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La coopération internationale face au terrorisme en Afrique de l'ouest.


par Wilfried Jean-Marc Die KOFFI
Université catholique de l'Afrique de l'ouest - Master en droit public 2020
  

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ANNEXE 2

COMPTE RENDU (1) DE LA SÉANCE DE TRAVAIL avec le Commissaire de Police M. Hyacinthe Ekra DJEZOU, ancien Chef de la Cellule du Contre-terrorisme de la Direction des Renseignement Généraux (DRG), actuel Sous-Directeur des Investigations à la DRG et Formateur en détection des signes de la radicalisation. Propos recueillis à son bureau au sein des locaux de la DRG, sis à Abidjan-cocody, en date du 9 octobre 2019, de 11h 06 à 14h.

En prélude à notre collaboration pratique, nous avions remercié le Sous-Directeur qui, malgré son emploi du temps chargé à bien voulu prendre attache avec nous en vue de partager ses expériences et apporter sa pierre à l'édifice de notre mémoire. Avant de planter le décor de notre travail, il nous a proposé un rafraichissement pour débuter la séance de travail.

Pour lui, le terrorisme est un phénomène multiforme. La problématique même du phénomène réside dans la difficulté à trouver une définition consensuelle. Vous devriez prendre connaissance des résolutions prises par le conseil paix et sécurité (CPS) de l'UA et de la CEDEAO pour justifier la promotion de la coopération sous régionale. Ce pourquoi, nous vous remettrons notre Mémoire de fin de cycle des Commissaires de Police : La police ivoirienne face au défi du terrorisme sous régionale, DFENP, 2014-2016, 60 p.

Motivation de l'échange

Selon l'article 1 de la charte d'accueil du public et d'assistances aux victimes de la Police ivoirienne : « le policier est au service de la population. Il assure la sécurité des personnes et des biens sur tout le territoire ivoirien». Alors, toutes atteintes portées contre les personnes et les biens impliquent l'organisation de l'intervention de la police nationale. Or, nul ne saurait ignorer les actes terroristes commis par les groupes terroristes sur d'innocentes victimes et les destructions de certains biens. Bien que, la Côte d'Ivoire ne soit pas une victime récurrente de tels actes, on a en mémoire le fait qu'elle a subit la première attaque terroriste de son histoire le 13 Mars 2016 à Grand-Bassam. De ce fait, elle reste en alerte. Ainsi, des questions méritent éclaircissement.

Questionnaire de la séance de travail

1- Quels est le dispositif mis en place par la Côte d'Ivoire dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ?

La Cote d'Ivoire appréhende la lutte contre le terrorisme sous deux angles : la prévention et la répression. Cela est compris par un double processus. D'un côté, l'aspect législatif qui renvoie aux ratifications des textes internationaux et connexe dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Et de l'autre côté, l'aspect opérationnel qui pointe du doigt toutes les forces de défense et de sécurité (FDS) appuyées d'un appareil décisionnel depuis la présidence en matière de lutte contre le terrorisme tout en respectant le protocole d'intervention au moment de l'opération.

2-

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Quels sont alors les services spécialisés en matière de lutte contre le terrorisme et pourquoi parlez-vous de protocole d'intervention ?

La complexité du terrorisme exige une diversification de compétences. C'est ainsi que trois unités issues de trois (3) corps différents s'organisent pour conduire ensemble les opérations antiterroristes sur le territoire ivoirien. Au niveau des Forces Spéciales de l'Armée, on a le Groupe de Recherche, d'Assistance, d'Intervention et de Protection (GRAIP). Au sein de la Gendarmerie Nationale, est constituée l'Unité d'Intervention de la Gendarmerie Nationale (UIGN). Pour ce qui est de la Police Nationale, on a la Force de Recherche et d'Assaut de la Police (FRAP). Aussi, sont coordonnées les activités de ces trois forces par les le Conseil National de Sécurité (CNS) ; qui est un organe présidé par S.E.M. Le Président de la République de Côte D'ivoire (RCI). À ces unités spécialisées ci-dessus, s'ajoute le Centre de Coordination des Décisions Opérationnelles (CCDO). C'est une unité d'interventions mixte qui a été mise en place en 2013 pour combattre la criminalité et le grand banditisme.

L'intervention de ces forces s'inscrit dans le cadre d'un dispositif dénommé « bouclier d'ivoire » qui est une opération de lutte contre le terrorisme sur tout le territoire national. Un dispositif coordonné par le Comité Interministériel de Lutte Anti-Terroriste (CILAT) qui regroupe tous les ministères et structures intervenant dans la gestion d'un acte terroriste. En effet, c'est le protocole d'intervention du CILAT qui désigne la force leader et les moyens engagés en fonction de la zone géographique d'interventions et de la spécificité de l'acte terroriste. Inversement, si elle permet de réprimer l'acte, elle sert à consolider le dispositif préventif.

3- Qu'en est-il de la phase préventive dans le cadre de la lutte contre le terrorisme sur le territoire ivoirien?

La prévention est essentiellement une mission dévolue aux services de renseignements. À cet effet, la Côte d'Ivoire compte sept (7) services de renseignements. La prévention nécessite une coopération interministérielle et inter services sur la base d'une obligation de renseignement. Et le renseignement en matière de prévention du terrorisme est coordonné par un organe logé à la Présidence de la République : il s'agit de la Coordination National du Renseignement (CNR).

4- Comment est coordonnée cette collaboration depuis la présidence ? Le CNR coordonne au quotidien les sept (7) services de renseignements (SR).

Ainsi, on note deux (2) SR au niveau du Ministère de la Sécurité et la Protection civile que sont : Direction des Renseignements Généraux (DRG) et la Direction de la Surveillance du Territoire (DST). On a trois (3) SR au Ministère de la Défense dont : le Bureau du Renseignement Militaire (BRM), la Direction Générale du Renseignement et de la Sécurité de la Défense (DGRSD) et le Groupe de Documentation et de Recherche de la Gendarmerie Nationale (GDR). Il existe un (1) SR au Ministère de l'Economie et des Finances dénommé la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financière (CENTIF). Enfin, on a aussi un (1) SR au niveau du Ministère en charge du Budget et du portefeuille de l'État qui est la Direction de l'Analyse du Risque, du Renseignement et des Valeurs (DARRV).

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En plus de la CNR logée à la Présidence, on note également la Direction des Services Extérieurs (DSE) de la Présidence qui a en charge le renseignement extérieur. Elle met l'accent sur la coopération inter-États et surtout la coopération avec leurs homologues de la sous-région.

5- Quels ont été les mesures préventives prises ?

Des actions ont été régulièrement menées en matière de lutte antiterroriste. En effet, le caractère même du terrorisme oblige les États à coopérer et à mutualiser leurs efforts. Des initiatives ont été prises dans le cadre de la CEDEAO. Aussi, lancé en 2017 par le Président Ghanéen, l'initiative d'Accra est une plateforme collaborative entre cinq États (5) - le Togo, Ghana, Burkina Faso, Côte D'ivoire et le Benin. Il s'agit de partage des bonnes pratiques sur le renseignement afin de venir à bout du terrorisme. Par exemple, la Côte D'ivoire a décidé de mettre l'accent sur la lutte contre la radicalisation. Pour cela, elle a mis sur pied un outil de codification des signes contenue dans un manuel de compréhension du phénomène dit: La mallette pédagogique de détection des signes de la radicalisation liée à l'Islam. Celle-ci est diffusée auprès des policiers, gendarmes, des leaders religieux et communautaires dans l'optique de prévenir la radicalisation pouvant conduire au terrorisme dit djihadiste.

6- Pouvez-vous nous résumez ces bonnes pratiques dans cet outil de codification des signes de la radicalisation ?

Le manuel est le fruit de recherches et d'expertises résultant d'échanges entre plusieurs experts en sécurité et défense, acteurs civils, autorités religieuses et universitaires de la Côte D'ivoire et de la France. La mallette comprend deux parties essentielles que sont : généralités sur l'Islam et une détection des signes de la radicalisation.

7- À vous entendre Commissaire, plus prévenir que réprimer serait votre slogan ?

Les deux sont nécessaires. Mais, en Côte d'Ivoire, la prévention devrait être accrue puisqu'elle est moins couteuse et serait plus efficace.

8- Pensez-vous que la pauvreté est une des causes du terrorisme selon vous ?

Il faudrait nuancer certains propos. Pour nous « la pauvreté est une cause de la radicalisation et c'est la radicalisation qui peut conduire au terrorisme ».

9- Quel est votre mot de fin dans le cadre de la lutte contre le terrorisme en Afrique de l'ouest ?

Je note que ce fléau ne fait que se propager dans le sahel et en Afrique de l'ouest malgré les moyens militaires que les États ne cesse de déployer pour venir à bout du terrorisme. En effet, d'abord localisé au Mali, le phénomène terroriste a gagné le Burkina Faso en 2016 pour s'y installer durablement. La Côte D'ivoire a connu une attaque en 2016 et l'on a observé l'enlèvement des touristes Français dans le parc national de la pendjari au Benin par des terroristes. Face à une telle situation, ne devrions-nous pas envisager d'accorder beaucoup plus d'attention à l'aspect préventif de la lutte.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry