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La coopération internationale face au terrorisme en Afrique de l'ouest.


par Wilfried Jean-Marc Die KOFFI
Université catholique de l'Afrique de l'ouest - Master en droit public 2020
  

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ANNEXE 3

COMPTE RENDU DE LA SÉANCE DE TRAVAIL avec M. Romain OUATTARA, Chef du Département des Affaires Juridiques et de la Coopération Internationale de la CENTIF-CI. Propos recueillis, le 4 Novembre 2019 de 9h10 à 10h02, à la CENTIF sis au II plateaux Vallon, Rue Eburnea.

1- À quoi sert la CENTIF ?

D'abord partons de sa dénomination susmentionnée : la Cellule Nationale de Traitement de l'Information Financière. La nécessité de sa création a été formulée dans la recommandation 29 du Groupe d'Action Financière (GAFI). Et elle constitue un réseau au sein de l'espace UEMOA et fait office de services de renseignement sous la tutelle du Ministère de l'Économie et des Finances. La CENTIF a mission de retracer le flux financier des mouvements de capitaux en vue de détecter la traçabilité d'éventuels fonds qui pourraient être utilisés à des fins terroristes. Mais, elle

2- Qu'est ce qui a justifié le cadre légal de la lutte contre le BC/FT?

Pour comprendre son cadre légal, partons de l'origine de la lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme (BC/FT). Elle a pris forme dans le contenu de la convention des Nations Unies sur la substance de stupéfiant en date du 30 Mars 1961 (codifié elle-même par la convention de la Haye en 1912 sur l'opium). Ainsi, c'est en 1989 que s'affirme d'abord la lutte contre le blanchiment de capitaux pour ensuite être crée en France vers 1990 le GAFI. Cette dernière identifiait quarante (40) recommandations pour lutter contre l'utilisation abusive des systèmes financiers à des fins de blanchiment d'argent (au moyen de la drogue). À cette époque, la lutte avait pour slogan « de combattre le criminel par la poche tout en attaquant le produit du crime à l'effet de le déposséder de son profit ».

Mais, le lien entre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme trouve son point d'ancrage dès les attentats post 2001. Il a été constaté que le produit d'un nombre de crimes a probablement été blanchi en vue de perpétrer ces attaques. En octobre 2001, le GAFI a étendu alors son mandat avec 9 recommandations spéciales portant sur la lutte contre le financement du terrorisme et des organisations terroristes. Donc nous étions à 49 pour ensuite revenir à 40 après 2012. Et cela, suite à une révision du GAFI de son approche fondée sur les risques en vue de renforcer les obligations et adopter un ensemble de mesures souples. Il s'agit de l'Évaluation portant sur le Risque dit EVR. Cette orientation a nécessité l'adaptation d'un dispositif de la lutte contre le blanchiment de capitaux en vue de prévenir l'usage de ses fonds dans le circuit économique. Mais, en Afrique de l'ouest, cela a débuté séparément dès 2002 par un règlement UMOA et UEMOA pour ensuite se conformer aux recommandations du GAFI en 2015. Il s'agit de la directive n°02/2015/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

3-

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Pouvez-vous présenter substantiellement le dispositif de lutte en matière de BC/FT en Côte d'Ivoire?

Ce dispositif est à la fois préventif et répressif. En effet, il se présente dans le cadre d'une coopération nationale avec une liste de professionnels assujettis dite des `'correspondants'. Il s'agit des personnes physiques et morales comme les institutions bancaires, les notaires, avocats, commerçants etc. Ces derniers sont tenus à une obligation de vigilance dans l'exécution de leur opération en lien avec le BC/FT. Ainsi, toutes anomalies suspectes devraient être transmises à la CENTIF pour facilitation de traitement. À cet effet, la CENTIF travail en concertation avec ses assujettis en vue de détecter les opérations de BC/FT. C'est pourquoi, à l'évidence de toutes opérations suspectes, il est imposé à tous assujettis de faire « une Déclaration d' Opération Suspecte dit (DOS) ».

4- N'est-il pas difficile de détecter une opération dite de blanchiment de capitaux en lien avec le financement du terrorisme ?

Il n'est pas évident de détecter les cas de financement de terrorisme. Cette opération est faite sur la base de l'évaluation des risques. Mais, force est de constater, que ces assujettis à la loi manquent de formations adéquates pour faciliter l'échange avec la CENTIF. D'autres, ignorent même la règlementation en la matière. C'est donc « le manque de formation en la matière qui plombe l'efficacité du système ».

En exemple 1- Le problème sur l'évaluation de risques.

Prenons le cas d'un banquier X qui aimerait effectuer une transaction de réception d'un fonds ou de provenance de fond à partir de l'État du Mali vers le Togo. L'évaluation de risques prend en compte l'environnement des États et de la région. On sait que l'État Mali est plus victime d'attaques terroristes et l'on constate l'existence de groupes armés terroristes et que le Togo reste un Etat en alerte de la menace terroriste. Tout correspondant soumis à la DOS devrait être plus regardant dans le mouvement des opérations en destination du Mali que du Togo. Dans le secteur bancaire, cela passe par la vérification de certains critères comme l'identité du donneur d'ordre, du destinataire et le lieu de transaction. Il revient aux opérateurs de rechercher la liste des entreprises ou entités qui ont fait objet de sanctions ou du moins qui ont été mis sur liste noire par les autorités officielles des États à risques. Cela permet de réduire les transferts à risque de mouvements de fonds.

En exemple 2 - Difficultés de détections des cas de financement du terrorisme.

Une situation a été constatée au Nord de la Côte d'Ivoire avec une ONG militante qui s'adonnait à la construction de mosquées à Korhogo. La CENTIF a été saisie de ce cas aux fins d'analyses pour ensuite relayer ses conclusions à la Direction des Services du Territoire (DST) et de la Direction des Renseignements Généraux (DRG) en vue d'une ouverture d'enquêtes. Mais, rien n'a pu être trouvé sur l'origine des fonds qui pourraient servir au financement du terrorisme. Plusieurs cas de possibles blanchiments de capitaux sont relayés et n'aboutissent pas toujours à de possibles poursuites judicaire. Le plus difficile est de prouver encore un lien avec le financement du terrorisme.

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5- Quel est donc le cadre de la coopération en matière de blanchiment de capitaux, plus particulièrement entre les CENTIF de l'espace UEMOA ?

Il est important de comprendre la coopération nationale pour se projeter dans la coopération internationale. La coopération nationale manque de dynamisme en nature au caractère secret de l'information car l'outil de renseignement est basé sur la confiance entre les détenteurs de l'information. Mais, on constate une réelle réaction du politique dans le but de mieux coordonner et concerter les stratégies de lutte antiterroristes. Il s'agit de favoriser une coopération inter agence et transmettre à qui de compétence. Le cadre de coopération de la CENTIF institué dans l'espace UEMOA se distingue avec les autres Cellules de Renseignement Financière (CRF) étrangères.

En effet, l'espace UEMOA n'admet pas de frontière. La coopération est fixée sur un seul territoire; c'est dire que le territoire Malien est le même que celui du territoire Ivoirien. Cela facilite une collaboration sans conditions. À cet effet, il existe deux modalités de collaborations : on parle de coopération spontanée et de coopération sur demande.

Mais, pour ce qui est de la CENTIF avec les CRF étrangère, on privilégie plus un cadre d'échange de renseignements sur base d'accord entre Etats. Cette collaboration est facilitée à la fois sur accord mais aussi sur demande au moyen de la plateforme Egmond. Il est question d'une plateforme associative des services de renseignements financière. Elle propose un cadre d'échange et d'informations permettant de faciliter la coordination des traitements de données entre CRF. Aussi, crée-t-il le besoin d'échanger des informations. Dans ce sens, elle encourage par sa charte de coopération à faciliter des accords entre CRF. Ce qui a permis de mettre en place la plateforme Egmond Secure Web (ESW) en tant qu'outils de renseignements.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld