WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Habitat indigne. Le traitement technique et social de l'insalubrité et de ses conséquences sanitaires.


par Emeline TASSAN
Université des Sciences et Technologies Lille 1 - Master 2 Sciences et Technologies  2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3 / L'accompagnement des occupants : un travail

social

L'accompagnement des occupants concerne à la fois les locataires mais également les propriétaires s'ils sont eux-mêmes occupants.

Pour le propriétaire occupant, il se limitera souvent à une mise à plat de divers dossiers administratifs (CMU, RSA...) et à un soutien psychologique dans le changement que représente la prise de conscience de l'état du logement, la décision de faire des travaux, la mise en place de moyens rendant ces travaux possible et le temps d'exécution des travaux.

Il peut arriver aussi que le travailleur social, s'appuyant sur l'analyse technique et financière du dossier, tente de convaincre le propriétaire occupant de quitter les lieux et qu'une vente serait la meilleure solution. Faire accepter ces conditions d'habitat à un propriétaire c'est le contraindre à quitter son statut de propriétaire. Ce qui est souvent psychologiquement difficile.

Pour les locataires, le travailleur social après régularisation de divers dossiers administratifs portera son action surtout sur l'acceptation de l'hébergement temporaire le temps des travaux puis l'appropriation du logement réhabilité lors du retour dans les lieux après travaux. Ces démarches d'hébergement ou de relogement des familles sont au frais de leur propriétaire. Lors des relogements, les familles pourront être accompagnées pendant leur déménagement avec apport éventuel de mobilier par l'association Capharnaüm. Dans le cas d'hébergement temporaire, si aucune solution n'est trouvée, des nuitées à l'hôtel permettront d'accueillir ces familles.

Avant ou en parallèle de ces démarches, il peut toutefois s'avérer nécessaire de traiter avant l'intervention sur le bâti, les difficultés personnelles freinant le relogement des ménages. Ces difficultés peuvent être des problèmes d'addiction ou encore des pathologies mentales. Ces situations révèlent souvent un contexte social et environnemental lourd. Une prise en charge médicale et sociale est essentielle afin de diagnostiquer la maladie, la soigner mais

125

également d'instaurer un dialogue pour pouvoir intervenir sur le logement. Les personnes souffrant de pathologies mentales ou d'addiction sont plus que d'autres enclins à ne pas vouloir quitter leurs logements si une hospitalisation s'avère nécessaire ou même refuser de remédier à l'état d'indignité de leurs logements.

Un autre volet important de ce travail sera la prise de conscience par le locataire de ses droits et devoirs envers son propriétaire:

- L'accompagnement des locataires leur permet en effet de faire valoir leurs droits afin d'éviter d'éventuelles tentatives d'intimidation du propriétaire. La SIAVIC (Service Intercommunal d'aide aux victimes) ou encore l'ADIL (Agence Départementale d'Information sur le Logement) permettent non seulement d'accueillir les victimes et de les écouter mais également de les renseigner sur les droits et procédures à engager en cas de litiges avec leur propriétaire. Ces services permettent alors d'accompagner dans les démarches juridiques, administratives et sociales les familles et de les orienter vers un professionnel au besoin.

- Dans certains cas, mais cela est plus rare, l'accompagnement peut également rappeler au locataire ses devoirs envers son propriétaire en l'incitant par exemple en cas de relogement à rendre un logement conforme à l'état des lieux d'entrée. Un manque d'hygiène ou des dégradations du fait du locataire peuvent en effet être constatés. Il peut être difficile, par manque de moyen financier, de leur faire réparer les dégâts qu'ils ont causés et dans des cas de pathologies mentales, l'hygiène du logement peut également être difficile à obtenir. La MOUS LHI informe le propriétaire de ses droits envers son locataire et peut l'orienter vers des structures plus adaptées pour les faire valoir. Elle n'est toutefois pas missionnée pour défendre le propriétaire envers son locataire en cas de dégradation des lieux.

En cas d'hébergement temporaire, un accompagnement peut permettre aux locataires d'apprendre les bonnes pratiques afin de s'approprier au mieux son logement et de l'entretenir "normalement ".

On constate alors qu'il est important de se dégager du triptyque traditionnel dans lequel l'insalubrité d'un logement cache de manière systématique un « mauvais propriétaire » et

126

un « locataire victime ». Si les marchands de sommeil illustrent bien ce triptyque, ils ne concernent toutefois qu'une minorité des propriétaires bailleurs.

Certains propriétaires sont dans des situations de précarité telles qu'ils n'ont pas les moyens d'effectuer des travaux dans leur logement, d'autres n'ont pas toujours conscience de l'insalubrité de leur logement (risque saturnin). Les locataires, malgré leur situation précaire, peuvent également au fil des années engendrer l'insalubrité de leur logement.

127

Etude de cas

Accompagnement des ménages occupant les lieux

Changement radical du mode de vie après déménagement, Tourcoing

A Tourcoing, un immeuble de trois logements est en situation d'indignité. Le logement en rez-de-chaussée est occupé par une dame seule, âgée de 39 ans, présentant un handicap.

Les deux autres logements vacants, en déshérence, sont squattés d'abord de manière occasionnelle puis de façon pérenne. Le Service d'Hygiène et de Santé de Tourcoing a relevé cette situation en juin 2010 et établit un premier diagnostic social et technique.

D'un point de vue social, le contexte est lourd. La locataire présente un handicap et un problème d'addiction. Celle-ci vivait au milieu de détritus, d'excréments humains et d'animaux. Le logement était complètement dégradé par les squats multiples (absence d'eau, absence de chauffage, et d'électricité). La locataire est suivie par une curatrice qui est dépassée par la complexité de la situation.

Le diagnostic technique fut difficile à mettre en place en raison de squats réguliers. De plus le propriétaire est introuvable. Un incendie aux étages en 2011 a permis de faire découvrir cette situation.

Afin de garantir un relogement définitif dans les meilleures conditions, la locataire pu bénéficier d'un accompagnement et d'une prise en charge de ses problèmes de santé. Le relogement définitif fut difficile à faire accepter à la locataire, celle-ci était en effet très attachée à son logement malgré ses conditions de vie difficiles. La locataire fut hébergée temporairement suite à l'incendie de l'immeuble. Le relogement PACT fut mis en place en octobre 2011. La locataire a été relogée, avec son accord, dans un quartier éloigné de son précédent logement. L'accès à un logement avec confort et une coupure totale avec ses relations antérieures ont métamorphosé la locataire tant au niveau physique que dans l'appropriation de son logement. Un accompagnement social et une intervention d'une association de droit commun, pérenne à domicile pour les tâches quotidiennes ont permis à

128

la locataire d'améliorer ses conditions de vie, de rompre avec ses addictions, de prendre soin de sa personne.

L'immeuble fut muré, suite à l'incendie et à l'absence du propriétaire, aucune réhabilitation n'est à l'ordre du jour. Une procédure est en attente afin de définir un projet.

129

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius