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Rendement Interne du College Charles Lwanga de Sarh (Tchad): Cas de la cohorte 1987-1994

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par Mekone Tolrom
Universite de Toulouse 1, Sciences Sociales - Diplome d'Universite: Ingenierie de la Formation et des Systemes d'Emploi 2007
  

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Section 4 Vers un modèle systémique d'éducation

Dans les pays qui disposent des moyens économiques suffisants, de nouvelles voies d'éducation sont explorées et portent des fruits. Le modèle systémique d'éducation, même s'il est encore à l'état d'expérimentation dans les grandes institutions éducatives, peut être testé par les établissements de formation en Afrique noire pour mieux intégrer le rendement scolaire dans les objectifs socioéconomiques.

Paragraphe 1 Approche systémique de l'éducation

Nous présentons d'abord la méthode systémique et son expérimentation dans l'histoire avant de nous pencher sur les enjeux de l'évaluation et du mérite, point central de tout progrès dans un système d'apprentissage.

A. Circonscription de la méthode systémique

Dans la conclusion à son livre La Systémique sociale, Jean-Claude Lugan écrit: « Les facilités d'appréhension des interdépendances que procure indiscutablement l'approche systémique impliquent en contrepartie certains appauvrissements, un choix obligé de certaines relations par rapport à d'autres, un certain réductionnisme comparativement à une étude monographique. []Le dilemme est classique dans les sciences sociales: modéliser, donc appauvrir la réalité, afin de rechercher les relations fondamentales entre éléments et, ainsi, aboutir à des schémas plus compréhensibles, mais qui ne permettent pas de rendre compte de toute l'hétérogénéité de la formation sociale étudiée. Pour dépasser cette contradiction, il ne faudrait admettre que les clarifications justifiées du point de vue du projet du modélisateur »33.

A coté de ces réserves, il présente aussi les avantages de l'approche systémique comme suit: « La prise en compte de la globalité et de la partie et leurs rapports dialectiques; la prise en compte des insuffisances de la méthode analytique ou disjonctive, sans pour autant l'écarter, et la recherche synthétique ou conjonctive adaptée aux phénomènes complexes; Pour les sciences sociales, la systémique apparait aujourd'hui comme le chemin privilégié pour construire un nouvel espace mental capable de réparer les dégâts de la disjonction disciplinaire, fruit de la démarche analytique».

Lugan présente ainsi les avantages et les inconvénients de l'approche systémique. Nous allons proposer une modélisation fondée sur cette approche en nous éclairant des propos de Joël de Rosnay dans Le Macroscope, propos fondés eux-mêmes sur l'expérience américaine.

Joël de Rosnay pose le problème de l'education traditionnelle en ces termes: «Notre éducation est désespérément analytique, centrée sur quelques disciplines comme un puzzle dont les pièces ne s'imbriquent pas les une dans les autres. Elle ne prépare ni à l'approche global des problèmes ni au jeu de leurs interdépendances. []La nouvelle vision du monde

33Jean-Claude LUGAN, La Systémique sociale, Editions PUF 1083

n'est pas l'effet d'une seule cause, mais résulte de la convergence, de l'intégration et de l'interdépendance d'un grand nombre de facteurs. []Plus que jamais, les jeunes mesurent l'écart entre leurs attentes et l'inertie des institutions; le décalage entre ce qu'ils ont appris à l'école, le monde tel qu'il le voit et ce qu'il pourrait être». Rosnay présente l'éducation traditionnelle comme « méthodes et principes inspirés de ceux que l'on utilise pour accroître la productivité dans les ateliers ou dans les usines. La division du travail ici est remplacée par la division du savoir »34. Il cite ses méthodes qui sont entre autres les différentes manières de transmission et d'acquisition des savoirs, les filières, les examens, etc.

Rosnay reconnait que l'éducation systémique doit être complémentaire et non remplacer l'education traditionnelle. Mais il propose qu'on simplifie les choses en abandonnant la voie analytique de l'enseignement car il y aurait trop de choses à apprendre et qu'on l'enrichisse aussi « car l'approche systémique, en reliant les faits dans un ensemble cohérent, crée un cadre conceptuel de référence, susceptible de faciliter l'acquisition des connaissances par les méthodes classiques ». S'appuyant sur une expérience américaine, Massachussetts Institute of Technology, faite entre 1967 et 1972, à laquelle il a participé en qualité d'enseignant, expérience pendant laquelle les étudiants entrant en première année de l'université apprennent un ensemble de disciplines à partir d'un projet disciplinaire, s'organisent pour faire des recherches bibliographiques et en laboratoire, ne passent pas des examens formels mais sont évalués sur la base d'une mini-thèse ou d'une proposition d'étude, pratiquent l'apprentissage par la simulation et les jeux usant des « auto-quizz », il pose les cinq principes de base de l'éducation systémique: « Eviter l'approche linéaire et séquentielle; Se garder des définitions trop précises qui risquent de polariser et de scléroser l'imagination; Faire ressortir l'importance de la causalité mutuelle, de l'interdépendance et de la dynamique propre des systèmes complexes; Utiliser les thèmes d'intégration verticale; Enfin, l'acquisition des faits ne peut être séparée de la compréhension qui existe entre eux ».

L'auto-instruction, la simulation, l'apprentissage de la création, la liaison avec la vie, enseigner pour mieux comprendre sont les méthodes qu'il recommande pour l'application

34Joël de ROSNAY, Le Macroscope - Vers une vision globale, Edition du Seuil 1975

de l'éducation systémique. Mais avant d'en proposer une expérimentation concrète, voyons comment il est possible d'améliorer l'évaluation qui est le noeud de tout processus éducatif.

B. Les enjeux de l'évaluation et du mérite

Selon Gaston Mialaret35, s'inspirant des travaux de docimologie, « tout apprentissage, quel qu'il soit, est favorisé lorsque le sujet connait les résultats qu'il obtient. [] En lui donnant la connaissance des résultats qu'il obtient, on lui apporte des informations qui vont l'aider dans son apprentissage. []Le sujet peut se situer aussi bien par rapport à ses propres performances que par rapport à celle du groupe auquel il appartient. []Dans cette perspective, l'évaluation, ainsi comprise comme un vaste système d'appui à l'apprentissage, peut devenir encore plus dynamique si l'on joue sur ce que les psychologues appellent le « niveau d'aspiration ». L'effort se rapproche alors de l'effort du type sportif et l'organisation d'équipes dans la classe peut matérialiser cette situation ». En deuxième point, Mialaret distingue l' « évaluation diagnostique» qui part du principe que « toute production d'élève est un témoin de son activité et révèle ses points forts et ses points faibles; les fautes commises sont de natures différentes et apportent des indications très précieuses pour comprendre comment s'est reconstruit le processus d'apprentissage. De plus, l'ensemble des erreurs commises dans un groupe permet à l'éducateur de se rendre compte de l'efficacité ou de la non-efficacité de son message ». En troisième position, il souligne que « tout en corrigeant en vue d'une évaluation habituelle, il cherche à comprendre le pourquoi des fautes de chacun de ses élèves, et l'appréciation qu'il porte pour accompagner la note témoigne de ce souci de connaissance individuelle ». Il propose enfin un tableau récapitulatif pour diagnostiquer les fautes commises par les élèves. Ce tableau montre les fautes communes à tous les élèves, les fautes communes à des groupes et les fautes spécifiques à chaque élève. L'analyse du tableau permet de «faire le point général mais aussi de savoir comment évolue la formation reçue ».

Après avoir rappelé ces principes d'évaluation, voyons avec François Dubet la question de mérite qui se rapporte à l'évaluation. En effet, celui-ci pose, dans les premières

35 Gaston MIALARET, Les Sciences de l'Education, Editions PUF 1976

lignes de son livre, L'Ecole des chances, qu'est-ce qu'une école juste ?,36 ce qu'il pense du système méritoire tel qu'appliqué en France : « L'égalité des chances peut être d'une grande cruauté pour les perdants d'une compétition scolaire chargée de distinguer les individus selon leur mérite. Une école juste ne peut se borner à sélectionner ceux qui ont le plus de mérite, elle doit aussi se soucier du sort des vaincus. [J La méritocratie peut s'avérer parfaitement intolérable quand elle associe l'orgueil des gagnants au mépris pour les perdants ». Dubet clarifie cependant que l' « égalité méritocratique reste la figure cardinale de la justice scolaire désignant le modèle de justice permettant à chacun de concourir dans une même compétition sans que les inégalités de fortune et de la naissance ne détermine directement ses chances de succès et d'accès à des qualifications scolaires relativement rares ».

Il poursuit plus loin que « si l'égalité des chances ne se réalise pas, ce n'est pas seulement parce que la société est inégalitaire, c'est aussi parce que le jeu scolaire est plus favorable aux plus favorisés. Ilfaut donc développer l'égalité distributive des chances, c'est- à -dire veiller à l'équité de l'offre scolaire, parfois en donnant plus au moins favorisés, en tout cas, en essayant d'atténuer les effets les plus brutaux de la compétition pure. Ilfaudrait aussi accroître l'information des acteurs et leur capacité de circuler et de se mobiliser ne rompant avec certaines des formes les plus banales de l'hypocrisie scolaire, celles dont les faibles sont victimes parce que ne maitrisant pas les jeux subtils de hiérarchie entre les établissements, les filières, les finesses des orientations, toutes ces petites différences qui finissent par faire les grands écarts ».

Ce sont là des observations qui rendent encore complexe la question d'égalité des chances, d'évaluation et de mérite entre autres. Pour notre part, nous allons revenir au thème d'éducation systémique et proposer un modèle que le Collège Charles de Sarh ou tout autre établissement peut expérimenter.

Paragraphe 2 Expérimentation de l'éducation systémique

36 François DUBET, L'Ecole des chances - Qu'est-ce qu'une école juste?, Editions du Seuil et La République des Idées, Octobre 2004

L'objectif de ce modèle systémique d'éducation est de recruter une cohorte spéciale d'élèves en classe de Sixième et les conduire selon la méthode préconisée jusqu'en classe de Terminale. Soulignons d'avance que le projet va entrainer trois grandes implications: implications académiques, implications politiques et implications financières. Nous allons présenter la méthode de recrutement de la promotion et d'apprentissage avant de revenir sur les trois implications.

La méthode de recrutement de la cohorte sera essentiellement basée sur la diversité qui favorise l'égalité des chances. Cette diversité a aussi fait ses preuves du point de vue scolaire au Collège Charles Lwanga de Sarh. Ensuite, il ne s'agit pas nécessairement de recruter des élèves brillants. Ce sont des élèves provenant du cycle primaire. Les différences de niveau académique serviront à expérimenter une éducation qui ne néglige pas ceux qui, pour des raisons diverses, ont accumulé du retard dans certaines disciplines. La cohorte sera recrutée à travers tout le pays, du Nord au Sud et de l'Est à l'Ouest. La base géographique, sexuelle, religieuse, sociale et d'âge sera aussi large que possible. Voici un tableau qui peut décrire la diversité d'une cohorte de 15 élèves:

 

AGE

SEXE

RELIGION

SOCIAL

REGION

Élève 01

12

Féminin

Catholique

Rural

Préfecture 01

Élève 02

13

Masculin

Musulman

Urbain +

Préfecture 02

Élève 03

14

Féminin

Protestant

Rural

Préfecture 03

Élève 04

15

Masculin

Catholique

Autre

Préfecture 04

Élève 05

12

Féminin

Protestant

Urbain -

Préfecture 05

Élève 06

12

Masculin

Musulman

Rural

Préfecture 06

Élève 07

13

Féminin

Autre

Urbain +

Préfecture 07

Élève 08

14

Masculin

Catholique

Urbain -

Préfecture 08

Élève 09

15

Féminin

Protestant

Rural

Préfecture 09

Élève 10

12

Masculin

Musulman

Urbain -

Préfecture 10

Élève 11

13

Féminin

Autre

Urbain +

Préfecture 11

Élève 12

12

Masculin

Catholique

Autre

Préfecture 12

Élève 13

15

Féminin

Protestant

Urbain +

Préfecture 13

Élève 14

12

Masculin

Autre

Rural

Préfecture 14

Élève 15

Autre

Féminin

Catholique

Urbain -

Préfecture 15

 
 
 
 
 
 

Retenez que les combinaisons peuvent être affinées pour ne pas que qu'un groupe important d'élèves donné (7 par exemple) appartenant à une catégorie donnée (sexe masculin par exemple) se retrouvent tous dans une autre catégorie (protestant par exemple). « Rural» désigne les élèves issus des zones rurales que nous présumons à très faible revenu. « Urbain + » désigne les élèves issus des zones urbaines, des familles à revenu élevé; « Urbains -», les élèves issus des zones urbaines à faible revenu. « Autre» dans « Religion» désigne ceux qui n'appartiennent pas aux religions citées. « Autre» dans « Social» indique une origine particulière, qu'on ne peut inclure dans les catégories citées. « Autre» dans « Age» indique un élève dont l'âge est inférieur à 12 ans ou supérieur à 15 ans.

Un test de recrutement est organisé lorsque la cohorte est déjà recrutée. Cela parait bizarre de prime à bord. La sélection des élèves est faite par les relais du Collège Charles Lwanga dans les différentes régions du pays notamment les paroisses et les organisations caritatives de développement. La sélection doit être basée sur les indications et critères de diversité qui doivent être fournis par le CCL pour maximiser l'effet recherché à travers l'expérimentation. Le test qui est organisé à l'arrivée des élèves au Collège permet donc de déterminer le niveau de chacun dans les différentes disciplines scolaires. Les élèves, appuyés par les professeurs, s'entraident pour la remise à niveau des uns et des autres. Un accent particulier doit être mis sur le tutorat car il a plusieurs fonctions. Fonction communautaire: il permet aux élèves de se familiariser avec les méthodes d'entraide, d'appui, de secours mutuels, de construction d'une communauté solidaire, du travail d'équipe entre autres. Fonction pédagogique: on comprend soi-même mieux ce qu'on est en mesure d`enseigner à autrui. Les difficultés et les questions poussent à la recherche de solutions et les connaissances s'accumulent sous cet effet. Il faut également encourager les membres de la communauté (médecins, fermiers, comptables, mécanicien, etc.) à intervenir dans le tutorat. Car la vie en société à laquelle l'école prépare, c'est tout cela, ce n'est pas seulement la classe et l'enseignant.

Du point de vue pédagogique, le Collège créera des projets d'étude autour desquels seront regroupées les disciplines par blocs. Pour ne pas être trop à l'écart des programmes officiels du Ministère de l'Education Nationale, chaque niveau scolaire sera remplacé par un ou plusieurs projets d'étude de même niveau de difficulté. Les disciplines seront enseignées alors selon la progression du projet et non selon l'emploi du temps traditionnel. Les élèves travailleront en groupe, individuellement, en laboratoire, s'auto-évalueront, présenteront les résultats du sous-groupe pour permettre son intégration dans le grand projet et recevront l'appréciation des professeurs. L'implication pédagogique est alors que les enseignants vont changer d'habitude et pratiquer un enseignement d'équipe. Donc, ce n'est pas simplement les élèves qui vont travailler intensément en groupe mais leurs accompagnateurs aussi. L'implication politique est que le Collège Charles Lwanga doit obtenir une autorisation expresse du Ministère de l'Education Nationale avant d'engager un tel mouvement académique révolutionnaire.

Prenons un projet d'étude comme « La gestion familiale» pour la classe de Sixième. La gestion familiale va impliquer par exemple la santé, l'alimentation, le logement, l'hygiène, l'estimation des besoins, l'éducation des enfants. Cet ensemble divers sera posé, dans le cas de notre méthode systémique, en termes de problèmes à résoudre. La santé et l'alimentation iront chercher dans l'étude des plantes, le sport, la chimie; l'éducation cherchera les éléments de réponse dans l'histoire, la géographie, le civisme, les langues; le logement aura des éléments de la physique; la résolution des problèmes chiffrés va appeler les mathématiques, l'économie, etc. Bien sûr, l'équipe enseignante doit envisager le projet et bien le mûrir mais il ne sera pas présenté dans les détails aux élèves à leur arrivée. Des méthodes interrogatives seront utilisées pour leur permettre de révéler eux-mêmes certains aspects du projet ainsi que les plans de résolution. Ils auront ainsi participer à la conception dudit projet. Aux recherches bibliographiques et en laboratoire vont s'ajouter des descentes sur le terrain pour explorer la nature et poser des questions aux acteurs communautaires.

Dans le cas d'une cohorte comportant plus de 15 ou 20 étudiants, il peut y avoir plusieurs projets pour le même niveau. Ainsi, chaque classe, de la Sixième en Terminale, comportera plusieurs projets qui feront appel aux mêmes enseignements que l'éducation

traditionnelle. Les projets vont remplacer les séries. Les élèves choisissent les projets selon leurs intérêts et non selon leur capacité étant entendu que le travail de mise à niveau doit être continu pour permettre à chaque élève de participer à la réalisation du projet qui lui tient à coeur. C'est une très mauvaise idée de réserver les disciplines comme l'économie, la sociologie, la comptabilité pour les écoles spécialisées. Dans la vie pratique, la résolution d'un problème se fait avec plus d'aisance lorsque l'on dispose de plus de ressources. Toutes les disciplines utiles à la réalisation des projets doivent être adaptées et enseignées. Après la réalisations de 7 grands projets durant les années au secondaire, il faut avouer que le nouveau bachelier sera mieux outillé que l'actuel titulaire d'une licence de l'université qui doit entrer dans une entreprise et apprendre la résolution des problèmes.

Ce système ne connaitra pas de redoublement. Dans une entreprise, tous les employés n'ont pas la même intelligence mais l'entreprise tourne quand même et produit bien. La vérité est que chaque employé a un talent que le gestionnaire valorise pour arriver à ce résultat. Il faudra faire de même pour l'éducation scolaire. Mais l'encouragement à la polyvalence n'est pas à négliger. L'intérêt pour une technique augmente lorsqu'on sait plus sur cette technique et qu'on est à mesure de la pratiquer. Aussi, faut-il exposer les élèves au savoir, leur en faire découvrir les facettes pour qu'ils expriment le désir de se l'approprier.

Pour élargir le débat sur le redoublement des classes, prenons le cas de l'initiation au pays Ngambaye (une partie de la zone méridionale du Tchad). Elle a pour objectif d'inculquer les aptitudes nécessaires à la vie d'adulte dans la société Ngambaye. Les jeunes y entrent par vague, pas forcément le même jour comme la rentrée scolaire, prennent quelques mois d'apprentissage et sont libérés ensuite. C'est une école mais une école sanctionnant avec un diplôme qui valorise la diversité et les talents. Pour avoir un diplôme de comptabilité, il faut entrer dans une école de comptabilité. Mais dans le cas du pays Ngambaye, de la même école sortent des personnes avec plusieurs aptitudes pas forcément acquises mais parfois simplement encouragées et confirmées. Un simple nom remplace le diplôme; « Laoukoura» par exemple signifie celui qui maitrise l'art du beau37. C'est une personne qui fait tout avec art, esthétique. C'est une méthode systémique d'apprentissage.

37 http://www.laoukoura.org/francais/laoukoura.html

Il est naturel, pas mécanique comme dans le cas des syndications des disciplines. On ne redouble pas dans un tel système.

Dans le cadre de cette expérimentation, la formation d'une année sera consacrée, non pas à des disciplines théoriques qui ne resteront pas dans les cahiers au retour des élèves chez eux, mais à des connaissances qui exciteront la curiosité. Tel que présenté, si le projet de résolution de la gestion familiale est assimilé, les élèves commenceront à prendre part à la gestion familiale parce qu'ils savent, globalement, de quoi il s'agit et qu'ils savent aussi concrètement comment résoudre les problèmes familiaux. En ce moment là, même si les parents ne sont pas scolarisés, ils vont vite percevoir l'utilité de l'école et seront encouragés à y envoyer leurs enfants. En plus, chaque année scolaire sera une expérience de vie rentable socialement et pourquoi pas économiquement aussi. Une telle éducation est intégrative de son environnement et remplira son rôle d'intégration sociale.

Pour l'implication financière, il nous est difficile de demander au Collège de harceler ces bailleurs traditionnels pour un tel projet novateur. Les anciens qui, ayant bénéficié de la formation de qualité de cet établissement, peuvent décider librement de faire bénéficier des mêmes atouts à leurs enfants en s'engageant. Ils peuvent décider de prendre en charge les frais de scolarité des élèves qui seront au-dessus des frais réguliers vu les implications techniques du projet. C'est pour eux, non seulement une manière de soutenir cette oeuvre louable que représente le CCL mais faire triompher l'éducation des jeunes Tchadiens car « l'école façonne dans une large mesure la société de demain» pour reprendre les termes de François de Dainville.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand