WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Pour l'amélioration des performances des entreprises publiques camerounaises: le rôle du conseil d'administration

( Télécharger le fichier original )
par André Marie MBILI ONANA
Université de Yaoundé II SOA - DEA ès Sciences de Gestion, option Finance 2004
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Chapitre PV

Les déterminants du conseil d'admnistration et leur impact sur la
gestion des entreprises publiques camerounaises

Le gouvernement d'entreprise est une réponse, mieux une riposte à l'opportunisme des dirigeants qui a pour conséquence la gestion déficiente des entreprises. On peut citer plusieurs exemples qui corroborent ce point de vue ; les plus présents à l'esprit sont cependant la chute d'Enron aux Etats-Unis, Vivendi, crédit lyonnais et Eurotunnel ayant remis en cause la gestion pratiquée par ces dirigeants respectifs.

Cette situation n'est pas l'apanage des seuls pays industrialisés, elle se rencontre urbi et orbi, c'est d'ailleurs le cas pour les entreprises camerounaises et particulièrement pour celles relevant du secteur public.

En effet, les choix stratégiques de dirigeants de ces entreprises relèvent plus souvent des aspirations et de l'intérêt personnels que de celui des autres parties prenantes ; citons à cet effet la situation que vit la société MATGENIE56.

En admettant que le GE, à travers les mécanismes qu'il développe, permet d'assurer l'orientation des décisions des dirigeants vers l'intérêt de l'entreprise, il reste que l'on ne voit pas, de manière directe, comment ces mécanismes agissent sur la performance de l'entreprise.

C'est ce à quoi nous voulons arriver dans ce chapitre, à partir d'un échantillon d' entreprises publiques camerounaises.

De prima abord, il faut préciser que le mécanisme qui fera l'objet de l'analyse est le CA (pour la simple raison que non seulement dans la littérature il est le plus important mais aussi parce que les autres mécanismes ne sont pas fonctionnels au Cameroun). Quels sont les déterminants du CA qui agissent sur la performance des entreprises publiques camerounaises ? Pour répondre à ce questionnement, nous présenterons les variables du CA faisant l'objet d'études pour expliquer les performances des ebtreprises (section I) ; par la suite nous allons mesurer l'impact de ces différentes caractéristiques sur la performance (section2) des entreprises retenues pour l'analyse.

56 On y rencontre actuellement un mouvement de grève dû au refus par le dirigeant de mettre en oeuvre les décisions prises lors du conseil d'administration.

I- Les facteurs explicatifs du conseil d'administration

Ces variables résultent en grande partie de la structure de propriété des entreprises. En effet, les caractéristiques du conseil sont endogènes, la répartition du capital et la performance des sociétés sont deux facteurs explicatifs de la composition du conseil.

I-1 La structure de propriété comme mode de contrôle des dirigeants

Comme déjà évoqué plus haut, les relations entre les principaux et les agents sont très souvent empruntes de conflits, c'est dans ce sillage que les auteurs de la théorie de l'agence et ceux du GE en général (Charreaux, 1997 ; Shleifer et Vishny, 1997) supposent que la structure de propriété peut être un moyen de contrôle efficace lorsque certaines conditions sont présentes.

I-1-1 La concentration du capital

Berle et Means en 1929 arrivaient déjà à la conclusion fondamentale selon laquelle la forte dispersion du capital existant dans les entreprises de leur échantillon57 conduit les dirigeants à annihiler la fonction de contrôle revenant aux actionnaires, et ils pourraient alors poursuivre des objectifs contraires à ceux des propriétaires. Dans ce contexte, la concentration du capital devient un élément favorable à l'exercice d'un contrôle efficace par les actionnaires (Jensen, 1990 ; Bethel, Liebeskind, 1993 ; Agrawal, Knoeber, 1996 ; Bethel et alii., 1998).

Dans une firme dont l'actionnariat est très dispersé, un actionnaire seul n'est pas incité à engager des ressources (du temps ou des fonds) pour exercer un contrôle sur la gestion, car il sera seul à supporter le coût de l 'investissement alors que l 'ensemble des propriétaires de la firme ou des partenaires bénéficiera de cette action.

En revanche, un actionnaire possédant une part significative du capital de l'entreprise est fortement incité à investir dans le contrôle de la gestion de la firme, car il s'appropriera une part non négligeable des bénéfices supplémentaires ainsi réalisés (Mtanios et Paquerot, 1999).

57 En effet, l'étude de Berle et Means porte sur la dispersion du capital des 200 plus grandes firmes américaines. Dans 45% des entreprises qu'ils étudient (soit 90 entreprises), aucun actionnaire, pris individuellement, ne détient plus de 5% du capital.

Un autre moyen de contrôle à travers la structure de propriété est la détention en quantité importante des droits de vote pour influencer les dirigeants et éventuellement convaincre d'autres actionnaires en cas d'opposition de ceux-ci avec la direction de l' entreprise.

Les résultats des études empiriques menées sur la concentration du capital font apparaître dans l'ensemble une influence positive de la présence d'actionnaires majoritaires sur la performance des firmes (Shleifer et Vishny, 1986 ; Shivdasani, 1993 ; Bethel et Liebeskind, 1993 ; Agrawal et Knoeber, 1996).

I-1-2 La nature de l'actionnariat

Les actionnaires ne sont pas censés agir de la même manière sur la gestion de leur entreprise. En effet, certains actionnaires sont supposés plus efficaces car ils présentent des caractéristiques qui leur permettent, soit d'accéder à l'information sur l'entreprise de façon plus efficiente, soit d'être contraints de gérer leurs participations dans le capital de l'entreprise de façon optimale.

A- Les actionnaires dirigeants

Trois conceptions apparaissent sur ce point dans la littérature (Charreaux, 1997).

Dans la thèse de la convergence des intérêts, la détention par les dirigeants d'une part du capital constitue une excellente incitation à gérer l'entreprise conformément à l'intérêt des actionnaires (Berle et Means, 1932 ; Jensen et Meckling, 1976 ; Cole et Mehran, 1998). Plus la part de capital détenue par les dirigeants est importante, plus les divergences d'intérêts entre les actionnaires et les dirigeants sont faibles (Mtanios et Paquerot, 1999). La rémunération des dirigeants sous forme de stock-options est destinée à réduire les divergences d'intérêts entre les propriétaires de la firme et la technostructure58 (Mehran, 1995).

58 Nous devons cette expression désignant l'appareil collégial de décision dans une entreprise qu'est la direction à Galbaith J.K (1967).

La thèse de l 'enracinement : en dotant la technostructure d'une fraction importante du capital de la firme, elle peut en utilisant les droits de vote y afférant s'enraciner.

La thèse de la neutralité : Demsetz (1983) argue que toutes les structures de propriété sont équivalentes. Pour lui, la performance des firmes est essentiellement contrainte par l'environnement et les conditions d'exploitation de l'entreprise. L'étude de Demsetz et Lenh K. (1985) confirme l'absence de lien entre la performance de l'entreprise et la concentration du capital. Dans le même ordre d'idée, Holderness C. et Sheehan D. (1998) montrent q'il n'existe aucune différence de performances entre les firmes à capital diffus et celles dont le capital est détenu par un actionnaire majoritaire.

B- Les investisseurs institutionnels (Zinzins59)

Nous distinguerons les institutionnels financiers et les autres institutionnels.

1- Les institutionnels financiers

Grâce à leur facilité d'accès à l'information, supposée par la théorie de l'agence, les actionnaires financiers notamment les banques (ce mode de financement est très présent au Japon) exercent un contrôle plus efficace sur la gestion de la firme (Mtanios et Paquerot, 1999). Leur position privilégiée leur permet d'accéder à des informations sur l'entreprise, ses concurrents et son secteur d'activité. Ils peuvent de ce fait mieux apprécier les performances des dirigeants, en les comparant notamment à celles des autres entreprises du secteur pour lesquelles ils possèdent des informations. Ils peuvent également traiter l'information financière et économique à leur disposition à moindre coût. Ils disposent de spécialistes capables d'analyser finement les comptes de l'entreprise, ses perspectives de développement ainsi que la qualité de sa gestion. Enfin leur participation au capital de la firme (prêts bancaires et autres types de crédits) est généralement importante d'où une forte incitation de leur part à contrôler la gestion de leurs intérêts (Carney W.J., 1997).

59 Expression utilisée pour désigner les investisseurs institutionnels. Cf. « Le gouvernement d'entreprise » in Revue d'économie financière, Vol. 3, n° 63, 2000, p.3

2- Les autres institutionnels

C'est généralement les fonds de pension et les sociétés de capital risque. Ce sont des actionnaires influents en raison de l'importance de leurs moyens financiers, ce qui les rend actifs dans le contrôle de la gestion de la firme (Smith, 1996 ; Bathala et alii., 1994 ; Mtanios et Paquerot, 1999). Ils peuvent de ce fait influencer les dirigeants pour les obliger à accroître la performance de la firme pour montrer leur mécontentement et ne pas vendre leurs actions à perte (Carleton et alii., 1998). Ils réalisent des placements pour le compte d'actionnaires ou de sociétaires exigeants, lesquels sont supposés exercer un contrôle plus strict de la gestion de la firme dans laquelle ils investissent, en occupant des sièges au CA et en investissant dans la recherche et le traitement de l 'information.

I-2 Les performances de l'entreprise

Les caractéristiques du CA sont également influencées par le niveau de performance de l'entreprise considérée. C'est l'exemple en effet des sociétés peu performantes faisant l'objet des prises de contrôle. Les cibles d'offres publiques, de LBO (Leverage buy-out) ou de contestations de minoritaires, ayant pour incidence une certaine concentration du capital, portent fréquemment sur des sociétés faiblement performantes (Godardd L. et Schatt A., 2000)60. On démontre alors que l'évolution des des performances explique l'évolution des caractéristiques du conseil. Hermalin et Weisbach (1988) montrent que la probabilité d'ajouter un membre indépendant au conseil, au détriment d'un membre interne augmente quand une entreprise est peu performante. Denis et Sarin (1999), Pearce et Zahra (1992) et Hermalin et Weisbach (1991) parviennent aux mêmes conclusions à travers la définition des situations dans lesquelles la performance exerce une influence significative sur la composition du conseil.

D'autres études mettent en évidence le rôle plus important joué par les créanciers, en particulier les banques, quand la performance de la firme se détériore et lorsque les créanciers deviennent plus incertains (Kaplan, 1994).

60 Pour plus de détails sur ces travaux, se référer à Charreaux et Pitol-Belin (1990), Godard (1996) et Schatt (1995).

Figure IV-1 Interaction entre les facteurs explicatifs des variables du CA

Performance des (1) Répartition du

entreprises capital

Caractéristiques du CA

(3) (2)

Source: Godard L., Schatt A., (2000)

II- Les déterminants du CA influençant la performance des entreprises publiques camerounaises

L'objectif poursuivi dans cette partie consiste à identifier, par le biais des données collectées sur le terrain, les variables du conseil qui ont un impact sur la gestion des entreprises publiques camerounaises. Avant de présenter l'approche méthodologique et les résultats obtenus, nous présenterons de prime abord les différentes variables objet de l'étude sur le CA.

II-1 Les variables de l'étude sur les CA

Le GE identifie plusieurs critères se rapportant au CA et qui ont une incidence sur son efficacité. Il s'agit principalement de la taille du conseil, de la présence des employés au conseil ainsi que de celle des administrateurs externes et/ou indépendants.

II-1-1 La taille du CA

Elle fait référence au nombre d'administrateurs siégeant au conseil. La taille du CA peut influencer la performance de l'entreprise.

Certains chercheurs justifient la présence pour un conseil composé d'un nombre important d'administrateurs par le fait que ces derniers sont capables de surveiller le

comportement des dirigeants dans la mesure où il est difficile pour ces derniers de dominer un conseil composé d'un nombre important d'administrateurs61.

Le nombre élevé d'administrateurs, possédant des connaissances spécifiques, sont à l'origine de transactions favorables grâce à une coordination accrue entre les entreprises, à une réduction des coûts de transaction et à un accès facile à l'expertise.

Figure IV-2 Taille des CA camerounais

mutuelle en vue de réduire les comportements opportunistes des dirigeants. Aoki, Williamson et Smith proposent de résoudre les problèmes issus de l'asymétrie d'information et les coûts qui en découlent par la présence des employés dans le conseil d'administration. Si la valeur de leur capital humain est élevée et s'ils réalisent des investissements spécifiques, le contrôle des employés sera exercé efficacement sur le dirigeant. Franks et Mayer (1992) notent que les places accordées aux employés au conseil d'administration ou de surveillance leurs permettent de sauvegarder leur investissement en capital humain spécifique.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway