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La coopération internationale face au terrorisme en Afrique de l'ouest.


par Wilfried Jean-Marc Die KOFFI
Université catholique de l'Afrique de l'ouest - Master en droit public 2020
  

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Section 2 : Un renforcement pratiquement insuffisant

Le développement de réseaux criminel comme la sanctuarisation d'entreprises terroristes dans le sahel demeure inquiétante sans oublier même l'accusation portée par le Burkina sur la violation de son espace aérien452 par le Mali453. Dans un tel contexte conflictuel, comment arriver à une stratégie régionale de lutte contre le terrorisme avec une absence de monopole d'autorités de certains États sahélien (§1) ? En alternative, ne devrions-nous pas plus revitaliser la coopération nationale (§2) ?

Paragraphe 1 : Une intégrité territoriale mise à rude épreuve

Toute menace sécuritaire ne saurait épargner tant les personnes que les biens. L'on ne saurait réellement parler d'indépendance territoriale quand l'État n'est plus à même d'assurer et d'exercer toutes ses prérogatives régaliennes. La facilité des groupes terroristes a mené des attaques a remis en cause l'intégrité territoriale de certains États. Et ceux qui exposent au mieux cette vulnérabilité sont le Mali (A) et le Burkina Faso (B).

A- Le cas du Mali

Le terrorisme est au nombre des défis auxquels fait face l'État malien. Une situation qualifiée par la CEDEAO comme « une menace non seulement sur l'unité et l'intégrité territoriale du Mali mais également et surtout sur la paix et la sécurité régionales et internationales »454. De ce fait, civils comme militaires ne sont pas épargnés des attaques terroristes. Mais, cette crise sécuritaire a été accentuée au centre du Mali dès 2015 par l'emprise du Nord en 2012 des groupes armés terroristes et les groupes du Mouvement National de Libération de l'AZAWAD (MNLA). Cet handicape d'autorité du territoire a engendré une crise de gouvernance. Alors, la compréhension de la crise malienne dans le cadre de la lutte contre le terrorisme semble remonter aux incidences de la crise libyenne dès 2011455.

452DIALLO (A.) , Le Burkina Faso accuse le Mali d'avoir violé ses frontières lors d'une opération militaire. Voir https://www.jeuneafrique.com/859136/politique/le-burkina-faso-accuse-le-mali-davoir-viole-ses-frontieres-lors-dune-operation-militaire/ (consulte le 20/10/2019 à 15h00).

454 Conseil de sécurité de l'ONU, lettre date du 5 avril 2012 adressé au Secrétaire général par le Président de la Commission de la CEDEAO, S/2012/237, §4

455 S/2012/24, Rapport de la mission d'évaluation des incidences de la crise libyenne sur la région du Sahel du 7 au 23 décembre 2011, 26 janvier 2012. Dans ce rapport, le SGNU note que la crise en Lybie a favorisé le redéploiement de combattants touaregs à la frontière du Mali pour aboutir à une aggravation d'attaques de groupes terroristes au Mali notamment dans la région sahélienne.

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La coopération internationale puis régionale a été la réponse à cette déliquescence sécuritaire et socio-économique pour l'effectivité du pouvoir des autorités maliennes dans la reconquête de leur territoire456. Cela a fait place à un embouteillage sécuritaire qui a miné une réelle gestion dans la sortie de crise et s'est traduit par la mise en place d'un dispositif sécuritaire. Ce dispositif part de la MISMA457en 2012 à sa substitution de la MINUSMA458 en 2013 pour enfin être appuyé de l'initiative Française dans l'opération Serval en 2013459. Le bilan est aux échecs au vu de l'analyse des efforts consentis460 avec l'adoption de la stratégie intégrée du sahel461. À vrai dire, ce fut plus du « tourisme » dont ont fait preuve ces forces onusiennes avec un mandat à minima passif.

De cette prise de résolution retardée que, une partie du territoire462 a pu échapper au contrôle des autorités sur certains services régalien. En effet, elle résulte de l'absence de concertation institutionnelle (ONU-CEDEAO-UA). Elle est doublement appréhendée sous l'angle de la présence des groupes terroristes armés et groupes séparatistes de connivence avec la population locale et au constat des tensions intercommunautaire entre sédentaires et nomades dans certaines provinces. À titre d'exemple, on peut citer la ville Gao comme terrain d'affrontement entre différentes coalitions arabo-touarègue pour encore asseoir leur domination entre autres à Tombouctou, Taoudeni, Koulogon... Ce clivage ethnicisé a favorisé la constitution de groupes d'autodéfenses. Et pourtant, avant d'être exacerbées par les terroristes

456 S/RES/2056, 5 juillet 2012, préambule et §22

457 /RES/2085, 20 décembre 2012. La MISMA est placée sous le contrôle conjoint de l'UA et de la CEDEAO pour rendre pérenne une stabilité régionale

458 Sur demande conjointe des autorités de transition malienne et de la CEDEAO par lettres adressées au SGNU des 25 et 26 mars 2013 que la MINUSMA a pris corps. La procédure de mise en oeuvre est contenue dans la lettre du 7 mars 2013 adressée au SGNU dans laquelle le Commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA. Et s'est solde d'avis favorable à la transformation de la MISMA en MINUSMA que la MISAHEL a été créé.

