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Pour l'amélioration des performances des entreprises publiques camerounaises: le rôle du conseil d'administration

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par André Marie MBILI ONANA
Université de Yaoundé II SOA - DEA ès Sciences de Gestion, option Finance 2004
  

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II-2 Les articulations de la gestion du service public

La sous-section précédente nous a permis de revisiter le concept de gestion, on a ainsi pu mettre en évidence ses deux principaux aspects, le traditionnel et le modernisé notamment. Cependant, il faut dire que les techniques, telles qu'elles ont été développées faisait plus référence à la gestion des entreprises privées qu'à celle des entreprises produisant des biens collectifs, donc publics. Il est alors intéressant pour nous de savoir ce qu'il en est de cette catégorie d'entreprises. Nous examinerons, pour ce faire, tour à tour, les spécificités de la gestion publique par rapport à la gestion privée et les différentes fonctions (quatre) de gestion de l'entreprise publique.

II-2-1 Les faits non marchands

Deux points ressortent particulièrement pour aborder les spécificités de la gestion publique dont l'accroissement de la diversité et de la complexité des biens concernés par ce type de gestion (ceux relevant de l'Etat) a conduit à la qualifier par une négation : le non marchand.

II-2-1-1 Les organisations à but non lucratif

Une organisation à but non lucratif (OBNL) est une organisation dont le mobile d'action n'est pas un avantage monétaire proportionnel à la cotisation de chacun de ses membres. Cette organisation - publique ou privée - produit des biens ou des services au profit de ses adhérents ou de ses non-adhérents. L'adhésion étant cependant volontaire ou obligatoire. Toutes les organisations publiques relèvent de cette catégorie. Mais il existe aussi des grandes OBNL privées, c'est le cas des mutuelles d'assurance, des coopératives de production ou d'achat, des organisations caritatives, des syndicats, des clubs, etc. Les OBNL sont aussi appelées institutions non marchandes (INM).

II-2-1-2 Les biens et services collectifs

Deux singularités caractérisent les biens collectifs purs : la non-rivalité et la non-exclusion. La non-rivalité signifie qu'un bien disponible pour un individu l'est aussi pour tout autre, sans modification de la quantité disponible pour chacun. La non-exclusion signifie que tout consommateur se trouvant dans un espace donné, et éventuellement sous réserve de sa capacité à être consommateur accède librement à l'usage de ce bien. Il faut cependant signaler avec Samuelson P. que, le fait que le bien soit disponible pour tous n'implique pas le même degré de satisfaction.

Ces deux caractéristiques permettent alors de faire la différence entre les biens publics et les biens privés. Pour les derniers, la demande totale d'un bien s'obtient en additionnant horizontalement les demandes individuelles, ce qui signifie que pour satisfaire une demande supplémentaire il faut accroître la production. Au contraire, pour un bien public, la demande totale s'obtient en additionnant verticalement les demandes individuelles ; une demande supplémentaire non seulement ne nécessite pas une augmentation de la production, mais encore elle permet d'abaisser le coût moyen par consommation. Le tableau suivant résume bien ce mécanisme.

Tableau I-3 La dualité duale

Biens

Variables

Bien privé pur

Bien public pur

Quantités consommées

q1, q2, , qi, ,qn

n

~ qi = qt

i = 1

 

q1 = q2 =

=qn = qt

Prix

p1, p2, , pi, ,pn

p1 =p2=

= pi....= pn=cm

n

E pi = CT

i= 1

 

1,2, , i, , n : indice caractérisant les individus

p : prix ; qt: quantité totale ; q: quantité ; CT : coût total ; c: coût ; cm: coût marginal.

Source: Kolm S.C., (1970), L 'Etat et le système des prix, Dunod, Paris.

Les biens publics purs existent rarement. En revanche, il existe de nombreux biens qui possèdent simultanément tel ou tel attribut de bien collectif et de bien privé : il s'agit des biens collectifs mixtes23.

En ne retenant que deux catégories, les biens privés et les biens collectifs et deux organisations de production (entreprise et INM), il apparaît la distinction suivante entre la gestion des entreprises publiques et celles du domaine privé.

Figure I-2 Le graphe des modes de gestion

Organisation

Public

Privée

 

Cahier des charges

Concurrence

Monopole

Indicateur de succès

 
 
 
 
 

Bien

Source: Le Duff R., Papillon J.-C., (1988), p.37

Le graphe nous indique que le cahier de charges et le monopole sont les deux modes de gestion qui relèvent du domaine des entreprises publiques.

II-2-2 Les principales fonctions de gestion du non marchand

Nous articulerons notre propos autour de quatre principales fonctions qui singularisent le mieux la gestion des biens collectifs. Il s'agit notamment de la tarification, du marketing, de la gestion des achats et de la gestion des ressources humaines (GRH).

23 Voir Le Duff R. et Papillon J.-C., (1988).

II-2-2-1 La tarification publique

Les objectifs poursuivis par la tarification sont divers et parfois contradictoires ; les plus souvent cités sont le bien-être et la solidarité. Dans le premier cas, l'usager doit couvrir le coût pour la collectivité ; dans le second, la tarification est l'occasion d'un transfert de richesses des plus riches vers les plus pauvres. Avant d'analyser ces objectifs, attardons nous quelque peu sur les généralités de la tarification.

A- La tarification en bref

Les critères de tarification généralement admis sont liés entre autres à la production, à l'échange et à la consommation. Relativement à la production, la tarification tient compte de la quantité, de la qualité et du mode de production. Les critères liés à l'échange intègrent les circonstances qui varient avec le moment de la délivrance du service, et les indicateurs de quantité. Une double discrimination sur le plan notamment de l 'usager (vieux et j eunes par exemple) et de l 'usage caractérise les critères liés à la consommation.

De ces critères naissent deux tendances opposées en matière de structure tarifaire (voir tableau I-4) : la tendance à l'uniformisation et celle relative à la modulation. Les dispositifs de tarification visent à répondre à trois questions : qui va payer ? selon quelles modalités ? et qui va recevoir les sommes versées ?

Pour ce qui est des payeurs, le plus fréquemment ce sont les utilisateurs des services publics. C'est le cas des hôpitaux ou l'expression de « tiers payant » est bien connue. La figure I-3 en constitue une illustration.

Les modes de perception varient avec le type de tarif et de service rendu. Selon l'agencement temporel du paiement, les modes de perception sont au préalable, concomitant et postérieur.

L'affectation des ressources fait de l'organisme public prestataire du service le bénéficiaire des recettes et les impute entièrement à son crédit.

B- Le bien-être optimal et la solidarité

La recherche du bien-être impose que chacun paye le coût de sa consommation ce qui conduit l'INM à fixer tous les prix au niveau du coût marginal. Il lui revient donc de

calculer les coûts marginaux de ces diverses productions en y incluant, le cas échéant, les coûts que son activité fait supporter à la société.

Tableau I-4 La structure tarifaire

Création de multiples services différenciés

Service unique

Critère lié à la qualité ou à l'occasion

Discrimination fine selon l 'usager

Tarifs identiques pour tous

Critère lié à l'usager

Tendance à Dimension sur laquelle Tendance à la

l'uniformisation porte le choix tarifaire modulation

Forfaitisation ou tarif proportionnel aux quantités

Critère lié à la quantité

Tarif par tranches (dégressif ou progressif)

Source: Le Duff R., et Papillon J.-

C., (1988), p.137

Figure I-3 Illustration du « tiers payant »

Cotisant

Malade

Hôpital

S.S

Mutuelle complémentaire

Flux financier Service rendu S.S : service social

Prestation

Source: Le Duff R., et Papillon J.-C., (1988), p.138

Si la référence est faite à la solidarité, la tarification va se faire influencer par les subventions. Tantôt certains usagers subventionnent d'autres usagers ; ces subventions croisées sont invisibles de l'extérieur tant que l'INM a un monopole public. Tantôt les subventions proviennent du budget général. Dans ce dernier cas, elles peuvent être suffisantes pour que le service soit gratuit. Cependant quelles que soient leurs formes, les subventions posent les problèmes d'efficacité économique, de la réalité de la solidarité et de la liberté individuelle.

II-2-2-2 Le marketing public

L'amélioration de la gestion du service public est susceptible de s'opérer au moyen de son marketing. Cependant dans le service public il a plutôt un souci de la légitimation du secteur public.

A- La participation des usagers

Le succès de nombreux services publics est conditionné par l'adhésion des usagers. L'INM a donc intérêt à les convaincre de modifier leur conduite dans un sens favorable pour tous. Les moyens dont elle dispose sont entre autres la persuasion, l'information mais surtout la coercition.

B- Le marketing, légitimation de l'INM

Les institutions ont le devoir de rendre des comptes à leurs mandants, l'information va constituer de ce fait un moyen de démontrer que les dirigeants ont bien interprété les désirs des mandants, voire défendu leurs véritables intérêts, cependant qu'ils n'en ont pas tous une claire conscience.

II-2-2-3 La gestion des achats

L'acheteur public, du fait de l'importance des achats effectués par les diverses autorités publiques représentant une grande part de la demande nationale, est de loin le premier. Il convient donc d'en analyser le processus.

A- Les procédures normales de passation des contrats

Deux principaux objectifs sont visés : l'obtention du prix le plus bas et l'équité entre les offreurs.

En référence à ces objectifs, on distingue aujourd'hui quatre modes de passation des marchés publics.

1- L'adjudication

C'est le mode de passation le plus ancien et le plus rigoureux. L'adjudication ouverte et l'adjudication fermée sont ses deux composantes. Dans la première, tout fournisseur peut soumissionner ; alors que dans la seconde, le soumissionnaire doit au préalable avoir été retenu. Indifféremment du cas de figure, quatre conditions sont obligatoirement remplies.

- La publicité de l'ouverture des soumissions et de l'attribution provisoire du marché.

- L'attribution du marché, si une soumission au moins répond aux conditions de l'adjudication.

- L'attribution du marché à l'offreur le moins disant.

- La fixation d'un prix maximum au-delà duquel l'adjudication ne sera pas prononcée.

Le fait que l'adjudication soit manipulable, fait qu'on lui préfère l'appel d'offres.

2- L'appel d'offres

Deux points l'en distinguent du précèdent.

- L'ouverture des plis n'est pas publique. Les ententes sont donc particulièrement découragées.

- L'attribution du marché ne va pas obligatoirement au moins disant. La commission chargée de l'attribution examine les différents dossiers et choisit le meilleur candidat en fonction de critères qui lui sont propres. Le prix est cependant un critère déterminant.

3- La négociation

Cette démarche se rencontre très peu souvent. Elle a cependant le mérite d'être moins contraignante que les deux précédentes du point de vue des formes à respecter, elle

garanti aussi une plus grande autonomie. Elle n'assure pas l'égalité entre tous les fournisseurs aussi son utilisation est limitée.

4- Les achats sur facture

L'existence de monopole au niveau des fournisseurs et la faible importance de l'achat entraînent la disparition de toutes les procédures suscitées. L'acheteur public n'est plus qu'un acheteur ordinaire qui paie le prix qu'on lui demande.

B- Les dérogations

Elles sont nombreuses et constituent ne pas toujours à proprement parler des dérogations.

La participation à une centrale d'achats : elle est comparable, du moins en partie à un achat sur facture. L'acheteur public commande ses fournitures à une centrale publique d'achats.

La commission d'enquête : elle doit s'assurer que l'acheteur public ne fait pas trop la part belle au fournisseur.

La négociation : elle est spécifique au secteur. Ainsi, les hôpitaux et les hospices publics peuvent en être autorisés par décision préfectorale.

II-2-2-4 La gestion publique des ressources humaines

Dans la quasi-totalité des pays, les services publics constituent pour la plupart d'entre eux de véritables entreprises de main-d'oeuvre. D'où l'intérêt qu'il y'a à observer comment se fait la gestion de cet important patrimoine. Théoriquement, l'organisation de la fonction publique obéit à deux systèmes : celui de la carrière et celui de l'emploi.

A- Le système de carrière

Ici le fonctionnaire est recruté à un certain niveau dans un corps et dans un grade donnés. Il peut ensuite monter dans la hiérarchie en fonction de l'appréciation de ses résultats et dans des proportions plus ou moins fixées. Les techniques de recrutement dans ce système encouragent le mérite, tant à l'entrée qu'à l'intérieur. Le concours s'avère donc être la technique la plus indiquée.

B- Le système de l'emploi

Dans ce système, l'agent est recruté pour occuper un poste bien déterminé, dans lequel il reste pour une période fixée ou indéfinie et sans aucune évolution, sauf les augmentations de traitement, qui peuvent être liés à l'ancienneté ou aux performances. Les techniques de recrutement utilisées sont la sélection des agents et le recrutement automatique. Ce dernier est le plus présent et consiste à embaucher tous les candidats titulaires d'un certain diplôme.

Au terme de ce chapitre théorique se rapportant aux fondements et aux modes gestion des entreprises publiques, les leçons suivantes mérites d'être retenues. Premièrement, l'entreprise publique est une composante importante du tissu économique tant du point de vue du courant classique que de celui des marxistes en passant par les keynésiens. Deuxièmement, ses modes de gestion se différencient nettement de ceux appliqués dans les entreprises privées, même si l'objectif à la fin est quasiment le même. Qu'en es-il de la gestion des entreprises du secteur public au Cameroun, évidemment au regard de ce qui a été développé sur le plan théorique ? C'est la question à laquelle se propose de répondre le chapitre suivant consacré exclusivement à l'exploration du secteur public camerounais.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984