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La coopération internationale face au terrorisme en Afrique de l'ouest.


par Wilfried Jean-Marc Die KOFFI
Université catholique de l'Afrique de l'ouest - Master en droit public 2020
  

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B- Le cas du Burkina Faso

Avant 2014, le Burkina passait pour un pays très stable vu de l'étranger. Il n'avait pas connu de coups d'État depuis 1987. Mais, la chute de l'ex régime dirigé par M. Blaise COMPAORE a créé une situation politique critique et une sécurité territoriale en perfusion.

En effet, tout part du soulèvement populaire dès octobre 2014 où des milliers de Burkinabès investissent les rues. Ceux-ci ont pour principale exigence, la revendication de la modification de l'article 37 de la constitution. Laquelle révision devait déverrouiller la limitation des mandats présidentiels. À la solde de cette gronde populaire, la fin de 27 ans de règne de l'ex président Blaise Compaoré . Son exil en Côte d'Ivoire fait place à une transition de treize(13) mois menée par le diplomate Michel Kafando et le lieutenant-colonel Isaac Zida afin de préparer une « normalisation institutionnelle468 ». Ce qui a d'ailleurs porté à l'issue d'élection démocratique présidentielle M. Roch Marc Christian Kabore, élu depuis novembre 2015. Mais, une attaque terroriste est menée sur Ouagadougou le 15 janvier 2016 après sa prise de fonction. C'est la première d'une longue série d'attaques perpétrées sur le sol burkinabè. Et depuis trois (3) ans, le Burkina Faso fait face à une détérioration galopante de sa situation sécuritaire469 comme si son ilot de tranquillité sous l'ex régime avait été négocié en contrepartie de ne pas être une proie de choix pour la pieuvre terroriste.

Ainsi, se justifie les propos de l'historien Benoit Beucher, pour qui : « le départ de l'ex Président a constitué une opportunité pour les groupes terroristes de se développer au Burkina »470. Il ne faut pas non plus oublier la conséquence de la porosité des frontières des États du Sahel notamment le Mali et le Niger. L'enjeu sécuritaire de la lutte contre le terrorisme a ajouté au chapelet des priorités du gouvernement, la crise alimentaire, humanitaire471 et la

468FRINTZ (A.), « La jeunesse burkinabè bouscule la françafrique » in Le Monde diplomatique, Déc. 2014, p. 9

469 HUGON (P.), « Le sahel entre deux feux djihadistes » in Le Monde diplomatique, Mai 2017, p. 5. « ... l'ex chef D'Etat Blaise Compaoré a toujours su allumer ou alimenter des incendies pour les éteindre en tant que médiateur international. Il avait même noue un pacte de non-agression implicite avec certaines mouvances dans un rôle d'intermédiaire pour la libération d'otage. »

470 PANARA (M.), « Burkina Faso : le pays pensait ne jamais ne vivre ça. ENTRETIEN. Cinq ans après la chute du régime de Blaise Compaoré, le pays est au bord du gouffre en raison des attaques djihadistes. Les explications de l'historien Benoît Beucher. Publié le 08/11/2019 à 18:38 https://www.lepoint.fr/afrique/burkina-faso-le-pays-ne-pensait-jamais-vivre-ca-08-11-2019-2346143_3826.php (consulte le 9/11/2019 à 00h16)

471 Selon l'ONU, le nombre de déplacés ne cesse de croître et pourrait atteindre 300 000 personnes d'ici à la fin de l'année 2019.

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prise de contrôle d'une partie de son territoire notamment celle du nord 472. Une zone de non-droit473devenue le pré-carré de la mouvance djihadiste local Ansarul Islam dirigé par le prédicateur peul Malam Ibrahim Dicko. Et avec d'autres bandes criminelles qui ne cessent d'assoir leur influence dans certaines régions474. Ce qui a fait place à la création de groupes d'auto protection locales et ont même resurgit de vieux conflits475intercommunautaires à caractère ethnique à l'exemple de celui Yirigou476.

Fort de cette situation alarmante, le Conseil des ministres burkinabè a déclaré le 31 décembre 2018, l'état d'urgence477 dans six (6) des treize (13) régions que compte le pays pour une période de six mois478. Il n'y a donc plus d'écoles, d'administrations ni de services de sécurité et de santé dans ces zones. C'est l'existence d'un régime d'exception puisqu'il a été décrète « l'état d'urgence ». Un régime qui destiné à accroitre le pouvoir conféré aux autorités exécutives et administratives de sorte à faire face à l'instabilité en vertu des articles 58, 59 et 101 de la Constitution du 2 juin 1991. La logique d'un État d'exception permanent se veut comme une contre-attaque aux actes de terrorisme à répétition à l'effet de recouvrir son intégrité territorial. De ce fait, l'Assemblée Nationale a adopté le 14 mai 2019 la loi portant révision de l'état de siège et de l'état d'urgence au Burkina Faso.

472 ICG, « Reprendre en main la ruée vers l'or au sahel central : Burkina Faso, Mali et Niger » in Rapport Afrique, n°282, 13 Novembre 2019 voir : https://d2071andvip0wj.cloudfront.net/282-rependre-en-main.pdf

473 COULIBALY (N.), « Burkina Faso : le nouveau maillon faible ?» in Jeune Afrique, n°2955 du 27 avril au 2 septembre 2017, p. 26.

474 BENJAMIN (R.) et al., « L'Afrique de l'Ouest peut-elle gagner la guerre contre le terrorisme » Voir https://www.jeuneafrique.com/mag/832487/politique/sahel-peut-on-gagner-la-guerre-contre-le-terrorisme/ (consulte le 20 Novembre 2019 à 23h48)

475EIZENGA (D.), « La détérioration de la situation sécuritaire au Burkina Faso », Vol.4, n°3, Mars 2019. Voir : https://dandurand.uqam.ca/wp-content/uploads/2019/04/Bulletin-FrancoPaix-vol-4_no-3_FR.pdf (consulte le 8 Juin 2019)

476 Les événements de Yirgou montrent à quel point les relations intercommunautaires sont devenues tendues, notamment en ce qui concerne la communauté peule. À la suite d'une attaque perpétrée par un groupe armé au début du mois de janvier de cette année, au moins sept personnes, dont le chef local Mossi, ont été tuées. Des miliciens locaux, connus sous le nom de Koglweogo, ont mené des attaques de représailles contre les campements peuls voisins. Officiellement, ces événements ont fait 49 morts, mais selon d'autres estimations locales, le nombre de morts s'élèverait à plus de 70, ou même 200

477Voir: https://www.france24.com/fr/20181231-burkina-faso-etat-urgence-plusieurs-provinces-violences-jihadistes (consulte le 21 Novembre 2019 à 2h01) ; « Etat d'urgence au Burkina Faso : Voici les zones concernées et le décret d'application » https://lefaso.net/spip.php?article87271(consulte le 21 Janvier 2019 à 2h01)

478L'état d'urgence est déclaré à compter du 1er janvier 2019, à zéro heure, dans les zones ci-après du territoire national : Région de la Boucle du Mouhoun : les provinces de la Kossi et du Sourou ; Région du Centre-est : la province du Koulpélogo ; Région de l'Est : les provinces de la Gnagna, du Gourma, de la Komndjari, de la Kompienga et de la Tapoa ; Région des Hauts-bassins : la province du Kénédougou ; Région du Nord : la province du Lorum ; Région du Sahel : les provinces de l'Oudalan, du Séno, du Soum et du Yagha...

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Il constitue un dispositif restrictif des libertés fondamentales479 sous l'égide du respect de la constitution. Mais, jusqu'à présent, l'état d'urgence n'a pu atteindre le résultat escompté tels que de réduire les attaques terroristes et de pacifier les violences communautaires. De plus, les exactions commises par des forces de sécurité sur la population dans les régions affectées ne font qu'attiser et réveiller d'autres crises de fragilisation du tissu social. En ce sens, il faudrait éviter de stigmatiser des peuples dans les opérations antiterroristes. D'autant plus que les actes de terrorisme touchent plus les civils que les militaires au combat. Seule la responsabilisation de la population rendra plus efficiente les efforts du gouvernement. Alors, l'État devra veiller sans arrière-pensée politique à un dynamisme de la coopération nationale pour l'instauration d'un État de droit qui vise à rétablir la justice sociale.

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"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"