459 Voir l'analyse de DUREZ (A.), « de Manta a serval : deux Présidents socialiste face au pré carre africain » in relation internationale, n°176, 2018, pp. 125-142.

460 OKO MVONDO (M.), Monitoring de la stabilité régionale dans le bassin sahélien et en Afrique de l'Ouest, octobre-décembre 2013, Note d'analyse du GRIP, 2014, p. 17.

461 Une planification des actions onusiennes au Sahel devait prendre en considération « les questions de sécurité, de gouvernance, de développement et de droits de l'homme et les questions humanitaires ». Elle propose une approche globale de résolution des différents problèmes rencontrés dans la région dans la visée d'une gouvernance efficace et inclusive pour l'ensemble de la région ; le renforcement des capacités des dispositifs nationaux et régionaux de sécurité pour leur permettre d'écarter les menaces à caractère transfrontière ; l'intégration des interventions de développement et humanitaires pour améliorer la résilience des pays de la région. Voir S/RES/2056, 5 juillet 2012, paragraphe 28 et S/2013/354, Rapport du Secrétaire général sur la situation dans la région du Sahel, 14 juin 2013, II § 1-4.

462 BENJAMIN (R.), « Mali : course contre la montre » in Jeune Afrique n°2981, 25 Février au 3Mars 2018, p. 22.

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dits djihadistes, les vieilles rivalités communautaires463 semblent avoir pour prolongement autant l'exclusion que les revendications sécessionnistes de touarègues à l'orée des indépendances 1960464.

Par ailleurs, c'est donc dans l'objectif de rétablir l'ordre constitutionnel pour une restauration de l'État du Mali que les élections présidentielles ont été menées en 2013. Et c'est bien à l'issue de ce scrutin qu'a été porté à la tête S.E.M. Ibrahim Boubacar KEITA. De ce fait, le gouvernement malien incitait à un dialogue inclusif. De l'aboutissement de ce dialogue est signé en mi-juillet 2015 « l'accord d'Alger » entre gouvernement, ex séparatistes touareg et groupes armés à l'exclusion des groupes djihadistes tels que Iyad Ag Ghali du GSIM et le prédicateur peul Amadou Koufa de la Katiba de Macina465. Il s'était agi de diluer les conflits de sorte à espérer un retour à la paix et à l'intégrité territoriale en vue de parer à tout dysfonctionnement pour rétablir ses fonctions régaliennes (sécurité, justice, éducation, santé) dans les zones délaissées. Un accord qui peine à produire des effets466 en vertu de la stratégie d'émergence des organisations terroristes et de l'instrumentalisation des conflits intercommunautaires. Et que certaines zones sont devenues une base arrière telle que Kidal467 etc... L'installation d'autorités intérimaire, la constitution de patrouilles mixtes entre la coordination des mouvements de l'Azawad et les forces armées maliennes et la réinsertion des combattants n'ont été que lettre morte jusqu'à ce jour. N'est-ce pas ce qui a facilité le déploiement de ces groupes armés terroristes à s'implanter au nord du Burkina Faso suite à cette première attaque terroriste dès le 15 Janvier 2016 ?

463 Le CAM (M.), « d'un massacre dans un village de dogon » in Le Monde diplomatique, n°23146 du 12 juin 2019, p. 3. Les violences contre les civils se multiplient dans le centre d pays. L'ONG Acled a comptabilisé plus de 2700 personnes tuées dans les affrontements dits communautaires qui opposent peuls, bambaras et dogons. 464MELAGNE (J.L), « Les Touareg : comment exister ? » in Débats courrier de l'Afrique de l'Ouest, n°52, Février 2008, pp. 27-32. MALEK (C.), « sortis de l'oubli, les Touareg souffrent de l'histoire » in Le Monde diplomatique, Aout 1991.

465 BERHEMET (T.), « le centre du Mali frappe par un nouveau massacre » in Le Figaro, n°23272 du 11 juin 2019, p. 10.

466 Nicolas Norman, « le sahel peut-il retrouver la paix » in Commentaire, 2018 n°164, pp. 841-842.

467 DUHEM(V.), « Mali : Kidal, épine dans le pied d'Ibrahim Boubacar Keïta », Disponible sur : https://www.jeuneafrique.com/mag/832493/politique/mali-kidal-epine-dans-le-pied-dibrahim-boubacar-keita/ (consulte le 29 septembre 2019 à 10h45). « Le statut de Kidal nous pose problème. Et que l'État malien y reprenne ses droits », déclarait récemment Mahamadou Issoufou. En attendant que la situation évolue, le Niger a suspendu sa participation au comité du suivi de l'accord d'Alger de 2015.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery