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Habitat indigne. Le traitement technique et social de l'insalubrité et de ses conséquences sanitaires.


par Emeline TASSAN
Université des Sciences et Technologies Lille 1 - Master 2 Sciences et Technologies  2012
  

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2/ L'insalubrité à Roubaix : l'histoire d'une ville déterminante dans son paysage actuel

" Une ville champignon"

Roubaix, autrefois village puis bourg, a connu son essor grâce à l'industrie textile. La morphologie urbaine de Roubaix et son essor à un rythme effréné peut se lire et s'expliquer à travers son évolution historique. Il convient donc de rappeler son histoire.

L'industrie textile se développe à Roubaix et à Tourcoing dès l'Ancien Régime. Le 1er novembre 1469, une charte de Charles le Téméraire autorise le seigneur de Roubaix à "licitement draper et faire draps de toutes laines" . Roubaix n'est à l'époque qu'un simple village de sept cent personnes qui va connaître une véritable expansion grâce à l'industrie textile. Au début du XVIIIème siècle, c'est un bourg central entouré de onze hameaux qui comptera 4700 habitants.

Cette population va doubler et sera de 8300 personnes début XIXème siècle, c'est d'ailleurs à cette époque que Roubaix sera qualifiée de « ville». Elle devient alors une véritable "ville-champignon" qui, à partir de la seconde moitié du XIXème siècle, compte pas moins de 50 000 habitants.

La Révolution Industrielle surgit à Roubaix en 1820. L'introduction de machines mécaniques à tisser et à filer, bouscule l'artisanat et appelle de plus en plus de bras dans les usines textiles édifiées à la hâte. C'est une ville mono industrielle qui prospère grâce au travail du coton et de la laine. Pour faire fonctionner ces usines, il est nécessaire de faire venir la main d'Suvre des bourgs ruraux voisins, puis de la région wallonne frontalière peu industrialisée à l'époque. L'immigration bénéficie à l'industrialisation de Roubaix dès ses prémisses. Les ouvriers les plus proches font le trajet quotidiennement, les autres s'installent à Roubaix. D'abord seuls dans des " garnis ", chambres meublées le plus souvent situées au-dessus des " cafés dîneurs", qui fournissent les repas aux locataires. Peu à peu, ces travailleurs y font progressivement venir leur famille dont les femmes et les enfants alimenteront à leur tour la main d'Suvre de cette industrie florissante.

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Cette immigration conduit rapidement à une pénurie de logement. Il faut alors construire à la hâte des logements pour ces nouveaux arrivants. Les propriétaires de terrains, parfois aussi patrons des usines, construisent au plus près des lieux de travail et en condensant au maximum les habitations pour perdre le moins possible d'espace. La qualité des constructions est médiocre, souvent sans fondation et bâties de briques mono - cuites et de torchis. Les courées viennent de naître et deviennent vite le mode de logement prédominant dans"la ville au mille cheminées ". Elles permettent de loger ces nouvelles familles ouvrières qui comptent souvent, malgré la forte mortalité infantile, un grand nombre d'enfants. Ces constructions de piètre qualité et bâties sans ordre n'y règle entraînent le développement d'un tissu urbain anarchique et rapidement de l'insalubrité.

Roubaix, la ville aux mille cheminées, 1850
http://www.arts-spectacles.com

Roubaix, la ville aux mille cheminées, 1911
Archives Médiathèque Roubaix

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Les premiers dysfonctionnements des courées

Les courées sont construites aussi par les bourgeois dans l'espace interne des îlots laissé libre de construction. La maison bourgeoise traditionnelle est en effet en front de rue, sur une parcelle étroite et allongée se terminant par un jardin ou un espace cultivé. Les jardins étaient desservis par de petits chemins qui en permettaient l'accès à partir des rues principales. Les constructeurs des logements ouvriers vont en faire un type d'urbanisme spécifique, sans morphologie urbaine préexistante. Ces courées deviennent la règle. Ce mode d'urbanisation obéit à un ordre, celui de l'usine : proximité immédiate, contrôle de la main d'Suvre et temps de transport supprimé. De nombreux propriétaires possédaient aussi des débits de boissons, gérés par des cabaretiers souvent responsable aussi de la perception des loyers. Le nombre de ces cafés est important et génère un alcoolisme surtout chez les hommes mais pouvant aussi toucher les femmes avec des conséquences graves sur les familles.

La division spatiale des zones en différents types d'habitats tend à faire encadrer la classe ouvrière par la petite bourgeoisie. Les difficultés quotidiennes partagées par l'ensemble des occupants des courées créent rapidement une solidarité et une cohésion sociale entre ces habitants. Cet habitat présente donc des avantages certains mais sa conception sommaire et rapide va rapidement laisser apparaître des dysfonctionnements.

Un mode d'habitat favorisant la solidarité et la cohésion sociale, Fives

http://achft.ville-fachesthumesnil.org/bull_73_06.php

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Dès 1886, un arrêté municipal à Tourcoing stigmatise ces "foyers d'infection" que sont les courées où les familles ouvrières logent dans " des constructions où les simples notions d'hygiène sont méconnues, sans air, au milieu d'une malpropreté repoussante et presque impossible à éviter à cause des dispositions spéciales des espèces de cités où elles s'entassent". En 1912, il existe près de 1 300 courées à Roubaix qui abritent 48% de la population totale de la ville. Cette forme d'habitat symbolisera l'insalubrité dans la métropole lilloise.

Le peu d'espace dédié à ce type de construction spécifique ne permet en effet que la création de petites pièces. L'aération et la luminosité de ce type d'habitat sont réduites au minimum, l'absence de fondation ainsi que l'utilisation de la brique sans couche d'étanchéité favorisent les remontées telluriques. L'humidité y est donc monnaie courante. L'eau courante dans les maisons reste exceptionnelle, elle est fournie par un point d'eau collectif, un puit ou une citerne avec une pompe puis plus tard un robinet à l'entrée de la courée. Les eaux usées s'écoulent quant à elles vers les égouts de la rue par une rigole creusée à ciel ouvert dans le passage entre les maisons.

Héritage d'une rigole creusée dans la cour, ancien égout à ciel ouvert
Service Communal d'Hygiène et de Santé, Roubaix

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Les latrines se trouvent en général dans la cour et se déversent dans une fosse d'aisance (sorte de citerne en maçonnerie enterrée qu'un vidangeur vient vider régulièrement), elles sont communes à de nombreuses maisons et donc à des dizaines de personne.

Héritage de WC commun, externe au logement
Service Communal d'Hygiène et de Santé, Roubaix

Les nuisibles (rats, cafards, puces et punaises) "cohabitent" avec les habitants. Le passage entre les maisons est généralement encombrée par les débarras des différentes familles et notamment les réserves de charbon appelés " cotche " dans le patois local.

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Des espaces étroits, bien souvent encombrés
Service Communal d'Hygiène et de Santé, Roubaix

La courée est également un lieu de surpeuplement entraînant généralement des épidémies dangereuses. La promiscuité est en effet un facteur d'aggravation de maladies. La tuberculose sera l'une des principales causes de la mortalité des plus jeunes dans les courées au cours du XIXème siècle.

Sur un plan organisationnel, on constate que les courées sont construites sans logique urbanistique et laisse place un véritable chaos urbain.

Une organisation de la ville répondant aux logiques industrielles et laissant place à un chaos urbain
Archives Médiathèque Roubaix

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Les premières réponses municipales aux problèmes d'insalubrité

La municipalité de l'époque cherchera à corriger ces dysfonctionnements urbanistiques. Bien qu'un alignement des rues soit mis en place dès 1819 avec un premier plan d'urbanisme, sur ordre du préfet et que la délimitation de la ville soit fixée cette même année, le développement urbain de la ville s'est fait au bon vouloir des spéculateurs privés et donc sans règles établies pendant plusieurs années. Les premières lignes de chemin de fer vont apparaître et la construction du canal est décidée au nord de la ville pour favoriser les échanges commerciaux et notamment l'arrivée des matières premières au centre de la ville. La maison de maître, l'habitat spécifique de la haute bourgeoisie industrielle, au départ intégrée à la vie industrielle va à la fin du XIXème siècle, se déplacer au sud-ouest de la ville, à proximité du parc de Barbieux, créant ainsi l'unique quartier de standing. Les usines se développent en périphérie essentiellement entre le canal et la voie ferrée. Des boulevards et des places sont aménagés restructurant la ville. En 1905, la première loi de santé publique avait imposé aux villes de plus de 20 000 habitants la création du permis de construire.

La construction de logements ouvriers va en revanche s'arrêter à partir de 1914, La première Guerre Mondiale mettant un frein à l'expansion industrielle et à l'explosion démographique. Le 14 mai 1919 est votée la loi Cornudet, qui oblige toutes les communes de plus de 10 000 habitants à établir un "plan d'aménagement, d'embellissement et d'extension". Ces réglementations serviront à guider les réalisations publiques des villes et à contrôler une urbanisation jusqu'à alors anarchique.

Il devient indispensable pour la ville de mettre en place un projet de construction de logements neufs face à une pénurie de logements : l'office public des Habitations Bon Marché (HBM) est créé le 26 octobre 1920. Ce seront donc 197 maisons et 584 appartements qui seront construits en périphérie de Roubaix entre 1923 et 1932. Ces logements sont très confortables pour l'époque avec un accès à l'eau courante dans l'habitation, l'électricité ainsi qu'une meilleure isolation. Cette création municipale de logements neufs salubres favorisant de bonnes conditions de vie est avant tout un enjeu politique empreint de la mouvance hygiéniste dans un contexte social particulièrement

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tendu afin de " calmer les petites mains". L'histoire roubaisienne étant, rappelons le, traversée par des nombreuses grèves. C'est la création du " Nouveaux Roubaix ".

Nouveau Roubaix, HBM

http://cueep102.univ-lille1.fr/atemem/nvrbx/tag/hbm/

Pour remédier aux problèmes de santé qui touchent les ouvriers, une série de services municipaux appuyée par le mouvement hygiéniste et les avancées sociales sont également créés tel que les cantines, le centres aéré, la piscine et les bains publics. De nombreuses écoles sont également construites afin de scolariser les enfants ouvriers. " L'école de Plein Air " destinée aux enfants à la santé fragile est située dans la "campagne roubaisienne " à l'endroit de l'actuel Vélodrome.

D'un point de vue de l'assainissement, la municipalité entame un programme de raccordement des habitations à l'eau potable, de pavages de certaines voiries et de réfection de certaines poches d'habitat insalubre.

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Piscine de Roubaix : les bains publics
Archives Médiathèque Roubaix

En 1922, la municipalité charge l'architecte Albert Baert (qui a déjà fait ses preuves avec les Bains Dunkerquois) de construire la plus belle piscine de France. L'ambitieux projet aboutit en 1932, traversant toutes les difficultés financières. C'est le triomphe de l'architecture hygiéniste ("un esprit sain dans un corps sain") .Une réussite qui fait de ce bâtiment à la fois une piscine sportive et un établissement public de bains douches - un actif centre de vie et un lieu de rencontre ludique.

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Les logements sociaux: l'essentiel de la construction de la ville

C'est en 1945, à la fin de la deuxième Guerre Mondiale que des cités jardins en lotissement destinées à une population d'employés plus aisés, se greffent au sud-ouest de Roubaix mais c'est surtout à partir de 1943 avec la création du CIL que se développe un nouveau type d'habitat: le logement social collectif. Cette construction de logements est destinée aux employés des entreprises qui cotisent au 1 % patronal. En parallèle, un autre organisme, né à Lyon, se développe à Roubaix. Il s'agit du PACT (Programme d'Actions contre les Taudis), qui permet de restaurer et d'entretenir des maisons délabrées. Cet entretien du bâti s'accompagnement également d'un accompagnement social pour les personnes les plus défavorisées. Progressivement, le PACT fusionnant avec le CAH (Commission pour l'Amélioration de l'Habitat) deviendra un bailleur permettant de loger des ménages en grande précarité.

Désormais, comme dans la plupart des villes ouvrières, les logements sociaux représentent l'essentiel de la construction de la ville. Ils se situent en général au sud est sur des terrains encore libres de constructions. Les premiers sont des HLM assez intégrés à la réalité urbaine. A partir de 1960, la période de construction des grands ensembles collectifs permettent le développement de la ZUP des Trois Ponts à Roubaix afin de reloger les habitants du premier épisode de Résorption d'Habitat Insalubre. En effet, près de 1 800 logements ont été détruits sur Roubaix. A partir des années 1960 - 1970, d'importantes opérations d'urbanismes ont été lancé comme les " Longues Haies " ou " l'Alma Gare ". L'opération Alma Gare commencée dès 1973 ou encore l'avenue des Nations Unies, axe reliant les centres de Roubaix et Tourcoing permettront la création de logements récents et le positionnement d'activités industrielles.

La morphologie urbaine des années 1980 -1990 est issue de ces phases d'évolution du logement et la ville se trouve ainsi divisée en trois zones:

- Au Sud / Sud-est, les grands ensembles des années 1960-1970

- Au Sud-ouest, l'habitat de standing et les lotissements construits à partir de 1945

- Au Centre et au Nord, l'habitat ancien ainsi que de plus récentes constructions de logements sociaux.

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Le tissu urbain ne converge pas vers un centre bien que la Grande Place soit un repère important. Il s'agit plutôt d'une structure par quartiers qui reste fortement marquée s'expliquant historiquement par la formation de ces quartiers autour des usines.

Roubaix est encore largement dominée par l'habitat du XIXème siècle et les problèmes liés à un parc de logements anciens dégradés. Des îlots de pauvreté se développent dans ces espaces. On y retrouve une forte concentration de population fragile par leurs situations précaires. Au départ, ces îlots de pauvreté se développent autour de la gare, puis une extension de ce phénomène gagnera les secteurs ouest et nord de Roubaix.

Le déclin industriel a provoqué une crise sociale aigue. Une grande partie de la population s'est trouvée désolvabilisée et faute de moyens pécuniers, n'a plus entretenu correctement les logements qui se sont dégradés. La dégradation des immeubles, par abandon de tout investissement sont favorables aux squats de ces espaces et à la fuite des classes moyennes vers les proches communes périphériques.

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Le contexte économique et social roubaisien

De nombreuses études montrent que " les courées apparaissent comme le refuge d'une population particulièrement démunies". On se trouve en présence de couches sociales populaires peu intégrées à la vie sociale de la cité et discriminées par leur lieu de vie. D'une part, nombre d'habitants des courées restent en dehors du champ de la production: ce sont les vieux, les jeunes, une bonne partie des femmes. D'autre part, les travailleurs actifs appartiennent aux catégories sociales les plus exploitées et les plus mal défendues de la classe ouvrière. Il s'agit de populations précaires généralement aux caractéristiques similaires :

- Un pourcentage très important d'immigrés: 30% de la population totale des courées dont 16% de Nord-Africains.

- Une population très jeune: en 1971, 51% de la population des courées était née après 1946, alors que la moyenne nationale de l'époque était de 41%.

- Mais avec un nombre important de personnes âgées : plus de 20% de cette population ayant 65 ans et plus, ce qui est supérieur à la moyenne nationale: 13% en 1968.

- Un nombre important de personnes vivant seules: 28% du total, correspondant aussi bien à des personnes âgées qu'à des travailleurs immigrés célibataires.

- Peu d'actifs. En 1971, on trouvait seulement 60% des chefs de famille ayant un emploi à temps complet ou partiel, les autres étant au chômage, à la retraite, en congé de longue maladie ou sans emploi connu... Pour les actifs, il s'agit essentiellement de travailleurs occupants des emplois non qualifiés ou déqualifiés.

Les caractéristiques de cette population, très précaire, amènent donc trois conséquences immédiates qui ont pesé dans le déroulement des actions menées contre les formes prises par la résorption des courées.

La première est que les habitants des courées sont inégalement concernés par la lutte pour la conservation de leur habitat. Pour tous les sans-travail, la perte de leur logement représente une catastrophe et un avenir incertain: envoi en foyers ou en hospices des personnes âgées, incertitude totale pour les chômeurs de retrouver un logement... Pour

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ceux qui travaillent, si le départ de leur logement pose à tous de graves problèmes, leurs revenus leur permettent toutefois de se reloger ailleurs.

La deuxième conséquence est que les organisations représentatives de la classe ouvrière n'ont quasiment jamais été partie prenante dans ces actions. Il y a des difficultés à toucher la base ouvrière roubaisienne, à mobiliser sur le thème des courées, et à en faire un objectif de classe.

Roubaix connaît des difficultés récurrentes depuis le début du déclin de l'industrie textile et une grande partie de la population vit dans la précarité. La ville enregistre ainsi tous les symptômes de la crise: déclin du tissu économique et social, importance des phénomènes de pauvreté et de chômage, déclin démographique, dégradation de l'environnement urbanistique, existence de clivage sociaux très marqués.

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Les caractéristiques de l'insalubrité "post-industriel"

Le tissu urbain ancien de l'agglomération roubaisienne façonné il y a plus de cent ans en fonction de l'organisation sociale et économique de la production textile, cumule à la fin de la Révolution Industrielle et avant la mise en place des opérations de Résorption de l'Habitat Insalubre plusieurs facteurs propices au développement de l'insalubrité. Ces facteurs sont notamment liés à l'obsolescence de l'organisation hyperdense de l'habitat individuel. La densité des îlots, construits à la fois en périphérie des villes le long des rues et dans leur centre avec les courées, sans espace extérieur privatif, avec souvent de très faible marge de recul entre chaque habitation entraîne souvent un faible éclairement du logement et une promiscuité et un manque d'intimité visuelle et sonore. Les nombreuses servitudes et dépendances entre immeubles sont sources de graves problèmes de gestion dès que ne fonctionne plus la solidarité, élément essentiel entre propriétaires ou locataires des différentes unités intégrées. Cette rupture des solidarités peut apparaître à la suite soit du désinvestissement du propriétaire bailleur, soit de l'éclatement de la propriété foncière, de la vacance voire de l'abandon d'un ou plusieurs lots, soit même de la disparition de la mémoire et des traditions de convivialité liées à ce mode d'habitat. On y rencontre alors des problèmes d'hygiène élémentaires: fosses d'aisance collectives dégradées, toilettes non entretenues, canalisations d'évacuation d'eau bouchées, écrasées, enfouies sous des constructions annexes, odeurs nauséabondes, débordements de matières fécales... La propagation en chaîne de l'humidité et des champignons dans les constructions sont un autre élément d'insalubrité fréquemment rencontrés dans cet habitat.

L'insécurité vis à vis des cambriolages liés à la facilité de circuler d'un immeuble à l'autre par les chéneaux, de rentrer par les fenêtres arrières ou les vasistas est un véritable problème pour les occupants et cela notamment due à l'organisation hyperdense du bâti.

On constate que l'insalubrité se développe rapidement dans ce tissu hyperdense dès lors que disparaît une autorité ou une entente collective, capable d'assurer l'entretien des servitudes et du gros Suvre d'un point de vue d'ensemble, ainsi que le contrôle social des espaces collectifs. C'est par îlot entier et non par courée que se joue la capacité à résister à l'insalubrité.

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Les facteurs de l'insalubrité sont également liés à la situation des quartiers. Ceux-ci sont en effet saturés à l'origine d'usines, d'habitations ouvrières et parfois aussi d'habitations plus bourgeoises, ils cumulent l'ensemble des handicaps, et associent de nombreux besoins d'intervention:

- dédensification et amélioration de l'habitat

- résorption ou conversion des friches industrielles

- réfection de voiries, de réseaux

- création d'espaces publics, d'espaces verts et d'équipements

La tendance à l'insalubrité d'un quartier dépend également de la place du quartier sur le marché foncier, et donc de sa situation dans l'agglomération et de son image dans la représentation collective de la ville.

L'habitat est l'élément le plus fragile d'un quartier. Il est à la fois fondateur et victime de l'image d'un quartier et à l'opinion collective que les habitants, propriétaires et investisseurs potentiels peuvent avoir de la tendance du quartier à s'améliorer ou à se dégrader. Dans ces circonstances, la lutte contre l'insalubrité dans l'habitat, est d'autant plus délicate que certaines procédures contribuent pendant un temps à affaiblir le quartier et à le mettre encore plus en danger.

La paupérisation de la population ouvrière de Roubaix est un facteur déterminant de l'insalubrité. Pendant longtemps cette population fut au service de la mono industrie textile. Le faible niveau de formation et le peu d'aptitudes à la reconversion des salariés ayant perdu leur emploi, se cumulent aux énormes difficultés existant pour l'emploi des jeunes. Ces difficultés sont accrues pour les jeunes dont les familles n'ont connu que les travaux les moins qualifiés du textile. Ce dernier aspect se répercute sur les capacités et dispositions à investir dans l'entretien de l'habitat. Il y a une forte tendance à l'insalubrité dans l'habitat individuel des grandes familles ouvrières dont les pères, anciens ouvriers d'usines, sont aujourd'hui sans emploi, ou en retraite, et les enfants jeunes adultes, nombreux sans emploi stable, en surpeuplement dans le logement, n'ont pas la possibilité d'accès à un habitat autonome, n'y la capacité à réhabiliter ou adapter l'immeuble familial.

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Les difficultés économiques croissantes des ménages se répercutent sur l'attitude des propriétaires bailleurs des immeubles anciens, vis à vis de la conservation du patrimoine :

- Grandes difficultés à obtenir l'investissement de bailleurs privés (ou publics) dans l'amélioration de l'habitat.

- Mise en vente progressive du patrimoine locatif

- Apparition d'un nouveau marché locatif avec des immeubles sur rue achetés à bas prix puis mis en location à loyer élevé sans investissement ni entretien, à des locataires disposant de ressources réelles mais précaires et exclus du patrimoine HLM. Certains locataires s'installent pour des raisons économiques dans des conditions de sur occupation. Ce phénomène est d'ailleurs favorisé par la division illégale d'immeubles, à l'origine mono familiaux, est loués en appartements de petite taille afin d'en accroître la rentabilité. Le développement de telles situations est également propice à la création de nouveaux foyers d'insalubrité.

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"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King