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Améliorer les compétences interculturelles de là¯Â¿Â½infirmière en psychiatrie


par Philippe Montoisy
Haute Ecole de Namur Liège Luxembourg Belgique - Spécialisation en santé mentale et psychiatrie pour infirmier bachelier 2013
  

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4. Les compétences interculturelles

Il est humainement impossible, même pour un anthropologue averti, de cerner l'ensemble des cultures humaines existantes. Etablir une relation de qualité avec un patient étranger, et ainsi gagner son adhésion, nécessite des compétences interculturelles efficaces. Je vais donc décrire, au cours de cette dernière partie, ces compétences interculturelles.

Pour rappel, j'avais donné, dans la première partie de ce travail, une définition du concept « interculturel ».

De façon très générale, on pourrait définir les compétences comme étant l'ensemble des connaissances (théoriques et pratiques), des attitudes et des capacités à mobiliser pour effectuer une tâche déterminée. Dans le domaine des soins infirmiers, une bonne définition de « compétences » serait celle de Boterf G. : « être compétent c'est mettre en oeuvre une pratique professionnelle pertinente tout en mobilisant une combinatoire appropriée de ressources (savoir, savoir faire, comportement, mode de raisonnement, ...) »21.

En présence d'un patient étranger, un soignant devra donc faire appel à des savoirs spécifiques, à des « savoir - faire » particuliers mais aussi et surtout à un « savoir - être » approprié (ouverture d'esprit, respect de la différence, etc.).

« Les compétences transculturelle (voir ci-dessous pour la définition du terme

« transculturel ») sont un outil composé d'attitudes, de connaissances et de savoir - faire qui permet de prodiguer des soins de qualité à des patients divers »22.

De notre revue critique de la littérature, il ressort quatre compétences essentielles que le soignant se devrait d'acquérir dans ce type de relation : la communication interculturelle, l'empathie, des connaissances spécifiques et l'adaptation du processus des soins infirmiers.

4.1. La communication interculturelle

La communication humaine est une chose hautement complexe. La communication entre soignant et soigné est avant tout un échange entre deux personnes. Cependant, de part le contexte du soin, cet échange est généralement déséquilibré au départ de la relation. Le soignant étant parfois en « position de force » par rapport au soigné. À ce déséquilibre s'ajoute le problème plus général de l'ethnocentrisme (voir première partie du travail). La communication interculturelle se veut, au contraire, une relation équilibrée entre les deux sujets. Elle vise à favoriser une compréhension réciproque. Selon Singleton M., la communication interculturelle implique deux choses : « une méconnaissance mutuelle qu'il s'agit de rectifier » et « une reconnaissance réciproque à renforcer »23.

Malheureusement, il n'existe pas de valeurs purement universelles qui engendreraient, dès le départ, une compréhension en parfaite harmonie. Les représentations culturelles sont fortement liées à la culture de chacun des sujets. Leurs représentations sont culturellement inscrites et ne sont donc pas forcément les mêmes. Il s'agit donc de créer une sorte d'espace de l'entre-deux où soignant et soigné pourraient se retrouver pour dialoguer. Cet espace ne serait pas le lieu des vérités universelles (elles n'existent tout simplement pas !) mais un lieu de respect réciproque des différences. Cet espace permet de rendre plus compréhensible, tant

21 BOTERF G., Repenser la compétence pour dépasser les idées reçues - 15 propositions, cité par BEGHENNOU A., Op. Cit., p. 14.

22 COLLECTIF, Care et compétences transculturelles, Bruxelles, 2011, p. 17.

23 SINGELTON M., Amateurs de chiens à Dakar : Plaidoyer pour un interprétariat anthropologique, Louvain-la-Neuve, Bruylant-Academia, 1998, p. 119.

21

pour le soignant que pour le soigné, les représentations de l'autre. C'est un lieu où soignant (occidental) et patient (étranger) se verront respectés dans leur identité respective.

Source : Forum Med. Suisse, 2010 ; 10 (5).

Ce lieu peut être source d'avantages mais également d'inconvénients (voir l'analyse de notre premier cas). Cet espace, c'est aussi un peu le lieu où se retrouverait un migrant (africain, par exemple) qui se serait installé, depuis quelques temps en Belgique. Il possèderait à la fois des représentations émanant de sa culture d'origine et d'autres de sa culture d'accueil. Cet espace est aussi celui du médiateur interculturel, de l'anthropologue.

La relation « soignant - soigné » repose sur des implicites culturellement partagés. Or, dans une relation avec un patient d'origine culturelle différente, les présupposés ne sont pas nécessairement partagés. Lorsque un soignant accueille un patient de culture différente, il a souvent tendance à attendre de ce dernier qu'il laisse de côté sa culture d'origine et ses valeurs pour s'intégrer au milieu du soin occidental. La conséquence, au lieu d'aller vers un partage et une meilleure compréhension réciproque, sera souvent une résistance de la part du patient étranger.

La communication interculturelle entre le soignant et le patient étranger permet d'éviter les incompréhensions qui pourraient d'écouler de leurs différences culturelles. Elle favorise l'adhésion aux soins du patient étranger. Elle implique un « décentrage » (= utiliser un détour afin de mieux comprendre le discours du patient étranger) de l'infirmier par rapport à sa propre culture.

Interculturel versus transculturel

Dans la littérature consultée, il est souvent mentionné « transculturel » au lieu de

« interculturel ». Le terme « transculturel » provient du concept de « transculturation » développé par l'anthropologue cubain Fernando Ortiz Fernandez24. Le terme « transculturel »

24 ORTIZ F., Controverse cubaine entre le tabac et le sucre, Ed. Mémoire d'Encrier, 2011, 710 p.

22

concerne des identités culturelles plurielles. L'approche transculturelle se situe donc au-delà des cultures. Elle permet d'accéder à une sorte de « méta - niveau » et offrirait de ce fait une plus-value interculturelle. Pour L. Ferrant25, il ne s'agit pas seulement de développer des compétences interculturelles mais « il est indispensable d'avoir une attitude d'ouverture, une sensibilité à la culture d'autrui ; c'est là que se situe le transculturel. L'interculturel, c'est quand la culture de l'aidant est confrontée à la culture de l'aidé ; le transculturel, c'est la culture qui est présente dans les relations (...) Pour y parvenir, il faut une combinaison de connaissances, de compétences et de comportement professionnel. ».

Développement vers des compétences culturelles (Kripalani, 2006)26

D'une approche MULTICULTURELLE

CONNAISSANCE

Via une approche INTERCULTURELLE

COMPETENCES

Jusqu'à une attention et à une sensibilité
TRANSCULTURELLE

COMPORTEMENT
PROFESSIONNEL

Interculturel, multiculturel, transculturel, pluriculturel, interculturalité, multiculturalité, transculturalité ; il est assez difficile de s'y retrouver parmi ces différents concepts. D'autant plus qu'il n'y a pas toujours un consensus des chercheurs sur les définitions.

Le Conseil de l'Europe, qui impulse depuis plusieurs années des politiques et des actions pour favoriser le dialogue entre les cultures privilégie le concept d'interculturalité comme objectif de société. « Pour qu'une société deviennent réellement interculturelle, chaque groupe social doit pouvoir vivre dans des conditions d'égalité, quels que soient sa culture, son mode de vie ou son origine. Cela implique non seulement de reconsidérer notre façon d'interagir avec les cultures qui nous paraissent étranges par rapport à la nôtre, mais aussi notre façon d'interagir avec des minorités comme les homosexuels ou les handicapés qui se heurtent à diverses formes d'intolérance et de discrimination. » (Conseil de l'Europe, 1995).

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote