faire l'objet d'une surveillance
stricte confiée par l'établissement à des professionnels
de santé désignés à cette fin ».
Depuis cet article de loi, l'organisation est dans la
réduction au maximum de l'utilisation de la contention mécanique.
Cependant dans le cadre des traitements de radiothérapie, pour avoir une
précision dans les traitements loco-régionales et la
reproductibilité, la contention mécanique tels que le masque de
contention qui permet d'avoir cette précision. Cette contention est
alors nécessaire, même obligatoire, pour la réalisation du
traitement. Nous pouvons dire que l'on considère comme un « outils
de soins » et qu'il participe à la continuité des soins.
II- 2.4) Masque de contention : représentation
« positive » ou « négative » lors d'une situation
anxiogène.
La représentation du masque de radiothérapie
peut être un déclencheur de l'anxiété du patient. Le
masque peut alors devenir oppressant et inconfortable.
Dans l'histoire de la dimension symbolique des masques
(mortuaire, de guérison ou théâtral), le masque
porté par le vivant est « un asile temporaire à l'esprit
d'un être mythique ou d'un ancêtre dont il est à la fois
l'expression et la manifestation concrète. », d'après
Crasbecu, « Bouche et visage dans le masque ». Le masque
mortuaire lui représente la fonction « d'être l'asile
permanent de son âme, de son esprit ». Enfin dans le domaine
théâtral, il permet d'effacer la personnalité du porteur et
d'intégrer une nouvelle.
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Ainsi, en fonction de la multitude de significations du masque
selon les époques, la culture, cela peut devenir un moyen de mieux
intégrer le masque, mais à l'inverse celui-ci peut devenir une
entrave qui tétanise.
Selon l'article d' ARINO C. sur « le masque de
contention en radiothérapie: une source d'anxiété pour le
patient ? », la représentation du masque a un impact sur
l'anxiété ressentie. Sur les 19 patients de l'enquête, 12
avait une représentation dite « positive » du masque. 8
participants considérés le masque comme une protection, 2 comme
un ami, 2 comme un accessoire de guérison.
Dans cette étude, il y a eu un faible taux
d'anxiété liée au masque tout au long du traitement. Ils
ont constatés que la représentation dite « positive »
du masque diminuait l'anxiété. Ce que révèlent les
patients dans cette étude est l'importance de l'utilisation des mots
dans l'explication du masque thermoformé. Si le professionnel de
santé met davantage l'accent sur la fonction d'immobilité du
masque alors l'anxiété peut émerger.
Cependant, lorsqu'il met en avant cette fonction de protection,
le masque devient alors un outil au lieu d'une contrainte. Il est
nécessaire de noter que le MER doit être vigilant dans ses
explications face à la fonction du masque. Le pouvoir des mots peut
alors influencer la compliance du patient au port du masque.
Ce que nous avons également remarqué c'est que
l'anxiété est davantage provoquée par le traitement en
général que le masque de contention. Plus de 50 % des patients
ont évoqué des angoisses au niveau du traitement, du parcours de
soins, à la maladie ou à des évènements de vie
difficiles.
On pourrait alors réfléchir à une
amélioration du vécu du traitement par le patient.
C'est-à-dire à prendre conscience de la détresse
psychologique des patients, de la mesurer et de la diminuer. Il serait
intéressant pour le MER d'utiliser le temps d'échange comme lors
de la consultation d'annonce paramédicale, pour repérer les
différents éléments qui pourraient prédisposer le
patient à une angoisse.
Pour beaucoup de patients, à la fin de leur traitement, le
masque devient alors un trophée, une victoire dans ce combat face
à la maladie. Ils peuvent le ramener chez eux pour montrer à leur
famille et être fier de leur parcours. Il serait intéressant de
montrer cette victoire aux autres patients et ainsi donner espoir et confiance
lors de l'utilisation du masque.
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