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Transmission générationnelle des langues à  Gamboma.


par Frydh ONDELE
Université Marien Ngouabi - Master 2 en sciences du langage 2015
  

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2.3. ÉVOLUTION DE LA TRANSMISSION DES LANGUES ENTRE LA GÉNÉRATION DES GRANDS-PARENTS ET CELLE DES PARENTS

Dans cette partie, nous comparons le pourcentage de transmission des langues premières entre la génération des grands-parents et celle des parents.

Les soixante-douze parents enquêtés ont déclaré avoir transmis à leurs enfants en situations de monolinguisme, les langues véhiculaires à 41,67% et les vernaculaires à 30,56%. Les situations de bilinguisme et de trilinguisme

45

s'élèvent à 27,78% ; alors que ces mêmes parents avaient pour langues premières, les véhiculaires à 25% et les vernaculaires à 72,22% selon leurs déclarations.

À la première génération, celle des grands-parents, le lingala était transmis à 20,83%, tandis que dans celle des parents il l'est à 27,78%, soit 6,94% de plus.

Le gangoulou qui était la langue la plus transmise dans la génération des grands-parents avec un pourcentage énorme (63,89%) fait une chute libre et passe à 25% à la génération des parents après le lingala. En d'autres termes il perd ses 38,89% de transmission.

Le français passe de 2,78% à 13,89%, soit, une augmentation de 11,11%.

De la première à la deuxième génération, le mbochi passe de 5,56% à 4,17%. Soit un recul de 1,39%.

Les cas de bilinguisme qui n'étaient représentés qu'à 2,78% chez les grands-parents, apparaissent chez les parents à 25%, soit une augmentation de 22,22%. Les cas de trilinguisme font également leur apparition à 2,78%.

Le boma, le moyi et le kituba qui avaient 1,39% chacun à la génération des grands-parents, ne sont plus exclusivement transmis à celle des parents, mais apparaissent plutôt dans des cas de bilinguisme constitués d'une langue véhiculaire et une langue vernaculaire, puis de deux langues véhiculaires.

Toujours dans la deuxième génération, on note l'apparition du laari dans la transmission en cas de monolinguisme (1,39%), de l'anglais et de l'akwa dans des cas de bilinguisme et de trilinguisme.

Pour mieux visualiser les résultats, nous les présentons dans le tableau suivant :

46

 

Langues

Statuts

1ère

génération

(grands-
parents)

2ème

génération
(parents)

De la 1ère à la 2ème
génération

Recul

Hausse

 
 
 

Eff

%

Eff

%

Eff

%

Eff

%

Monolin
guisme

Lingala

Véh

15

20,83

20

27,78

 
 

5

6,94

Gangou- lou

Ver

46

63,89

18

25

28

38,89

 
 

Français

Véh

2

2,78

10

13,89

 
 

8

11,11

Mbochi

Ver

4

5,56

3

4,17

1

1,39

 
 

Boma

Ver

1

1,39

 
 
 
 
 
 

Moyi

Ver

1

1,39

 
 
 
 
 
 

Kituba

Véh

1

1,39

 
 
 
 
 
 
 

Laari

Ver

0

 

1

1,39

 
 
 
 

Bilinguis me

Lin+gan

Véh+ver

1

1,39

8

11,11

 
 

16

22,22

Lin+fra

Véh+véh

 
 

4

5,55

 
 

lin+bom

Véh+ver

 
 

2

2,77

 
 

Lin+mbo

Véh+ver

 
 

1

1,39

 
 

Lin+ték

Véh+Ver

1

1,39

 
 
 
 

fra+kit

Véh+véh

 
 

1

1,39

 
 

Fra+ang

Véh+véh

 
 

1

1,39

 
 

Mbo + moy

Ver+ver

 
 

1

1,39

 
 

Trilingui
sme

Lin+gan +fra

Véh+ver +véh

 
 

1

1,39

 
 
 
 

Lin+mbo +akw

Véh+ver +ver

 
 

1

1,39

 
 
 
 

Total

 
 

72

100

72

100

29

40,28

29

40,27

Tableau 13 : Comparaison des langues transmises entre la génération des grands-parents et celle des parents

47

Nous constatons une grande différence et un grand écart dans la transmission des langues entre les deux générations. Lorsque les parents étaient enfants, leurs parents (grands-parents par rapport à la génération des enfants) leur avaient hautement transmis les langues vernaculaires. Plus le temps passe et suite à diverses raisons que nous verrons dans le chapitre 4, la tendance a complètement basculé.

Autrefois, avant la tendance actuelle de l'émergence des langues véhiculaires comme langues premières (L1) chez les enfants dans les certains centres urbains, particulièrement à Gamboma, les langues vernaculaires étaient plus transmises que les langues véhiculaires avec un écart considérable de trente-quatre points, soit 47,22%. Actuellement, les langues véhiculaires prennent le relais et sont plus transmises que les vernaculaires avec un écart de huit points, soit 11,11%. Aujourd'hui cet écart n'est peut-être pas énorme, dans l'avenir, avec l'allure où vont les choses il pourrait être accentué et causer avec le temps l'extinction des langues vernaculaires.

Quand nous avons posé aux enfants (de la troisième génération par rapport à celle des grands-parents) la question de savoir quelle(s) langue(s) souhaiteraient-ils transmettre à leur tour à leurs enfants, la majorité (quatre-vingt-quatre sur cent-trois) ont déclaré souhaiter transmettre les langues véhiculaires (y compris l'anglais et l'espagnol en tant que langues préférées, soit 0,98% chacun) à 82,35%, et les vernaculaires à 5,88% seulement. Le pourcentage de ceux qui souhaitent transmettre à la fois deux langues véhiculaires est de 5,88% ; une langue véhiculaire plus une vernaculaire est de 3,92% ; 1,96% est le pourcentage de ceux qui souhaitent à la fois trois langues, soit deux véhiculaires plus une vernaculaire.

Le constat fait est que des 82,35% des langues véhiculaires que ces enfants de la dernière génération envisagent transmettre, le français à lui seul

48

représente 69,61%, le lingala 10,78%, le gangoulou 3,92%, le mbochi et le téké 0,98% chacun.

En deux générations (celles des grands-parents et des parents), nous observons un grand changement dans la transmission des langues. Nous sommes passés de la dominance des langues vernaculaires à celle des langues véhiculaires.

Si la génération des enfants arrive à réaliser ses souhaits, alors dans l'avenir, ce ne sera plus le statut de langue véhiculaire nationale qui dominera comme facteur dans le choix de la transmission des langues, mais plutôt le statut de langue officielle. La langue officielle exercera sa suprématie sur les langues véhiculaires nationales. Ceci vient appuyer la tendance générale selon laquelle :

« Il y a donc en ville..., une baisse sensible de la « production linguistique » vernaculaire qui entraîne tout naturellement le ralentissement puis l'arrêt du développement de la langue vernaculaire, du fait que le « le procès de reproduction » n'est plus assuré... » ; « Dans un deuxième temps, le développement des langues véhiculaires et des koinè se trouve confronté au poids de la langue française. Celle-ci étant la seule à jouer la fonction de communication dans toutes les activités officielles, se trouve être la seule à avoir un statut élevé, à jouir de tout le prestige dans la société. Et le poids de la domination socioculturelle, économique et politique aidant, la langue officielle se trouve être la langue dominante, et les langues véhiculaires les dominées.28 »

28 Ndamba, Josué, « Des véhiculaires aux vernaculaires à Brazzaville : la ville et les changements de fonctions linguistiques », in Le plurilinguisme urbain, actes du colloque de Libreville "Les villes plurilingues" (25-29 septembre 2000), Calvet, L-J. & Moussirou-Mouyama, A., Institut de la Francophonie, Diffusion Didier Erudition, Paris, 2000, p.p.142-143.

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