WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

les problèmes fonciers en zone de front pionnier agricole: cas de Dèrègouè dans la province de la Comoé

( Télécharger le fichier original )
par Sihé NEYA
Université de Ouagadougou - URF/SH - département de géographie - Maîtrise 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CONCLUSION GENERALE

Située au sud-ouest du Burkina Faso, plus précisément au Nord-est du département de Sidéradougou dans la province de la Comoé, le site de Dèrègouè présente des conditions naturelles favorables au développement des activités agro-pastorales. La nature des sols, la végétation conjuguée à la relative abondance et régularité des précipitations, sont des facteurs qui ont rendu possible la diversification des activités agricoles. Ce potentiel a favorisé le choix de cette région pour l'aménagement d'un site agro-pastoral par les autorités étatiques. Aussi a-t-il stimulé ouverture d'un front pionnier de forte colonisation agricole par l'immigration de populations de provenances variées. Ce qui a influencé les pratiques foncières.

Nous avons abordé l'étude des problèmes fonciers à Dèrègouè sur la base des 3 hypothèses suivantes :

1. l'accroissement démographique et la pression sur les terres sont l'un des facteurs déterminants des problèmes fonciers qui affectent les pratiques agricoles;

2. les droits d'exploitation agricole qui découlent des modes d'accès à la terre en vigueur à Dèrègouè ont crée des situations d'insécurité et de précarité foncières

3. les problèmes d'insécurité et de précarité foncières incitent les exploitants agricoles à mettre en oeuvre des stratégies pour stabiliser leurs droits d'usage sur la terre.

L'analyse des données collectées confirme ces hypothèses. En effet, le site de Dèrègouè a connu un accroissement rapide de sa population suite à la migration et au croit naturel. En 8 ans (1996 à 2004), la population a augmenté avec un taux de progression de 64.4%. Cette croissance, surtout liée à la migration, a intensifié la pression démographique sur la terre, entraînant ainsi une mutation des modes d'accès à la terre. Des transactions foncières telles que le métayage, la « vente » et les contrats fonciers de courte durée ont émergé. La terre est devenue un objet de convoitise, accentuant de ce fait la compétition foncière entre les acteurs aux origines, statuts socio-économiques et objectifs variés. Ce contexte a favorisé la recrudescence des problèmes d'insécurité et de précarité foncières. Ces difficultés se traduisent à travers les retraits de terre, la réduction de la superficie des champs, la remise en cause de l'autorité coutumière, les déguerpissements fonciers, l'interdiction de planter et la cession de droits de culture de courte durée. Elles ont des incidences sur les pratiques agricoles, les rapports entre les

acteurs : abandon de la jachère, blocage des investissements agricoles à long terme, émigrations agricole, conflits fonciers etc.

Bien que son effet ait été significatif dans l'émergence des problèmes fonciers, la croissance démographique n'est pas le seul facteur explicatif des difficultés liées à l'accès à la terre. En effet, le développement de la culture du coton avec ses corollaires que sont l'extension des superficies et la monétarisation des transactions foncières ainsi que l'intervention de l'Etat (RAF, politique d'aménagement du territoire et de reforestation) ont aussi contribué à rendre instables les droits d'usage sur la terre à Dèrègouè. Face à la recrudescence de ces problèmes, certains paysans mettent en place des stratégies pour stabiliser leurs droits dans le temps et l'espace. Mais malgré ces stratégies, les problèmes demeurent. C'est pourquoi, il est nécessaire pour une amélioration de la situation foncière des paysans et partant, pour la stabilité sociale d'entreprendre les actions suivantes:


· empêcher les remises en cause de contrats fonciers sans raisons valables

Il est donc nécessaire d'adopter une approche participative dans les situations de retraits de terres et de réductions de superficies de champs dont bénéficient certains exploitants. Cette approche doit être consensuelle en impliquant les personnes ressources : par exemple, les décisions de remise en cause des contrats fonciers permanents devraient être prises par un collège composé de personnes ressources autochtones et migrantes avec l'implication de l'autorité administrative. Les motifs avancés dans ces situations doivent être en phase avec les principes traditionnels dont le non-respect pourrait permettre une expulsion. Dans les cas de réduction de superficies des champs, il est nécessaire de fixer un seuil de superficie à partir duquel une parcelle pourrait faire l'objet de réduction. Par exemple la taille moyenne des ménages étant de 7 habitants dans la Comoé (INSD, 1996), on pourrait permettre une telle pratique lorsque l'exploitant possède un champ dont la superficie en hectare est supérieure à l'effectif des membres résidents de son ménage. Pour ce qui concerne le déguerpissement des exploitants de la ZPS, la mesure devrait s'appliquer à tous si elle doit avoir lieu. Elle ne devrait pas être localisée comme ce fut le cas en 2004 à Dèrègouè où seulement quelques hameaux de culture ont été saccagés. En plus, il serait important de trouver des lopins de terre pour satisfaire les exploitants installés dans la ZP si ceux-ci doivent définitivement quitter la zone au profit de l'élevage. Car bien avant que le site ne soit délimité des populations d'agriculteurs y vivaient. Dans le cas contraire, il serait adéquat de faire un inventaire des exploitants installés sur ledit site tout en vérifiant la végétation naturelle encore disponible, afin de créer des conditions où éleveurs et agriculteurs pourraient vivre en harmonie. Aussi, faudra t-il freiner les

nouveaux défrichements du fait de l'essor de la culture du coton. Par ailleurs, il serait bien de réaménager les pistes de bétail qui mèneront au pâturage encore disponible et aux points d'eau. Ensuite sensibiliser les exploitants afin que les dégâts de champ ne fassent pas l'objet de conflits, mais en retour interpellé aussi les éleveurs pour que les incidences ne soient pas préméditées.


· Stabiliser les clauses qui régissent les transactions foncières

Il concerne en particulier les contreparties fixes ou « landa » (part symbolique versé pour les offrandes, avant tout défrichement) et périodiques (redevance en nature versé en tine de céréales), puis l'interdiction de planter imposée à certains exploitants.

Le constat est que le versement « landa » sous sa forme nature est rare. Elle est en général donnée en espèces et n'est plus stable. Ce qui entraîne des divergences dans l'appréciation des transactions foncières comme c'est le cas pour la « vente » de terre. En plus, cette contrepartie offre plus de chance aux nantis dans la course pour l'accès à la terre. Cela crée des confusions dans les pratiques qui suscitent des craintes pour ce qui concerne la durabilité des droits. Il est donc nécessaire d'harmoniser et de rendre stable la contrepartie qui doit être donnée avant de défricher une parcelle. La valeur de cette contrepartie doit se faire en fonction de la superficie cédée. Il serait donc intéressant que les autorités administratives définissent les types de contrats fonciers en tenant compte des réalités du terrain. Pour ce qui concerne le loyer en nature, il doit être redéfinir : par exemple fixer le nombre de tines versé par chaque métayer en fonction de la superficie des champs qu'il exploitent en tenant compte du rendement moyen de céréales à l'hectare. Ce loyer doit servir aussi au développement de la zone. On pourrait par exemple demander à chaque propriétaire terrien de verser une certaine quantité de sacs qu'il perçoit chaque fin de campagne agricole auprès des métayers, qui pourrait être vendue et épargner en vue de la construction d'infrastructures socio-économiques pour l'intérêt de la zone.

Si la culture arbustive regorge des intérêts économiques, il ne faut cependant pas occulter le contrôle foncier pérenne qu'il permet ; raison pour laquelle les propriétaires terriens craignent que les usufruitiers plantent des arbres sur leur domaine. Il y'a donc nécessité d'intégrer le droit de planter dans les transactions foncières. Il faut permettre aux agriculteurs exploitants qui veulent se sédentariser dans la zone de planter des arbres dans leurs champs. Les exploitants, autochtones comme migrants, doivent avoir la possibilité de planter. Cependant, lorsqu'ils voudraient quitter le village définitivement, la terre devrait revenir sous le contrôle foncier de la communauté villageoise si celui-ci n'a plus de membre de son ménage dans le village.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon