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Les méthodes actives dans le système éducatif camerounais : le cas de la NAP dans l'enseignement de la philosophie en classes de terminale à Yaoundé

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par Blaise HAMENI
Université de Rouen - Master II 2005
  

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INTRODUCTION

GENERALE

INTRODUCTION GENERALE

« Tout véritable système d'éducation suppose l'ascendance préalable d'une vraie doctrine philosophique et sociale, qui en détermine la nature et la destination. »

Auguste Comte, Système de politique positive, discours préliminaire, IIIè partie.

La situation éducative du Cameroun qui préside à la réalisation de ce travail de recherche est celle d'une école qui a du mal à se défaire des méthodes traditionnelles, méthodes qui reposent essentiellement sur la mémorisation et l'érudition. En effet, l'approche pédagogique dans le contexte camerounais est plutôt traditionnelle et axée sur les apprentissages par coeur. Malgré les efforts qui sont fournis dans le sens de la modernisation du système éducatif et tous les textes officiels qui encouragent à une révolution de l'approche pédagogique, rien n'est fait concrètement. Malgré l'existence d'arrêtés ministériels qui exigent l'initiation de l'enfant à l'esprit critique, les méthodes actives qui garantissent cette initiation à l'esprit critique ne sont pas toujours prises en compte par les enseignants dans leurs pratiques pédagogiques.

Les méthodes traditionnelles sont celles à travers lesquelles l'éducateur transmet, tout élaborées, à l'élève, les connaissances et valeurs qu'il détient. Ici le rapport pédagogique s'établit sur la base d'une relation interpersonnelle à sens unique, allant du professeur à l'élève, à l'occasion de la transmission d'un objet, d'une notion ou d'une valeur. L'élément actif, c'est le professeur. L'élève n'est, provisoirement, qu'un récepteur. Il ne deviendra actif que dans une seconde phase du processus correspondant à l'intégration de l'objet transmis, par des activités de mise en oeuvre comme des exercices, de toute façon subordonnées au processus de transmission. L'action principale relève du professeur et s'exerce sur l'élève ; elle est déterminée par l'objet à transmettre et se définit par l'empreinte : le vecteur de l'objet, c'est le langage, générateur d'images qui s'impriment dans les structures mentales de l'élève ; au besoin, la perception est sollicitée pour fournir d'autres images qui renforceront ou prépareront l'empreinte attendue des premiers. L'enseignement prend la forme de l'exposition. Dans une telle situation, le professeur a le monopole des initiatives. Tout se passe, non comme si la pensée de l'élève était identique à celle de l'adulte, mais comme s'il suffisait de la mettre en présence de la pensée adulte pour qu'elle s'adapte au modèle qui lui est proposé : apprendre signifierait, pour l'élève, prendre une copie de ce qui lui est présenté. Au besoin, on fait appel à la mémorisation pour parachever l'empreinte. (Gabaude 1972 : 14). Les caractéristiques des pédagogies traditionnelles sont les suivantes: l'autorité, la discipline, la coercition, la sanction, l'enseignement livresque, le verbalisme, le formalisme. La situation de l'élève dans ce contexte se caractérise généralement par l'apathie ou manque d'intérêt.

Ces méthodes traditionnelles sont courantes et généralisées dans les pratiques de classe des établissements secondaires du Cameroun. Dans le cadre de la présente réflexion, nous envisageons d'explorer particulièrement le cas de l'enseignement de la philosophie dans les classes de terminale de la ville de Yaoundé au Cameroun. Pour mener à bien cette étude, il convient au préalable, de faire l'économie du texte ministériel qui organise l'enseignement de la philosophie au Cameroun. Ce texte ministériel1(*) indique que l'enseignement de la philosophie dans les établissements secondaires est destiné à favoriser :

1-l'apprentissage et le recours à la réflexion entendue comme préalable à toute action véritablement humaine ;

2-l'initiation et la sensibilisation à la pensée philosophique, c'est-à-dire aux grandes idées et thèmes majeurs qui ont marqué et animé l'histoire et la vie intellectuelle des hommes dans le temps et dans l'espace,

3-la vision rationnelle du monde. Il s'agit de former chez les élèves l'esprit critique et scientifique qui permet à l'homme d'éviter les prises de position gratuites, de manière à n'adhérer à une opinion qu'au terme d'une analyse soutenue par des arguments rigoureux et convaincants;

4-le sens de la moralité, de l'esprit civique et de la culture démocratique. Le but visé ici est la formation de citoyens conscients de leurs devoirs comme de leurs droits, ouverts aux valeurs universelles de solidarité, de tolérance, de respect de la personne humaine et du bien commun.

Pour orienter les jeunes vers ces finalités, les objectifs suivants sont à rechercher :

1-Introduire et habituer les élèves à la lecture de textes philosophiques et d'auteurs africains et non africains, spécialement de tradition philosophique occidentale, compte tenu du rôle joué par l'Occident dans l'histoire générale de la pensée.

2-Initier les élèves à une pensée rigoureuse et cohérente au moyen d'exercices appropriés à la réflexion philosophique. Autant que possible, les exemples à analyser seront choisis en fonction de notre contexte socio-historique.

3- Faire réfléchir, d'une façon méthodique, sur les problèmes actuels des sociétés africaines.

Le programme comporte deux volets :

1- Une étude de notions rassemblées autour de la question de l'Homme. Ces notions font l'objet de regroupements dont la logique demande à être respectée. Il s'agit d'examiner l'Homme d'abord dans ses rapports avec Autrui, ensuite dans ses rapports avec la nature et enfin dans ses rapports avec l'Absolu. Ces notions ne représentent pas des chapitres séparés par des cloisons étanches, mais des directions dans lesquelles l'enseignant est invité à engager ses recherches et sa réflexion ainsi que celles de ses élèves. Le programme compte vingt-huit chapitres en séries littéraires et vingt chapitres en séries scientifiques.

2- Une étude d'oeuvres dont la connaissance contribue à l'initiation au genre et à l'esprit philosophique en même temps qu'elle aide à la maîtrise des notions du programme doit être réalisée. La liste des oeuvres à étudier de manière intégrale est dressée par le Ministre de l'éducation Nationale. La longévité d'une oeuvre sur la liste susvisée est de cinq ans. Trois oeuvres sont inscrites au programme, parmi lesquelles deux sont des auteurs camerounais et une est d'un auteur occidental. Les deux volets du programme doivent être menés conjointement.

Le temps imparti à l'enseignement des deux volets du programme de philosophie est de huit heures par semaine en séries littéraires et de trois heures en séries scientifiques.

Le texte officiel qui institue l'enseignement de la philosophie dans les établissements secondaires francophones du Cameroun propose des objectifs fondés sur la mise de l'élève au centre de toutes les activités pédagogiques. Ce texte clarifie de façon exhaustive les attentes de l'administration vis-à-vis de l'enseignement de la philosophie dans les classes de terminale. L'arrêté ministériel véhicule les valeurs de l'éducation nouvelle qui sont inspirées des méthodes actives telles que la participation effective de l'élève dans toutes les activités de classe, la considération de l'apprenant par le maître comme étant au centre de toute action éducative et la prise en compte de l'avis de l'élève dans la mise en oeuvre de la pratique pédagogique.

Depuis quelques années, l'obligation est faite aux enseignants, notamment au niveau du secondaire, de préparer et de présenter leurs cours selon les principes de la nouvelle approche pédagogique. Plus que jamais, la nouvelle approche pédagogique place l'enfant au centre de l'action éducative, c'est-à-dire qu'il doit construire avec l'aide du professeur la connaissance qui lui est destinée. C'est alors qu'il revient à l'enseignant de redéfinir son nouveau rôle de guide, de conseiller, de facilitateur, d'éclaireur en accordant une large place à la réflexion et à la raison de l'élève plus qu'à sa mémoire. Une telle révolution pédagogique peut-elle s'appliquer avec aisance dans le contexte camerounais ?

Les textes institutionnels qui s'imposent aux acteurs de terrain que sont les enseignants ne font jamais l'objet d'un débat public préalable, or toute innovation doit faire appel à un long processus pysycho-social qui prépare tous les intervenants dans le système à accepter la nouvelle approche. C'est ce qui justifie, sans nul doute le fait que la réalité concrète que l'on observe dans les classes soit toute autre. Les enseignants continuent à se servir des méthodes traditionnelles pour communiquer le savoir philosophique à leurs élèves, ce qui prépare ces derniers non pas à l'esprit critique mais plutôt à l'esprit de suivisme et de dogmatisme. L'éveil critique en ces lieux n'est pas la chose la mieux partagée. Au regard de cette situation, le problème qui se pose est celui du statut des méthodes actives dans le système éducatif camerounais ou plus précisément la valeur accordée à la NAP dans l'enseignement de la philosophie en terminale.

Cette étude s'articule autour de trois étapes essentielles : la première, le cadre théorique, nous permettra de bien préciser la problématique et les concepts fondamentaux de cette recherche ; la deuxième, le cadre méthodologique, indiquera le protocole de la technique et les outils de collecte de données ; enfin, la dernière étape, les résultats, portera sur l'analyse, l'interprétation des données et les recommandations.

* 1 Arrêté N°114/D/28/ MINEDUC/SG/IGP/ESG Portant définition des programmes de philosophie en classe Francophone dans les établissements d'Enseignement Secondaire Général du Cameroun.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle