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Le lien entre la théorie de l'esprit et le conflit sociocognitif

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par Sarah Begert
Université Paris 8 - M1 psychologie du développement 2007
  

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3.3.4. Les facteurs intervenant dans le développement cognitif

De nombreux facteurs modifient le déroulement et l'impact cognitif du conflit. Des facteurs très variés interviennent, touchant tant au contexte, qu'aux relations ou aux démarches mises en oeuvre pour résoudre le problème.

Comme il a été mentionné précédemment, le contexte du conflit socio-cognitif joue un rôle décisif. Il s'agit, pour le maître, de créer un contexte, un environnement propice aux apprentissages. En effet, encadrer la situation d'interaction semble nécessaire pour qu'elle soit efficace d'un point de vue cognitif. Cet encadrement doit être réalisé par le maître, qui invite les enfants à se poser des questions, et les incite agir (Beaudichon, 1992). Le maître jouerait en quelque sorte le rôle de médiateur entre les élèves et la connaissance. Cette dynamique interactive, pourtant nécessaire, ne s'instaure pas dans chaque situation expérimentale, peut-être à cause des dispositifs expérimentaux pas suffisamment contraignants.

En ce qui concerne les facteurs se référant au relationnel, on trouve le climat socio-affectif. D'après Hartup (Hinde et al., 1988), la résolution de problème entre amis se réalisera plus aisément. Ainsi, les amis vont dialoguer, et chacun va prêter une grande attention aux points de vue des autres et veiller à ce que chacun puisse s'exprimer librement. Les échanges d'explications, qui ont un impact sur les progrès, sont plus fréquents et plus riches dans les groupes d'amis. Sorsana (1999, p.51) a montré que «  des dyades d'enfants affines, âgés de six à huit ans, ont résolu une version agrandie et alourdie de la Tour d'Hanoï avec des performances statistiquement supérieures aux dyades au dyades d'enfants non-affines au cours du deuxième essai. » En revanche, dans un groupe de pairs ayant des problèmes relationnels, certains tenteront d'imposer leur propre point de vue sans demander l'avis des autres et sans donner d'explication sur les raisons de leur choix. Que ce soit dans un groupe d'amis ou non, l'engagement social pousse le sujet à s'investir davantage dans la tâche.

De plus, le degré de symétrie de la dyade a été évalué, associé au degré d'expertise de chacun (expert, moyen, novice). Il en ressort qu'un certain niveau d'expertise est nécessaire pour que l'interaction soit bénéfique. Les dyades symétriques et légèrement asymétriques sont efficaces. Par exemple, des dyades comprenant des enfants de niveaux novice et moyen ou de niveaux novice et faible sont peu efficaces, car leur niveau d'expertise est faible. De la même manière, les dyades fortement asymétriques sont peu efficaces en ce qui concerne les progrès, car l'expert n'inclut pas forcément le novice dans la démarche de résolution. Une relation de type dominant-dominé s'instaure entre eux. Il s'agirait, pour l'expert, de donner des informations sur la démarche pour parvenir à la solution.

Les oppositions jouent également un rôle particulier dans le conflit socio-cognitif. Mais elles ne sont pas nécessaires et ne sont pas le seul moyen pour que des progrès personnels aient lieu après la situation. D'ailleurs, dans quasiment toutes les expérimentations (Perret-Clermont, 2001), des effets bénéfiques de l'interaction ont été observés sans qu'il y ait eu de véritable conflit. La résolution peut se réaliser dans une co-construction où un enfant élabore une solution tandis que l'autre acquiesce (Gilly, 1999). Ainsi, le fait de motiver les membres du groupe, de contrôler ses propres actions (vérification des actions réalisées par son partenaire) et une intervention déstabilisante du partenaire lors de la résolution de problème, sont bénéfiques et peuvent conduire à un élargissement du champ d'action ou de représentation. Ainsi, l'opposition du partenaire ne semble pas nécessaire à l'apparition de progrès.

Même si les progrès ne dépendent pas de l'existence d'oppositions, celles-ci sont tout de même un moyen privilégié pour produire un déséquilibre intra-individuel car elles font coexister de façon plus saillante des centrations opposées alors que, dans un conflit interne, diverses centrations oscillent successivement et provisoirement. Elles peuvent être produites volontairement, en mettant les enfants l'un en face de l'autre dans une tâche spatiale par exemple.

Cependant, les oppositions ne suffisent pratiquement jamais à elles seules pour que le sujet progresse. En effet, ces dernières ne doivent pas porter sur le résultat mais bien sur la procédure de résolution, la manière de faire pour parvenir au résultat comme le mentionne Gilly (Gilly cité par Perret-Clermont, 2001).

Les facteurs qui se rapportent aux représentations du problème et aux démarches mises en oeuvre concernent d'une part la façon de résoudre les tensions et, d'autre part, la prise de conscience des différentes centrations.

Ainsi, le centre du conflit et la recherche de solution ne doivent pas être d'ordre relationnel, c'est-à-dire en essayant de résoudre les tensions sociales entre les différents protagonistes ou en se soumettant au choix de son partenaire, mais d'ordre cognitif, par la recherche d'une solution au problème cognitif en allant au delà des oppositions entre les propositions. C'est la résolution sur un mode socio-cognitif qui fait progresser, comme l'indique Gilly, (cité par Perret-Clermont et Nicolet, 2001). C'est pour cette raison que la tâche de guidage d'une voiture par des enfants face-à-face est si efficace (cf p. 9). La déstabilisation porte bien sur leurs actions et non sur la solution, sa destination finale.

La prise de conscience des différentes centrations a un impact sur le développement cognitif. En effet, lors de la résolution de problèmes en groupe, chacun participe et propose une solution. Alors que l'enfant n'entrevoyait qu'une façon de résoudre le problème, il prend connaissance de l'existence d'autres propositions. Cette prise de conscience le pousse à abandonner sa centration, et à se décentrer pour prendre en considération les autres points de vue, pour les confronter, et, enfin, pour coordonner les points de vue initialement opposés. Cette solution sera progressivement intégrée pour permettre à l'enfant de résoudre des problèmes du même type seul ultérieurement. Le progrès cognitif résulte donc de l'intégration de plusieurs centrations différentes dans un système de régulations cognitives compensant les oppositions. Il y a un double déséquilibre, à savoir inter-individuel et intra-individuel et c'est grâce à la résolution du conflit inter-individuel que le conflit intra-individuel est résolu. D'après Doise (1997), c'est par intériorisation de coordinations sociales que se mettront en place de nouvelles coordinations intra-individuelles. 

Par exemple, ce type de conflit peut être observé lors d'un problème sur la conservation des liquides. Ce dernier, élaboré par Piaget, a été repris par Doise, Mugny, et Perret-Clermont (1997). L'expérimentateur donne à un groupe de trois enfants, dont le niveau de conservation a été testé au préalable, un verre rempli de jus de fruit, un verre vide haut et étroit, un verre large et bas, ainsi qu'un berlingot de jus de fruits. L'expérimentateur demande à un des enfants de donner autant à boire à ses copains pour qu'ils soient autant contents. L'enfant non conservant va évaluer la quantité en fonction de la hauteur. Certains penseront qu'il y a plus de liquide dans le premier récipient parce qu'il est plus haut alors que d'autres en verront davantage dans le second puisqu'il est plus large. Ces divergences vont les pousser à combiner ces variables pour arriver à la conclusion qu'elles se compensent.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard